From the past, tome 1 : Adaptation, Lauren Peretti

Couverture From the past, tome 1 : Adaptation

J’ai lu From the past – Adaptation de Lauren Peretti dans le cadre du Prix des auteurs inconnus, le roman concourant dans la catégorie Young Adult.

PRÉSENTATION ÉDITEUR

Belmont Massachussetts, 1955.
Livia a dix-sept ans. Étouffée par les angoisses de son père, elle rêve d’émancipation. Mais, alors que pour la première fois, elle est autorisée à sortir avec ses amis pour voir le succès annoncé de la Fureur de Vivre, Livia perd subitement connaissance.
Quand elle se réveille, 59 ans se sont écoulés mais elle a toujours 17 ans… Surtout, elle possède d’inquiétantes capacités inexpliquées.
Aidée par Kate, neurologue chevronnée, Livia parviendra à s’échapper de FitcherTeck qui la tient captive.
Meurtrie par la perte des siens, elle devra relever plus d’un défi : rattraper près de soixante ans d’histoire, de technologie et d’évolutions sociales et culturelles, maîtriser ses nouvelles capacités mais, surtout, découvrir ce qu’il lui est arrivé, le tout sous la menace de FitcherTeck, organisation sans scrupule qui met tout en œuvre pour la retrouver.
Dans sa fuite vers son destin, Livia découvrira l’amour avec le beau William, fils naturel de Kate abandonné à la naissance, lui-même brisé par la vie. Ensemble, ils tenteront de se reconstruire.

Rebelle éditions (25 septembre 2017) – 432 pages – Broché (21,90€) – Ebook (4,99€)

AVIS

Excitée et heureuse d’avoir obtenu de son père ultra protecteur la permission de passer la soirée avec ses amies, Livia, 17 ans, se fait kidnapper avant de se réveiller dans un endroit qu’elle ne connaît pas. Une expérience déjà difficile en soi qui se transforme en un véritable cauchemar quand elle apprend qu’elle a « dormi » pendant 59 ans ! Si la jeune fille a gardé son corps et l’esprit d’une adolescente, le monde a, quant à lui, continué sa marche sans elle…

L’année 1955 est donc bel et bien derrière elle ! Mais pire, en plus de lui voler sa vie, ses kidnappeurs ont fait d’elle un cobaye en la dotant de nouvelles capacités cognitives. Déboussolée, Livia peut heureusement compter sur Kate qui décide de la sauver de ses employeurs quitte à faire voler sa propre vie en éclats. Rejointes dans leur fuite par William, le fils de Kate qu’elle avait fait adopter dans sa jeunesse, les deux femmes prennent un nouveau départ. Mais faut-il encore que Livia arrive à tirer le trait sur son passé, à dompter ses nouvelles capacités et à ne pas attirer l’attention sur elle…

Je me suis tout de suite laissée embarquer par l’imagination de l’autrice et la manière dont elle rend la situation de Livia si réaliste. On partage l’incrédulité de la jeune fille, sa colère, ce sentiment terrible de perte, sa peur aussi… Puis les choses se sont quelque peu gâtées, le récit prenant progressivement des allures de romance pour adolescents. Cela, en plus de grandement atténuer l’intérêt que j’avais pour l’histoire, m’a frustrée n’ayant pas vraiment compris ce total revirement.

La romance se révèle, en outre, bien trop rapide pour être réaliste d’autant que l’on n’est pas dans une simple amourette, mais bien dans cette idée de l’amour fou auquel il est impossible de résister. Si l’intensité de la relation entre Livia et William semble peu plausible au regard du peu de temps qu’ils ont passé ensemble, le contexte particulier dans lequel elle se déroule en atténue néanmoins l’incongruité. On arrive donc à comprendre que parachutée dans un monde qu’elle ne (re)connaît pas, séparée définitivement des siens et avec de nouvelles capacités qui font d’elle une éponge émotionnelle, Livia s’accroche à cet homme qui, lui aussi, a vécu des choses douloureuses.

Comme dans beaucoup de romances actuelles, l’autrice nous propose un héros au passé difficile, mais elle a eu la bonne idée de ne pas en faire un tyran qui trouve du réconfort dans le mal qu’il fait à sa bien-aimée. Bien au contraire, William est plutôt du genre protecteur et essaie de se comporter en « type bien ». Il tergiverse donc énormément sur ses émotions et son droit au bonheur après les atrocités commises durant la guerre. Si au début, j’ai apprécié sa prévenance, j’ai fini par être agacée par sa manière de revenir sans cesse sur ses décisions. Le jeune homme alterne ainsi entre envie irrépressible de serrer Livia dans ses bras, et celle de s’éloigner d’elle pour ne pas la faire souffrir. Une précaution plus qu’inutile si l’on considère la force de caractère de la jeune fille.

En effet, envolée la Livia timide et soumise des années 50 ! Place à Jess, son prénom d’emprunt, une adolescente de 17 ans sympathique, mais qui ne se laisse pas marcher sur les pieds comme ses camarades de lycée le découvriront. Oui, Kate a insisté pour que Livia, ou plutôt Jess, renoue le plus tôt possible avec un semblant de normalité. Mais les lycéens d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes que ceux de son époque, et il lui faudra un petit temps d’adaptation pour être en phase avec ces derniers. J’ai trouvé intéressant de voir comment une jeune fille ayant été élevée dans une Amérique traditionnelle et puritaine s’adapte à sa nouvelle vie, aux nouvelles technologies et s’émerveille, ou au contraire reste abasourdie, devant les mœurs actuelles comme cette exposition des corps qui la choque.

De fil et en aiguille, Livia laisse tomber ses réserves et s’approprie nos codes même si elle conserve, au fond d’elle-même, certaines valeurs de son époque. Un mélange des mentalités qui rend la jeune fille atypique tout comme ses fascinantes capacités cognitives qui font d’elle un être hors norme ! Ressentir l’état émotionnel d’autrui, parfois en images, anticiper certaines actions, persuader les gens d’une simple phrase, retenir les informations instantanément… Tout autant d’atouts précieux dans la guerre que mène Livia contre l’organisation qui l’a kidnappée. Il est juste dommage que tout semble trop simple, la jeune fille arrivant plutôt facilement à dompter ses capacités, et à les utiliser sur ses ennemis comme sur ses proches quand les circonstances l’exigent…

Il faut d’ailleurs lui reconnaître une certaine témérité puisqu’elle n’hésitera pas à se mettre en danger pour en apprendre plus sur son passé, sur les raisons qui ont poussé une organisation à la kidnapper, et à la maintenir en vie dans un caisson pendant si longtemps. Obtenir des réponses aux questions qui la tourmentent se transforme presque en obsession pour Livia, ce qui finit par créer un fossé entre elle et Kate plus intéressée par l’avenir que le passé. Et puis il y a cette quête urgente qui a pris racine dans les étranges rêves de Livia durant lesquels un jeune homme la supplie de l’aider… Elle ne peut rester sourde à ses appels répétés et de plus en plus désespérés.

À cela s’ajoute le mystère que représente l’organisation responsable des malheurs de Livia et dont on perçoit, tout au long du roman, la toute-puissance et la menace qu’elle représente pour nos protagonistes. Arriveront-ils un jour à mener une existence normale alors que des individus influents et avec des moyens technologiques faramineux sont bien décidés à rattraper à n’importe quel prix leur « investissement »  ? Une question qui nous tient en haleine d’autant que la fin nous laisse dans une situation plutôt angoissante. Le tome 2 promet donc d’être mouvementé, et je l’espère, riche en révélations !

Petite originalité, en plus de l’histoire principale, l’autrice nous propose de revivre les grandes étapes du récit, mais cette fois-ci, du point de vue de William. Une démarche qui devrait plaire aux amateurs de romance puisqu’on découvre plus en détail ses sentiments pour Livia, et sa lutte intérieure incessante pour ne pas y succomber. Cet aspect m’a quelque peu ennuyée, mais j’ai apprécié, en revanche, de pouvoir « combler les trous », l’autrice nous dévoilant toutes les actions et agissements de William dont Livia n’a pas eu connaissance.

La plume de Lauren Peretti m’a, quant à elle, séduite : fluide, travaillée tout en restant accessible, elle se révèle aussi agréable qu’efficace pour vous immerger dans le récit et vous faire ressentir les doutes et les émotions des personnages. J’ai ainsi apprécié cette mise en avant des sentiments et des relations qu’elles soient amoureuses ou plus difficiles à cerner à l’instar de celle unissant Kate à Livia. J’aurais toutefois apprécié que l’action soit un peu plus présente, une certaine impression de lenteur et de tourner en rond ayant fini par s’emparer de moi durant ma lecture. Un trop-plein de « je t’aime, mais je ne peux pas être avec toi » et de « je t’aime, mais pourquoi tu me rejettes », probablement…

En conclusion, Adaptation pose les jalons d’une trilogie intense dans laquelle le mystère côtoie l’amour, peut-être un peu trop d’ailleurs puisque ce premier tome est principalement centré sur la relation naissante et difficile entre une héroïne sans repères et un jeune homme blessé par la vie. Les lecteurs aimant les histoires d’amour contrariées, mais pas malsaines, devraient donc trouver leur bonheur. Si j’ai regretté la prépondérance de la romance et les longueurs qui lui sont associées, j’ai, en revanche, apprécié l’imaginaire de l’autrice et cette fin qui laisse entrevoir un deuxième tome peut-être plus porté sur l’action. Et puis entre une mystérieuse organisation aux méthodes peu louables, un certain suspense et la découverte d’une héroïne aux capacités hors norme bien décidée à se rapproprier sa vie, le divertissement est au rendez-vous.

