Throwback Thursday livresque #205 : un livre à emmener en vacances

J’ai décidé de participer à un nouveau rendez-vous autour du livre : le Throwback Thursday Livresque. Imaginé par Bettie Rose Books, le principe est de partager chaque semaine sa lecture autour d’un thème mensuel qui sera décliné chaque semaine. Depuis peu, les liens de participation sont à déposer sur My-books.


À la lecture du thème de la semaine, un livre à emmener en vacances, j’ai tout de suite pensé à L’anti-lune de miel et à Duel au soleil, mais vous ayant déjà récemment parlé de ces romans, j’ai préféré vous présenter un roman lu il y a un petit moment, et dont j’adore la couverture : Alice au pays des casseroles de Maud Brunaud.

Alice au pays des casseroles

Il était une fois… Moi ! Alice ! Jeune femme douce et timide dans la trentaine (on ne demande JAMAIS son âge exact à une femme ! ). Célibataire. 90/60/90 (enfin, à peu près… à la louche quoi ! à la bonne grosse louche ! ). De loin et sans lunettes, on me dit que je ressemble assez à Emily Blunt… Heureuse propriétaire d’un chien-saucisse et de deux perruches. Je demeure en pleine campagne berrichonne où je tiens le restaurant familial depuis que maman (contrainte et forcée) m’a passé la main. Je bous souvent intérieurement et je ne sais pas pourquoi je n’arrive jamais à me lâcher ! C’est un peu comme si le chanteur de Kiss était coincé dans le corps d’Edith Piaf ou comme si on voulait apprendre à mordre à un ours en peluche. Je ne suis donc ni une princesse de conte de fées ni une icône mode du XXIe siècle à la Kim Kardashian, vous l’aurez peut-être remarqué… Ainsi, commence » l’histoire de ma vie » ! Jusqu’ici, je me suis toujours évertuée à ne pas me montrer trop gourmande et j’ai goûté, avec parcimonie, aux plaisirs de la vie. Mais, un jour, mon petit château de convenances et de solitudes s’est envolé aux quatre vents… tout ça à cause d’un food-truck installé devant ma porte et de son séduisant propriétaire !

Romance contemporaine sous fond de gourmandise et de guerre des fourneaux, du moins pour l’héroïne, Alice au pays des casseroles réunit les ingrédients que l’on recherche dans une lecture détente : une plume fluide, des situations parfois drôles, parfois plus rocambolesques, des personnages attach(i)ants, de l’humour, une touche de suspense, de la romance… Alors si vous avez envie de passer un moment de lecture sympathique, gourmand et entraînant, Alice et tous ses amis vous attendent. Bons plats, madeleines et bonne humeur au menu !


Pour d’autres idées de livres à emmener en vacances, n’hésitez pas à découvrir mon Top Ten Tuesday : 10 livres à lire à la plage.

Et vous, connaissez-vous ce livre ?
Vous tente-t-il ?

Laissez-moi faire, Gélou Morel

Laissez-moi faire ! (Roman) par [Morel, Gélou]

Merci aux éditions Ramsay pour l’envoi surprise de Laissez-moi faire ! de Gélou Morel.

PRÉSENTATION ÉDITEUR

À 17 ans, Gélou a gagné la célébrité et la fortune en interprétant le rôle principal d’une série télévisée pour adolescents. Oui, mais aujourd’hui, elle a 30 ans. La série s’est arrêtée, Gélou a dépensé tout son argent (avec l’aide des impôts) et ceux qui se souviennent d’elle trouvent qu’elle a beaucoup vieilli… depuis ses 17 ans ! Devrait-elle se résigner à être démodée prématurément ? Ce n’est pas son style ! Pour reconquérir le succès, elle est prête à tout ! Vraiment tout ! Y compris reprendre au cinéma le rôle qui l’avait rendue célèbre 13 ans plus tôt ! Et même, partager l’affiche avec Sophie Sagnet, la garce qui lui a pris l’homme qu’elle aimait, juste parce qu’il était un journaliste influent ! La confrontation des deux femmes s’annonce difficile, certes ! Mais il en faudrait davantage pour effrayer Gélou… Qui ne s’aperçoit même pas qu’elle se précipite et nous entraîne à sa suite dans une cascade d’aventures improbables, entre suspense et fous rires !

Marivole Éditions (29 mai 2019) – 250 pages – Broché (18€) – Ebook (6,99€)

AVIS

En librairie, je ne me serais probablement pas tournée vers ce roman, le titre et la couverture ne m’inspirant pas outre mesure. Et cela aurait été fort dommage puisque j’ai passé un très bon moment de lecture auprès de Gélou, une héroïne qui, malgré son côté un peu pimbêche, se révèle finalement assez attachante.

J’ai ainsi été très sensible à son humour et à la manière dont elle s’adresse régulièrement et directement aux lecteurs. Ce procédé, quand il est très bien amené comme ici, crée une grande connivence entre narrateur et lecteurs, ou plutôt spectateurs, qui se sentent complètement impliqués dans le récit. Si je dis spectateurs, c’est que l’intrigue tourne autour du monde du cinéma et que, de fil en aiguille, on a presque l’impression d’assister à un film !

Il faut dire que l’autrice maîtrise l’art des rebondissements et fait preuve d’un imaginaire plutôt cocasse. Alors que Gélou retrouve les plateaux d’un studio après des années de vache maigre à doubler des films pornographiques (il n’y a point de sot métier, me direz-vous), elle doit se coltiner une star de la télé-réalité comme collègue. En plus de n’avoir aucun talent d’actrice, cette garce est la femme qui a osé, par pur opportunisme, voler le cœur et le corps de son grand amour. Mais Gélou est bien décidée à retrouver son statut de star afin de reconquérir Frédéric très sensible aux apparats et au statut social. La situation va néanmoins déraper quand un événement inattendu et plutôt radical frappe le plateau de tournage !

Je n’en dirai pas plus afin de vous laisser profiter de l’effet de surprise, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que ce retournement de situation, en plus de créer une coupure intéressante, ajoute un côté burlesque que j’ai adoré. L’autrice mêle ainsi deux genres assez différents pour créer un tout cohérent et amusant. Je retiendrai plus particulièrement une scène cocasse avec des somnifères et un homme dans une drôle de position qui démontre que Gélou Morel a su s’approprier certains codes pour mieux les détourner. Effet garanti surtout si vous aimez les comédies décalées qui ne se prennent pas au sérieux.

