Même consciente du terrible sort qui l’attend, Shéhérazade se porte volontaire pour épouser le jeune calife Khalid Ibn al-Rashid. Même si elle sait qu’elle est promise à la mort au lendemain de ses noces, elle est prête à tout pour venger son amie Shiva, l’une de ses récentes épousées. Pour cela, elle doit d’abord gagner du temps, en narrant des contes à rallonge au calife. Chaque jour est une menace de mort et la jeune fille échappe plusieurs fois à l’exécution. À l’extérieur, les proches de Shéhérazade préparent le sauvetage de la jeune fille. Shéhérazade n’oublie pas qu’elle doit mettre au point une stratégie pour tuer celui qui est désormais son époux. Mais c’est sans compter l’amour qu’elle se met peu à peu à éprouver pour Khalid…
Hachette Romans (30 septembre 2015) – 448 pages
AVIS
Captive fait partie de ces romans que j’aurais adoré aimer, mais qui ne m’ont hélas pas convaincue malgré quelques atouts et bonnes idées. Entre l’ennui, les facilités, le manque de développement des personnages, des comportements invraisemblables et incohérents, un manque de profondeur… j’ai eu beaucoup de mal à prendre plaisir à ma lecture. Je dois d’ailleurs avouer que si je n’avais pas entrepris de lire ce roman dans le cadre de différents challenges littéraires, je l’aurais abandonné sans aucun regret.
Il faut dire qu’une scène au début du roman m’a d’emblée braquée et très fortement agacée. Shéhérazade, pour se venger du meurtre de sa meilleure amie, se porte volontaire pour épouser son assassin, le calife Khalid. Un calife qui a tendance à tuer chacune de ses nouvelles épouses le lendemain du mariage sans que personne, ou presque, ne sache pourquoi. Alors qu’elle le déteste, qu’elle en aime déjà un autre, qu’elle est vierge, et que le calife lui explique bien qu’il ne s’attend pas à ce qu’elle lui donne son corps en plus de sa vie, Shéhérazade s’offre à lui ! Cet acte est un exemple parmi tant d’autres de comportements complètement incohérents, soit par essence soit par manque d’explications et de développement comme si l’autrice n’allait jamais vraiment au bout de ses idées.
Tout va trop vite et semble suivre une logique inaccessible aux lecteurs, ce qui se traduit notamment par une romance éclair et donc peu réaliste. Shéhérazade déteste Khalid qu’elle considère comme un monstre sans cœur mais ses réserves s’envolent fort vite, ce qui fait que ses tergiversations quant à ses sentiments me sont complètement passées au-dessus de la tête. Je n’ai pas cru un seul instant en ses doutes ni à son dilemme moral quant à savoir si elle était en droit d’aimer un assassin implacable, a fortiori l’assassin de sa meilleure amie. On est loin de la profondeur de la relation entre Céphise et l’Ombre dans les Brumes de Cendrelune, alors qu’on suit plus ou moins le même schéma. Peut-être que certaines personnes ne seront pas dérangées par ce manque de profondeur, mais j’avoue que pour moi, c’est rédhibitoire.
Ceci est d’autant plus vrai que le manque de profondeur se retrouve également dans la personnalité du calife tout juste ébauchée, bien qu’au fil de la lecture, on en apprend un peu plus sur son passé et son histoire familiale difficile. Mais ce qui m’a le plus gênée, c’est le fait qu’il renonce à tuer Shéhérazade en un claquement de doigts alors qu’il a tué des dizaines de femmes avant elle sans jamais fléchir. Il suffisait donc qu’une femme le fascine par son port de tête altier, sa haine et sa capacité à raconter une histoire prenante pour être épargnée, malgré les conséquences tragiques d’une telle décision ? Ce revirement soudain m’a semblé très mal amené et des plus invraisemblables. Au lieu de rendre le personnage presque attendrissant, il l’a rendu, du moins à mes yeux, monstrueux, parce que cela veut dire qu’il aurait pu agir bien avant sa rencontre avec Shéhérazade… Il n’était juste pas assez motivé pour briser ses chaînes et par-là même, sauver la vie de toutes ses futures victimes. Mais les plus romantiques y verront peut-être là le pouvoir de l’amour.
