À la reconquête de l’Ouest, Audrey Françaix

Couverture À la reconquête de l'Ouest

Je remercie les éditions de l’Archipel de m’avoir envoyé À la reconquête de l’Ouest d’Audrey Françaix en échange de mon avis.

Entre querelles, secrets de famille, émotions et fous rires, ce périple aussi tendre que déjanté est à l’image des relations humaines : truffé de paradoxes et de rebondissements ! Quand un couple à la dérive met les voiles vers une belle-famille totalement à l’ouest… Les épreuves de la vie ont érodé le couple de Manu et Gwen, mariés depuis seize ans et parents de deux ados. Lui brûle toujours d’amour, mais elle a perdu tout désir pour lui. Déterminé à la reconquérir, il l’entraîne avec les enfants en Bretagne, à la rencontre d’une belle-famille dont il ne sait rien. Mais si Gwen a coupé les ponts avec les siens, ce n’est pas sans raison… Lorsque Manu découvre le clan des Kermarrec, et que débarque l’ex-petit ami de Gwen, l’histoire se transforme en vrai rodéo ! Comment Manu va-t-il sauver leur mariage du naufrage ?

AVIS

Autant le dire tout de suite, le côté feel good de ce roman n’a pas, mais alors pas du tout fonctionné sur moi. La faute à un personnage féminin que j’ai trouvé particulièrement agaçant, voire franchement antipathique. Et quand on me donne envie de jeter un livre toutes les 10 minutes, j’ai bizarrement un peu de mal à me détendre…

Après 16 ans de mariage et deux enfants, la routine s’est installée entre Gwen et Manu, au grand dam de ce dernier qui sent sa femme s’éloigner de lui. Dans l’idée de la reconquérir, il décide alors d’organiser des vacances surprises en Bretagne afin de permettre à Gwen de renouer avec sa famille. Une idée saugrenue et particulièrement maladroite quand l’on sait que Gwen a coupé les ponts avec les siens depuis longtemps et qu’elle n’a aucune envie de les revoir. D’ailleurs, sur place, cette dernière ne va pas être ravie de l’initiative de son époux, et c’est un euphémisme. Quant à Manu, il va vite réaliser que chez les Kermarrec, les réunions de famille sont mouvementées ! 

J’ai apprécié le cadre géographique, l’autrice nous offrant un portrait très flatteur et attirant de la Bretagne et de ses multiples charmes, mais aussi le cadre familial, les membres de la famille de Gwen ayant de la personnalité ! Malgré les craintes de Manu, l‘accueil sera plutôt aimable et enthousiaste à quelques exceptions près, le père de Gwen n’étant guère enclin à accueillir à bras ouverts sa fille. Heureusement, le fils cadet de Gwen et Manu arrivera très vite à s’imposer, et fera un peu le pont entre ses parents et cette famille qu’il découvre… Cet adolescent m’a impressionnée par son intelligence émotionnelle, et la manière dont il va tout de suite trouver ses marques en Bretagne et sa place chez les Kermarrec.

J’ai, en revanche, eu beaucoup de mal à supporter le père tyrannique et homophobe de Gwen. Il évolue certes un peu au fur et à mesure que les liens avec ses petits-enfants se développent, et que sa rancune envers sa fille s’apaise, mais pas assez pour faire oublier tout le mal qu’il a pu faire à sa famille. Et ce n’est pas son geste symbolique envers l’un de ses gendres qui m’a personnellement permis de le trouver plus sympathique. Gendre qu’il avait d’ailleurs refusé de rencontrer 16 ans auparavant parce qu’il n’était pas Breton et contrevenait aux plans d’avenir qu’il avait pour sa fille. Un peu caricatural et archaïque, non ? Il faut dire que l’autrice joue beaucoup sur la réputation des Bretons…

Tel père, telle fille ? On est en droit de se poser la question, Gwen et Alain étant aussi obtus, fiers et intransigeants l’un que l’autre, n’hésitant pas à laisser parler leur orgueil au détriment des leurs… Gwen est LE personnage qui a rendu ma lecture compliquée. Fermée à la discussion, caractérielle, autoritaire, dénuée d’empathie, injuste… Cette femme ne semble pas avoir d’autres qualités que celui d’être une bonne mère. Je l’ai trouvée insupportable au possible et même cruelle, celle-ci n’hésitant pas à flirter avec son amour de jeunesse devant son mari et toute sa famille, tout ça sous le prétexte de « faire le point sur ses sentiments ». C’est sûr que pour tenter de sauver son couple, rien de mieux que de mentir à son conjoint et de l’humilier sans ne jamais tenir compte de ses sentiments…

Si j’aime les romans qui se terminent bien, ici, je n’ai rêvé que d’une chose que Manu divorce parce que pour sauver un couple, il faut être deux. Or, Manu est seul, pire c’est la variable d’ajustement qui doit s’adapter aux emportements de sa femme incapable du moindre compromis, comme si elle était la seule à compter. Manu n’est pas parfait, on comprend qu’il a pu avoir tendance à se reposer sur Gwen, mais vu son caractère, j’ai envie de dire qu’à ce stade, c’est de l’instinct de survie.