C’est d’ailleurs ce qui ressort de ce roman, une histoire/comédie sans prise de tête que l’on dévore bien installé au bord d’une piscine ou à la plage pour les plus chanceux. Cela ne veut pas dire que sous couvert d’humour et de légèreté, l’autrice ne place pas quelques critiques bien senties notamment sur le monde du cinéma et l’hypocrisie généralisée qui caractérise le milieu, la montée de la télé-réalité avec ses stars kleenex très vite adulées tout de suite oubliées, le jeunisme et ce refus de vieillir, le culte de l’argent et de la rentabilité au détriment de la qualité, l’amour aveugle qui rend servile et quelque peu idiot… Elle évoque également l’homosexualité et la difficulté d’assumer son orientation sexuelle même quand en apparence, on semble très bien le vivre. Le tout forme un bonbon acidulé qu’on dévore avec gourmandise !

Il est indiqué sur la quatrième de couverture que derrière le pseudo de l’autrice se cache une personnalité du petit et grand écran qui règle plus ou moins ses comptes. Que ce soit vraiment le cas ou un moyen plutôt intelligent de la maison d’édition pour attiser la curiosité des lecteurs et renforcer le sentiment de proximité avec l’héroïne/autrice, j’aimerais beaucoup retrouver Gélou dans d’autres aventures.

C’est que malgré son obsession pour son ex, un homme volage, menteur, égoïste, imbu de sa personne, j’ai, durant ma lecture, eu le sentiment de partager la vie d’une amie. Une amie mauvaise langue qui a le chic pour se mettre dans des situations abracadabrantesques et qui, comme tout le monde dans le milieu du cinéma, n’hésite pas à utiliser les autres pour arriver à ses fins, mais une amie attachante quand même.

Alors si vous avez envie d’une lecture légère, prenante et drôle, pensez à Gélou et laissez-la faire, elle se charge de tout !

Prêts à tout, Théo Lemattre

Prêts à tout par [Lemattre, Théo]

Je remercie les éditions Ramsay de m’avoir proposé de découvrir Prêts à tout de Théo Lemattre que j’ai lu en lecture commune avec Melle Cup of tea.

PRÉSENTATION ÉDITEUR

On a beau courir après l’amour, il se trouve souvent plus près qu’on ne le pense…

Pria enchaîne les déceptions amoureuses, et ce, depuis toujours. À chaque fois qu’elle pense avoir trouvé le bon, le sort s’acharne sur elle… Pourquoi son nouveau patron, le multimillionnaire Wendall Winslow, intransigeant avec les autres, est-il aussi doux et affectueux avec elle ? Que cache Valentin, son ami d’enfance devenu avocat qu’elle n’a pas revu depuis des années ?

Une soirée pour fêter son nouvel emploi, quelques verres et tout peut basculer…

En quelques jours, Pria va laisser ressurgir en elle des passions enfouies, des flammes qu’elle croyait éteintes et se laisser dévorer par le passé.

Marivole (11 juin 2019) – 199 pages – Broché (18€)

AVIS

Quand la maison d’édition m’a proposé de m’envoyer ce roman, j’ai accepté me faisant une joie de découvrir une lecture légère parfaite pour l’arrivée de l’été et des beaux jours. Malheureusement, après un début prometteur, j’ai vite déchanté devant les interventions intempestives manquant de subtilité de l’auteur, les maladresses, les invraisemblances, l’immaturité des personnages et de l’histoire, et cette impression non pas de lire un roman, mais d’être entrée en catimini dans l’esprit d’un adolescent.

J’ai ainsi été fortement rebutée par ce côté « fantasme d’adolescent ». Il faut dire que même adolescente, j’ai toujours eu du mal à me faire à l’immaturité de mes camarades, ce n’est pas maintenant que les choses risquent de changer… C’est dommage car l’auteur avait de bonnes idées et l’on sent un vrai potentiel dans la plume, mais pour moi, cette histoire nécessite d’être retravaillée.

Je n’attends pas d’un récit qu’il soit réaliste, la réalité étant déjà bien assez présente dans nos vies, mais j’attends néanmoins d’un auteur qu’il prenne le temps de construire une intrigue et des personnages vraisemblables. Or ici, ce n’est pas le cas. L’héroïne, jeune adulte, se comporte comme une adolescente inconsciente et instable. Pour moi, quand on est au chômage et qu’on n’est pas l’héritière d’une grande famille, on ne passe pas sa matinée à jouer aux jeux vidéos alors même qu’un entretien inespéré au vu de votre manque de compétences vous attend dans l’après-midi, dans un groupe côté de surcroît… Oui, parce qu’en plus d’être bigrement inconsciente et écervelée, Pria est aussi très très chanceuse dans la vie ! Vous imaginez, un travail rêvé qui vous tombe tout cuit dans le bec…

Voici un exemple parmi tant d’autres qui m’a fait lever les yeux au ciel à maintes reprises. Il y a bien des tentatives d’explication quant aux réactions du personnage, mais ça m’a plutôt donné l’impression que l’auteur était conscient des lacunes de son récit et qu’il essayait de les justifier…

Si on ajoute à cela la ribambelle de clichés allant du patron mystérieux au meilleur ami gay tenant un bar, le triangle amoureux très peu subtil, et des personnages caricaturaux manquant de profondeur, on obtient un roman auquel je n’ai pas du tout accroché. Peut-être que l’auteur a voulu nous proposer une parodie de comédie romantique, mais dans ce cas, l’effet est raté, du moins pour moi…  Ce premier tome ne m’ayant pas convaincue et la fin se terminant sur une révélation manquant quelque peu d’originalité, je ne lirai évidemment pas la suite… Mais je pense néanmoins tenter un autre roman de l’auteur, car sa plume a du potentiel.

C’est peut-être ce qui m’a d’ailleurs le plus frustrée dans cette lecture. Je vous ai présenté tous les points qui ont rendu ma lecture agaçante, mais paradoxalement, j’ai trouvé que Théo Lemattre avait vraiment quelque chose dans le style d’accessible et d’entraînant. Je n’ai pas aimé l’histoire, mais je l’ai lue très rapidement d’autant que la présence de nombreux dialogues apporte un rythme indéniable. Avec un peu plus de maturité et de cohérence dans la construction de ses personnages et de ses péripéties, je ne doute pas que l’auteur arrive à proposer de véritables page-turners.

À cet égard, il y a un point qui m’a plu, le mystère et le suspense apportés par un certain personnage. J’avais très vite deviné son identité, mais j’ai aimé l’incertitude qu’il fait planer sur le récit. Manipulateur, victime, voire un peu des deux, le doute s’insinue dans l’esprit des lecteurs et de l’héroïne… Si l’auteur arrive à insuffler avec un tel naturel du suspense dans ses thrillers, c’est peut-être de ce côté-là que je piocherai dans sa bibliographie.

En conclusion, parfois maladroite et manquant de maturité et de vraisemblance, cette histoire ne m’a pas convaincue, mais elle dégage une certaine légèreté qui devrait plaire aux lecteurs en quête d’un roman facile et rapide à lire, et non dénué d’humour. Une bonne lecture de plage donc à condition de ne pas être réfractaire aux clichés utilisés allègrement sans jamais être dépassés et à une héroïne, certes abordable, mais quelque peu immature, agaçante et déconnectée de la « vraie vie ».

