Toutes ces choses qu’on n’a jamais faites, Kristan Higgins

Je remercie les éditions HarperCollins pour m’avoir permis de découvrir Toutes ces choses qu’on n’a jamais faites de Kristan Higgins.

PRÉSENTATION ÉDITEUR

La personnalité n’est pas une question de poids.

Avant de mourir, la jeune Emerson, obèse morbide gravement malade, remet une enveloppe à ses deux meilleures amies Marley et Georgia, 34 ans, et leur fait promettre de suivre ses instructions. Elles découvrent qu’il s’agit de «  La liste de choses à faire quand elles seraient minces  », rédigée à 18 ans au camp d’amaigrissement où elles avaient formé leur trio.
Décidées à relever le défi lancé par leur défunte amie, les deux jeunes femmes vont devoir apprendre à surmonter leurs peurs et leurs complexes. Marley parviendra-t-elle à se délester de la culpabilité qui la ronge depuis la mort de sa sœur jumelle  ? Georgia saura-t-elle trouver les ressources pour s’opposer à sa famille qui ne cesse de la rabaisser  ? Munies de leur to-do list, elles sont prêtes à tout  oser  !

HarperCollins (2 mai 2019) – 528 pages – Broché (19,90€) – Ebook (12,99€)
Traduction : Alexandra Herscovici-Schiller

AVIS

Attirée par la promesse d’une lecture parfaite pour l’été, il n’y a qu’à voir ce jaune soleil pétant sur la couverture, j’ai lu avec plaisir cette comédie romantique aux allures de feel-good qui m’a permis de passer un très bon moment de lecture.

Centré autour de l’amitié et de cette difficulté à accepter son corps dans une société formatée et peu encline à tolérer la différence, a fortiori quand celle-ci saute aux yeux, ce récit est celui de trois amies dont le poids a trop longtemps dirigé leur vie. Il y a la regrettée Emerson que l’on apprend à connaître à travers des pages de son journal intime dans lequel elle s’adresse à une vision fantasmée d’elle-même, Marley, une cuisinière qui régale ses clients de ses petits plats livrés tout droit dans leur cuisine, et Georgia, une ancienne avocate bardée de diplômes qui a préféré tout plaquer, mari compris, pour se reconvertir en une maîtresse de maternelle très appréciée par les bambins.

Marley et Georgia accourent au chevet de leur amie Emerson qui a glissé, sans qu’elles ne s’en rendent compte, vers l’obésité morbide. Une situation qui ne se terminera hélas pas bien pour cette femme si gentille et ouverte d’esprit, mais qui marquera le début d’une nouvelle aventure pour ses deux meilleures amies. Marley et Georgia lui ont ainsi promis de cocher une à une les cases de cette « liste des choses à faire quand elles seraient minces« , rédigée lors de leur séjour dans un camp d’amaigrissement.

Chapitre après chapitre, on suit les deux trentenaires qui font de leur mieux pour tenir leur promesse : se faire offrir un verre par un bel inconnu, manger un dessert en public, s’habiller dans un magasin normal… Des petites choses anodines pour le commun des mortels, mais qui le sont beaucoup moins pour des personnes qui ont subi depuis des années le poids de la société, ces regards en biais, ces insultes méchantes et gratuites, ces piques sournoises, ces jugements de valeur sous fond de préjugés idiots, ces discriminations quotidiennes, ces violences médicales…

Le surpoids a donc impacté de manière plus ou moins importante et dramatique la vie des membres du trio même si Marley a appris à s’accepter et à ne pas chercher à tout prix à coller à l’image de la femme parfaite. Il faut dire qu’elle a la chance d’avoir grandi au sein d’une famille bienveillante et soudée qui l’a entourée d’amour depuis son enfance. Sportive (merci à l’autrice de casser le préjugé du gros allergique à l’effort physique), faisant un métier qu’elle adore, entourée de personnes adorables, Marley aimerait maintenant pouvoir goûter au bonheur d’une vie à deux avec un homme. Il y a bien le collègue pompier et beau gosse de son frère dont elle est terriblement amoureuse, mais les choses ne semblent pas avancer, leur relation se cantonnant à quelques rares incartades nocturnes…

Il va donc lui falloir se contenter de Will, un client peu causant, voire cassant, qui reste cloitré chez lui, comme seule présence masculine dans sa vie. Mais celui-ci est-il réellement antipathique ou, comme Marley, a-t-il ses propres blessures qu’il essaie, tant bien que mal, de surmonter ? Marley, toujours affectée par cette perte remontant à son enfance qui lui vrille parfois le cœur, pourrait trouver en Will bien plus qu’un client fidèle et taiseux… C’est un peu frustrant de ne pas pouvoir en dire plus, mais j’ai apprécié les thèmes abordés par l’autrice à travers ce personnage même s’il y a un événement qui m’a un peu moins convaincue, voire gênée, car les choses sont bien plus complexes que ce que l’autrice laisse entendre.

