La fille de la Déesse de la Lune, Sue Lynn Tan

Je remercie les éditions Stardust et NetGalley de m’avoir permis de lire La fille de la Déesse de la Lune de Sue Lynn Tan en échange de mon avis. Et je remercie Tachan des Blablas de Tachan pour cette lecture commune qui, comme toujours, fut enrichissante. Nous avons repéré dans l’ensemble les mêmes points positifs et négatifs mais la lecture semble m’avoir un peu plus convaincue…

Il était une fois une jeune fille, dont la mère, Déesse de la Lune, était tenue captive par le plus redoutable immortel du royaume…

Xingyin a grandi sur la Lune. Elle connaît la solitude mieux que quiconque. Mais ce qu’elle ignore, c’est que depuis sa naissance, on garde son existence secrète aux yeux du redoutable Empereur Céleste, depuis qu’il a exilé sa mère pour avoir volé son élixir d’immortalité. Mais un jour, la magie de Xingyin refait surface. Pour ne pas être repérée, elle est contrainte de fuir sa maison, laissant sa mère derrière elle. Elle se fait la promesse de revenir la sauver dès qu’elle le pourra. Seule et impuissante, elle se dirige vers le Royaume Céleste. Incognito, elle saisit l’occasion de se former aux côtés du fils de l’empereur, notamment au tir à l’arc et à la magie. Elle et le jeune prince Liwei semblent attirés l’un vers l’autre par une force magnétique… Seulement, la priorité de Xingyin est de sauver sa mère. Elle accepte donc de rejoindre l’armée, et auprès du mystérieux capitaine Wenzhi, elle affronte les pires créatures légendaires et des ennemis machiavéliques, à travers la terre et les cieux. L’Empereur décide alors de l’envoyer dans une mission des plus risquées, à la rencontre des dragons…

Hugo Jeunesse (3 mai 2023) – 550 pages – 19,95€ 

AVIS

Quand j’ai vu cette lecture en accès libre sur NetGalley, je n’ai pas hésité un instant, le roman étant dans ma wish list depuis sa parution en VO. Et je dois dire que si j’ai passé un bon moment de lecture, enchaînant avec plaisir et curiosité les chapitres, il m’a manqué ce petit quelque chose pour rendre cette histoire inoubliable.

J’ai néanmoins apprécié cette imagée incursion dans la mythologie chinoise avec, entre autres, ses créatures fascinantes, parfois terriblement dangereuses, d’autres fois majestueuses et non dénuées d’une belle sagesse ancestrale. Page après page, j’ai été embarquée par la magie de cette aventure dans laquelle une jeune femme, coupée violemment de tout ce qu’elle connaissait, va vivre différentes aventures et mouvementées péripéties.

Sue Lynn Tan nous offre ainsi une quête de liberté acharnée ; celle d’une fille pour libérer sa mère, la Déesse de la lune, d’une prison dans laquelle elle a été injustement enfermée. Un objectif louable, duquel elle sera parfois détournée, avant de toujours y revenir, quitte à y laisser des plumes, voire carrément s’y briser les ailes. J’ai apprécié que l’autrice n’épargne pas son héroïne, lui faisant ressentir les affres de sa condition, le poids terrible du secret et de l’injustice, la peur d’être découverte, la morsure de la jalousie, la douleur d’une blessure, puis d’une autre, sans oublier l’amertume de la déception et de la trahison…

Combat après combat, que la scène se joue sur le champ de bataille ou la scène politique, Xingyin nous dévoile son courage, sa bravoure, sa pugnacité, ses fêlures qui sont tout autant de force, et son incroyable capacité à rebondir devant l’adversité. Impossible de ne pas admirer cette combattante hors pair qui n’en demeure pas moins humaine, malgré son statut d’immortel et la lourde tâche qui repose sur ses épaules. Une tâche que personne ne lui a demandée, mais qu’elle s’impose comme un devoir duquel rien ne doit la faire dévier, pas même ses élans du coeur et ses tourments amoureux.

À cet égard, je reconnais, comme ma binôme de lecture, avoir été lasse du jeu amoureux avec une romance interdite manquant de cette grandeur, qui aurait pu me faire oublier un schéma maintes fois utilisé. Ainsi, j’ai apprécié l’amitié des débuts entre un jeune homme portant son propre fardeau et notre héroïne, ainsi que leur complicité grandissante et émouvante. Je n’ai toutefois pas été convaincue par l’évolution de leur relation, et encore moins par la conclusion qui semble quelque peu tomber dans une bien pratique facilité. J’aurais aimé plus de grandeur, plus de subtilité, plus d’émotions, moins de scènes qui tournent en rond… ou simplement que leur relation reste au stade de l’amitié. Car en tant qu’amis, les deux sont terriblement émouvants, complices, complémentaires et convaincants.

J’ai également regretté le côté caricatural de certains personnages, et notamment des parents du prince héritier, qui tombent quelque peu dans l’image des méchants à la Disney. Cela n’en rend pas moins les faits d’armes de Xingyin impressionnants et sa détermination admirable ! Je ne me suis toutefois pas attachée à elle, l’autrice se cantonnant à nous la présenter sous le prisme de son devoir filial et son amour impossible. En dehors de ces points, j’ai eu du mal à la cerner et à connaître la réalité de son coeur, même si heureusement, elle se dévoile à nous par petites touches lors des rares amitiés que sa vie de combattante méritante lui offrira. Humaine, dans ses qualités comme ses défauts, elle m’a en outre parfois agacée dans sa manière de juger très durement une personne qui n’a pourtant rien fait de ce qu’elle n’ait fait elle-même, et peu ou prou pour les mêmes raisons…

L’autrice ne brille pas lorsqu’il s’agit d’émotions, sa plume, pourtant non dénuée de poésie, manquant de liant aux moments-clés, mais elle se démarque par un sens absolu et remarquable de l’action. Les scènes de bataille sont parfaites : rythmées, immersives, cadencées, sans pitié et fatales. Je les ai vécues le coeur au bord des lèvres et l’esprit captif. Si j’ai déjà oublié plusieurs passages, ces scènes où la vie des uns et des autres ne tient qu’à un fil, elles sont, quant à elles, bien gravées en moi. Tout comme cette sensation de dépaysement qui ne m’a pas quittée et qui s’est accentuée par la construction du roman autour de différentes quêtes.

Ces quêtes variées nous offrent une plongée passionnante, vivante et vivifiante au coeur de la mythologie chinoise, nous permettent de rencontrer des créatures variées et de parcourir différents lieux. Un changement pour notre héroïne qui a longtemps vécu en autarcie sur la lune. Cette ouverture sur l’extérieur, bien qu’elle se soit fait dans la douleur et – à l’aune d’un coup de théâtre, dans la rancœur – lui permettra de découvrir l’amitié, l’amour, de s’affirmer et de se rapprocher de cet objectif qui lui sert de lanterne pour illuminer une route sombre et semée d’embûches.

En conclusion, les lecteurs en quête d’une lecture dépaysante au coeur de la mythologie chinoise devraient apprécié ce roman de fantasy young adult rythmé et divertissant laissant une large place à l’action et à des scènes particulièrement immersives et bien décrites. La fille de la Déesse de la Lune se caractérise également par une romance interdite qui pourra plaire à certains mais qui, pour moi, constitue sa principale faiblesse, Sue Lynn Tan n’ayant pas réussi à m’émouvoir et à me faire croire à la force de cet amour impossible. Mais cela ne m’a pas empêchée d’admirer la pugnacité d’une héroïne guidée par son incroyable sens du devoir et d’apprécier cette aventure riche en péripéties diverses et variées.

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