Fable, l’aventurière des mers, Adrienne Young

Couverture Fable l'avetnturière des mers - visage femme

Je remercie Babelio et les éditions Rageot de m’avoir envoyé Fable, l’aventurière des mers d’Adrienne Young en échange de mon avis.

Fable, 17 ans, est la fille du marchand le puissant des Goulets près de la mer sans Nom. Pourtant, après la mort de sa mère au cours d’une tempête, son père l’a abandonnée sur une île peuplée de voleurs où elle a dû se battre pour survivre. Plongeuse, découvreuse de gemmes qu’elle revend pour assurer sa subsistance, Fable poursuit un but : quitter l’île et rejoindre son père afin d’obtenir son héritage, une place dans sa flotte. Pour cela elle doit gagner le continent où il a établi son comptoir commercial. Elle fait appel à West, le jeune capitaine d’un navire marchand, le Marigold, qui accepte de l’emmener. Mais une fois à bord, alors qu’elle doit faire ses preuves et être acceptée par l’équipage, elle découvre que West et son navire ne sont peut-être pas ce qu’ils paraissaient être…

Rageot (07/09/2022) – 416 pages – Broché (18,90 €) – Relié (23,90€)
Traduction : Leslie Damant-Jeandel

AVIS

Fable est un roman dont j’attendais avec impatience la traduction, les histoires en mer ayant le don de me fasciner, même si ici, l’intrigue se déroule également sur terre. Bien que l’histoire n’ait pas eu l’effet page turner sur moi que j’affectionne tant, j’ai passé un très bon moment auprès d’une héroïne forte et courageuse.

Fable vit seule depuis 4 ans, son père, le redouté Saint, l’ayant abandonnée sur une île après le naufrage de son navire et la mort de son épouse pour laquelle il éprouvait un amour proche de l’adoration. Avant de la quitter sans se retourner, il lui a laissé une cicatrice sur le bras et les différents préceptes de survie qui lui a inculqués durant son enfance. Maigres armes pour une adolescente de 14 ans qui, en une nuit, a tout perdu, de sa vie d’avant, à cette mère qu’elle chérissait et ce père qu’elle respectait, mais qu’elle ne reconnaît plus.

Le sang de Saint coulant dans ses veines, loin de se laisser abattre, Fable va réussir à survivre jusqu’à trouver un moyen de quitter cette île de tous les dangers, et de retrouver son père afin de recevoir l’héritage qui lui a promis ! Elle n’avait néanmoins pas prévu d’impliquer dans sa fuite West, un marchand qui se serait bien passé de sa présence à bord de son navire, d’autant que son équipage semble apprécier encore moins que lui cette intrusion… Il faut dire que si Fable cache le secret de sa filiation, West et ses acolytes possèdent leurs propres secrets à protéger.

J’ai beaucoup aimé naviguer dans les zones d’ombre de chacun, et voir Fable se faire petit à petit sa place parmi un équipage dont chaque membre se dévoile progressivement à nous. Les personnages secondaires auraient mérité d’être plus présents, mais j’ai apprécié la finesse avec laquelle chaque histoire nous est contée, sans nous être totalement dévoilée. Ainsi, dans cet univers marchand sans pitié, la vérité est une arme dont chacun a envie de s’emparer, mais que personne n’est vraiment disposé à partager. Chose que Fable est bien placée pour comprendre, elle qui doit cacher depuis son enfance l’identité de son père afin de se protéger et de le protéger.

Adrienne Young nous propose ici une relation rendue compliquée par l’environnement dangereux et impitoyable dans lequel le père et la fille évoluent. De prime abord, Saint semble être un monstre sans coeur qui n’a pas hésité à abandonner sa fille au moment où elle avait le plus besoin de lui. Mais on découvre, page après page, que les choses sont plus complexes qu’il n’y paraît, et que certaines décisions difficiles ont dû être prises quitte à blesser pour protéger. Je n’ai clairement pas approuvé Saint, parce que je pense qu’une autre solution était possible, comme changer de vie et recommencer ailleurs et autrement avec sa fille, mais j’ai compris qu’il a fait ce qu’il estimait le mieux pour elle. Cela apporte une touche d’humanité à un personnage en apparence froid et calculateur, dont je suis curieuse de découvrir l’histoire dans le préquel sortant en novembre en VO.

Saint est un personnage complexe dont on ne fait qu’effleurer la personnalité, l’autrice s’attardant ici sur Fable, sa quête, ses failles, ses désillusions, ses espoirs, et toutes ces émotions qui ne manqueront pas de l’assaillir durant cette périlleuse et mouvementée aventure. La jeune fille éprouve des sentiments confus et parfois contraires envers son père, entre envie presque désespérée de le retrouver, du moins de retrouver son père d’avant le drame, et défiance envers un homme qui l’a profondément blessée. Si la relation tendue et complexe entre le père et la fille est intéressante, j’ai également aimé la relation que va nouer Fable avec West, le marchand qui l’a sauvée, et de bien des manières, et les autres membres de sa flotte. De fil en aiguille, elle va s’intégrer au groupe et peut-être enfin trouver ce qu’elle cherchait depuis 4 ans sans même le réaliser… Tous ensemble, ils forment un groupe disparate mais attachant auquel on souhaite le meilleur en plus d’un bon vent !