Comme toujours, mon avis est personnel et ce qui m’a déplu pourrait vous plaire. Je vous invite d’ailleurs à lire la chronique de Mlle Cup Of Tea qui a un avis bien plus enthousiaste que le mien puisqu’elle a adoré l’humour de l’auteur.

Feuilletez un extrait sur le site de Ramsay Éditions.

Les archives de l’insolite, Éric Yung

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Je remercie les éditions Marivole et plus particulièrement Christophe Matho pour la découverte du livre Les archives de l’insolite d’Éric Yung.

PRÉSENTATION ÉDITEUR

Chaque jour, les journaux, et tout particulièrement les éditions régionales, regorgent d’histoires concernant les êtres que nous sommes. Elles sont, a priori, anodines mais elles recèlent, en elles-mêmes, les aléas de nos propres existences. Elles paraissent ordinaires et pourtant, par on ne sait quelle volonté d’un mystérieux et puissant maître du destin, elles basculent souvent dans l’extraordinaire. Ces faits divers, puisqu’il s’agit de cela, expriment, selon le poète Charles Baudelaire, « l’absurde qui s’installe dans l’intelligence pour la gouverner avec une épouvantable logique ». Et puis, il y a une réalité : ils relatent, tous, la magie des exceptions de la vie ! Dramatiques, tragiques, burlesques, étonnantes, magnifiques et poétiques, ces contingences offrent à celui et à celle qui sait s’émerveiller, des choses de la vie l’occasion de méditer sur la fragile condition humaine. Dans son étude sur le fait divers (Essais critiques) le philosophe et sémiologue Roland Barthes démontre que celui-ci, « en dépit de son aspect futile et souvent extravagant, porte sur des problèmes fondamentaux, permanents et universels : la vie, la mort, l’amour, la haine (…) la destinée. » C’est dire si ce genre d’information que Barthes qualifie « d’immanente » s’apparente, à la nouvelle et au conte. Ainsi, dans ces Archives de l’insolite, Éric Yung a rassemblé des dizaines d’articles puisés dans la presse nationale et, par la force des récits, les présente sous forme de chroniques dont les sujets dépassent l’entendement. Certaines d’entre-elles paraissent même incroyables. Pourtant, toutes ces histoires sont vraies.

Marivole Éditions (15 novembre 2018) – 144 pages – 17,10€ (broché)

AVIS

Quand j’ai reçu ce livre, j’étais un peu sceptique ayant une légère tendance à associer faits divers et voyeurisme. Mais curieuse, j’ai quand même feuilleté les premières pages, ce qui m’a suffi pour être complètement happée par ma lecture.

Éric Yung est à des années-lumière du style racoleur d’une certaine presse que j’abhorre. Sa plume est belle, élégante et dégage même une certaine poésie donnant aux faits divers ses lettres de noblesse. Il faut dire que l’auteur a l’art et la manière de partager des moments de vie étranges, loufoques, tristes, émouvants, surprenants de gens ordinaires à la vie parfois extraordinaire.

Survenues à différentes périodes et aux quatre coins de la France, ces histoires que l’auteur a sélectionnées avec soin ne sont pas jetées pêle-mêle sur le papier, mais elles bénéficient, au contraire, d’un vrai travail de mise en forme. Chacune d’entre elles est ainsi joliment introduite et est développée de manière concise et précise afin de happer votre attention dès les premiers mots sans pour autant vous perdre dans une avalanche de détails.

Et ça marche ! Alors que j’étais partie pour lire quelques histoires avant de me coucher, j’ai lu une grande partie du livre d’une traite incapable d’arrêter ma lecture. Page après page, notre attention est accaparée par ces tranches de vie qui nous semblent bien souvent incroyables et/ou cocasses, mais qui ne tombent jamais dans le sordide ou la surenchère. Le traitement des histoires est sérieux et surtout, très humain. Un point qui me semble important quand des sujets comme la mort sont parfois abordés.

Certaines histoires m’ont plus marquée et intéressée que d’autres, mais aucune ne m’a ennuyée ou laissée indifférente. Durant ma lecture, j’ai ainsi ressenti tout un panel d’émotions :

  • amusement devant le manque de chance et/ou de bons sens de certains apprentis voyous qui auraient mieux fait de s’orienter vers une autre « carrière ». Certaines des histoires mériteraient d’ailleurs de figurer dans Vidéo Gag. Il y a aussi des comportements complètement loufoques qui prêtent à sourire comme le cas de ce faux gendarme amateur de ménage ou celui de ce chauffard à la monture originale qui, fort heureusement, n’a blessé personne dans sa frénésie de vitesse.
  • tristesse devant, entre autres, cette vieille dame délaissée par sa famille qui en vient à commettre des escroqueries pour apporter un peu de bonheur aux autres résidents de sa maison de retraite. Cette histoire est certainement celle qui m’a le plus touchée et peinée, peut-être parce qu’elle est symptomatique de notre société.
  • incrédulité devant des récits qui auraient pu finir en drame alors qu’ils se concluent par un miracle ! Mais la réciproque est vraie avec des rescapés qui finissent par être rattrapés par le destin…
  • frissons devant la manière dont la vie peut jouer des tours aux hommes, que ce soit pour le meilleur ou pour le pire. À cet égard, j’ai été particulièrement émue par l’histoire de ce frère et de cette sœur réunis après tant d’années, et attristée pour ce couple qui a fini par se rejoindre dans la mort.

Je ne vous ai parlé que d’une infime partie de ce que vous trouverez dans ce livre, mais ce qui est certain, c’est qu’avec l’auteur, vous ne vous ennuierez pas !

En plus de cet aspect divertissement déjà plaisant, j’ai apprécié que l’auteur nous offre, à travers sa sélection d’histoires insolites et cocasses, un petit tour de France historique et géographique. Alors je vous rassure, nous ne sommes pas dans un livre d’histoire, mais en mêlant des faits divers récents à d’autres plus anciens, l’auteur nous permet indirectement de nous rendre compte des évolutions sociétales que notre pays a pu traverser. Quant au fait qu’une grande partie du territoire français soit évoquée, cela permettra à chacun de découvrir un récit qui se déroule dans sa région ou, comme ce fut le cas pour moi, dans sa ville. C’est ainsi que j’ai découvert l’effroyable histoire de Rose-Marie Masson dont la morale pourrait être « Tel est pris qui croyait prendre »…

Dernier atout charme de cet ouvrage qui s’est révélé terriblement prenant, les différentes citations d’auteurs célèbres qui viennent étayer les propos de l’auteur.