Retrouvez le roman sur le site de Rebelle éditions.

Save our souls – Tome 1 : Sans attache, Elle Guyon

J’ai lu Save our souls : Sans attache d’Elle Guyon dans le cadre du Prix des auteurs inconnus, le roman concourant dans la catégorie Young Adult.

PRÉSENTATION

Sous une écharpe élimée et un blouson trop grand pour lui, Aldric s’obstine à cacher aux autres lycéens sa vie de marginal. Mais une succession de mauvais choix le précipite vers une issue fatale. Loin d’en avoir conscience, il agresse même la seule personne capable de modifier son avenir, la jeune Riane. Épaulée par son gardien, un immortel, celle-ci tente le tout pour le tout pour défier le destin et lui sauver la vie, car c’est la survie de sa propre âme qui est en jeu… Mais comment mener sa mission à bien quand celui que vous devez protéger se rebelle et quand votre allié vous cache des informations capitales ? Et si ce qui s’est passé il y a près de trois cents ans était la clé de la réussite ?

Auto-édition (1 décembre 2017) – 222 pages – Ebook (2,99€) – Broché (13€)

AVIS

En voyant la couverture et le titre, j’ai eu un peu peur de tomber sur l’une de ces romances malsaines à la vogue auxquelles j’ai beaucoup de mal à adhérer. Mais que nenni ! Il est bien ici question de sauver un jeune homme perdu, mais l’autrice nous épargne les clichés et les bons sentiments.

Riane désire ardemment sauver la vie d’Aldric, mais pas par bonté d’âme ou un amour inconditionnel pour un individu qu’elle vient de rencontrer. Non, Aldric est sa mission et sauver sa vie, c’est le seul moyen de sauver sa propre âme. La mission se révélera néanmoins assez périlleuse, le jeune homme étant un aimant à ennuis. Il faut dire que contraint de vivre dans rue, il est loin d’avoir la vie d’un lycéen lambda. Quand ses petits camarades peuvent se permettre une certaine futilité, Aldric doit lui s’assurer de trouver de quoi manger tout en veillant à ne pas se faire voler ses maigres possessions.

On ne tombe néanmoins jamais dans le pathos ce qui tient en partie au sale caractère de ce lycéen qui a érigé, autant par honte que nécessité, des barrières tout autour de lui. Si ces dernières suffisent à tenir éloigner ses anciens amis de sa vie de marginal, elles cèderont petit à petit face à la pugnacité de Riane qui est bien décidée à remplir sa mission. Elle n’a de toute manière pas le choix, aucune seconde chance ne lui sera accordée…

Dès le début du roman, l’autrice insuffle un certain mystère à son récit ne distillant qu’au compte-gouttes les informations sur Riane et sur les autres personnages gravitant autour d’elle à l’instar de son gardien, Gebrail, et du meilleur ami de ce dernier, Jeremy. Nous apprenons d’ailleurs à mieux connaître ces deux hommes, et plus particulièrement Jeremy, à travers des flashback qui nous transportent au XVIIIe siècle. S’il faut un peu de temps pour comprendre l’intérêt de ces retours dans le passé, on se rendra compte qu’ils nous permettent de mieux appréhender la situation présente et le comportement des deux gardiens. Deux hommes qui, bien que meilleurs amis, ont des personnalités diamétralement opposées, l’un étant plutôt du genre taciturne, et l’autre bien plus avenant et souriant. Mais malgré leurs différences, ils partagent tous les deux des blessures profondes, les années ne les ayant pas épargnés…

C’est peut-être parce que je suis adulte, mais j’ai été bien plus touchée par l’histoire de ces gardiens charismatiques sur lesquels plane une aura de mystère que par l’histoire entre Riane et Aldric. Celle-ci n’en demeure pas moins intéressante, la rencontre entre les deux lycéens ainsi que leurs échanges ne manquant pas de piquant. Méfiant, Aldric aura ainsi du mal à faire une place dans sa vie à cette fille qui fait montre à son égard d’une curiosité et d’une attention dont il n’a plus vraiment l’habitude. Quant à Riane, elle se méfie de ce jeune homme dont elle a vu les facettes les moins reluisantes. Au gré des épreuves et des coups durs, ils finiront néanmoins par nouer une certaine complicité. 

J’ai, pour ma part, apprécié que l’autrice prenne le temps de faire évoluer la relation entre les deux personnages. Riane perd ainsi peu à peu ses a priori sur « sa mission » qui devient bien plus que cela. Une situation qui ne plaira d’ailleurs guère à son gardien qui aimerait qu’elle veille sur Aldric avec un professionnalisme dénué de sentiments. Quant à Aldric, malgré ses réticences de départ et sa propension à se replier sur lui-même, il finit par considérer d’un autre œil cette enquiquinante camarade de classe qui apporte un peu de cette lumière et de cet espoir qui avaient déserté sa vie. Mais rien n’est simple, et la dure réalité va les rattraper…

Le roman étant relativement court, Elle Guyon ne s’embarrasse pas de détails et de descriptions superflus ce qui ne m’a pas empêchée d’être complètement embarquée dans son univers, et d’apprécier l’aura de mystère qu’elle fait planer sur son récit. Pas de place à l’ennui d’autant que les nombreux dialogues, la tension et l’alternance passé/présent apportent un certain dynamisme à ce roman dont on tourne les pages avec plaisir.

Au-delà de l’action et des personnages, j’ai également été séduite par la très jolie plume de l’autrice qui arrive à retranscrire avec force et authenticité les émotions des personnages. Ils nous touchent, nous agacent, nous font craindre le pire… mais ne nous laissent jamais indifférents. Ma seule petite frustration provient des seconds rôles qui n’ont pas encore dévoilé tout leur potentiel dans ce premier tome. Mais je croise les doigts pour que la suite des aventures nous permette de mieux les appréhender et de saisir leur rôle dans cette histoire dont on sent le soin porté aux détails.

En conclusion, ce premier tome d’une trilogie dont je lirai la suite avec plaisir a su me séduire autant pour la qualité de la plume de l’autrice que l’intrigue qui, bien qu’elle mériterait peut-être d’être un peu plus étoffée, n’est pas dénuée de charme. Si vous avez envie d’une histoire prenante et empreinte d’un certain mystère, ce roman fantastique alternant entre passé et présent devrait vous plaire.

Elle Guyon

Source : Amazon

Site de l’autricePage FB de l’autrice
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La fille aux cheveux roses, Amélie B.

Couverture La fille aux cheveux roses

J’ai lu La fille aux cheveux roses d’Amélie B. dans le cadre du Prix des auteurs inconnus, le roman concourant dans la catégorie young adult.

RÉSUMÉ

Après deux années de prépa, Adèle, élève sérieuse et réservée, quitte le cocon familial pour intégrer une école supérieure en province. La cohabitation avec les autres étudiants n’est pas toujours facile et l’ambiance festive qui règne sur le campus perturbe ses habitudes. Une personne intrigue immédiatement la jeune Parisienne : Chloé. Son style décalé et son caractère bien trempé soulèvent quelques interrogations. En voulant percer les mystères qui entourent cette fille aux cheveux roses, Adèle s’apprête à vivre l’année la plus marquante de son existence.

Auto-édition – 259 pages – Ebook (2,99€) – Broché (13,99€)

AVIS

Malgré ses très bons avis sur la blogosphère, je suis complètement passée à côté de ce roman et de cette histoire d’amitié entre deux étudiantes que tout oppose. Adèle est une fille modèle couvée par sa mère et obsédée par la réussite scolaire. Rien d’étonnant donc à ce qu’elle ait besoin d’un certain temps d’adaptation pour s’approprier sa nouvelle vie d’étudiante… À l’inverse, Chloé, avec sa mèche rose et sa personnalité haute en couleur, est plutôt du genre rebelle… Bien qu’elles proviennent de deux mondes très différents, les deux jeunes femmes arriveront-elles à dépasser leurs différences pour devenir amies ?

