Jonathan Livingston le Goéland, Richard Bach

Couverture Jonathan Livingston le goéland

 

Décidément, Jonathan Livingston n’est pas un goéland comme les autres. Sa seule passion : voler toujours plus haut et plus vite, pour être libre. Mais cet original qui ne se contente pas de voler pour se nourrir ne plaît guère à la communauté des goélands. Condamné à l’exil, seul, Jonathan poursuit ses découvertes, sans peur, sans colère. Il est seulement triste de ne pouvoir les partager, jusqu’au jour où il rencontre des amis… Jonathan apprend alors à briser les chaînes qui emprisonnent son corps et ses pensées. Ce livre drôle et poétique est un hymne à l’amour et à la liberté !

Audible – 58 minutes
Lu par Patrice Laffont, Dorothée Berryman, Cédric Noël, Vincent Davy

AVIS

Un mal de tête carabiné, mais aucune envie de rester allongée dans le noir sans rien faire, j’ai décidé d’écouter un livre audio, de préférence court. Mon choix s’est alors porté sur Jonathan Livingston le Goéland que j’avais téléchargé gratuitement sur mon application Audible.

Jonathan pour un goéland, cela a de quoi surprendre, mais Jonathan n’est pas un goéland comme les autres. Quand les autres membres de son clan ne pensent qu’à vivre pour manger lui, il ne pense qu’à voler, voler toujours plus haut, toujours plus vite, pour gagner en liberté. Mais ses progrès en techniques de vol seront loin de plaire à son clan qui finira par le chasser… Le goéland, exilé, mais bien déterminé à rester fidèle à ses envies, finira heureusement par trouver d’autres goélands partageant ses aspirations.

À travers cette histoire, qui s’apparente à un petit conte philosophie, l’auteur aborde différents sujets, et notamment la différence et le rejet qu’elle suscite. Comme l’en atteste la communauté de goélands qui chasse notre héros, un être, qui n’entre pas dans la norme et ne respecte pas les traditions, inquiète avant d’être simplement mis au ban de la société.

Ce constat ne suscitera pourtant aucune haine chez Jonathan. Peiné que ses comparses se contentent d’une vie sans but, sans volonté de se dépasser, il restera néanmoins fidèle à ses aspirations profondes, et à ce qu’il est. Il a bien tenté, durant un moment, de se fondre dans le moule, mais il a vite compris que l’acception de ses pairs ne valait pas le sacrifice de son être… Comment, en effet, être heureux si l’on renie ce que l’on est et ses propres rêves ?

En gagnant en âge, il gagnera également en maturité jusqu’à comprendre, grâce à sa rencontre avec d’autres goélands, plus ouverts d’esprit que ceux de son clan, que la liberté ne dépend que de soi et des barrières que l’on se met. Une fois les chaînes brisées, chacun est libre de s’approprier sa vie, et faire de ses rêves une réalité. Cette liberté tant désirée une fois devenue sienne, Jonathan deviendra alors à son tour porteur d’espoir, et partagera, avec ceux qui en ont besoin, la sagesse acquise au fil de ses rencontres et de ses expériences, heureuses comme malheureuses.

La plupart des idées soulevées ne sont pas innovantes, mais l’auteur a su les mettre en scène de manière assez imagée et subtile pour parler à chacun des lecteurs sans tomber dans un ton moralisateur ou dogmatique. L’ensemble offre donc un récit harmonieux et philosophique plaisant et accessible.

Quant à la partie audio du livre, je dois dire qu’elle m’a complètement conquise. Alors que je n’écoute jamais de musique en lisant, j’ai adoré les musiques diffusées tout au long du livre. Choisies avec soin et beaucoup de justesse, elles participent grandement et activement au plaisir que l’on prend à se laisser conter l’histoire de ce goéland en quête de liberté. Pourvoyeuses d’émotions, elles m’ont également permis de ressentir avec force tout ce qui se dégage de ce récit, simple en apparence, mais finalement assez profond et universel.

Autre point qui m’a plu et qui est assez rare, chaque personnage est interprété par une personne différente, ce qui permet de mieux se représenter chacun des protagonistes et de s’immerger plus facilement dans la lecture.

En conclusion, Jonathan Livingston le Goéland est un petit livre audio qui m’a très agréablement surprise. À travers l’histoire d’un goéland devenant le mouton noir de son clan, l’auteur aborde de nombreux sujets qui ne devraient pas manquer de vous faire réfléchir : la quête de soi, le besoin de réaliser ses rêves, l’indépendance, les envies d’évasion, la liberté, mais aussi la différence et le rejet qu’elle tend encore bien trop souvent à susciter. Sans être révolutionnaire, cette petite histoire devrait donc vous faire passer un joli moment d’évasion et de réflexion.

Le libraire de Cologne, Catherine Ganz-Muller

Cologne, Allemagne. 1934.
Poussé à l’exil par les lois anti-juives, le libraire Alexander Mendel est obligé de s’exiler en France avec sa famille. Il confie sa Librairie à son jeune employé, Hans Schreiber.
Par fidélité à son mentor et par haine du régime nazi, Hans décide de se battre, malgré les menaces et les bombes, pour que la Librairie continue à vivre dans cette période tragique.