Si les moments entre les deux jeunes époux sont ceux qui m’ont le moins ennuyée, ils n’ont pas vraiment réussi à me transporter ni à insuffler en moi la moindre émotion, du moins, pas avant les derniers chapitres. À la limite, j’ai plus été touchée par le père de la jeune femme que l’on voit peu, mais qui, de son côté, tente de faire ce qu’il peut pour l’arracher aux griffes d’un homme qu’il pense être son bourreau. Pour ce faire, il va prendre des décisions plutôt radicales et jouer avec des forces surnaturelles qui vont le dépasser. J’aurais d’ailleurs adoré que le surnaturel soit bien plus présent, l’autrice ne l’évoquant que par petites touches… En plus de Shérazade et de son père, on suit également l’amour d’enfance de la jeune femme qui, lui aussi, semble bien décidé à la sauver et à passer sa vie à ses côtés. Mais les choses ne vont pas forcément se passer comme il l’aurait souhaité et certaines vérités vont être difficiles à accepter.
Je ne me suis attachée à aucun personnage parce que leur psychologie n’est pas assez poussée à mon goût, mais j’ai quand même trouvé Shéhérazade courageuse, bien que parfois agaçante. À l’inverse, j’ai adoré sa suivante qui, comme sa maîtresse, a un sacré tempérament ! Les interactions entre les deux jeunes femmes m’ont beaucoup amusée, chacune d’entre elles n’hésitant pas à dire ce qu’elle a sur le cœur, et a titillé l’autre pour lui faire admettre des choses qu’elle préfère se cacher. Plus qu’en l’histoire d’amour entre Shérazade et le calife, c’est donc en la naissance de cette amitié improbable entre deux jeunes femmes pleines de fougue et de répartie que j’ai cru.
Comme vous l’aurez compris, l’autrice n’a pas su me convaincre avec ses personnages qui auraient mérité d’être bien plus travaillés. J’ai, en revanche, adoré l’ambiance orientale qu’elle a su insuffler à son histoire que ce soit à travers les paysages, le palais, les habits, les armes, les références aux contes des Milles et Une Nuits avec cette idée d’histoire pour survivre et d’histoire dans l’histoire… À cet égard, je retiendrai plus particulièrement le conte d’un voleur sans moral qui, au gré de ses péripéties et d’une rencontre, va connaître une belle et très touchante évolution. C’est ce genre d’émotions que j’aurais aimé ressentir avec l’histoire de Shérarazade et de son époux maudit.
Quant à la malédiction entourant le calife, si elle introduit une dimension dramatique intéressante, j’avoue que les explications de l’autrice quant à ses origines m’ont laissée sceptique, car bien trop théâtrales à mon goût. Je comprends les désidérata de vengeance, mais faut-il encore qu’elles soient orientées vers la bonne personne, parce que si bien sûr, la malédiction affecte le calife, c’est quand même loin d’en être la première victime.
La lecture a été laborieuse, mais je reconnais que le rythme s’intensifie et prend véritablement son envol dans les cinquante dernières pages. Entre un complot politique, le déchaînement de la magie et des forces de la nature, des cartes redistribuées, de nouvelles épreuves qui se profilent… mon intérêt s’est enfin éveillé ! Pas assez pour que je poursuive l’aventure, mais assez pour me donner envie de lire des avis spoilant sur la suite, d’autant que contre toute attente, j’ai fini par développer un semblant d’attachement à un couple irréaliste, mais que j’aimerais néanmoins voir triompher de l’adversité.