Cette amitié n’a suscité chez moi ni intérêt ni enthousiasme parce que je n’ai pas cru un seul instant à la relation unissant Adèle à Chloé, la première déclarant pour la seconde une fascination qui vire à l’obsession. On a bien des tentatives d’explication sur le pourquoi du comment, mais cela ne m’a guère convaincue… Transposé dans la vraie vie, le comportement d’Adèle m’a également semblé dérangeant et malsain. S’intéresser à une personne, fort bien, mais s’immiscer dans sa vie sans aucune gêne, et partir à la recherche d’informations personnelles quand l’autre personne ne désire pas les partager, me paraît quelque peu déplacé. Si on ajoute à cela les questions incessantes d’Adèle…

Ce détachement vis-à-vis du thème principal du roman ne m’a pas permis de m’impliquer dans cette lecture qui m’a, et j’en suis désolée, clairement ennuyée. Il y a bien quelques tentatives pour susciter l’intérêt du lecteur, mais elles n’ont pas fonctionné sur moi : il y a ce groupe d’amis qui se formera autour d’Adèle et qui apportera sa propre dynamique à l’histoire, la tentative d’instaurer un peu de mystère autour de Chloé, l’émergence de sentiments amoureux, les péripéties inhérentes à la vie d’étudiant…

Quelques points ne sont néanmoins pas dénués d’intérêt comme cet événement brutal qui va marquer un tournant décisif dans la vie d’Adèle. Je ne vous en dirai pas plus si ce n’est que j’ai apprécié le mystère et le suspense qu’il suscite… Le voyage à l’étranger d’Adèle apporte également un peu de dynamisme au récit même s’il m’a fallu me faire violence pour ne pas lever les yeux au ciel quant aux raisons qui l’ont poussée à l’entreprendre. Ce voyage va lui permettre de grandir, et de commencer à couper un peu le cordon avec ses parents. Forte de son expérience dans un pays dont la culture et les conditions de vie sont très éloignées de celles de la France, la jeune fille va réaliser que la voie toute tracée qu’elle s’imaginait suivre ne lui convient peut-être plus vraiment… 

Malgré cette évolution que j’ai appréciée, je n’ai ressenti aucun attachement à Adèle qui m’a plutôt agacée par sa manière plus qu’intrusive d’entrer dans la vie de Chloé, et ses changements d’avis incessants vis-à-vis de ses sentiments pour deux autres personnages… J’ai, en revanche, bien plus accroché à Chloé qui, derrière ses grands airs de fille forte qui se moque de tout et de tout le monde, cache une certaine vulnérabilité. Le personnage est certes un poil caricatural, mais il n’en demeure pas moins attachant et somme toute, bien plus intéressant que celui d’Adèle. J’ai d’ailleurs préféré les quelques passages narrés du point de vue de Chloé. Néanmoins, je ne me suis pas sentie concernée par l’aura de mystère que l’autrice a tentée d’instaurer autour de ce personnage ayant anticipé assez rapidement son secret, du moins, en partie. Mais il est de plus en plus rare qu’une fin me surprenne, et je ne doute pas que beaucoup de lecteurs seront bouleversés par la révélation finale.

Si le fond ne m’a pas convaincue, la forme, en revanche, m’a plu. Le style d’Améie B. est fluide et agréable à lire tout en restant très accessible. La présence de nombreux dialogues devrait, quant à elle, séduire les lecteurs n’aimant pas trop les récits descriptifs.

Pour conclure, malgré la plume agréable de l’autrice, La fille aux cheveux roses n’a pas su me convaincre ni éveiller en moi un réel intérêt en raison d’une amitié qui m’a paru aussi invraisemblable que dérangeante. Chaque avis étant bien sûr différent, je vous invite toutefois à vous laisser tenter par ce roman si vous êtes curieux de découvrir comment deux jeunes femmes que tout oppose vont se rapprocher, et si vous êtes en quête d’un récit qui parle également d’amour, de vie étudiante, et de ce chemin parfois difficile vers la vie d’adulte.

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De Terre et de Racines, Oriane

J’ai lu De Terre et de Racines d’Oriane dans le cadre du Prix des auteurs inconnus, le roman concourant dans la catégorie Young Adult.

RÉSUMÉ

Où se cache notre identité ? Sur nos terres, dans nos racines… ailleurs ? Au Grand Terrier, Gareth subit le rejet quotidien. Il ne s’imaginait pas sauver Corène, quitter son pays ou encore affronter les meurtriers « respectables » de son père. Pourtant, même loin des siens, il protégera Corène. Parce que sa culture et ses différences le fascinent et le troublent à la fois. L’alchimie se crée et il est bien décidé à comprendre… Pourquoi des gardiens terrons pourchassent-ils une jeune Silverine ? Exil, manipulation, mort ; le pire les menace. Hélas, plus question de reculer : il leur faut éclairer leurs passés pour enfin se définir. Découvrez une romance pleine de questionnements, d’innocence et de légèreté, quand deux héros venus de pays différents voient leurs repères chamboulés et leurs ombres du passé les poursuivre. A leur âge, on ne devrait pas s’inquiéter de demain. Mais plus encore, ressentir un tel amour. Comment vont-ils y survivre ?

Auto-édition (29 août 2017) – 444 pages – ebook – 2.99€

AVIS

Ce roman faisait partie de ma sélection pour le Prix des auteurs inconnus, mais malheureusement, j’ai eu beaucoup de mal à le terminer. Les longueurs sont venues à bout de mon enthousiasme malgré un univers riche et la variété des sujets abordés…

Nous sommes, dès les premières pages, plongés dans un univers de science-fiction intéressant dans lequel deux peuples mènent une vie bien différente : l’un a choisi l’ombre avec des infrastructures sous terre, l’autre la lumière avec une vie à l’extérieur sous un dôme de verre. Mais les différences ne s’arrêtent pas là, la culture de chaque peuple étant aux antipodes l’une de l’autre.

Et c’est ce que vont avoir l’occasion de découvrir Gareth, un jeune homme habitant avec sa mère au Grand Terrier, et Corène, une orpheline de douze ans vivant, quant à elle, en Silvérie. Ils n’avaient, a priori, aucune raison de se rencontrer, mais le hasard va placer Corène sur la route de Gareth. Le jeune homme, faisant acte de bravoure, va la sauver d’une situation périlleuse sans pour autant mesurer les conséquences de son geste… En danger, il va être contraint de suivre la jeune fille dans son pays afin de la protéger, protéger la vie de sa mère et, accessoirement, la sienne.

Les deux personnages vont vivre des situations éprouvantes qui ne manqueront pas de les rapprocher et de créer entre eux un attachement profond. L’amitié fera donc vite place à l’amour, ce qui devrait ravir les amateurs de romance. Pour ma part, si certains passages m’ont attendrie, d’autres m’ont paru un peu trop guimauves même si en raison de l’âge des personnages, j’arrive à en comprendre la logique. Je n’ai donc pas particulièrement accroché à la romance, mais elle dégage néanmoins un côté Roméo et Juliette qui n’est pas déplaisant d’autant que l’autrice ne pousse pas le drame aussi loin que Shakespeare…

J’ai, en revanche, apprécié qu’à travers cette histoire d’amour, l’autrice aborde la question des différences culturelles et des difficultés que celles-ci peuvent occasionner dans toute relation. On découvre ainsi progressivement et de manière très réaliste, toutes ces petites et grandes différences entre Le Grand Terrier et la Silvérie, deux pays qui tendent à se regarder en chiens de faïence. Dans ces conditions, nos deux amoureux pourront-ils vivre pleinement leur amour naissant d’autant que le danger les guette à chaque instant ?

Je ne développerai pas ce point outre mesure vous laissant le plaisir de la découverte, mais je peux vous dire que l’histoire est bien plus complexe qu’il n’y paraît, Corène et Gareth se trouvant  au milieu d’enjeux géopolitiques qui les dépassent. Cet aspect du roman est celui qui m’a le plus intéressée notamment en raison de la tension et du suspense qu’il introduit. Au gré des révélations, les cartes se brouillent, les personnages doutent, et les lecteurs sont tenus en haleine par l’émergence d’un complot dont ils saisissent progressivement toute l’ampleur… À cet égard, et sans en dire plus, j’ai beaucoup apprécié la manière dont l’autrice établit un pont entre présent et passé. C’est très bien amené et ça offre une conclusion très touchante pour l’un des personnages.

Sont également abordés dans ce roman un certain nombre de sujets intéressants comme le racisme, le rejet de la différence, la peur de l’autre, mais aussi cette question essentielle de l’identité. Le titre du roman porte d’ailleurs très bien son nom ! Corène qui est sans racines, car sans famille tend à ne plus savoir où est sa place, voire si elle en a vraiment une, quand Gareth, qui lui sait très bien d’où il vient, finit par se demander qui il est et où il va. Cette question de l’identité est quelque chose de prégnant dans le roman et apporte une certaine profondeur au récit…

Les protagonistes sont profondément humains et, comme dans la vraie vie, ont leurs bons et mauvais côtés. Volontaires et matures, Gareth et Corène se révèlent aussi parfois assez puérils et extrêmes dans leurs réactions, ce qui leur confère une certaine aura d’authenticité puisque rappelons qu’ils sont relativement jeunes. Qu’on les apprécie ou non, difficile de ne pas être impressionné par leur courage, leur altruisme et la manière dont ils essaient, parfois maladroitement, de veiller l’un sur l’autre… Certains personnages secondaires se démarquent du lot comme la mère de Gareth et l’ami de la famille qui offrent au jeune couple un soutien et un appui sans faille. La relation, tout en retenue, entre ces deux adultes se révèle très belle et très touchante. Il est juste regrettable que les méchants de l’histoire soient un peu trop caricaturaux à mon goût et manquent donc de profondeur.