En conclusion, grâce à une plume élégante et fluide qui donne une tout autre saveur au concept de faits divers, l’auteur forme le portrait d’une autre France, une France de l’insolite qu’il nous invite à découvrir à ses côtés.  Bien documenté, joliment écrit et surtout addictif, voici un ouvrage que je vous recommande autant pour vos longues nuits d’hiver que vos longues soirées d’été. Il n’y a pas de saison pour s’étonner !

Découvrez le livre sur le site des éditions Marivole.

Alice au pays des casseroles, Maud Brunaud

Alice au pays des casseroles

Je remercie les éditions Marivole pour m’avoir permis de découvrir Alice au  pays des casseroles de Maud Brunaud.

PRÉSENTATION ÉDITEUR

Il était une fois… Moi ! Alice ! Jeune femme douce et timide dans la trentaine (on ne demande JAMAIS son âge exact à une femme ! ). Célibataire. 90/60/90 (enfin, à peu près… à la louche quoi ! à la bonne grosse louche ! ). De loin et sans lunettes, on me dit que je ressemble assez à Emily Blunt… Heureuse propriétaire d’un chien-saucisse et de deux perruches. Je demeure en pleine campagne berrichonne où je tiens le restaurant familial depuis que maman (contrainte et forcée) m’a passé la main. Je bous souvent intérieurement et je ne sais pas pourquoi je n’arrive jamais à me lâcher ! C’est un peu comme si le chanteur de Kiss était coincé dans le corps d’Edith Piaf ou comme si on voulait apprendre à mordre à un ours en peluche. Je ne suis donc ni une princesse de conte de fées ni une icône mode du XXIe siècle à la Kim Kardashian, vous l’aurez peut-être remarqué… Ainsi, commence  » l’histoire de ma vie  » ! Jusqu’ici, je me suis toujours évertuée à ne pas me montrer trop gourmande et j’ai goûté, avec parcimonie, aux plaisirs de la vie. Mais, un jour, mon petit château de convenances et de solitudes s’est envolé aux quatre vents… tout ça à cause d’un food-truck installé devant ma porte et de son séduisant propriétaire !

  • Broché: 214 pages
  • Editeur : Marivole Editions (27 septembre 2018)
  • Collection : Gossip de campagne
  • Prix : 18.90€
  • Autre format : ebook (7.49€)

AVIS

Si vous me lisez régulièrement, vous devez connaître mon amour pour Alice au pays des merveilles et son univers si particulier. Vous ne serez donc pas étonnés si je vous confesse avoir tout de suite été attirée par le titre de ce roman et sa sublime couverture.  Bien que l’histoire n’ait rien à voir avec celle de Lewis Carroll comme la lecture du résumé le laisse présager, j’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman qui nous prouve qu’il peut y avoir de la bonne chick lit française.

Aux commandes, avec sa maman, d’un restaurant familial dans le Berry, Alice est une cuisinière qui, disons-le clairement, s’ennuie que ce soit derrière ses fourneaux ou dans sa vie en général. Il faut dire que sous le joug d’une mère autoritaire qui régente plus ou moins sa vie, Alice a peu de marge de manœuvre pour exprimer sa propre personnalité. À cela s’ajoutent des problèmes financiers, le chiffre d’affaires du restaurant n’étant pas au beau fixe. Une situation qui n’est pas prête de s’arranger, un food-truck et son beau mais exaspérant propriétaire, Gabriel, venant de s’installer devant sa porte !

Le livre est relativement court (215 pages), l’autrice ne nous noie donc pas sous une avalanche de détails et attaque son récit dès les premières pages. Un bon point puisqu’on se prend d’intérêt immédiatement, ou presque, pour Alice qui se révèle aussi attachante qu’agaçante. Alice, c’est un peu la copine rigolote qui n’est pas contente de sa vie, qui se laisse marcher sur les pieds, mais qu’on a envie d’aider et de réconforter. Et cela est dû en grande partie par le sentiment de proximité que l’autrice a su naturellement créer, on se sent proche de son héroïne alors qu’on vient juste de la rencontrer. On est donc content de la voir évoluer au fur et à mesure de l’intrigue : elle ne devient pas superwoman d’un coup et ses réactions sont parfois contestables, mais elle prend confiance en elle et en ses talents de cuisinière.

Autour de cette héroïne simple et attachante, évolue une galerie de personnages intéressante et plutôt variée, certaines personnes prenant plus d’importance que d’autres. Il y a Constance, la mère d’Alice, qui se montre en début de roman assez acariâtre, mais qui finalement, devrait vous réserver quelques surprises. La relation entre la mère et la fille est faite de non-dits, de moments de complicité ratés, mais elle se révèle plus complexe et touchante qu’aux premiers abords. L’arrivée de Geoffrette et de Max, son fils, apporte une touche non négligeable de douceur dans la vie d’Alice. Si j’ai trouvé la présence de Geoffrette presque superflue, du moins pas assez exploitée, j’ai juste adoré le personnage de Max. Cet enfant est un amour et d’une intelligence de cœur qui le rend très très attachant et amusant. C’est mon personnage coup de cœur ! D’ailleurs, Lump, la chienne d’Alice, partage mon avis puisqu’elle a très vite adopté cet enfant dont la « sagesse » dépasse parfois celle des adultes du roman. Georges, un ami d’Alice et de Constance, est également très attachant, son dévouement à la mère et à la fille étant total.

Mais la personne qui va prendre le plus de place dans la vie d’Alice, à son corps défendant, est le beau Gabriel. En général, les romances me laissent de marbre, mais j’ai beaucoup aimé celle entre les deux personnages, car elle est construite avec intelligence et sans mièvrerie. Gabriel tombe très vite sous le charme de cette cuisinière qui ne semble pas partager ses sentiments comme l’en attestent les éclairs qu’elle lui lance à chaque regard. Vous me direz, pour une cuisinière, cela aurait pu être bon signe…  L’autrice a donc eu la bonne idée de nous proposer un personnage féminin qui ne tombe pas tout de suite amoureux du beau gosse de service. Cette réticence à laisser entrer une personne dans sa vie apporte un certain piquant à l’intrigue, Alice pouvant faire preuve d’un sacré caractère quand elle le décide. Le pauvre Gabriel en fera d’ailleurs les frais.

Mais ce qui est le plus intéressant dans le fait qu’Alice ne saute pas dans les bras de son « concurrent » tout de suite, c’est que cela est cohérent avec la situation difficile qu’elle traverse, son restaurant battant de l’aile. Elle va donc essayer de faire taire ses sentiments naissants, chose peu aisée devant la présence rassurante et patiente de Gabriel… Je lis peu de romance et je n’adhère pas à celles en vogue actuellement, alors lire un roman où les personnages ne se sautent pas dessus dès la quatrième page, je dis un gros OUI. L’autrice prend ainsi le temps de développer la relation entre Alice et Gabriel qui commencent d’ailleurs par se vouvoyer, un petit détail que j’ai trouvé plein de charme.