En conclusion, j’attendais beaucoup de ce roman, au point de l’avoir acheté en français puis dans une superbe édition en anglais, mais je dois hélas reconnaître être ressortie de ma lecture déçue. Le livre n’est pas mauvais en soi, mais manque cruellement d’approfondissement et, en ce qui concerne la romance, de réalisme. Néanmoins, si vous avez envie d’une romance maudite, d’une histoire dépaysante qui s’inspire des contes des Milles et Une Nuits et de vous plonger dans une ambiance orientale et non dénuée de sensualité, je vous invite à lui donner sa chance. Mais si vous recherchez quelque chose de plus, avec une intrigue poussée dans laquelle la psychologie des personnages est bien développée, je ne suis pas certaine que vous trouverez ici votre bonheur. Pour ma part, il m’a vraiment manqué un point d’ancrage et une certaine maturité dans le déroulement global de l’histoire pour me donner envie de poursuivre l’aventure.
bonjour, comment vas tu? si c’est un classique, j’avoue avoir du mal avec ce genre d’histoires qui se passent au moyen orient. j’ai fini hier le second tome de la saga de Hurle. il s’inspire grandement d’Aladdin et Ali Baba et franchement, je n’ai pas accroché. Alors que j’avais adoré le premier tome…. passe un bon jeudi et à bientôt!
J’aimeAimé par 1 personne
Non, ce n’est pas un classique, mais comme tu l’auras compris, même là, je ne te le conseillerais pas…
Je n’ai jamais lu Hurle, mais j’ai vu quelques avis très mitigés passer. J’avoue néanmoins être assez intriguée.
J’aimeAimé par 1 personne
par classique, j’entendais qu’il s’inspire des mille et une nuit 😉
pour revenir à Hurle, c’est bien différent du film de Miyazaki. l’animé s’en inspire et prend beaucoup de libertés. du coup, je pense que les fans sont déçus par le roman… mais personnellement je préfère le livre, bien plus profond, fouillé, avec de nombreux personnages intéressants, etc… mais el tome 2 ne m’a pas convaincue.
J’aimeAimé par 1 personne
Désolée, je n’avais pas bien compris 🙂
Je comprends mieux pour Hurle…
J’aimeAimé par 1 personne
Mince, un peu dommage. C’est vrai que je l’avais vu pas mal passer à une époque mais je n’ai jamais tenté
J’aimeAimé par 1 personne
J’avoue que maintenant que je l’ai lu, j’ai beaucoup de mal à comprendre le bruit qu’avait fait ce roman…
J’aimeJ’aime
Zut j’ai récemment acheté le tome 1 en vo mais j’avoue que ce que tu dis de l’écriture des personnages me fait craindre le pire… Je ne suis pas très pressée de le sortir de ma PAL 😅
J’aimeAimé par 1 personne
Étant fatiguée et en retard dans mes lectures, j’ai joué la facilité en optant pour la VF, mais je me demande si avec la VO, ça ne passe quand même pas un peu mieux… Mais ça reste quand même peu probable que les personnages gagnent beaucoup en intensité, cohérence et profondeur. Après, tu vas peut-être adorer, les avis sur Livraddict sont très bons 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Pingback: Challenge Un mot, des titres : les billets (session 72 : NUIT) | Les Lectures d'Azilis
Donc elle tombe amoureuse d’un tueur en série, mais il a des excuses parce qu’il a un passé douloureux? Waw…
J’aimeJ’aime
Le passé difficile, c’est juste pour attendrir les lecteurs et Shéhérazade…
Sinon Khalid tue en raison d’une malédiction insurmontable. En théorie, hein, parce que dès qu’il y a une fille qui lui plaît, il trouve étrangement le courage d’arrêter de tuer de pauvres innocentes, en dépit des potentielles conséquences.
