Les trônes trahis, Nesrine Ammari

Couverture Les Trônes trahis

Je remercie les éditions Hugo et Netgalley de m’avoir permis de lire la version numérique du roman Les trônes trahis de Nesrine Ammari en échange de mon avis. Roman lu dans le Cadre du Challenge de l’imaginaire 2024 et du Challenge Petit Bac.

Quand le baiser de la couronne devient mortel…
Le royaume de Cidia est en plein déclin depuis le meurtre du couple royal. La magie s’affaiblit, les terres s’assèchent et la colère gronde au sein du peuple. La princesse Phoebe Alcyon est l’unique espoir pour sa nation. Elle décide alors d’infiltrer le royaume de Khilan, dirigé par le jeune roi Emrys, héritier et commanditaire du meurtre de ses parents. Armée de son puissant pouvoir – tuer qui elle le souhaite d’un simple baiser – elle va pouvoir exercer sa vengeance. Sous une fausse identité, la jeune fille se fraye une place à la cour, et rapidement dans les confidences de l’arrogant souverain.

Mais bientôt, entre bals fastueux et jeux de séduction, la carapace d’Emrys se fissure, laissant entrevoir ses peurs et ses fêlures. Phoebe commence à comprendre le lourd fardeau que porte son ennemi juré. Alors que Cidia et Khilan sont au bord d’une guerre, la cour devient un véritable échiquier, et le monarque va devoir apprendre à user de ses atouts. Prise entre sa colère et sa soif de justice, Phoebe devra prendre la bonne décision pour sauver son royaume. Car les ténèbres qui se profilent à l’horizon pourraient bien tout emporter sur leur passage…

Stardust (4 octobre 2023) – 450 pages – 19,95€

AVIS

Voici un livre mêlant habilement fantasy et romance, même si pour moi, l’univers reste quelque peu en surface, l’autrice s’épanchant plus sur les émotions et préoccupations de ses protagonistes que sur la puissance de son univers. Un univers dont on découvre néanmoins d’intéressants éléments en cours de lecture, notamment sur l’ancestral antagonisme entre Cidia et Khilan. Deux royaumes que tout oppose : l’un revendiquant ses croyances en différentes divinités et sa magie ; l’autre érigeant la science en étendard, quitte à faire preuve de la plus vive et meurtrière des intolérances. Ainsi, les habitants de Cidia qui osent franchir la frontière et qui se font repérés sont invariablement tués.

De fil en aiguille, on réalise néanmoins que l’opposition, en apparence simple, entre Cidia et Khilan est bien plus complexe qu’il n’y paraît. À cet égard, l’amatrice de complots en moi a été plus que comblée, Nesrine Ammari nous enveloppant dans une toile solidement tissée de mensonges, nourris par les préjugés, l’intolérance et son corollaire la haine. Si les préjugés ont la vie tenace à Khilan, chaque détenteur de magie étant considéré comme une émanation du mal, les habitants de Cidia ne sont pas non plus dénués d’idées préconçues sur leurs très rationnels, calculateurs et froids voisins.

Et ce n’est pas la princesse Phoebe Alcyon, deuxième dans l’ordre de succession du trône de Cidia, qui vous prouvera le contraire. Persuadée que le jeune roi Emrys a commandité le meurtre de ses parents, la jeune femme est bien décidée à se venger et à sauver son royaume de son déclin. Pour ce faire, elle n’hésitera pas à infiltrer la cour de Khilan sous une fausse identité, en dépit des risques et des mortels dangers. Mais Phoebe va petit à petit réaliser que croire n’est pas forcément savoir, le jeune prince étant loin d’être le monstre qu’elle pensait… Les enjeux pour son peuple sont toutefois trop importants pour laisser ses doutes et ses sentiments naissants prendre le dessus. Elle fera donc de son mieux pour atteindre son objectif en se hissant au plus près du coeur du prince, tout en veillant à ne pas perdre le sien en cours de route.

