J’ai lu La Couleur du lait de Nell Leyshon dans le cadre du Club de lecture du Petit Pingouin Vert. Pour rappel, l’idée de ce club sur Facebook est de lire un livre sélectionné suite à un vote des membres puis d’échanger autour de cette lecture commune.
Ce livre est le premier sélectionné par les membres du club.
PRÉSENTATION ÉDITEUR
En cette année 1831, Mary, une jeune fille de 15 ans entame le tragique récit de sa courte existence : un père brutal, une mère insensible, en bref, une banale vie de misère dans la campagne anglaise du Dorset.
Simple et franche, mais lucide et entêtée, elle raconte comment, un été, sa vie a basculé lorsqu’on l’a envoyée chez le pasteur Graham, pour servir et tenir compagnie à son épouse, une femme fragile et pleine de douceur. Avec elle, elle apprend la bienveillance. Avec lui, elle découvre les richesses de la lecture et de l’écriture… mais aussi obéissance, avilissement et humiliation. Finalement l’apprentissage prodigué ne lui servira qu’à écrire noir sur blanc sa fatale destinée. Et son implacable confession.
- Broché: 176 pages
- Editeur : Phébus (28 août 2014)
- Prix : 17€
- Autres formats : Poche, Ebook
MON AVIS
Je vais commencer tout de suite cette chronique en présentant la principale faiblesse de ce livre qui, paradoxalement, est également sa principale force. En écartant d’emblée toute schizophrénie de ma part, je vais vous expliquer mon point de vue.
Ce livre est supposé transcrire les propos d’une jeune paysanne qui a appris à lire et à écrire depuis peu. Cela signifie concrètement une écriture « verbale » : le roman est écrit de manière très orale, la jeune femme s’exprimant à l’écrit comme elle le ferait à l’oral. Si on ajoute une éducation paysanne laissant peu de place à l’instruction, cela donne une grammaire très approximative, une orthographe à vous faire saigner les yeux et une syntaxe que nous qualifierons pudiquement d’originale.
Il est ainsi difficile de lire ce roman si vous faîtes, même si ce n’est qu’un peu, attention au français et à la qualité de la plume d’un auteur. Pour ma part, j’ai dû m’y reprendre à deux fois avant d’avancer dans ma lecture de La Couleur du lait. Pour y arriver, je ne peux que vous conseiller de lire au minimum une vingtaine de pages d’un coup car au bout d’un moment, votre cerveau arrive à passer outre le massacre de la langue pour vous plonger dans l’histoire.
Ce choix d’écriture qui, je le crains, a et fera abandonner certains lecteurs, se révèle d’un autre côté plutôt judicieux. Il aurait été peu crédible voire grotesque qu’une personne maîtrisant à peine la lecture et l’écriture se mette à écrire son histoire à la manière de Proust. La spontanéité de la narration avec ses nombreuses erreurs de français permet donc de rester fidèle au personnage de Mary. Cela ajoute même un côté enfantin qui contraste avec les épreuves de la vie que la jeune fille subit soulignant par là même le côté dramatique de sa situation.
La manière très simple dont Mary évoque son histoire la rend poignante. Loin de se plaindre ou d’égrener des jérémiades, Mary raconte juste les événements tels qu’ils se sont passés de son point de vue. Elle n’essaie pas de se faire passer pour une victime ou d’attendrir. Elle raconte, point! Derrière sa répartie et sa manière sans ambages de parler et donc d’écrire, Mary fait preuve en outre d’une forme d’intelligence et d’un certain bon sens paysan. Pour ma part, tout cela ne l’a rendue que plus attachante.
Soutenu par le style de narration simple et épuré de toute fioriture littéraire tout comme la vie de Mary l’est de poésie, La Couleur de lait permet de saisir la dureté de la vie quotidienne des paysans et surtout des femmes dans la campagne anglaise des années 1830. Ce roman a ainsi le mérite d’interpeller le lecteur faisant de ce dernier le témoin impuissant d’une situation révoltante.
En conclusion, une fois que l’on s’accoutume à l’orthographe et à la syntaxe à rendre chauve un Académicien, force est de constater que ce petit roman vaut la peine d’être lu. Poignant, il ne laissera aucun lecteur indifférent d’autant que Nell Leyshon a très bien soigné la fin.
Je l’ai lu aussi pour le Club de lecture de Pingouin Vert et j’en ressors mitigée. C’est bien et moins bien.. J’ai du mal à savoir ce qui m’a véritablement dérangée et ce qui m’a plu..
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Je comprends ce que tu veux dire. A la fin de la lecture, mon avis n’était pas aussi bon à tel point que je n’avais pas rédigé de chronique. Puis une fois quelques jours passés, je crois que l’histoire a fait son chemin…
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Je pense que je vais lâcher encore quelques jours 🙂
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Peut-être qu’à un autre moment, tu en auras envie mais avec tous les livres à lire, autant « attaquer » ceux qui nous parlent 🙂
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Bonjour 🙂
Je ne connaissais pas du tout cet ouvrage, merci de la présentation.
En général, je trouve que le titre d’un livre a énormément d’importance, et c’est vraiment »La couleur du lait » qui a attiré mon attention : je le trouve très expressif et délicat à la fois.
Tu me donnes sincèrement envie de plonger dans cette belle lecture !
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Merci pour ton commentaire 🙂 J’espère que la lecture te plaira si tu décides de t’y plonger.
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Comme pour toi, ce n’est pas un coup de coeur mais l’histoire vaut la peine d’être lue. Passé le « choc » de l’écriture, il se lit très bien !
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Très touchée par ce roman !
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je comprends ton ressenti sur le français, habituellement ça me gêne beaucoup, mais là je ne sais pas pourquoi, c’est passé assez facilement!
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Super 🙂 Peut-être que tu t’es facilement « baignée » dans l’histoire…
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