J’aimeAimé par 1 personne
Charmant…
Le plus effrayant, c’est que c’est présenté comme une romance et pas un thriller psychologique, ce genre d’intrigues…
J’aimeAimé par 1 personne
On reste quand même plus dans la romance que le thriller, mais le manque de profondeur et de cohérence transforme un concept prometteur en un truc peu crédible…
J’aimeAimé par 1 personne
Ah oui l’histoire d’amour ne donne pas du tout envie.
J’ai bien aimé Flame in the mist de l’autrice, mais celui-ci ne m’attire pas vraiment!
J’aimeAimé par 1 personne
Je confirme, a fortiori pour toi qui est difficile à convaincre sur ce terrain-là 🙂
J’espère mieux accrocher à Flame in the mist.
J’aimeAimé par 1 personne
Au vu de ton retour je comprend que tu es galeré… mon dieu c’est dommage, la thématique peut se prêter à des histoires super intéressante en plus…
J’aimeJ’aime
Mais oui, il y avait moyen de proposer quelque chose de très sympa et intéressant avec de vrais dilemmes moraux et des sentiments forts…
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai ce roman dans ma WL depuis sa sortie et je pense qu’il est trop tard pour me le procurer. Il me semble assez mal vieillir et ton avis ainsi que le manqua de développement me gène assez 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Tu as mis le doigt sur ce qui me turlupinait avec ce roman : il a mal vieilli ! Je ne pense pas que publié en 2021, il aurait aussi bien marché…. Après, je pense que pour des ados, ça peut passer.
J’aimeAimé par 1 personne
J’étais persuadée que la psychologie serait effectivement développée… De même, je pensais que le rythme serait plus dynamique ou qu’il y aurait plus de sensibilité… Bon, je préfère suivre ton avis et éviter ce titre dont le résumé (et la réputation) m’attirait assez.
J’aimeAimé par 1 personne
Peut-être que le futur avis des Tachan sera plus enthousiaste…
Mais je trouve vraiment que par rapport à un roman comme Les Brumes de Cendrelune où on est dans le même genre de dilemme moral entre les héros, il y a un énorme fossé.
J’aimeAimé par 1 personne
Je vois… 😦
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai lu ce livre il y a quelques années et j’avais beaucoup aimé. Je suis d’ailleurs déçue que la maison d’édition ait décidée de ne pas traduire la suite.
Pour ce qui est de la construction de la relation entre Khalid et Shéhérazade, c’est vrai qu’elle est facile et que le calife décide facilement de l’épargner, mais je pense que la relation a pris cette tournure pour coller au conte qu’elle réécrit.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, j’ai vu qu’Hachette n’avait pas traduit le reste de la série et vu le niveau d’anglais, c’est vraiment dommage pour ceux qui ont aimé le premier tome…
Je vois ce que tu veux dire, mais le conte original m’avait semblé quand même bien mieux tourné et bien moins simpliste dans la construction des personnages.
J’aimeJ’aime
J’aime bien l’idée de reprendre l’histoire des Contes des Mille et une nuits mais les défauts que tu soulignes, comme l’incohérence de l’héroïne, me dérangent.
J’aimeAimé par 1 personne
N’hésite pas à lire d’autres avis, le roman étant bien noté sur Livraddict, mais clairement, si tu recherches des personnages à la psychologie soignée et développée, tu risques d’être déçue…
J’aimeAimé par 1 personne
Pingback: Challenge Romantasy 2021 : l’heure du bilan ! | Light & Smell
Pingback: C’est le 1er, je balance tout ! avril 2021 + PAL de mai | Light & Smell
Ne t’en fais pas, tu n’es pas la seule à ne pas avoir accroché à ce roman. Je l’avais lu sur la recommandation d’une amie et je m’étais ennuyée durant la lecture hélas…
J’aimeJ’aime
Pingback: Throwback Thursday Livreque #218 : Une réécriture | Light & Smell
Pingback: 10 romans bien notés que je n’ai pas aimés – Top Ten Tuesday #264 | Light & Smell