Emoni a de l’or au bout des doigts. Entre ses mains, saveurs et épices composent des plats incomparables. Mais Emoni a aussi une petite fille de 2 ans, et elle jongle entre son rôle de jeune mère, les cours au lycée et le travail le soir pour aider sa grand-mère à payer les factures.
Emoni a 17 ans, et elle ne pense pas qu’elle pourra continuer ses études, ni devenir cheffe dans un restaurant. Dans sa vie faite de responsabilités, il n’y a pas de place pour rêver. L’ouverture dans son lycée d’un nouveau cours d’arts culinaires pourrait bien lui permettre de déployer son talent et de trouver la force en elle d’accomplir son rêve… Nathan (1 juillet 2021) – 400 pages – Broché (16,95€) – À partir de 13 ans
Traduction :
AVIS
La force des liens intergénérationnels et de l’amour maternel…
Ayant beaucoup apprécié The Poet X, je me suis plongée avec enthousiasme dans ce roman dont j’ai apprécié les thématiques et la manière dont l’autrice les aborde. Alors qu’on parle d’une adolescente de 17 ans, mère d’une petite fille de deux ans, on aurait pu s’attendre à quelque chose d’assez dramatique, le rôle de maman à un âge où on n’est pas encore soi-même adulte pouvant se révéler difficile. Mais l’autrice a opté pour une histoire lumineuse et chaleureuse qui réchauffe les cœurs et donne envie de prendre la vie à bras-le-corps.
Ainsi, si jamais ne sont occultées les difficultés d’Emoni devant ses multiples responsabilités, le ton se veut résolument positif, ce qui convient à merveille au caractère de cette maman ado qui ne se retourne jamais sur le passé, mais qui regarde toujours droit devant elle. Elle le doit, du moins elle le pense, à sa petite Emma qui est son rayon de soleil et dont elle s’occupe très bien, quitte à s’épuiser pour lui assurer un bel avenir. Elle sera heureusement épaulée par sa grand-mère qui l’a élevée comme sa propre fille. Très proche de ma grand-mère, j’ai été touchée par leur relation, leur complicité et ces gestes de tendresse qui se passent bien souvent de longs discours. J’ai également adoré le subtil parallèle que l’autrice fait entre la relation entre Emoni et sa fille et entre Emoni et sa grand-mère, rappelant le rôle important de cette dernière dans la vie de l’adolescente…
Il faut dire qu’avec une mère décédée prématurément et un père engagé dans la communauté portoricaine, mais bien peu présent dans la vie des siens, Emoni a bien eu besoin du soutien de son aïeule qui a toujours fait de son mieux pour l’élever selon de belles valeurs, malgré ses faibles moyens. L’argent, ou plutôt le manque d’argent est d’ailleurs quelque chose qui prend une certaine place dans le roman, cette question menaçant l’avenir d’Emoni. Car si la jeune fille, qui fait des étincelles en cuisine et dans son cours d’arts culinaires, rêve de devenir cheffe et d’éventuellement aller à la fac, elle doit, en plus du lycée, travailler pour nourrir sa fille et aider sa grand-mère à assurer les charges du quotidien.
À cet égard, j’ai été révoltée par le papa d’Emma dont Emoni est séparée : il semble aimer sa fille et prendre plaisir à s’en occuper durant son droit de garde, mais bizarrement, c’est bien sur Emoni que repose toute la charge mentale et financière. Une situation qui reste une réalité pour bien des mères célibataires… On notera aussi la jalousie déplacée de Tyrone qui n’hésite pas à multiplier les relations, mais qui ne supporte pas qu’un garçon s’approche de la « mère de sa fille » et de sa fille. Heureusement, de fil en aiguille, Emoni saura se détacher des attentes de chacun et rappeler qu’elle n’est pas que la mère d’Emma, elle est ça et tellement plus à la fois !
Une jeune héroïne attachante et génie de la cuisine qui saura trouver du soutien dans son entourage…
Emoni est un personnage touchant pour lequel on développe d’emblée une profonde et sincère affection que ce soit pour son courage, son amour pour sa fille qu’elle élève avec une réelle maturité et bienveillance, sa force de travail ou sa détermination à toute épreuve. Si parfois elle doute, jamais elle ne se lamente, elle tente juste de concilier au mieux toutes les facettes de sa vie : le lycée, son travail dans un fast food, son rôle de soutien de famille et de mère, son rôle de petite-fille, celui de fille malgré un père qui n’a jamais vraiment assuré ce rôle, et son amour pour la cuisine. Un amour qui la porte au quotidien et qui rend sa cuisine tellement magique. Si le mot est fort, il semble pourtant caractériser tous ces souvenirs qui assaillent les personnes qui goûtent les plats d’Emoni, des petits concentrés d’émotions.
