JE – Connais-toi toi-même : comment fait-on cela ? de Serge Marquis

Sous les conseils ludiques et précis du médecin québécois, Serge Marquis, initiez-vous au fonctionnement de votre JE intérieur. Inspiré par le célèbre précepte antique de Socrate « Connais-toi toi-même », cet ouvrage contemporain fera office de guide personnalisé parsemé d’humour et de sensibilité pour entamer votre introspection. Pas à pas, apprenez à tourner vos angoisses en dérision et devenez maître de vous-même ! Entre switch on et switch off, vous vous imaginerez presque dans une bataille effrénée de jeux vidéo mais cette fois-ci vous serez le vainqueur à coup sûr. Décidez à présent quand votre commutateur off viendra chasser votre commutateur on et cela sans aucune limite

FLAMMARION (28 avril 2021) – 272 pages – Papier (16,90€) – Ebook (11,99€)

AVIS

Malgré le côté didactique et la touche d’humour propre à l’auteur et toujours fort appréciable, je n’ai pas réussi à me passionner pour cette lecture, d’autant que j’ai trouvé certains passages assez répétitifs. Avec du recul, je pense que pour véritablement l’apprécier, j’aurais dû en avoir une lecture plus espacée, et me contenter de lire quelques pages chaque jour.

Si j’ai apprécié l’idée de séquence développée par l’auteur, je suis restée assez hermétique à cette histoire de gâteau chinois lui permettant d’illustrer une partie de ses propos. C’est un détail, qui ne gênera probablement pas la plupart des lecteurs, mais ça a suffi à me faire décrocher et a provoqué en moi les prémices de l’ennui. Or, s’il y a bien une chose à laquelle mon JE, pauvre de lui, est réfractaire, voire très hostile, c’est à l’ennui et encore plus durant mon loisir préféré. Ce sentiment a d’ailleurs lancé en moi une séquence assez désagréable…

À cet égard, je reconnais toute l’utilité du livre qui m’a permis de prendre un peu de temps pour observer ce qui s’est joué en moi, de la perception de la menace à mon confort au jugement qu’elle a entraîné en passant par le déclenchement d’une tempête intérieure. J’ai fini par retrouver une certaine sérénité, ne restant jamais agacée bien longtemps, mais je n’ai pas réussi à atteindre la petite « seconde révolutionnaire » qui change tout. Mais j’ai bon espoir d’y arriver prochainement et de réussir à opérer ce basculement permettant de passer du switch on au switch off.

Je reconnais néanmoins un vrai sens de la formule à Serge Marquis qui arrive à mettre des mots simples et percutants sur des concepts qui ne le sont pas toujours et/ou qui nous entravent dans notre vie. Cela rend ses explications claires, pédagogiques et assez marquantes, ce qui pour une grande lectrice est toujours fort appréciable ! Il y a, en outre, certains propos qui m’ont personnellement parlé et grâce auxquels j’ai pu remettre des situations et paroles en perspective, puisqu’il y a parfois un décalage entre ce qui est dit et ce qu’on entend réellement. Je retiendrai plus particulièrement une maladresse de l’auteur dans un restaurant qui a provoqué un malentendu avec une femme ronde, celle-ci ayant vécu sa blague comme un jugement sur sa personne, quand l’auteur cherchait seulement à briser la glace. Ayant été obèse et en ayant beaucoup souffert, je me suis complètement identifiée à la dame et ai apprécié la séquence d’observation de cette dernière imaginée par l’auteur, et plus particulièrement la dernière phase qui m’a apaisée. Cela reste très personnel, mais j’aurais aimé à l’époque être capable de penser ainsi :

Il y a un vieux JE qui refait surface ici. Le JE de l’apparence. Celui qui croit être un poids, une taille, des rondeurs ou n’importe quoi qui définit une apparence. Tout doux, le JE, tout doux, nous ne sommes pas une apparence. Nous ne sommes pas notre passé. Nous ne sommes pas toutes les insultes qu’on a subies pendant notre enfance et notre adolescence. Nous ne sommes pas l’exclusion qu’on a connue. Nous ne sommes pas toutes ces tristes histoires ! La pire chose à faire serait de continuer à se les raconter dans l’espoir qu’elles s’effacent. Les histoires ne peuvent que s’imprimer davantage si on se les raconte encore après toutes ces années. Et puis on se les raconte, plus les tempêtes hormonales s’intensifient. Nous ne sommes pas notre apparence. Il n’y a que présence qui compte.