La plume de l’autrice, en plus d’être immersive, dégage une certaine fluidité qui la rend accessible à un large public. Les dialogues sont, quant à eux, assez nombreux pour plaire aux lecteurs allergiques aux récits trop denses. À noter toutefois une certaine familiarité dans les échanges entre les deux amoureux, ce qui pourra déranger certaines personnes. Pour ma part, cela ne m’a pas gênée outre mesure puisque c’est cohérent avec l’âge des protagonistes et leur état émotionnel du moment, mais j’ai trouvé néanmoins que certains dialogues berçaient inutilement dans la grossièreté… J’ai, de plus, regretté que certains échanges sonnaient creux et n’apportaient rien à l’intrigue ni à la relation amoureuse entre Corène et Gareth. Si on ajoute à cela une histoire qui met très longtemps à démarrer et de nombreuses longueurs, on obtient un roman que j’ai eu beaucoup de mal à terminer malgré ses atouts. Sans ma participation au Prix des auteurs inconnus, je l’aurais d’ailleurs abandonné.

En résumé, De Terre et de Racines aborde, à travers la rencontre de deux personnages que tout oppose, un certain nombre de sujets intéressants et universels : amour, amitié, quête d’identité, rejet de la différence… Malgré un univers riche et détaillé, cette histoire n’a néanmoins pas su me convaincre en raison, entre autres, de ses trop nombreuses longueurs. Ce roman pourrait toutefois intéresser les lecteurs en quête d’une romance mettant en scène deux protagonistes prêts à tout pour défendre leur amour malgré les dangers et leurs différences.

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Prix des Auteurs Inconnus logo

Anima, tome 1 : Les enfants, Mary Sara (Prix des auteurs inconnus 2018)

Couverture Anima, tome 1 : Les enfants

J’ai lu Anima : Les enfants de Mary Sara dans le cadre du Prix des auteurs inconnus 2018, le roman concourant dans la catégorie Young Adult.

QUATRIÈME DE COUVERTURE

Au pays de Ryatil vit Evahny, une jeune fille dont la curiosité ne connaît aucune limite. Elle ne cesse de questionner sa mère Sorhia, reine de cette contrée, sur le monde qui l’entoure mais plus encore sur la fameuse Quête de la Moitié. De jour en jour, la petite fille ressent un vide qu’elle ne peut décrire et comprend bien que sa vie risque d’être chamboulée… Elle et son frère Sajyel découvrent en réalité qu’ils font partie de l’ultime Quête de l’Anima. Une tradition qui trouve ses origines au sein du peuple des Thuatyls et qui lie chaque existence à un Anima, la moitié d’une âme, son souffle, son essence même. De son côté, la reine s’interroge sur l’imminence de la Quête, étonnamment précoce pour ses enfants. Avec l’aide de son mage de bataille Thanius, elle doit les préparer aux dangers de la Quête… Accompagnés de Lekhal, un Élu déchu, Evahny et Sajyel devront accomplir leur destin et rétablir l’équilibre d’un monde sous le joug d’une malédiction vieille de vingt ans…

Librinova (18 mai 2018) – 250 pages – Ebook (2.99€) – Broché (17.90€)
Emprunt abonnement kindle disponible 

TRAILER

AVIS

Mary Sara nous offre ici un très beau roman à l’univers riche et complexe que l’on imagine sans peine se dessiner sous nos yeux. Les descriptions sont lumineuses, le vocable précis et imagé, les phrases soignées… Il se dégage indéniablement une certaine poésie, voire un certain onirisme, de cette ambiance enchanteresse dans laquelle nous plonge l’autrice ! Ce sentiment de vivre un rêve éveillé est exacerbé par la découverte de la Quête de l’Anima, une quête que des Élus doivent entreprendre afin de trouver leur moitié qui peut être aussi bien un animal ordinaire qu’un animal légendaire comme un dragon.

Cette tradition ancestrale, qui n’est pas sans danger, effraie Sorhia, reine de Ryatil, qui aurait aimé épargner à sa fille Evahny, et à son fils adoptif Sajyel, cette épreuve qu’elle a déjà elle-même traversée. Mais face à l’inéluctable, cette mère aimante qui aura tout fait pour protéger ses enfants appelés bien trop tôt à trouver leur moitié, sera contrainte, avec l’aide d’autres personnages, de les préparer à affronter leur destin. Si la situation pousse la reine dans ses retranchements, parfois à la limite de la folie, elle aura le mérite de renforcer la complicité entre Evahny et Sajyel.

Ces deux enfants m’ont touchée, leur relation fraternelle étant très belle, mais c’est bien la personnalité extravertie d’Evahny qui m’a le plus marquée. La jeune fille possède tous les atouts que j’aime retrouver chez une héroïne de fantasy : de la curiosité, une grande soif d’apprendre, de l’intelligence, un caractère affirmé qui n’exclut pas une certaine capacité de raisonnement… Amusante, elle se distingue donc de son frère, plus posé et plus réfléchi bien qu’au fil des pages, on se rendra compte que les apparences sont parfois trompeuses.

Ce premier tome étant un tome introductif, l’autrice prend le temps de nous dévoiler les nombreux protagonistes que l’on découvre au fur et à mesure de l’intrigue, et les liens qui les unissent. On a donc parfois le sentiment de suivre des histoires en parallèle avant que le puzzle se reconstitue progressivement nous permettant de constater que chaque personnage a parfaitement sa place dans le récit. Ce roman à plusieurs voix offre une galerie de personnages variée et complexe que l’on prend plaisir à découvrir. Certains individus se montrent touchants par leur passé, leurs blessures et leurs attentes, d’autres inquiètent franchement par la noirceur qui semble les pervertir, quand d’autres, plus ambivalents, provoquent des réactions à mi-chemin entre la tendresse et l’agacement.

Chose rare pour un livre de fantasy et/ou de young adult, les adultes/parents se comportent en tant que tel et ont un vrai rôle à jouer ! Comme dans la vraie vie, ils ne sont pas parfaits et commettent des erreurs, mais j’ai apprécié de ne pas me retrouver avec une énième histoire où de jeunes enfants sont livrés à eux-mêmes. Cela confère un certain réalisme au roman.

Anima est donc un roman qui a su me séduire par la qualité de la plume de l’autrice, ses personnages complexes et profondément humains, par la mythologie autour de la Quête de l’Anima et de ses enjeux, mais aussi par l’aura de mystère qui plane sur l’histoire. On s’interroge notamment sur cette mystérieuse malédiction qui conduit des individus à ne plus se souvenir de leur enfance, ou encore sur la disparition des enfants sans que personne ne sache ou ne fasse rien… D’autres interrogations ne manqueront pas de vous assaillir durant votre lecture, cette nouvelle Quête de l’Anima, spéciale à bien des égards, semblant encore receler bien des mystères.

Ce suspense devrait, comme ce fut le cas pour moi, vous donner envie de tourner les pages les unes après les autres. Bien qu’il n’y ait pas d’action à proprement parler, je me suis donc surprise à lire chapitre après chapitre avec un intérêt croissant. Toutefois, il y a un point qui m’a gênée, ce sont les relations amoureuses entre les adultes ou plutôt leur passé amoureux et les conséquences sur le présent. Au-delà du côté révélation qui a son intérêt pour maintenir éveillée l’attention du lecteur, j’ai parfois eu l’impression qu’on tombait dans le mélodramatique. Je reconnais néanmoins que cela donne l’occasion à l’autrice de mettre en scène des femmes à la personnalité éclatante qui ne se laissent pas faire, et qui sont prêtes à tout pour protéger les leurs.

En conclusion, Anima est un roman qui nous plonge dans un univers passionnant et poétique empreint de magie, de mystère, et façonné autour d’une mythologie fascinante. À travers l’histoire d’enfants Élus et d’anciens Élus devenus adultes, Mary Sara déploie sous nos yeux une intrigue complexe dont on prend plaisir à dénouer les fils. De révélations en découvertes sur ce monde plein de promesses et de dangers, vous ne devriez pas voir le temps passer. Voici donc un roman de fantasy qui, bien que classé en young adult, devrait séduire un large public.

Découvrez le roman sur LibrinovaSite de l’autrice

Prix des Auteurs Inconnus logo

Le Baron Miaou, Nico Bally

J’ai lu Le Baron Miaou de Nico Bally dans le cadre du Prix des auteurs inconnus, le roman concourant dans la catégorie Imaginaire. Ayant eu la chance d’avoir gagné ce roman il y a plus d’un an, je l’ai dévoré dans sa version papier.

RÉSUMÉ

Rencontrez le fabuleux alchimiste à tête de chat. Suivez la timide adolescente aux mille masques. Admirez les lueurs du dresseur de feux follets. Sauvez l’enfant tombée dans un coma lunaire. Entre carnavals nocturnes et labyrinthes oubliés, tentez le plus impossible des voyages.

  • Broché: 254 pages
  • Editeur : CreateSpace Independent Publishing Platform (17 janvier 2017)
  • Prix : 10.02€
  • Autre format : ebook (livre disponible en emprunt kindle)

AVIS

Avant de commencer la chronique, je tiens à souligner l’excellent travail d’édition : la couverture de Nicolas Trève est sublime, l’effet soft touch du roman très agréable et le travail de correction de qualité. C’est avec ce genre d’ouvrage que l’on se rend compte du potentiel de l’auto-édition.