Georgia, quant à elle, a beaucoup plus de mal que Marley à faire table rase des blessures du passé et à accepter son corps qui s’est pourtant, au fil des années, nettement affiné au point de renouer avec les normes de la société. Entre vision déformée de son corps et troubles alimentaires, son rapport à la nourriture reste donc compliqué, ce qui n’est pas étonnant si l’on considère le comportement de sa mère qui ne la considère que sous le prisme de son tour de taille, et de son frère, un homme odieux ouvertement grossophobe. Il y a heureusement des personnes adorables dans sa famille comme son père et sa nouvelle famille, et surtout son neveu Mason, un adolescent assez solitaire, mais très touchant.

Si j’ai regretté le côté peut-être un peu trop caricatural de la mère et du frère, j’ai adoré Mason, sa gentillesse, son ouverture d’esprit, sa fragilité… Le neveu et la tante sont franchement attendrissants ! Cela demandera beaucoup de volonté, de force pour aller à l’encontre de certains schémas de pensées et de pensées limitantes, mais en s’entraidant avec bienveillance, Georgia et Mason arriveront, petit à petit, et main dans la main, à se réapproprier leur corps et leur vie.

Grâce à l’alternance des points de vue et la présence de nombreux dialogues, ce roman se lit très vite d’autant que l’écriture de l’autrice est simple et dynamique. Malgré la dureté de certains thèmes abordés (le deuil, les phobies, l’acceptation de soi, l’intolérance et la grossophobie, les troubles alimentaires, les conséquences d’une éducation défaillante, la difficulté de surmonter certains événements traumatiques…), le tout forme un roman empli de légèreté, de rires et de sourires, de beaux moments, d’émotions, d’espoir, d’amitié, d’amour, de gentillesse, de tendresse, de tolérance… De page en page, on suit avec un plaisir fou ces femmes qui se dévoilent dans toute leur simplicité et leur humanité. Elles ne sont pas exemptes de défauts tombant parfois à leur tour dans le jugement et les préjugés, mais elles sont touchantes, drôles, et pourraient être vous ou moi, votre meilleure amie, votre sœur, votre cousine…

Pour ma part, ancienne obèse, je n’ai pu que me reconnaître un peu dans Emerson, Georgia et Marley. J’ai parfois ressenti, dans le passé, les mêmes choses qu’elles, vécu des situations similaires et notamment certaines de ces humiliations dont le cœur, le corps et l’esprit gardent à jamais les traces. Mais plus que cette empathie pour les personnages, c’est le message de tolérance et d’acceptation de soi qui a rendu ma lecture si riche et intense. Un poids et une taille de vêtement ne définiront jamais une personne ni sa capacité à être heureuse. Une belle et brutale réalité qui finira par frapper Georgia de plein fouet et qui la poussera à tenter de renouer avec un pan, ou plutôt une personne de son passé, qui lui proposait ce qu’elle ne s’était jamais accordée, de l’amour.

En conclusion, si vous avez envie d’une comédie romantique portée par des protagonistes terriblement attachants qui, tout en parlant de sujets importants, arrive à porter un message de tolérance et à vous offrir un moment de lecture léger et agréable, ce roman est fait pour vous. Au programme, rires, amitié, amour, seconde chance et acceptation de soi !

Retrouvez le roman sur le site des éditions HarperCollins.

20 réflexions sur “Toutes ces choses qu’on n’a jamais faites, Kristan Higgins

  1. Très intéressant. Et très intelligent de la part de l’auteure de tordre le coup à l’image de la grosse allergique à l’effort. Je ne le suis pas et j’ai presqu’envie et un peu honte de dire « heureusement « , car si l’obésité peut aboutir à la mort, le regard des autres n’en est pas moins assassin.

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  2. La façon dont est traitée l’obésite semble particulièrement réussie et crédible… De plus, le message de tolérance et d’acceptation semblent vraiment convainquants. Tu donnes envie de te lancer dans cette comédie romantique aux sujets qui sortent de l’ordinaire et qui touchent le lecteur.

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