J’ai également apprécié la manière dont Serge Marquis rappelle, entre autres, qu’on tend trop souvent à mélanger confort et survie, entrainant des réactions disproportionnées, que certains défendent leur avis comme si leur vie était en jeu quand c’est plutôt leur JE qui se sent menacé, ou comment, notamment sur les réseaux sociaux  » Le JE prétends souvent défendre le bien commun alors qu’il défend une image qu’il a de lui-même : celle du sauveur ou du héros.  » Un point qui m’a fait prendre une certaine distance, notamment avec Twitter dont le format est le terrain favorable à l’expression d’un JE délétère.

Au-delà des propos de l’auteur qui ne manquent pas d’intérêt, bien qu’ils n’aient pas réussi à capter mon attention sur la durée, je tenais à saluer le travail de mise en page qui rend la lecture aussi fluide qu’agréable : des citations inspirantes sous fond bleu pour introduire la trentaine d’entrées, des chapitres courts avec des titres qui attirent l’attention et des sous-titres permettant d’avoir une perception globale de l’idée développée, un texte aéré, des dialogues… Oubliez donc les pavés indigestes écrits en pattes de mouche.

De par son humour, son naturel, sa bienveillance et la manière dont il se base sur sa propre vie et des situations fictives, mais réalistes, l’auteur réussit à créer un réel et important sentiment de proximité avec ses lecteurs. Une condition qui me semble indispensable pour avoir envie d’entreprendre un travail d’observation et d’introspection sur soi et d’accéder à un bonheur bien mérité.

En résumé, grâce à différentes situations permettant de mettre en lumière nos schémas de pensée et la manière de les dépasser pour nous ramener dans l’instant présent, l’auteur offre une simple, mais efficace porte d’entrée à la connaissance de soi, une connaissance dépouillée de la présence envahissante et étouffante du JE. Un JE multiple et prêt à tout pour obtenir de l’attention et un faux sentiment de sécurité, quitte à développer des mécanismes l’éloignant du réel bonheur. Preuve s’il en est que le fameux Connais-toi toi-même de Socrate est toujours d’actualité, a fortiori dans une modernité plus prompte à tweeter son inconfort afin de le légitimer qu’à l’observer pour le dépasser.

Je remercie les éditions Flammarion et Babelio pour m’avoir envoyé ce roman en échange de mon avis.

23 réflexions sur “JE – Connais-toi toi-même : comment fait-on cela ? de Serge Marquis

  1. Je ne suis pas fan du genre. J’ai déjà tenté quelques ouvrages sur le développement personnel mais finalement c’est beaucoup de théorie pour peu de pratiques. Cela dit, je recommande les Accords Toltèques qui permettent de fortement relativiser.

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    • Je vois ce que tu veux dire, même si ici, on est plutôt dans la démonstration par l’exemple ce qui rend les propos assez aisés à appliquer 🙂
      Quant aux Quatre accords toltèques, j’avais, comme toi, bien accroché et de mémoire, cela m’avait ouvert de nouvelles perspectives.

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  2. Les livres de développement personnel, c’est toujours très particulier à lire, on n’en retire pas toujours quelque chose. Le format ne se prête pas tellement aux attentes des gros lecteurs, je trouve…

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  3. Pingback: C’est le 1er, je balance tout ! juillet 2021 | Light & Smell

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