Alice et Gabriel, bien que très différents, sont liés par cet amour commun pour la cuisine, un amour qui, pour la jeune femme, remonte à son enfance. Je n’en dirai pas plus, mais j’ai trouvé la raison qui l’a poussée à se mettre derrière des fourneaux très touchante. La cuisine est donc un art bien représenté dans ce roman que ce soit à travers le contexte de l’intrigue, quelques recettes en fin d’ouvrage, le rappel de termes culinaires (roussir, blanchir…)… Il y a donc de fortes chances que vous ayez envie de vous jeter sur un bon petit plat ou sur des madeleines, spécialité d’Alice, dès la dernière page tournée.

Amour et cuisine, voilà un joli mélange qui va malheureusement se trouver entacher par une sombre histoire de corbeau. Alice reçoit des lettres de menace qui seront suivies par des actes de malveillance allant crescendo. Cette histoire apporte une petite touche de mystère et de suspense fort plaisante d’autant que le mobile du méchant est plutôt cocasse. Mais cet interlude est, pour moi, surtout un moyen pour l’autrice de renforcer les liens entre les différents personnages. Ne vous attendez donc pas à une enquête bien poussée, mais plutôt à un joli élan de solidarité autour d’Alice. Cela ne nous empêche pas de suivre avec plaisir et curiosité le travail de la petite équipe de détectives improvisés. Max, en fan de Sherlock Holmes (je vous ai déjà dit que j’adore ce gamin ? ), semble d’ailleurs prendre l’enquête très à cœur.

Quant à la plume de Maud Brunaud, elle fait partie intégrante du charme du récit. Accessible, mais travaillée et d’une grande fluidité, l’autrice nous prouve que lecture détente ne rime pas forcément avec style plan-plan ou pire, gnangnan. Mais le grand atout de l’autrice est d’avoir su, à travers sa plume, transmettre aux lecteurs tout l’amour qu’elle porte à ses personnages. Émouvants tout en ayant chacun leur caractère, il se dégage de chacun d’entre eux un petit quelque chose qui vous donne envie d’apprendre à les connaître comme s’ils existaient réellement. J’ai également apprécié l’humour très présent grâce, notamment, à Alice dont certaines réparties sont pleines de piquant voire de mordant. Max apporte également une touche d’humour par sa manière déstabilisante d’énoncer des vérités sans beaucoup de tact, mais toujours avec pertinence.

En bref, sont réunis dans ce roman tous les ingrédients que l’on recherche dans une lecture détente : une plume fluide, des situations parfois drôles parfois plus rocambolesques, des personnages attach(i)ants, de l’humour, une touche de suspense, de la romance… Alors si vous avez envie de passer un moment de lecture sympathique, gourmand et entraînant, Alice et tous ses amis vous attendent. Bons plats, madeleines et bonne humeur au menu !

Et vous, envie de découvrir le roman ?
Commandez-le chez votre libraire ou en ligne.

Baptiste, Jean-Baptiste Renondin

Je remercie les éditions Marivole pour m’avoir permis de découvrir Baptiste de Jean-Baptiste Renondin. Je les remercie d’autant plus que ce n’est pas un roman vers lequel je me serais spontanément tournée alors que j’ai passé un bon moment de lecture.

PRÉSENTATION ÉDITEUR

Ce nouveau roman de Jean-Baptiste Renondin tient du voyage initiatique. Voyage d’un jeune étudiant français dans les années 1950, un peu comme celui de Bardamu, entre les deux guerres, du Voyage au bout de la nuit de Céline.
Baptiste aime la marche, le nez au vent, le rêve en tête. Il aime la nature, qu’il imagine plus qu’il ne la regarde, et les filles qu’il idéalise.
Il décide de partir à la découverte de lieux, de pays inconnus, à la recherche de rencontres surprenantes et inattendues. Sortant de son Limousin natal, empli de naïveté, il va découvrir la haine, l’amitié, les femmes, l’amour, le racisme, un monde nouveau, loin de ses repères habituels : les États-Unis.

Un voyage initiatique, donc, qui va le ravir mais aussi et surtout le métamorphoser.

Il y a un peu de Jean-Baptiste dans ce… Baptiste !

  • Broché: 144 pages
  • Editeur : Marivole Éditions (27 octobre 2017)
  • Prix : 19€

AVIS

Découpé en deux parties, ce roman se concentre sur la vie de Baptiste, un étudiant français dans les années 1950, qui aura la chance de recevoir une bourse pour étudier dans une université américaine.

La première partie du livre nous permet de découvrir cet étudiant intelligent, mais aussi plutôt rêveur et prompt à se laisser séduire par les femmes qui croisent sa route. C’est ainsi qu’il ne sera pas indifférent aux charmes de Louise et Christine qu’ils rencontrent lors d’un séjour dans sa famille. Deux femmes très différentes, mais qui, chacune à leur manière, susciteront un certain émoi en lui : l’une titillera son corps quand l’autre s’appropriera immédiatement, ou presque, son esprit si ce n’est son cœur.

Je dois d’ailleurs dire que c’est la seule chose qui m’a un peu déplu dans cette histoire, le côté cœur d’artichaut de notre protagoniste qui, à mon sens, le pousse à faire montre d’une certaine lâcheté. J’ai tendance à penser que « qui aime tout le monde, n’aime personne », mais peut-être que je n’ai pas la capacité de lâcher-prise de Baptiste, et sa manière de distinguer les élans du cœur de ceux du corps…

La première partie du livre possède un côté assez contemplatif, sans être ennuyant, qui m’a séduite d’autant que la poésie qui se dégage de la plume de l’auteur a su d’emblée ravir l’amatrice de belles plumes en moi. Si on ajoute à cela l’évocation d’un mystérieux « don », on obtient une histoire dans laquelle je me suis plongée avec plaisir désirant découvrir les péripéties de ce jeune étudiant en route pour les États-Unis.