Nhadda Cranne est une talentueuse, bien que pas forcément très pragmatique, créatrice de masques, dont la vie va être chamboulée par un personnage plutôt atypique, le Baron Miaou, un alchimiste à la tête de chat, ou un chalchimiste pour les initiés, dont la renommée n’est plus à faire. Détestée par son odieux père et peu reconnue dans son art, la jeune fille n’hésitera pas à le suivre dans ses aventures.

Dans leurs aventures qui les conduiront sur les routes de France et de Navarre ou plutôt de Grenoble et de Venise, voire bien plus loin, mais là, c’est un secret qu’il vous faudra découvrir par vous-mêmes, ils seront accompagnés de Maria. Fille d’un Comte qui la traite plus comme une servante que comme sa précieuse progéniture, cette enfant sera à l’origine de leur voyage. Atteinte d’un mystérieux mal, elle s’enfonce ainsi parfois dans un profond sommeil. Touchés par son cas, Le Baron et Nhadda feront tout leur possible pour trouver une solution à ce problème, ce qui les poussera à essayer de retrouver un dangereux et mystérieux personnage.

Comme vous l’avez certainement compris, Le Baron Miaou, c’est un roman fantastique, mais c’est aussi un roman d’aventure qui fera battre votre cœur au rythme des dangers et des rencontres que notre équipe va faire. Une équipe formée au gré du hasard et qui se distingue par son originalité : nous avons donc un célèbre alchimiste à la tête de chat des plus énigmatiques, une jeune fille qui profite de son savoir-faire pour cacher son visage sous des masques toujours adaptés aux situations qu’elle traverse, une jeune fille malade plus à l’aise avec les animaux qu’avec les gens et qui se révèle d’une naïveté touchante, et un homme maîtrisant les feux follets, Jacques Mains-Froides.

J’ai adoré la galerie de personnages proposée par l’auteur avec un petit coup de cœur pour Maria dans laquelle je me suis parfois retrouvée notamment dans son amour immodéré pour les animaux et pour le thé. Nhadda m’a, quant à elle, touchée par sa manière de se dévoiler aux autres à travers ses créations tout en les érigeant finalement comme un bouclier infranchissable. Un paradoxe que je comprends et qui la rend assez complexe et très attachante. Mais c’est certainement le Baron Miaou qui m’a le plus intriguée puisqu’il constitue une sorte d’énigme. Habitué à jouer un rôle depuis son enfance, il lui faudra du temps pour baisser ses barrières et apprendre à faire confiance et, surtout, à s’attacher aux autres…

Quel plaisir de voir évoluer ces différents personnages hauts en couleur au fil de l’aventure et de voir leurs liens se resserrer devant les épreuves qu’ils traversent ! J’avoue toutefois être beaucoup plus réservée pour un des personnages secondaires, Jacques Mains-Froides, dont le changement d’attitude m’a semblé bien trop rapide. J’imagine que son principal intérêt, en plus d’apporter un élément de surprise, est de montrer que l’avidité peut transformer un homme, mais je n’ai pas pu m’empêcher de trouver son rôle superflu ou, peut-être, pas assez poussé… À l’inverse, Le Crabe, une femme mutilée suite à une tentative un peu folle de faire un voyage très lointain, m’a touchée. Elle intervient peu dans le livre, mais son rôle est assez fort pour provoquer un vrai impact sur les lecteurs.

Au-delà des personnages, difficile de s’ennuyer dans cette aventure, menée d’une main de maître, qui vous fera voyager à bord d’une roulotte-laboratoire, traverser un bien sombre labyrinthe, affronter des loups sauvages, du moins en théorie, faire des rencontres, certaines plus agréables que d’autres, et vous fera même assister à un concours de… thé. Il fallait y penser ! Nico Bally a incontestablement de l’imagination et un véritable talent de la mise en scène au point que certaines scènes m’ont donné l’impression de me retrouver dans un Indiana Jones pour les enfants.

Mais ce que j’ai adoré, c’est qu’il a réussi à nous proposer une histoire avec du rythme tout en lui conférant une dimension onirique qui n’est pas sans rappeler celle que l’on peut trouver dans des séries de BD comme De Capes et de Crocs. L’approche assez visuelle de l’auteur m’a d’ailleurs fait regretter que le roman ne soit pas illustré. Il y a, en effet, matière à nous offrir une aventure très riche visuellement ! Cela n’a rien d’étonnant si l’on considère que les personnages du roman étaient destinés à un projet d’album, un projet qui, je l’espère, sera un jour d’actualité. En attendant, vous pourrez toujours trouver quelques illustrations de Nicolas Trève du Baron Miaou en fin d’ouvrage ou sur Internet.

La plume de Nico Bailly est délicieusement immersive, ce qui devrait séduire autant les adultes qu’un lectorat plus jeune. D’ailleurs, gros point fort pour moi, bien que le roman soit un roman jeunesse, on sent que l’auteur ne s’est pas bridé. Le vocable utilisé est recherché tout en demeurant accessible et les constructions de phrases devraient séduire les amateurs de belles plumes. Autre point à souligner, le double niveau de lecture du roman : les enfants pourront se contenter de suivre avec amusement et intérêt les aventures d’un fantasque homme à la tête de chat et de ses amis, quand les lecteurs plus âgés pourront déceler dans cette histoire, une certaine profondeur. Nous ne sommes pas dans un roman philosophique, mais le roman flirte toutefois avec le roman d’apprentissage et nous pousse naturellement et sans lourdeur à nous interroger sur des sujets variés : les a priori et les apparences, la confiance en soi et l’acceptation de soi, l’avidité et les chemins peu vertueux qu’elle peut nous faire prendre, la famille qui peut être parfois de cœur plus que de sang, le concept de foyer…

À noter que l’auteur a ajouté quelques bonus en fin d’ouvrage apportant quelques éléments d’explications sur son œuvre.

En conclusion, d’une plume fluide, mais accessible, l’auteur nous offre ici une aventure rythmée et immersive qui devrait séduire petits et grands lecteurs, et ceci, dès les premières pages. Je recommanderai donc cet ouvrage à tous ceux qui sont en quête d’un roman mêlant habilement magie, au sens propre comme au sens figuré, amitié, trahison, action, et personnages touchants et originaux. Et puis qui sait, à l’issue de cette épopée, vous aurez peut-être appris, comme nos protagonistes, qu’il est parfois nécessaire de faire tomber le masque pour se (re)trouver ?

Nico Bally 📚

Source : compte Twitter de l’auteur

TwitterSite de l’auteur

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Prix des auteurs o

 

 

Les Chroniques des Fleurs d’Opale, Tome 1 : La Candeur de la Rose, partie 1, Ielenna

RÉSUMÉ

Si seulement j’avais su combien ma vie allait basculer.
Comment l’enfer m’aurait enchaînée.

Si seulement j’avais pu entrevoir les rouages du destin.
Les rencontres comme les pièges, les obstacles comme les révélations.

Si j’avais su mieux distinguer bontés et malveillances.
Amours, amitiés ou loyautés.

Cette histoire serait tout autre. Mon histoire.
Preuve que même les Dieux ne peuvent tout savoir.

Rare rescapée du massacre de son village natal, Diphtil, une jeune fille du peuple de l’Air, est sauvée en territoire ennemi grâce au symbole étrange qu’elle porte sur le front. Elle serait la cinquième fille de la Déesse Aveugle. Séquestrée dans un monastère et manipulée par le prêtre Sarïn qui compte la livrer au roi une fois ses pouvoirs éveillés, elle est libérée par son frère, Naid, qui la persuade de partir avec lui.
Sauf que les terres de l’Edenor sont semées de dangers et que la cruauté de certaines personnes, hantées par la haine et la guerre, s’opposent à la candeur de Diphtil, avide de découvrir ce monde dont elle a si peu joui.
Mais avant tout, elle veut échapper à son destin. Est-ce possible, lorsque l’on est vouée à devenir une Déesse ?

  • Auto-édition
  • Prix ebook : 5.99€
  • Autre format : broché

AVIS

J’avais repéré ce roman sur Ulule et avais hésité à participer à son financement. Après la lecture de ce premier tome, je suis plus que ravie de m’en être abstenue. Je ne vais pas tourner autour du pot, que cette lecture fut laborieuse et frustrante, et c’est dommage, car il y avait du potentiel ! Maintes fois, j’ai été tentée d’éteindre ma liseuse et d’abandonner ma lecture. Ce n’est que l’engagement de lire tous les titres de la présélection faite en qualité de membre du jury qui m’a permis de tenir.