Est-ce le talent inné et incroyable d’Emoni pour manier les épices, son âme généreuse qui la pousse à mettre un peu d’elle-même dans chacun de ses plats, ou la manière dont elle arrive à sublimer chaque recette qui rend sa cuisine si spéciale ? À moins que ce ne soit un peu de tout cela… Peu importe finalement, l’essentiel étant que cette fille est faite pour devenir cheffe, elle respire cuisine, elle pense cuisine, et nous apparaît très vite indissociable de tous ces plats qu’on découvre tout au long des pages. Ce roman est un peu une délicieuse ode à la gastronomie, et plus particulièrement à la gastronomie portoricaine et espagnole qu’Emoni arrange à sa sauce, sublimant à sa manière des recettes traditionnelles pour en faire quelque chose d’autre, une sorte de pont entre le passé et le présent, les gens et les cultures.
Mère célibataire, mais pas mère isolée, Emoni pourra compter sur différentes personnes pour la soutenir et l’aider à construire un avenir qui lui correspond : sa meilleure amie qui lui apporte une belle bouffée d’oxygène et lui rappelle qu’elle a le droit de profiter de la vie, sa grand-mère, un professeur de cuisine qui va lui apprendre que la cuisine, c’est aussi de la technique et des règles à respecter… Et puis, n’oublions pas un nouvel élève qui va, petit à petit, faire fondre les barrières qu’Emoni a dressées entre elle et les autres, mais surtout entre elle et les garçons. Je n’en dirai pas trop pour vous laisser le plaisir de la découverte, mais j’ai adoré Malachi, un jeune homme souriant, mais qui a connu un drame, bienveillant, amusant, tendre, compréhensif et diablement lumineux. La relation qui se noue entre les deux lycéens est amenée de telle sorte qu’il est impossible de ne pas y succomber que l’on soit adolescent ou adulte. C’est vraiment le genre de modèle positif que j’aimerais trouver plus souvent dans la littérature adolescente.
Une narration fluide et rythmée pour un roman abordant sans pathos des thématiques importantes…
Je reconnais avoir préféré la narration en vers libre de The Poet X, mais on retrouve néanmoins dans ce roman tout le charme de la plume de l’autrice, avec ce côté percutant qui va droit au cœur. Il y a quelque chose qui sonne terriblement vrai dans les mots de l’autrice, au point de nous donner le sentiment non pas de lire l’histoire de personnages de fiction, mais celle de personnes de chair et de sang. Et cela change tout quant au rapport que l’on entretient avec chacun d’entre eux ! Les lecteurs apprécieront également les dialogues vifs et l’alternance de chapitres courts et rythmés qui apportent un certain dynamisme et rendent la lecture particulièrement fluide. Petit bonus, la petite illustration qui accompagne chaque en-tête de chapitre sans oublier la manière dont chaque chapitre porte un titre concis, mais porteur de sens. Un bon moyen de guider la lecture et de donner envie de se plonger dans le récit.
Le ton du roman se veut volontairement positif, mais cela n’empêche pas l’autrice d’aborder des thématiques importantes, toujours avec beaucoup de naturel : la maternité à un jeune âge et les difficultés qui y sont associées, le sens des responsabilités et du sacrifice, l’amitié, l’amour, l’homosexualité féminine, les difficultés dans les quartiers pauvres, le colonialisme et ses conséquences, le racisme, les préjugés notamment sur les origines et la couleur de peau, Emoni devant rappeler que si elle est à moitié portoricaine par son père, elle est également afro-américaine et donc noire… Si l’autrice évite les drames en nous proposant un roman alliant thématiques de fond et légèreté, il est vrai qu’on a parfois le sentiment que les difficultés sont un peu trop facilement surmontées. Cela ne m’a pas dérangée outre mesure, mais je pense que certains lecteurs adultes pourront regretter un petit manque de réalisme à ce niveau.
En conclusion, un peu comme Emoni et la « magie » au bout de ses doigts qui fait de chacun de ses plats une expérience multisensorielle et mémorielle unique, l’autrice confirme ici son talent pour proposer des histoires uniques vibrantes d’humanité qui résonnent en chacun d’entre nous. Porté par héroïne courageuse et travailleuse qui prouve qu’on peut être lycéenne et une super maman, Sur le vif, c’est la recette épicée et savoureuse d’un roman empli de gourmandise, d’émotions, de vie, de passion, de tendresse, et de beaux moments de complicité, d’amour et d’amitié. Des denrées précieuses et indispensables pour traverser les épreuves et avancer sans se retourner afin de faire de son rêve une réalité.
bonjour, comment vas tu? j’ai vu passer deci delà ce roman avec des avis mitigés. passe un bon vendredi et à bientôt!
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J’avoue ne pas trop avoir lu les avis mais il me semble qu’il est bien noté sur Livraddict…
Bonne soirée !