C’est ainsi que j’ai très rapidement lu la deuxième partie du roman dont l’ambiance diffère complètement du début du roman. Mais rien d’étonnant puisqu’en toute logique, qui dit changement de pays, dit nouvelle atmosphère. Baptiste quitte donc la France pour les États-Unis où il va côtoyer de très près le rêve américain. Sa nouvelle vie sera marquée par l’amitié et la rencontre de différentes personnes, certaines plus attachantes que d’autres. Agréable et de surcroît Français, les portes auront tendance à s’ouvrir naturellement devant lui, des portes que Baptiste transformera très vite en opportunités…

Nous découvrons donc la vie américaine de Baptiste qui s’est rapidement acclimaté à son pays d’accueil et à toutes ces règles qui régissent les liens sociaux. Un aspect qui peut s’avérer déroutant pour nous français dont les rapports sociaux semblent, somme toute, moins codifiés. L’auteur ne se targue pas de nous offrir une étude sociologique des mœurs américaines, d’autant que le roman se déroulant dans les années 50 les mentalités ont évolué, mais certaines choses sont toujours, dans une certaine mesure, d’actualité. À titre d’exemple, Baptiste va être confronté à un épisode révoltant dans lequel le lecteur se rendra compte de l’injustice d’un racisme ancré dans les mœurs et presque institutionnalisé. Un racisme anti-noirs qui en 2018 est toujours d’actualité et a fortiori aux États-Unis…

Je vous parle de cet épisode parce qu’il m’a marquée, mais le racisme n’est que très légèrement évoqué, nous sommes plutôt ici dans un roman de vie, celle d’un jeune étudiant qui, à travers son expérience à l’étranger, va faire de nouvelles rencontres et lier de belles amitiés, découvrir une nouvelle culture, voyager, se poser des questions sur lui et sur ce qu’il veut vraiment… Il va donc grandir, évoluer et gagner en maturité jusqu’à être enfin capable de décider de ce qu’il veut faire de sa vie et aux côtés de qui.

J’ai donc pris plaisir à suivre la vie de Baptiste dans son Limousin natal, mais aussi aux États-Unis, ce pays où tout est possible et dans lequel, tout le monde autour de Baptiste, semble vouloir s’installer. Mais Baptiste, loin de se laisser aveuglément séduire par les sirènes de l’American way of life qui offre à chacun la possibilité de se construire un avenir à la hauteur de ses efforts et de ses ambitions, reste fidèle à ses valeurs et à ses envies profondes…

Je vous ai déjà parlé de la plume de l’auteur qui est le point fort de cette histoire de vie et d’amitié, mais je tiens aussi à souligner l’originalité du roman : une narration qui passe parfois par des lettres. En plus du charme que cela apporte à l’histoire, ces lettres donnent une certaine authenticité au récit et rendent l’immersion dans la vie de Baptiste encore plus palpable.

En conclusion, livre de vie ou voyage initiatique, voire un peu des deux, Baptiste c’est avant tout l’histoire d’un garçon qui, grâce à un séjour à l’étranger et à différentes rencontres, devient homme. Une évolution que l’élégante plume de Jean-Baptiste Renondin rend agréable et prenante à suivre.

Et vous, envie de découvrir Baptiste ?

Rendez-vous sur la boutique en ligne des éditions Marivole !

Les contes et légendes du Vercors et du pays des quatre montagnes, Claude Ferradou

Les contes et légendes du Vercors et du pays des quatre montagnes par Ferradou

Je remercie Marivole éditions pour m’avoir permis de découvrir ce recueil de contes qui m’a enchantée du début à la fin.

PRÉSENTATION ÉDITEUR

Il n’existe à notre connaissance dans les bibliothèques, aucun recueil ancien publié de contes propres au terroir du Vercors, avant le travail remarquable de collectage publié par le Parc Naturel Régional en 1997, et réédité depuis.

« Ce pays fermé, haut dressé sur les plaines passagères, fait de gorges, de défilés, d’escarpements abrupts, de grottes, de forêts épaisses, de rivières encaissées bouillonnantes et vertes, de déserts criblés de trous, ce pays n’a donné naissance à aucune légende  » comme le regrettait Jean Noaro dans sa « Découverte du Vercors » (1979).

Et pourtant…  » Si l’on cédait à la tentation de parler du beau en ce pays, on ferait des volumes. » ainsi que l’a écrit Stendhal dans les « Mémoires d’un touriste ».

Que faire alors pour faire vivre dans notre mémoire collective et dans celle de nos enfants qui deviendra un jour la nôtre, cette grande nef de pierre et de nature foisonnante posée sous l’océan du ciel…?

Le dessein est audacieux : il faut, comme d’autres l’ont si bien fait avant nous, retrouver ou alors réinventer de toutes pièces ce répertoire si rare, à partir des sources orales ou écrites qui restent disponibles. Tel est le projet de Claude FERRADOU membre de la Société des écrivains dauphinois, à partir de souvenirs épars des veillées d’autrefois mais aussi de vieux grimoires notariés ou de notes oubliées d’un curé sur son registre mortuaire…

Il nous présente aujourd’hui quelques-uns de ces contes et nouvelles oubliés qui sont l’âme du pays du Vercors et des Quatre montagnes et de tous ceux qui l’ont habité.

  • Broché: 154 pages
  • Editeur : Marivole Editions (3 mai 2018)
  • Prix : 19€

AVIS

Le livre commence de manière intrigante avec le conte des quatre gargouilles (l’Ours, le Sanglier, le Chien et l’Homme), chacune désirant raconter ses contes à Petit Jean, graine de conteur. Mais le temps presse, les adultes pouvant être sourds à la magie des contes, il faut profiter de sa jeunesse pour lui narrer toutes ces belles histoires et légendes du Vercors et du pays des quatre montagnes. Le livre est donc découpé en quatre parties, un découpage original que j’ai beaucoup aimé d’autant que chaque gargouille, en fonction de ses caractéristiques, s’attarde sur un aspect différent des légendes…

Dans la pure tradition des contes oraux, l’auteur nous propose ici un livre avec des histoires que l’on s’imagine sans peine s’échanger lors de longues soirées d’hiver autour d’une cheminée pour se distraire ou pour divertir des visiteurs qui n’auraient pas la chance de connaître le Vercors. Pour ma part, je ne peux que reconnaître un certain manque de connaissances envers cet endroit, ses paysages, ses habitants et ses traditions dont on a ici un très joli aperçu. J’ai d’ailleurs régulièrement fait quelques recherches pour voir de mes propres yeux tous ces lieux que le recueil nous invite à visiter. Et puis, en grande amatrice de fromages, je n’ai pas pu m’empêcher d’aller rechercher une petite description/photo du Sassenage qu’il va falloir d’ailleurs que je goûte. Au-delà des paysages et des villages que nous traversons au cours de cette lecture, quelques références sont également faites à l’histoire. Un petit détail que je n’avais pas anticipé et qui m’a bien plu même si l’histoire avec un grand H n’est pas ici le sujet du recueil.

Ce recueil nous invite plutôt à la détente, à la réflexion, au plaisir et au voyage à travers des contes empreints de solidarité, de sagesse populaire, d’amitié, de générosité, et plus rarement de pingrerie et de mesquinerie. C’est qu’il s’en passe des choses dans le Vercors ! Entre la présence d’une déesse déchue, du Diable si craint dans les campagnes, de créatures magiques, d’un sorcier à tête de chat et de tant d’autres choses, le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer !

Et puis, ce recueil ne manquera pas de vous faire passer par de multiples émotions et réactions, j’ai ainsi :

  • souri en découvrant que mettre de l’eau dans son vin n’était pas qu’une expression et que décidément, la rencontre d’un ivrogne et d’un chien pouvait se conclure de manière aussi drôle qu’improbable,
  • été horrifiée devant la disparition étrange d’un poupon de son couffin ou l’apparition de deux pieds crochus que, je n’en doute pas, vous pourrez aisément associer à son propriétaire,
  • été attendrie devant un enfant rêveur et naïf qui, à défaut des preuves de sorcellerie qu’il recherchait tant, va découvrir quelque chose de bien plus beau, l’amitié,
  • été émue devant les retrouvailles d’amants séparés par les affres de la guerre et ceci, sous la bénédiction d’une mère disparue,
  • été marquée par la leçon de sagesse et de partage offerte par une mamie à ses deux petites filles auxquelles elle apprend que « le partage n’appauvrit pas, mais fait vivre et enrichi tout au contraire« …

Tous les contes du recueil m’ont donc fait réagir et ressentir des choses même si, comme dans un recueil de nouvelles, certains m’ont plus parlé et intéressé que d’autres…

Une fois les premières pages dévorées, se posera à vous une question : lire ces contes les uns à la suite des autres pour s’immerger dans ce Vercors des légendes et n’en sortir qu’une fois la dernière page tournée, ou savourer, jour après jour, un ou deux contes. Pour ma part, les histoires étant assez courtes et plutôt captivantes, il s’est avéré difficile, si ce n’est impossible, de ne pas finir le livre en deux soirées. Mais vous préférerez peut-être faire durer votre plaisir…

À vous de voir, mais ce que je peux vous dire, c’est que j’ai adoré cette impression de découvrir le Vercors de l’intérieur, pas en passant par son passé historique qui, j’en suis certaine, doit être passionnant, mais par toutes ces histoires qui forgent une région et qui lui donnent tout son charme et sa personnalité. D’ailleurs, l’auteur a parfois inséré du patois, un point que j’ai apprécié et qui confère une certaine authenticité au recueil. Quant aux illustrations en noir et blanc parsemées dans le livre, elles apportent un véritable plus et elles contribuent à ce sentiment d’immersion qui se renforce au fur et à mesure de notre lecture.

Enfin, nous sommes ici dans un recueil de contes, et cela se ressent dans la narration avec un vocabulaire recherché et parfois assez descriptif. Le style est donc plutôt soutenu, ce qui correspond parfaitement à l’image que je me fais des contes. En ce qui me concerne, cette manière de nous raconter les légendes et contes du Vercors m’a donc complètement séduite, mais j’imagine que ce point pourra gêner les amateurs de lectures plus contemporaines…

En conclusion, l’amoureuse des contes en moi a été plus que séduite par ce recueil de Claude Ferradou qui, en nous narrant les légendes et contes du Vercors et des quatre montagnes, nous invite à un voyage entre paysages et traditions. Alors si vous avez envie de découvrir le Vercors par la littérature, ce recueil est fait pour vous d’autant que l’auteur a su retranscrire à merveille le charme si particulier qui se dégage des contes. La qualité du travail éditorial (illustrations, prise en main agréable, textes aérés) rend, quant à elle, l’expérience de lecture des plus agréables.

Et vous, avez-vous envie de découvrir ce beau recueil de contes ?

Le chant clair des sirènes, René Pagis

Le chant clair des sirènes, René Pagis (Marivole éditions)

Je remercie les éditions Marivole de m’avoir permis de découvrir en avant-première Le chant clair des sirènes de René Pagis.

PRÉSENTATION ÉDITEUR

La descente aux enfers d’un innocent que tout accuse

Jacques a toujours dit qu’un jour il partirait « Tout droit devant » conscient qu’il ne le ferait jamais. Pourtant, un jour, différent des autres, incapable de supporter plus longtemps une vie conjugale impossible, il part sous la pluie en direction du sud. À bout de force, il se réfugie dans une grande maison, chez Mathilde, une dame mystérieuse qui l’envoute et le prive progressivement de toutes ses défenses… Un homme, malade, dont il a remarqué la présence est finalement étouffé dans son lit. Jacques, inconscient, se réveille dans une chambre auprès de Mathilde sans le moindre souvenir. Elle l’accuse du meurtre de son mari.
« Il a basculé dans un autre monde délicatement irréel, abandonnant toute forme de raison, aujourd’hui, il en est convaincu, il a cédé sans pouvoir résister à une tentation fatale… »
A-t-il été victime du seul pouvoir de séduction de Mathilde à la manière du chant clair des sirènes attirant les marins ou d’une substance discrètement administrée par son hôtesse ? Jacques reprend sa fuite mais tombe rapidement dans les mailles de la Justice et comme si cela ne suffisait pas, il apprend qu’il est atteint d’une maladie grave qui risque de l’emporter très vite… Laquelle de ces deux fatalités l’emportera ? Et si en attendant il réapprenait à vivre et à aimer ?

  • Editeur : Marivole (3 mai 2018)
  • Nb de pages : 262
  • Prix : 19€

L’AUTEUR

René Pagis a franchi presque tous les grades de la gendarmerie avant une seconde carrière dans la justice. Juge d’instruction, puis juge des enfants, il a ensuite exercé en tant que procureur de la République dans plusieurs départements du centre de la France. Aujourd’hui à la retraite, il se consacre pleinement à l’écriture. Après un récit autobiographique, Dans la salle des pas perdus (De Borée, 201) et un premier roman Un dernier rêve pour la nuit (éditions Bord du Lot, 2016), il propose Le Chant Clair des sirènes, son second roman.

AVIS

Argument de lecture futile ou non, je dois reconnaître que c’est la couverture associée au titre qui m’ont tout de suite donné envie de découvrir ce roman d’un auteur que je ne connaissais pas, René Pagis.

Dans Le chant clair des sirènes, l’auteur nous invite à faire la connaissance d’un homme comme il en existe tant d’autres, un homme englué dans un mariage d’habitude et de raison plus que d’amour et de tendresse. Mais un jour, c’est le déclic ! Jacques finit par quitter cette vie étriquée qui ne lui ressemble plus et prend la route sans se retourner ni avertir son entourage. Tout au plus, il prend des mesures auprès de sa banque pour mettre son épouse à l’abri du besoin et s’assurer ainsi qu’elle ne souffre pas de son départ… Cette action résume d’ailleurs assez bien la pauvreté des relations entre Jacques et sa femme puisqu’il lui semble logique de compenser son absence par de l’argent, un peu comme si sa seule fonction au sein de son couple se résumait à être le porte-monnaie et le souffre-douleur. Car, on sait peu de choses de sa femme, bien qu’en dernière partie de roman elle soit plus présente, si ce n’est qu’elle n’est pas forcément très tendre avec Jacques…

Ce départ aurait pu être le début d’une nouvelle et heureuse vie, mais il va marquer la descente aux enfers d’un homme qu’on aurait presque envie de qualifier de pauvre bougre. Sans être méchant ni particulièrement avenant, c’est le genre de personnes qui s’est toujours laissé porter par la vie et qui a sculpté ses envies au gré de ses rencontres. Est-ce ce manque de personnalité qui va pousser Mathilde, la femme tenant la maison d’hôte où Jacques va se réfugier, à assurer son ascendant sur ce dernier, tissant sa toile tout autour de lui comme le ferait une araignée ? Peu importe finalement, la conclusion restant la même : la descente aux enfers d’un homme qui, en voulant se réapproprier sa vie, risque de passer le reste de ses jours derrière les barreaux. En effet, Mathilde va l’accuser injustement d’un terrible crime… Pris dans une spirale infernale, Jacques va également devoir faire face à la maladie, comme si son corps exprimait enfin tout ce mal-être que par faiblesse et lâcheté, il n’a jamais su extérioriser.