Je vais commencer par le gros problème de ce roman pour moi : le style d’écriture. Si vous me suivez régulièrement, vous savez probablement que les belles plumes, les longues phrases et l’occurrence de mots peu usités me ravissent. Mais malheureusement, la juxtaposition de mots rares et l’utilisation de nombreuses métaphores ne m’ont pas convaincue ici, car l’ensemble manque cruellement de fluidité et de spontanéité. Et je ne parle pas des mots parfois employés à mauvais escient… L’auteure a, en outre, voulu faire parler son héroïne comme une érudite, mais on tombe dans l’excès avec cette impression que tout est exagéré et surjoué, ce qui rend l’histoire pesante et, pour ma part, peu agréable à lire. C’est dommage, car on peut proposer aux lecteurs un style étudié et riche tout en veillant à rendre les propos fluides et plaisants…

J’aime les belles plumes, mais j’aime surtout les auteurs qui se montrent naturels dans leurs écrits et qui ne semblent pas chercher à coller à des schémas ou à un style de littérature…. Or ici, je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir le sentiment de lire un exercice de style qui s’étend sur des centaines de pages. La lourdeur des phrases, en plus de plomber la narration, se fait ressentir jusque dans les dialogues qui en deviennent irritants, l’héroïne se prenant pour une dramaturge. Je sais que la jeune fille a été élevée dans un monastère, mais elle a quand même vécu onze ans dans sa famille et puis, le moine qui s’est occupé d’elle et qui est vraisemblablement encore plus érudit qu’elle ne parle pas comme elle le fait. En bref, rien n’explique pour moi la manière de parler de Diphtil si ce n’est éventuellement une manière de souligner sa suffisance et son plaisir à s’écouter…

Malgré ces points qui m’ont donné du fil à retordre, je dois dire que j’ai commencé à accrocher à l’intrigue dans les 150 dernières pages où j’ai eu le sentiment que la narration et les dialogues gagnaient en spontanéité et en fluidité. L’autrice a ainsi réussi à éveiller mon intérêt grâce à des rebondissements et à une certaine tension. Cela n’a pas rattrapé les débuts laborieux, mais ça m’a quand même permis de finir l’histoire sur une note bien moins négative. Je dois même avouer que l’auteure a su très agréablement me surprendre lors des derniers chapitres notamment avec un événement traumatisant vécu par l’un des personnages et auquel je ne m’attendais pas. J’avais bien senti poindre le danger, mais je n’aurais jamais pensé que l’autrice oserait s’aventurer aussi loin dans l’horreur.

Même chose pour un départ inattendu que j’espère non-définitif… Oui, car si j’ai levé les yeux au ciel une bonne partie de ma lecture, j’ai fini par m’attacher à certains personnages, ou du moins, à leur souhaiter un minimum de bonheur. La fin, à cet égard, pose un certain nombre de questions qui ont attisé ma curiosité. Je ne pense pas lire la suite, sauf si quelqu’un m’assure que le style d’écriture a gagné en fluidité, mais si vous avez cédé aux sirènes de la deuxième partie de ce premier tome, je serais curieuse d’en connaître les grandes lignes (enfin, en message privé histoire de ne pas spoiler les autres lecteurs).

Au-delà de la dernière partie où réside, pour moi, le principal intérêt de cette lecture, j’ai également beaucoup apprécié la mythologie mise en place par l’autrice avec, entre autres, une prophétie qui changera pour le meilleur, et surtout pour le pire, le destin de notre héroïne. J’ai aimé découvrir les différents dieux, mais c’est surtout le formidable bestiaire qu’elle nous propose qui a su me conquérir. Moi qui adore les créatures en tout genre, j’ai été plus que comblée et j’aurais adoré que le roman soit parsemé de quelques illustrations afin de les mettre en valeur. Quoi qu’il en soit, on sent que l’univers est riche et très bien pensé et qu’aucun détail n’est laissé de côté. D’ailleurs, je ne doute pas du travail de fourmi réalisé par l’autrice pour rendre le tout cohérent et immersif.

Il y a aussi quelques moments de vie et de convivialité, des conversations entre amis ou entre amoureux qui ont apporté cette spontanéité qui a tant fait défaut à la narration et à certains dialogues. À travers les échanges, parfois amicaux parfois plus frontaux, on apprend à mieux connaître les personnages, leurs forces et leurs faiblesses. Si l’héroïne m’a agacée une grande partie du roman, j’ai beaucoup apprécié Yasalyn au point de regretter que le livre ne lui soit pas consacré. Ce personnage n’est pas exempt de défauts (une personnalité peu crédible au regard de son âge, une coquille qui se brise dès les premiers émois amoureux…), mais il présente cette complexité prompte à stimuler l’imagination et l’intérêt des lecteurs. Dès le début, cette jeune femme dégage une aura de danger et de mystère qui la rend intéressante surtout si on la compare à l’exaspérante et naïve Diphtil. Ses dialogues intérieurs empreints d’une grande violence, son refus de s’attacher, son insolence cachant une certaine fragilité, sont tout autant d’éléments qui donnent envie de briser sa carapace pour découvrir ses plus sombres secrets. Et puis, avec deux révélations la concernant dont l’une se révèle particulièrement fracassante, on peut dire que l’auteure a su soigner son personnage ! Je ne peux pas en dire plus, mais la situation finale dans laquelle elle se trouve m’a semblé cruelle et tellement injuste…

Amateurs de romance, vous allez être ravis puisque les relations amoureuses sont une part importante du livre. Si c’est quelque chose qui, en général, m’exaspère, ici cela ne m’a pas gênée. Il faut dire que le style de narration m’avait tellement agacée et blasée que même des licornes dansant un moonwalk ne m’auraient pas dérangée outre mesure. Et puis, je vais même avouer avoir trouvé l’une des deux romances particulièrement touchante. Les deux amoureux ont vécu des choses difficiles, et c’est, d’une certaine manière, dans les bras l’un de l’autre qu’ils vont apprendre à accepter leurs émotions et leurs failles. En nous évitant des passages un peu trop fleur bleue, j’ai trouvé que l’autrice nous offrait une romance un peu plus mature que ce qu’on peut trouver dans certains livres. Je reconnais néanmoins que l’autre couple du livre est d’une mièvrerie sans nom.

À noter que sont proposés deux bonus en fin d’ouvrage : une scène du livre vue du point de vue d’un autre personnage et une histoire assez émouvante que je vous laisserai le plaisir de découvrir.

En conclusion, ce premier tome, malgré une sublime couverture et de bonnes idées, n’est pas un roman qui a su me convaincre. La faute à un style d’écriture qui, par l’abus de figures stylistiques et d’un vocabulaire parfois pompeux sans raison, rend la lecture quelque peu laborieuse. Si, pour vous, la fluidité de la plume est un critère primordial dans le choix d’une lecture, je pense que vous pouvez passer votre chemin… Par contre, si vous êtes en quête d’une histoire à l’univers extrêmement riche et détaillé, je vous invite à vous laisser tenter. Mais avant, je vous conseillerais peut-être de feuilleter un extrait du roman… N’hésitez pas non plus à aller lire d’autres avis que le mien, car vous rencontrerez sur le net de nombreuses personnes ayant apprécié la plume de l’autrice. N’oublions pas que comme tout avis, le mien est subjectif et que ce n’est pas parce que ce livre m’a déplu qu’il ne vous fera pas vivre mille émotions.

Pour plus d’avis, n’hésitez pas à lire les avis des autres chroniqueurs du prix…

 

Le Porteur de Mort, Tome 1 : L’Apprenti, Angel Arekin

LPDM

J’ai lu Le Porteur de Mort d’Angel Arekin dans le cadre du Prix des auteurs inconnus, le roman concourant dans la catégorie Imaginaire.

PRÉSENTATION ÉDITEUR

À 17 ans, Seïs Amorgen est nommé pour intégrer la plus grande confrérie du royaume d’Asclépion.
S’il accepte, il deviendra l’un des guerriers les plus éminents de la monarchie.
S’il refuse, il restera le gamin frivole et arrogant qui fraye avec les bandits de sa ville natale.
Alors que l’ombre du Renégat s’étend sur sa terre d’origine,
Seïs va devoir prendre la décision qui bouleversera sa vie et, bientôt, il devra faire face à ses propres démons.

  • Nb de pages : 432
  • Prix : 7.99€
  • Autre format : broché

AVIS

Le Porteur de Mort fut une bonne découverte même si je regrette deux éléments qui ne m’ont pas permis d’avoir un coup de cœur.

Premier tome d’une saga devant en comporter six, l’autrice a pris le temps de poser le décor de son histoire et de présenter les protagonistes. Cela se ressent puisque je ne vous cacherai pas que j’ai trouvé les cent premières pages un peu longues, et à mon sens, trop redondantes. Il ne se passe pas grand-chose ! On a juste ce sentiment d’être pris dans une sorte de boucle temporelle nous démontrant par A+B que Seïs Amorgen est un petit impertinent qui passe son temps à magouiller et à coucher avec toutes les prostituées de sa ville… Ce point est important pour comprendre, par la suite, l’évolution du personnage, mais insister autant n’apporte rien en soi. Autre chose qui m’a posé problème : le stéréotype du type qui noie ses problèmes de cœur et de confiance en lui dans l’alcool et les femmes de petite vertu. Est-ce que tous les auteurs de fantasy pensent vraiment que les hommes doivent se réfugier dans le sexe et la boisson pour se changer les idées ?