Le combat d’un libraire, héros ultime d’un pays où règnent la haine et la terreur, qui tente de faire triompher les livres… et la liberté.

Scrineo (20 février 2020) – 288 pages – Broché (16,90€) – Ebook (9,99€)
À partir de 14 ans – Illustration : Myrtille Vardelle

AVIS

Fin d’année 1933, Cologne. Lors du repas de la Saint-Sylvestre, les membres d’une famille se posent la question de s’exiler ou de rester dans cette Allemagne qui semble de plus en plus prompte à stigmatiser les Juifs et à les priver de leurs droits. Il se dégage beaucoup de sobriété, mais aussi tellement d’émotions de ce repas de famille qui devient un peu le symbole de la fin d’une période heureuse… En fonction de sa situation et de ses espoirs, chaque membre de la famille prend sa décision. À la lumière de ce que nous, lecteurs du 21e siècle, savons, certains choix laissent craindre le pire même si nous espérons que tout le monde trouve un moyen de survivre dans cette Europe sur le chemin de la terreur et du chaos.

Alexander Mendel, libraire passionné, quant à lui, fait le choix difficile de s’exiler en France avec sa femme et sa fille. Il laisse alors sa librairie aux mains d’un jeune homme de confiance, Hans, qu’il a pris très jeune sous son aile en veillant à alimenter son amour des livres. En digne successeur, Hans va faire de son mieux pour maintenir à flots la librairie alors qu’au fil des ans, les menaces se font de plus en plus lourdes : provocations, pression, représailles contre ce commerce d’origine juive dans un pays en proie à la haine d’une partie de sa propre population, censures des autorités qui jugent les ouvrages présentables et ceux à détruire, clients qui se raréfient, puis avec la guerre, les bombes, le feu…

Et pourtant, malgré les périodes de doute, les disparitions et les épreuves, Hans ne baissera jamais les bras ! Touchant, courageux et d’une force de caractère à toute épreuve, cet homme ne pourra qu’inspirer les lecteurs, et les émouvoir par sa volonté de lutter contre le nazisme et l’obscurantisme, non pas par les armes, mais par l’amour des livres qu’il propage avec beaucoup d’abnégation. À cet égard, Hans, peut être vu comme un héros dans sa définition la plus noble, celle d’un homme qui, avec ses propres moyens et toute son humanité, s’oppose et se dresse contre la haine, la violence et toutes ces idées nauséeuses et nauséabondes qui lui font avoir honte de son pays.

Que ce soit à travers ce personnage ou d’autres que l’on découvre au fur et à mesure de l’intrigue, j’ai apprécié la manière dont l’autrice souligne un point qui a souvent été occulté au lendemain de la guerre : tous les Allemands n’étaient pas des nazis et ne partageaient pas les idées du Führer. Malgré l’endoctrinement omniprésent, ce dont on a un rapide aperçu, et la peur, certains Allemands vont ainsi continué à fréquenter, même sporadiquement, la librairie et tenté, à leur manière, de soutenir Hans dans sa tâche périlleuse de la préserver.

En plus de l’histoire du libraire de Cologne et de la librairie, inspirée de faits réels, ce roman offre un rapide rappel des principales étapes de la Seconde Guerre mondiale, de la montée en puissance du nazisme quelques années précédant le conflit à la fin de cette guerre innommable. Ces rappels historiques sont, en plus d’être faits avec intelligence, toujours brefs, l’autrice se focalisant avant tout sur les livres et l’aspect humain du roman. Mais je pense que ce point pourra être particulièrement intéressant pour les collégiens et ceux étudiant cette période difficile de l’histoire. Le livre me semble d’ailleurs avoir toute sa place au sein des CDI et des programmes scolaires…

J’ai maintes fois été révoltée devant les injustices qui frappent des personnes ostracisées du simple fait de leurs origines ou de leurs différences, choquée devant la perfidie et la méchanceté de certains, mais également émue par la dévotion de Hans envers l’héritage de son mentor, et galvanisée par les actions de personnes prêtes à risquer leur vie pour ne pas laisser la haine de l’Autre l’emporter sur leurs idéaux et leur soif de liberté et de justice sociale… Cette lecture, bien que relativement courte, fut donc riche en émotions et en frissons d’autant que la plume fluide et évocatrice de l’autrice restitue à merveille l’humanité de Hans et des personnes qui l’épauleront pour faire de sa librairie, l’un des derniers bastions d’espoir et de lumière dans une ville et un pays alimentés par la haine.

En conclusion, Le Libraire de Cologne est un très beau et touchant roman qui nous montre la puissance des convictions et la manière dont un homme ordinaire, poussé par ses idéaux et son amour de la littérature, a réussi à apporter un peu de lumière dans l’obscurité. Sombre, mais également empli d’humanité (une arme efficace contre la barbarie), ce livre devrait réunir adolescents et adultes autour d’une période sombre de notre histoire que l’on redécouvre à travers le destin d’un homme qui a transformé son amour des livres en un combat pour la liberté.

Je remercie Babelio et les éditions Scrineo pour cette lecture.