Les sentiments des protagonistes sont bien amenés, l’autrice prenant le temps de les développer sans jamais tomber dans le mièvre ou la guimauve. On sent que le prince et la princesse évoluent au contact l’un de l’autre, ce qui apporte son lot de tension et d’angoisse, car plus ils se rapprochent, plus on craint que la réelle identité de Phoebe ne soit dévoilée. J’ai apprécié l’alchimie entre les deux personnages et certaines scènes durant lesquelles le prince et la princesse dévoilent toute leur fragilité. Après tout, si ce sont des personnes politiques de premier plan, ce sont aussi deux jeunes personnes en proie aux doutes et écrasées par le poids de leurs responsabilités et de leur éducation.

Une chose m’a néanmoins fortement perturbée et empêchée de vibrer pour la romance : la dualité du prince Emrys. Oui, le prince est gentil, plein d’attentions, aimant envers les siens et attentif à son peuple, mais il m’a été compliqué d’apprécier un homme qui, en parallèle, n’hésite pas à éliminer froidement des gens pour ce qu’ils sont. J’ai compris le poids de son éducation et d’un mensonge d’état bien huilé, mais se réfugier derrière ses croyances pour tuer sans état d’âme est un peu facile. On se retrouve donc avec un personnage déstabilisant entre l’inquisiteur haineux et le gentil, loyal et dévoué souverain. Une dualité intéressante, d’autant que notre prince sera heureusement amené à évoluer à l’aune de certaines révélations et prises de conscience.

Quant à Phoebe, j’ai aimé sa détermination, son courage, sa relation avec sa meilleure amie, son dévouement à son peuple et sa volonté de faire ce qui est le mieux pour ce dernier, quitte à se perdre au passage. Il se dégage une belle force de cette jeune femme, qui ne semble toutefois pas toujours capable de saisir en plein vol d’évidentes perches, en raison, entre autres, du poids de ses croyances et de sa méfiance. Une méfiance que l’on comprend sans peine au vu de sa très délicate situation et de l’entrelacs de mensonges dans lequel elle est engluée. Le fait que cette princesse ne soit pas parfaite, et qu’elle se laisse parfois guidée par son impulsivité et ses émotions, ne la rendent finalement que plus réaliste et attachante.

En plus de personnages intrigants et à l’évolution intéressante, l’autrice réserve, en outre, aux lecteurs son lot de surprises et de trahisons, certaines que j’avais anticipées ce qui ne m’a pas empêchée de les trouver diablement tranchantes ! Quant à l’écriture, elle est simple mais efficace, grâce à des phrases rythmées et engageantes, et de concises descriptions permettant de poser le cadre et de ressentir les émotions des personnages. J’ai, toutefois, regretté que l’autrice attende la dernière dernière partie du roman pour nous prouver qu’elle était capable de nous emporter dans un torrent dévastateur de peur et d’espoir !

En conclusion, Les trônes trahis est un one shot de romantasy young adult qui devrait plaire aux adolescents et aux jeunes lecteurs appréciant les récits accessibles mêlant intrigues de cour, complots, secrets, trahisons, et relations rendues compliquées par les circonstances et le poids des préjugés et de la haine. D’une plume simple et accessible, Nesrine Ammari arrive à mettre à nu le coeur de ses protagonistes, qui devront affronter de nombreux dangers et mensonges pour obtenir cette chose dont ils n’avaient pas vraiment conscience de convoiter avant de se rencontrer. Car la prospérité naît de l’amour et de l’entraide plutôt que de la haine, un roman montrant le chemin de la tolérance dans un univers de fantasy longtemps dominé par le rejet de la différence. Un univers intéressant mais qui aurait toutefois mérité d’être plus développé : on se contente, en effet, d’en effleurer les pointus contours, ce qui est assez pour se sentir immergé, mais pas assez pour se sentir pleinement rassasié.

Petit bac 2024CLI12-01

30 réflexions sur “Les trônes trahis, Nesrine Ammari

  1. bonjour, comment vas tu? l’histoire a l’air un peu déjà vue. mais la couverture est jolie et j’apprécie le fait que ce soit un one shot. si je tombe dessus en bib, pourquoi pas le lire. passe un bon lundi et à bientôt!

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