Malgré ces deux points qui m’ont fait ruminer au début de ma lecture, je me suis laissé emporter par la plume d’Angel Arekin qui est, pour moi, le gros point fort de ce roman. L’autrice arrive à séduire, à travers un style fluide, imagé et poétique, les amateurs de belles plumes tout en comblant les lecteurs qui aiment les univers dans lesquels il est aisé de s’immerger. On se laisse donc porter par les mots tout en s’imprégnant, petit à petit, de l’atmosphère qui se dégage de l’histoire. L’alternance des points de vue, entre Seïs et sa cousine, Naïs, facilite d’ailleurs grandement l’immersion dans le récit puisqu’en suivant la vie de ces deux personnes très différentes, on arrive à entrevoir la complexité de l’intrigue. Je dis entrevoir, car on est dans un premier tome assez introductif, et l’on perçoit assez bien que l’auteure ne fait qu’effleurer tout le potentiel de son histoire. Une sensation que la fin de ce premier tome confirme…

Le récit n’est donc pas mené tambour battant, mais j’ai apprécié de découvrir la vie de Naïs, auprès de son oncle, de sa tante et de ses cousins, et celle de Seïs qui suit son apprentissage au sein de la plus grande confrérie du royaume d’Asclépion. L’autrice n’épargne pas ces deux personnages qui vont chacun évoluer même si à ce niveau, l’évolution de Seïs est bien plus frappante. Très impertinent, porté sur le sexe et la boisson et plutôt égoïste de nature, il ne va pas changer du jour au lendemain, mais progressivement grâce à ses entraînements, une amitié avec un autre apprenti et à l’influence de son maître d’apprentissage. Afin de devenir un Tenshi, un statut envié de beaucoup, il va devoir apprendre à faire face à ses faiblesses, à ses douleurs et espérer ainsi transformer tout ce mal-être en quelque chose de plus positif, quelque chose qu’il pourra éventuellement mettre au service de la communauté et du roi.

Si j’ai aimé suivre les entraînements de Seïs, bien que ce point ne soit pas assez développé à mon goût, j’ai surtout adoré découvrir progressivement les pouvoirs des Tenshis. Ceux-ci sont assez impressionnants ! Maîtrisant aussi bien leur corps que leur esprit, les Tenshis ont accédé à un statut particulier qui leur confère un pouvoir immense, mais aussi de très grandes et lourdes responsabilités. Une réalité qui va frapper de plein fouet Seïs qui va alors devoir prendre une décision importante pour sa vie et celle des siens…

Quant à Naïs, les parties qui lui sont consacrées permettent principalement aux lecteurs de voir que la jeune femme commence à s’émanciper, mais elles sont surtout l’occasion de suivre la vie de la famille Amorgen après le départ de Seïs. Je me suis beaucoup attachée à cette famille dont les membres sont tous très différents, mais ont en commun un fort caractère. Seul l’aîné de la famille se montre quelque peu antipathique même s’il apparaît évident que derrière son caractère peu avenant se cache l’envie de protéger sa famille. La vie de Seïs va donc radicalement changer, mais celle de ses parents, de ses frères et de sa cousine également, l’autrice nous réservant quelques révélations et événements qui ne devraient pas vous laisser de marbre.

Enfin, il se dégage du récit un certain mystère notamment avec la présence de quelques pages en noir dans lesquelles s’exprime un mystérieux narrateur. De la même manière, la tension, quasi absente en début de livre, commence petit à petit à émerger et à s’intensifier à mesure que l’on approche de la fin de ce premier tome. On se rend alors compte, en même temps que Seïs, que le danger est là, bien présent, bien palpable ! Une découverte qui laisse présager un deuxième tome riche en action.

En conclusion, le principal intérêt de ce premier tome est de poser le décor, de nous présenter les protagonistes et de nous laisser entrevoir le pouvoir de nuisance d’un méchant qui va certainement rendre la suite de l’aventure plus palpitante. Alors malgré un aspect un peu trop introductif, je ne peux que vous conseiller de donner sa chance à ce premier tome qui semble poser les jalons d’une série riche en action, en révélations et en émotions.

Si le roman vous tente, n’hésitez pas à lire les chroniques des autres membres du jury sur le site du Prix des Auteurs Inconnus.

Et vous, envie de lire Le porteur de mort ? Retrouvez le roman sur le site des Éditions Plume Blanche.

Prix des auteurs o

Lebenstunnel, Tome 1 : Allégeance, Oxanna Hope

J’ai lu Lebenstunnel publié aux éditions Rebelle dans le cadre du Prix des auteurs inconnus.

Prix des auteurs o

PRÉSENTATION ÉDITEUR

Et si le dénouement de la Seconde Guerre mondiale n’était pas celui que l’on connaissait ?
200 ans après la victoire d’Hitler, Germania n’est plus un mythe. La race aryenne tant espérée par le Führer domine le monde et toutes les autres ethnies ont été éradiquées de la planète. Krista, jeune Aryenne, travaille dans un Lebensborn. Elle a été élevée dans le moule de la race pure et ne connaît que ce mode de vie, jusqu’au jour où elle suit malgré elle une femme dans les égouts de la ville. Ce qu’elle y découvre va ébranler toutes ses convictions et peut remettre en question le fonctionnement même du monde dans lequel elle vit.

AVIS

J’ai beaucoup aimé Lebenstunnel, mais ce ne fut pas le coup de cœur que j’espérais. Il faut dire que vu les avis dithyrambiques que j’en avais lu, mon niveau d’attente était très élevé… Or, il y a un élément qui ne m’a pas permis d’être totalement transportée par cette histoire pourtant haletante et immersive : la romance. A l’image de la plupart de celles que l’on retrouve dans les livres Young Adult, elle m’a semblé bien trop clichée et rapide pour être crédible. Une jeune femme dont la vie est soudainement bouleversée tombe immédiatement, ou presque, sous le charme d’un jeune homme qui est pourtant supposé être son ennemi… Je concèderai néanmoins qu’en faisant garder une certaine réserve à ces deux amoureux, l’auteure a su éviter les scènes trop fleur bleue.

Malgré la romance, j’ai adoré l’univers particulièrement bien soigné et complètement glaçant qu’a su créer l’autrice. Elle nous transporte ainsi dans Germania, cette ville construite à l’image d’Hitler qui a remporté la Seconde Guerre mondiale. Deux cents après sa victoire, la race aryenne est comme il l’a toujours rêvée : dominatrice, froide et guidée par d’abominables principes pouvant se résumer à la destruction de la différence. C’est dans ce contexte que Krista, aide-soignante dans une maternité, a été éduquée. Mais contrairement aux autres individus de son peuple, elle ne peut s’empêcher de faire preuve d’empathie notamment envers tous ces bébés qui passent entre ses mains et qui ne rentrent pas dans les cases…  Et c’est cette capacité à ressentir des émotions qui va, pour son plus grand désarroi, la conduire dans un monde dont elle n’aurait jamais soupçonné l’existence.

Un monde ayant pris vie sous terre afin de se protéger de la barbarie nazie, un monde composé d’un peuple censé être disparu, un monde qui n’accepte pas la présence de cette Aryenne aux cheveux blonds et aux yeux bleus si caractéristiques de sa race… Violentée, rejetée et considérée avec mépris, Krista va passer par différents stades d’émotions : peur, colère, sentiment de révolte et d’injustice, peine à l’idée de ne plus jamais retrouver sa vie d’avant, mais aussi, étonnement devant ce peuple qui a été capable de se cacher durant deux cents ans. À ce maelström d’émotions, se mêlent des sentiments plus ambivalents d’attirance et de répulsion, d’amour et de haine pour Élias, un jeune homme courageux qui ne la laisse pas indifférente.

Si l’histoire d’amour m’a bien souvent poussée à faire les gros yeux, j’ai néanmoins apprécié cette fille qui, petit à petit, se pose des questions sur sa vie d’avant, sur ce qu’elle pensait savoir, sur ce qui est juste ou non… Alors qu’elle aurait pu se morfondre ou, à l’inverse, se cacher derrière un masque d’impassibilité très aryen, elle prend le risque de se dévoiler, de poser des questions, d’essayer de comprendre ce peuple différent du sien qui ne lui fait pas de cadeaux. Ceci est d’autant plus remarquable qu’élevée dans les principes du nazisme, cela n’a rien de naturel pour Krista et dénote chez elle une grande force de caractère et un certain courage. Quant à Élias, il semble un peu plus ouvert que les autres membres de ce peuple qui vit caché. Il accepte ainsi de ne pas juger Krista sur sa seule appartenance à la race aryenne, mais plutôt sur ses actes. Une ouverture d’esprit qui facilitera le rapprochement entre les deux jeunes gens et qui les aidera tous les deux à évoluer jusqu’à les pousser à prendre, chacun de leur côté, une décision qui changera le cours de leur vie.