A la lecture des déboires de ce personnage, vous vous dites peut-être qu’il est difficile de ne pas ressentir un minimum d’empathie pour celui-ci. Mais je dois reconnaître que si parfois j’ai été quelque peu révoltée par la situation dans laquelle il se trouve, j’ai eu beaucoup de mal à le prendre en pitié ; sa passivité voire une certaine forme de naïveté finissant par être exaspérantes. Sa manière de se libérer du joug d’une femme acariâtre pour se jeter dans la gueule du loup m’a ainsi franchement laissée dubitative ! J’ai eu le sentiment qu’il jouait indéfiniment le seul scénario de vie qu’il connaisse, celui de la soumission…

Fort heureusement, Jacques va avoir quelques élans de lucidité et finir par parfois questionner les motivations de ses nouveaux amis qui l’aident à faire face à ses ennuis judiciaires et de santé. Il ne pousse pas forcément sa réflexion jusqu’au bout, mais c’est un point qui paradoxalement rend la lecture du roman assez captivante. En effet, comme Jacques ne le fait pas, j’ai eu tendance à analyser chacune des actions de son ami médecin et de son avocat imaginant plein de scenarios pour expliquer leur dévotion. J’ai adoré m’interroger, me faire des films… même si finalement, l’auteur n’exploite pas vraiment cet aspect du roman. Cela est d’ailleurs un peu frustrant, car je pense qu’il y aurait eu matière à faire des révélations croustillantes sur ce médecin qui a pris en amitié Jacques, et sur cet avocat renommé qui n’hésite pas à souffler le chaud et le froid. De la même manière, j’ai regretté que nous n’en apprenions pas plus sur la femme qui a marqué le début de la descente aux enfers de Jacques, Mathilde. Simple manipulatrice qui a saisi l’occasion de se décharger d’un poids sur un homme faible d’esprit ou femme qui, mue par la volonté de se sortir d’une situation trop dure à supporter, a fini par craquer ? Certains indices font pencher la balance d’un des deux côtés, mais j’aurais toutefois aimé que la psyché de cette femme soit peut-être un peu plus développée…

Je comprends néanmoins que l’auteur ait préféré se concentrer sur son protagoniste qu’il fait passer par tout un tas d’épreuves ! Alors que Jacques a toujours eu une vie monotone qu’il s’est contenté de traverser sans la prendre à bras-le-corps, son départ va le conduire sur un chemin broussailleux, fait de déconvenues, d’amitié, de rencontres et de douleurs… Et c’est face à l’adversité qu’il entreverra enfin la possibilité de reprendre les rênes de sa vie et de se faire maître de son destin. À cet égard, je dois dire que si la fin m’a déstabilisée par son côté abrupt, elle correspond parfaitement aux changements qui se sont progressivement opérés chez Jacques. Je l’avais d’ailleurs anticipée comme si elle était la conclusion logique à la vie d’un homme qui, dans un dernier sursaut, fait un pied de nez à la vie, à la mort et à tous ceux qui se sont arrogés le droit de décider à sa place… Car gravement malade ou accusé injustement d’un crime qu’il n’a pas commis, un homme gardera toujours un pouvoir sur sa vie, celui de se résigner ou de se battre, cette dernière option pouvant prendre une forme particulière comme vous le découvrirez.

Le roman parle d’un homme qui s’est contenté de regarder sa vie défiler, mais qui, petit à petit, va enfin apprendre à vivre, à ressentir et à tisser des relations avec d’autres personnes. Mais ce que j’ai préféré, c’est ce climat anxiogène que l’auteur a instauré autour de son protagoniste et dont la couverture capture parfaitement l’essence. On a ainsi cette sensation tenace qu’un nuage noir se tient au-dessus de la tête de Jacques ce qui crée une certaine angoisse et nous pousse à nous demander quand la foudre va finir par s’abattre sur ce dernier ? À cette tension que l’on perçoit tout au long du roman et qui va crescendo, s’ajoute une narration rythmée, presque froide, qui gagne en chaleur et en intensité à mesure que Jacques évolue et se réapproprie sa vie… Nous finissons donc par nous attacher à cet homme dont l’avenir plus qu’incertain nous inquiète autant qu’il nous pousse à tourner les pages, non sans angoisse, les unes après les autres.

J’ai, enfin, apprécié que l’auteur nous offre une petite immersion dans le monde de la justice d’autant que de par sa carrière, il en maîtrise parfaitement les rouages. Je vous rassure, il ne s’appesantit pas dessus, mais nous donne un petit aperçu de ce monde de procédures, de mots précautionneusement choisis… Écrasé sous le poids d’un univers qu’il ne connaît pas, Jacques n’aura pas d’autre choix que de s’en remettre à son avocat, mais il fera preuve d’une pugnacité et d’une combativité qu’on ne lui connaissait pas. Il est ainsi bien décidé, malgré sa santé défaillante, à rester impliqué dans son bras de fer contre la justice, un peu comme s’il mettait toutes ses dernières forces dans ce combat-là, ayant l’impression d’avoir perdu celui contre la maladie… Et c’est ce Jacques combattif qui a finalement appris à vivre, et non plus à survivre, que je garderai en tête.

En conclusion, René Pagis nous propose le récit d’un homme banal, presque transparent, qui pris dans une spirale infernale, sera obligé de faire ce qu’il s’était jusque-là refusé d’envisager : enfin vivre par et pour lui-même ! Et c’est cette seconde naissance, qui ne se fera pas sans douleur, que l’auteur va habilement mettre en scène grâce à une plume vive et efficace qui saura parfaitement retranscrire les émotions et les doutes d’un homme (re)prenant enfin les rênes de sa vie. Alors que ce soit celles d’une femme envoûtante et manipulatrice, celles d’une voiture de police ou celles d’une ambulance, Jacques devra faire face au chant des sirènes, pour le meilleur et pour le pire…

Et vous, envie de craquer pour Le chant clair des sirènes ? Retrouvez le livre sur Bouquine.org !