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Un livre plein de liens familiaux grand-mère – mère-fille-petite fille + de la cuisine à gogo, je dois dire que je suis totalement hypée *0*
Bravo pour cette chronique ultra complète qui met bien en lumière ce livre jeunesse. Ca m’a l’air vraiment super !!
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Si ces deux thématiques te plaisent, tu devrais adorer ce roman 🙂
Merci beaucoup !
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J’étais intrigué par ce roman mais j’ai vu quelques avis assez mitigé le concernant. Pourtant celui-ci a l’air d’avoir parfaitement fonctionné avec toi. Peut-être que je me laisserais tenter si l’occasion se produit ?
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Je n’ai pas encore vu passer d’avis négatifs, mais si on occulte le côté un peu trop facile dans la résolution des problèmes, le roman est vraiment très sympa !
Je ne peux que te le conseiller 🙂
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Je n’entends que du bien de ce livre 🙂
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Et c’est amplement mérité 🙂
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Ça m’a vraiment l’air d’être une très belle histoire de famille et très belle histoire humaine, mais je n’en doutais pas 😄
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En effet 🙂 Le côté liens entre les femmes du même famille est très beau tout comme l’humanité qui se dégage de l’histoire.
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Il me tente beaucoup celui-là ! Comme toi, j’avais beaucoup aimé Poet X
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Fonce, il est génial, bien que moins engagé que The Poet X….
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Emoni a vraiment l’air de t’avoir touchée par sa conditions de jeune maman et ses rêves de jeune femme. Merci pour la découverte 🙂
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Tu as tout à fait raison 🙂 Il faut dire que c’est difficile de ne pas développer une certaine empathie pour ce personnage…
Avec plaisir !
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coucou un livre très touchant en tout cas 🙂
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En effet 🙂
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Je le note carrément !!!
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Super ! Bonne future lecture 🙂
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Ce titre me tente beaucoup et ta critique me confirme qu’il a tout pour me plaire!
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Je ne peux que te conseiller de te laisser tenter par ce roman et son héroïne 🙂
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Je l’avais repéré en VO, je suis contente qu’il soit traduit (je fatigue moins à lire en VF) ! Je vais essayer de mettre la main dessus dès que possible (mais bon, j’ai déjà quantité de lectures en retard ^^ »). Merci pour cette chouette chronique !
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J’espère que malgré tes lectures en attente, tu auras l’occasion de te plonger dans cette belle histoire 🙂
Avec plaisir !
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Il me tente tellement ce livre!
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Fonce, il a de beaux atouts pour te plaire 🙂
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Je l’ai aperçu à la fnac, mais j’avoue que je n’ai pas cherché à en savoir plus sur ce roman. Ce que tu en dis me tente plutôt, et je le lirais peut-être ^^ en tout cas, tu as l’air d’avoir fait une belle lecture, et tu donnes envie de découvrir ce roman.
Merci pour cette découverte 😉
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Avec plaisir et ravie d’avoir pu transmettre le plaisir que j’ai pris à lire ce roman 🙂
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Je suis bien curieuse de découvrir ce nouveau roman !J’avais beaucoup aimé Signé poète X. Après, je pense que la résolution facile des problèmes fait partie des codes du public cible, vu que cela s’adresse aux ados / young adult avant tout. Mais je vois que cela n’empêche pas Acevedo de garder le charme de sa précédente histoire, avec des liens familiaux forts, une héroïne attachante et atypique, les thématiques de la communauté,des diverses origines, du poids de la famille, du basculement à l’âge adulte… et avec de gastronomie en plus,ça ne peut être que réussi ! Ton avis donne très envie de lire le livre et permet parfaitement de voir à quoi s’attendre, on voit qu’il t’a beaucoup plu !
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Je suis d’accord avec toi, c’est pour ça que cela ne m’a pas dérangée, mais je pense que les personnes peu habituées au young adult risquent de tiquer…
Tu as vraiment bien résumé mon avis et pourquoi cette lecture m’a tellement plu 🙂
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Je me demandais ce que cet ouvrage donnerait. Bon, il va falloir que je note, alors ! Ne serait-ce que grâce aux thématiques et à la plume. 🙂
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Je ne peux que te le conseiller 🙂
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Honnêtement, rien que la couverture me donne envie de craquer, mais ton avis vient clairement enfoncer le clou, il me fait très envie !
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Je pense que le livre pourrait beaucoup te plaire 🙂
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Pingback: C’est le 1er, je balance tout ! juillet 2021 | Light & Smell
Je suis ravie de voir que tu l’as autant appréciée que moi ! En plus nous l’avons toutes les deux reçu dans le cadre de l’opération masse critique de Babelio. On aurait presque pu faire une lecture commune !
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Oui, cela aurait été chouette, surtout pour une aussi bonne lecture 🙂
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