Au-delà des protagonistes, j’ai beaucoup apprécié de découvrir la manière dont est organisée la vie dans ce monde souterrain qui a su rester invisible aux yeux des nazis. On sent d’ailleurs un vrai sens du détail de la part de l’auteure qui a su nous offrir un monde sans fausse note qui nous apparaît alors très crédible. Un réalisme qui ne peut que susciter admiration devant l’ingéniosité de ce peuple rescapé de l’horreur et effroi à l’idée de cette vie sans soleil, de cette vie cloîtrée dans un environnement hostile…

Même si Oxanna Hope a pris le temps de poser le décor, elle a réussi à rendre son récit très rythmé. Il se passe ainsi toujours quelque chose, et en général, quelque chose qui vous tient en haleine et qui vous enferme dans une bulle d’appréhension et d’angoisse. Je me suis donc souvent retrouvée dans cette situation paradoxale où j’avais très envie de lire la suite tout en y allant à reculons de peur qu’il n’arrive malheur aux personnages. Alors si vous aimez les récits menés tambour battant et enchaînant les rebondissements, vous allez être servis. À cet égard, la révélation finale et la fin en elle-même m’ont prise de court puisque je n’avais pas imaginé que les choses prendraient cette direction.

Quant à la plume de l’auteure, fluide et immersive, elle sert à merveille ce récit qui, derrière le couvert d’un monde imaginaire, nous permet de réfléchir à différents sujets durs et hélas bien réels : l’intolérance et ce rejet viscéral de la différence, la peur de l’autre, la manipulation et l’endoctrinement, l’obéissance aveugle à l’autorité, la haine qui s’insinue insidieusement en chacun poussant les victimes à agir comme leurs bourreaux…. Des thèmes qui, en étant abordés avec intelligence et sans lourdeur, donnent une tout autre dimension à ce roman.

En conclusion, Oxanna Hope, d’une plume acérée et immersive, a su créer un monde alternatif effrayant qui aurait pu, dans une certaine mesure, devenir le nôtre. À travers cette histoire imaginaire, elle soulève des thèmes difficiles qui sont toujours d’actualité et qui ne pourront que vous faire réfléchir. Trahison, tension, suspense, action, émotions, personnages forts et attachants… Voilà un cocktail explosif qui résume en quelques mots les raisons pour lesquelles je ne peux que vous conseiller de vous jeter sur ce roman.

N’hésitez pas à lire les avis des autres membres du jury sur le site du Prix des auteurs inconnus.

Sublimation, Bastien Pantalé

J’ai lu ce roman dans la cadre du Prix des auteurs inconnus, le livre concourant dans la catégorie Imaginaire.

Prix des auteurs o

RÉSUMÉ

Bordeaux, place de la Bourse, une oeuvre d’art intrigue les passants. Le meurtre atroce qu’elle dissimule annonce une psychose sans précédent.
Dans son atelier parisien, Damian Leisenberg subit les assauts de visions persistantes, des scènes macabres laissant présager le pire.
Le controversé Capitaine Bonhoure se lance sur la piste d’un tueur en série pour le moins créatif, mais face à la complexité de l’enquête, ses dons de criminologue ne seront rien sans les avis éclairés du Lieutenant Torrès.
Du port de la lune à Paris, le duo d’enquêteurs, impuissant, assiste au décompte des victimes.

Dans la lignée de Seven. Un thriller psychologique qui changera à jamais votre regard sur l’Art.

  • Broché: 326 pages
  • Éditeur : L’Intemporel (3 décembre 2016)
  • Prix : 0.99€ (livre disponible dans l’offre Emprunt abonnement Kindle)
  • Autre format : broché

AVIS

Sublimation n’a pas vraiment réussi à me convaincre même si je lui reconnais volontiers un certain nombre de qualités, l’auteur vous proposant une histoire très bien écrite avec des passages descriptifs très immersifs, et des scènes assez gores pour susciter un certain effroi chez les lecteurs et apporter une tension psychologique fort intéressante.

Alors que je ne suis pas une grande adepte des scènes où le sang coule à flots, la précision presque chirurgicale des passages où le Sculpteur pratique son « art » a ce quelque chose de cinématographique qui m’a bien plu. Car le Sculpteur, surnom donné à un tueur en série, a une vision très particulière de l’art. Avec lui, l’esthétisme se pare d’une dimension horrifique à laquelle il est bien difficile de rester insensible. Il a ainsi pris l’étrange habitude de recouvrir le corps de ses victimes de plâtre, faisant de leurs corps statufiés une œuvre d’art à part entière. Sur ce point, je n’en dirai pas plus si ce n’est que j’ai adoré l’idée complètement tordue et originale de l’auteur…

Pour autant, il serait faux de considérer ce tueur en série comme un simple psychopathe : derrière sa démarche que nous qualifierons de morbidement originale, il y a une vraie philosophie, une philosophie du beau et du juste. Cet homme ne tue pas ses victimes au hasard, chacune d’entre elles ayant des choses sur la conscience, et il ne se contente pas de se faire le bras armé d’une justice parfois défaillante. Il venge, mais il transforme également le laid en quelque chose de beau, comme si l’art venait au secours des vices de cette humanité parfois si sombre. Cette rencontre de l’art et du sang, de la laideur transformée en beauté est un point que j’ai beaucoup apprécié d’autant qu’ayant peu de connaissances en matière artistique, j’ai trouvé très intéressantes les différentes informations distillées tout au long du roman par l’auteur.

Mais ne vous inquiétez pas, si l’art n’est pas votre tasse de thé, l’histoire ne se limite pas à sa dimension artistique puisque nous sommes bien ici dans un thriller avec une enquête menée par un duo de policiers, un homme assez impulsif, le capitaine Bonhoure, et une jeune femme, le lieutenant Torrès, spécialisée dans l’art. Moi qui aime m’attacher aux personnages, je n’ai rien ressenti devant ce duo qui n’est pas particulièrement original. Le capitaine a néanmoins pour moi un intérêt dans la mesure où malgré son métier, il semble avoir une moralité à géométrie variable. Devant les faits divers où un tueur ou un violeur s’en sort avec une peine ridiculement petite, n’avez-vous jamais pensé qu’il aurait mérité d’être plus sévèrement puni, voire pire, dans les cas extrêmes ? Une pensée fugace que votre éducation ou votre sens moral vous font très vite taire et regretter… Bonhoure lui ne regrette pas ce genre de pensée, ce qui le pousse à ressentir une forme d’empathie voire de respect pour le tueur. Moi-même, sans l’approuver et en restant horrifiée devant les meurtres commis, j’ai réussi à comprendre le raisonnement du Sculpteur. L’auteur a donc réussi à créer un méchant dont on condamne les actes tout en arrivant, dans une certaine mesure, à les comprendre.

Le roman se révèle donc intéressant dans les questions qu’il soulève notamment sur la notion de morale, de justice et de vengeance. Il présente toutefois pour moi un gros problème pour un thriller : l’absence de suspense ! Quand je lis ce genre de livres, je veux avoir envie de passer une nuit blanche pour connaître le fin mot de l’histoire, je veux que le suspense me tienne en haleine et je veux être surprise par des révélations inattendues. Or, ici, le suspense est, du moins pour moi, quasi inexistant. Il y a bien une tentative avec Damien, un personnage aux visions dérangeantes et troublantes qui finit par se persuader d’être le Sculpteur. Mais dès le début, j’ai tout de suite compris les raisons de ses visions et ne me suis malheureusement pas trompée sur ce point. Même la fin est convenue bien qu’elle ait le mérite de nous faire réfléchir… Certains lecteurs seront d’ailleurs frustrés, voire dérangés, quand d’autres approuveront plus ou moins la décision du policier.

J’apporterai cependant une nuance sur le manque de suspense dans la mesure où je commence à connaître les grosses ficelles des thrillers et qu’un néophyte en la matière pourrait peut-être prendre plus de plaisir à l’enquête que moi. L’auteur a également joué de malchance puisque j’ai lu son roman après un autre très bon thriller et qu’en parallèle de ma lecture, je visionnais une série au suspense omniprésent. Mes attentes en la matière étaient donc plutôt élevées…

Quelques autres petits points m’ont également dérangée comme le surnom donné par le policier à sa dulcinée, poupée russe, qui à force d’être répété m’a donné le sentiment désobligeant qu’il ne parlait pas d’une personne, mais d’un objet. De la même manière, j’ai regretté les descriptions des visages bien trop scolaires à mon goût ; un sourire ou des yeux n’ayant pas forcément besoin de qualificatifs.

J’ai déploré le manque de suspense, un défaut rédhibitoire pour un thriller, mais j’ai apprécié les incursions de l’auteur dans le monde de l’art et dans une pratique qui m’intéresse beaucoup, l’hypnose. Nous sommes dans un roman et non dans un documentaire alors l’auteur m’a semblé prendre quelques raccourcis, mais j’ai pris beaucoup de plaisir à suivre les séances d’hypnose de Damien d’autant qu’elles sont très bien exploitées. Loin de n’être là que pour faire le spectacle, elles apportent un vrai plus à l’intrigue et m’ont parfois donné quelques frissons…

En conclusion, Sublimation n’est pas un livre qui m’a particulièrement plu notamment en raison d’une absence de suspense et de prise de risques. Mais le roman possède des qualités indéniables à commencer par la plume de l’auteur qui se révèle aussi plaisante qu’immersive. Je vous le recommanderai donc si vous êtes néophytes en matière de thriller, si vous aimez vous poser des questions sur des notions comme la justice et la morale ou si votre intérêt pour l’art est suffisant pour vous faire oublier les quelques défauts du roman.

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Vous pouvez vous procurer le livre ici ou consulter les avis des autres membres du jury sur le site du Prix des auteurs inconnus.