Dina Demille, tome 1 : La gardienne des portes, Ilona Andrews

Sans surprise, Dina Demille, tome 1 : La gardienne des portes de Ilona Andrews fut une très bonne lecture.

En apparence, Dina Demille est une jeune femme tout à fait normale. Elle dirige un charmant bed-and-breakfast de style victorien dans une petite ville du Texas, est l’heureuse propriétaire d’un Shih Tzu nommé Beast, et s’avère être la voisine parfaite.
Mais Dina est… différente.
Son balai est une arme létale ; son auberge est magique et pense par elle-même, conçue pour être un havre de paix transitoire pour des voyageurs d’autres mondes. Dans ces circonstances, normale n’est peut-être pas le terme adéquat pour qualifier Dina. Surtout maintenant qu’une créature terrifiante s’est mise à chasser dans le quartier une fois la nuit tombée…
Très vite, Dina se retrouve à devoir jongler entre la sécurité de son établissement et de ses hôtes, l’agaçant mais séduisant Sean Evans, un ancien militaire et loup-garou de souche alpha à ses heures, et Arland, un fascinant maréchal vampire venu du cosmos.
Intelligent, vicieux et mortellement dangereux, l’ennemi qu’elle affronte est différent de tout ce qu’elle a croisé auparavant. S’interposer entre ses voisins et lui pourrait bien tout lui coûter. 

Collection Infinity (13 juin 2022) – 264 pages – 17€

AVIS

Un nouveau roman du duo Ilona Andrews, c’est la promesse d’un très bon divertissement et ce roman ne déroge pas à la règle. Dès le début, on retrouve ce qui fait le charme de cette plume à 4 mains : du rythme, de l’action, des personnages qui ont du caractère et un univers intéressant. Un univers qui oscille ici entre urban fantasy classique et science-fiction. Parce que je ne me renseigne jamais beaucoup sur les romans que je désire lire, j’ai été surprise par cette incursion de la science-fiction, genre qui n’a pas mes faveurs, mais qui apporte des enjeux intéressants.

Sous la houlette des deux auteurs, vous allez ainsi redécouvrir les mythes des loups-garous et des vampires. Et s’il ne s’agissait pas de créatures surnaturelles mais d’extraterrestres ? Vous trouvez ça tiré par les cheveux ? A priori, moi aussi, mais vous allez voir que ça explique beaucoup de choses et que ça permet de revisiter des mythes éculés sous un jour nouveau et particulièrement intéressant ! Il est ainsi question de guerres, d’autres planètes, d’autres univers… Un programme ambitieux d’autant qu’il s’insère dans une trame plus classique d’urban fantasy qui permettra aux amateurs du genre de se sentir en terrain connu, tout en ayant l’impression de s’ouvrir à d’autres horizons. 

Si j’ai apprécié la touche de science-fiction, qui reste très accessible même pour les non-initiés, j’ai surtout apprécié tout ce qui touche à l’héroïne, Dina, et sa magie. Dina est une aubergiste, un poste particulier basé sur la neutralité et une relation symbiotique avec l’établissement dont elle est la gardienne. En fonction de son humeur, de ses besoins et des dangers – et dangers il y aura – elle peut remodeler l’auberge, agencer les pièces différemment, bouger les murs, faire disparaître des parties entières et en créer de nouvelles… L’auberge vit, anticipe, protège, et ressent, du moins, c’est l’opinion que je me suis forgée, puisqu’il n’y a pas de consensus sur le fait qu’une auberge puisse éprouver des émotions et des sentiments. Adorant les objets et les lieux animés, et dotés d’intentions, ici louables, j’ai adoré cette relation auberge/aubergiste. On sent l’affection et le profond respect unissant Gertrude Hunt et Dina.

Il faut dire que Dina a sorti l’auberge d’un profond sommeil et Gertrude Hunt a donné un foyer et une mission à Dina qui, depuis la disparition de ses parents dans des circonstances mystérieuses, en avait désespérément besoin. À cet égard, j’ai été touchée par Dina encore très affectée par leur absence et bien déterminée à retrouver ses parents, d’excellents aubergistes en plus de parents aimants. Les auteurs font planer un réel mystère autour de cette disparition, ce qui m’a donné très envie de connaître le fin mot de l’histoire ! Mais dans La gardienne des portes, l’enjeu principal est ailleurs : une créature monstrueuse massacre les chiens du quartier, faisant planer une menace sur les voisins de Dina et les enfants du lotissement.

Faisant fi de la traditionnelle et légendaire neutralité des aubergistes, Dina ne peut s’empêcher de s’impliquer, quitte à attirer l’attention de Sean, loup-garou et ancien militaire. Bien que parfois agaçant, ce dernier pouvant se montrer arrogant, sa présence se révélera plus utile que prévu, a fortiori quand Arland, un vampire venu d’une autre planète, entre dans l’équation ! Malgré une relative méfiance, Arland ne souhaitant pas partager ses informations, et une certaine tension entre le vampire et le loup-garou, les trois n’auront pas d’autre choix que s’allier pour faire face à une menace dont nous découvrons petit à petit l’ampleur. J’ai apprécié de voir se former le trio, chaque membre ayant ses propres forces et faiblesses, ce qui les rend parfaitement complémentaires.

Forte, gentille, intelligente, et courageuse, Dina est une héroïne badass mais pas inutilement casse-cou. Elle ne recule pas devant le danger, mais ne le minimise pas. J’ai aimé sa personnalité, sa volonté de protéger sa seule et effrayante pensionnaire à tout prix et d’éliminer la menace qui pèse sur son quartier, quitte à se mettre dans une situation difficile. Si Sean m’a semblé, dans un premier temps, stéréotypé, les auteurs se jouent de son apparente arrogance pour nous révéler un personnage intéressant et plus nuancé qu’il n’y paraît. Il a des instincts de protection, mais ne s’impose pas à Dina, d’autant que dans ce premier tome, les touches de romance sont très légères, se limitant à une alchimie certaine et quelques paroles nous permettant de saisir l’intérêt du loup-garou pour Dina. Un intérêt partagé par Arland, ce vampire aux allures de chevalier d’antan… Je croise très fort les doigts pour que le potentiel triangle amoureux soit vite éliminé, n’étant pas fan de ce schéma. Mais si je me fie aux quelques bribes de sentiments dévoilés pudiquement, je ne devrai pas trop avoir de crainte à me faire.

En conclusion, entre la découverte d’un univers atypique, mêlant urban fantasy et science-fiction, qui recèle sa part de mystères, de dangers et de révélations, l’action avec des scènes de combat parfaitement calibrées et une pointe de romance, ce premier tome m’a complètement emportée. Si vous avez envie d’une histoire originale dans laquelle une jeune femme est liée physiquement avec son auberge magique et ne se déplace jamais, du moins en cas de danger, sans son balai lui aussi magique, ce roman est fait pour vous. A fortiori si vous êtes sensibles aux plumes non dénuées d’humour, fluides, légères, dynamiques et rythmées, caractéristiques du travail à 4 mains du duo Ilona Andrews. 

Une auberge bien notée et sécurisée implique de lourdes responsabilités, mais rien d’insurmontable pour Dina Demille, une jeune aubergiste bien déterminée à protéger son unique pensionnaire, mais aussi des innocents qui ne se doutent pas du danger cosmique qui les guette. Redoutable d’efficacité, La gardienne des portes marque les débuts d’une prometteuse série ! Pour ma part, je serai au RDV pour le tome 2 qui sort en avril 2023 et le tome 3 en juin 2023