Mon seul petit bémol concerne l’émergence de sentiments que j’ai trouvée un peu étrange dans la mesure où je n’ai pas vraiment ressenti la connexion s’établir. Néanmoins, je reconnais que dans un monde où montrer ses émotions revient à se mettre un couteau sous la gorge, cela se comprend sans peine. Et puis, cette partie reste minime et apporte un peu de douceur à une histoire soumise aux caprices du vent, de la mer, et de concurrents prêts à tout pour étouffer leurs rivaux. Cette rivalité exacerbée entre marchands m’a d’ailleurs beaucoup plu, et m’a parfois un peu rappelé la violence des rapports entre pirates !

Ce monde marchand est difficile, mais il semble inexorablement attirer Fable, même si son père pense qu’elle n’est pas faite pour ce dernier. Opinion que je ne partage pas, notre héroïne étant courageuse et n’hésitant pas à prendre des risques pour obtenir ce qu’elle souhaite, même s’il lui faudra du temps pour comprendre la véritable nature de ses désirs profonds. En plus de ses talents de plongeuse avérées, elle possède également un don rare hérité de sa mère, celui de comprendre le langage des gemmes. Je reconnais avoir été fascinée par ce don inhabituel et précieux qui se révélera aussi utile que dangereux. En effet, ce qui est rare est cher et ce qui est cher attise la convoitise, que l’on parle de pierres précieuses ou d’une jeune fille capable de les repérer et de les comprendre…

Le rythme de ce premier tome n’est pas effréné, mais on ne s’ennuie pas un instant, l’autrice veillant à ce qui se passe toujours quelque chose : contretemps plus ou moins graves, mensonges et révélations, dangers tapis dans l’ombre, représailles élaborées dans l’antre d’une taverne, rivalités exacerbées par des rancunes tenaces… Mais le gros point fort de ce roman, du moins pour moi, reste la plume d’Adrienne Young que j’ai trouvée fine, imagée et expressive. J’ai aimé les comparaisons poétiques et la richesse et précision du vocabulaire rendant les descriptions des décors et de l’environnement particulièrement immersives. On a presque l’impression de sentir l’eau sur notre corps, de savourer le silence et la quiétude de la vie sous-marine, de percevoir la sensation du vent qui souffle, et l’apprêté salée d’un monde dangereux mais fascinant qui vous happe… pour le meilleur et pour le pire !

En conclusion, roman à l’ambiance finement travaillée, L’aventurière des mers enchante les lecteurs par le monde sans pitié dans lequel il les embarque dès les premières pages, grâce à la plume imagée, évocatrice et immersive d’Adrienne Young. Emplis de dangers, de rivalités et de secrets, un roman d’aventures, entre terre et mer, dans lequel une jeune femme va devoir lutter pour sa survie, et un héritage qu’elle est bien décidée à revendiquer. Mais ce roman, c’est aussi une quête de soi avec en son coeur la famille, que ce soit celle de sang, avec ses souvenirs heureux noyés sous les désillusions, ou celle de coeur qui apaise et donne le sentiment d’avoir enfin trouvé sa place. Mais rappelez-vous que posséder, c’est aussi prendre le risque de tout perdre…

63 réflexions sur “Fable, l’aventurière des mers, Adrienne Young

    • Pour la romance, heureusement, elle ne prend pas de place et saura peut-être plus te convaincre. Pour ma part, elle ne m’a pas fait battre le coeur (ça fait un peu guimauve dit comme ça, mais c’est le principal point qui m’a gênée). Sinon, le reste est très réussi 🙂

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  1. Comme promis, je suis de retour pour découvrir ta chronique.

    Je vous que nous sommes on ne peut plus d’accord en ce qui concerne le redoutable fluide, immersif et efficace plume de l’auteure.
    Pour le reste, j’avoue que je ressors légèrement plus nuancé que toi tant j’ai apprécié l’intrigue même si elle aurait pu être bien plus que cela tant Adrienne Young n’approfondit que trop peu son sujet.
    Ce que tu as ressenti concernant les sentiments assez abruptes entre nos personnages, je l’ai ressenti pour quasiment toute l’intrigue. Tout est presque trop bien assemblé finalement.

    Encore une lecture qui aurait été riche en commun 😉

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    • La plume nous a clairement enchanté tous les deux 🙂 Je l’ai trouvée bien plus imagée et poétique que pour la plupart des autres romans du genre.
      C’est vrai que ça aurait pu être plus approfondi, mais pour du YA, ça ne me dérange pas (trop)…
      En effet ! Je suis certaine qu’on aurait pu avoir des échanges riches autour de cette lecture 🙂

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  2. J’en suis au tiers du livre et je suis désarçonnée par ta chronique qui dévoile une romance : quels que soient les personnages concernés, je confirme que ça n’a pas sa place entre ces membres d’équipage focalisés essentiellement sur la survie et le sauvetage de leur commerce. Et voilà un énième titre de young adult avec une romance forcée…

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