Tout au long de ma lecture, j’ai été peinée pour Manu qui passe pour un pauvre idiot prêt à tout pour reconquérir une femme qui lui reproche d’être trop gentil, et de ne plus la regarder comme avant depuis la mort de ses parents. Quant à elle, aucune remise en question ni de tentative pour relancer son couple, ou même pour soutenir son mari dans son deuil, qu’il est prié d’arriver à surmonter… Gwen finit, il est vrai, par évoluer et avoir une certaine prise de conscience, mais un peu trop tard pour me permettre d’oublier que la plupart de ses interventions m’ont crispée. À titre personnel, j’ai détesté l’image que ce personnage renvoie des femmes, une image stéréotypée qui est déjà bien assez ancrée dans la société sans qu’on ait besoin de la retrouver dans un roman.

Malgré certains personnages antipathiques et caricaturaux, j’ai été très touchée par un homme doux, posé et profondément humain qui a passé sa vie à s’occuper de sa femme, et par un oncle qui va tout faire pour faciliter l’intégration de Manu dans la famille. Mais j’ai surtout apprécié la mère de Gwen qui va petit à petit s’émanciper de son mari et Fiona, la grand-mère paternelle de Gwen. Toutes les deux semblent soudées par une surprenante et touchante complicité teintée de solidarité féminine. Fiona est mon personnage coup de cœur dans ce roman : espiègle et drôle, c’est un plaisir de la voir mener sa nouvelle vie, une vie que cette fois-ci, elle a choisie par elle-même pour elle-même. Elle apporte un véritable vent de fraîcheur au roman. Et puis, elle est le parfait exemple que la vie peut toujours nous réserver un nouveau départ !

J’ai regretté un manque de nuance dans la construction et la psychologie de certains personnages, mais je reconnais leur pluralité et le fait qu’ils ne laissent pas indifférents. L’autrice veille également à parsemer son récit de secrets de famille, de découvertes inattendues, de rebondissements, d’espoir, et de ces instants qui réchauffent les cœurs, et permettent de croire aux secondes chances et lendemains qui chantent. J’ai régulièrement râlé durant ma lecture, mais j’ai vécu cette histoire intensément ! Je ne me suis d’ailleurs jamais ennuyée, d’autant que la plume de l’autrice est aussi fluide que vive à l’image d’une famille qui semble unie de l’extérieur, mais qui est parcourue de vents contraires à l’intérieur.

En conclusion, ce roman classé feel good n’a pas eu l’effet escompté sur moi parce que là où j’espérais une romance toute mignonne avec un homme tentant de relancer un couple endormi par la routine, j’ai découvert un pauvre bougre qui se bat tout seul contre la tempête Gwen, bien peu soucieuse des dégâts qu’elle peut occasionner tant que son orgueil est préservé. Ma lecture ne m’a donc pas apporté ce que j’espérais, mais si vous avez envie d’une plongée en pleine Bretagne au cœur d’une famille de caractère dont on découvre les secrets, les rancunes, les failles, mais aussi les qualités et les solidarités, ce roman pourrait vous plaire, d’autant que la plume vivante et entière de l’autrice sied à merveille aux Kermarrec !

N’hésitez pas à lire d’autres avis, tous bien plus enthousiastes que le mien : Rowena bookine, Geek-o-Polis, Les lectures de Lily, L’antre de Luciole

34 réflexions sur “À la reconquête de l’Ouest, Audrey Françaix

  1. Il est clair qu’une lecture peut se dévoiler compliquée lorsque l’on ne parvient pas à s’attacher un minimum aux personnages dévoilés et encore plus lorsque l’on pense passer un moment de détente en leur compagnie. Heureusement que le cadre et la plume de l’auteure ont quelque peu sauvé la donne.

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  2. Eh bien, le personnage de Gwen ne m’inspire guère. En tout cas, les points que tu soulignes la concernant me dérangent autant qu’à toi. En revanche, la façon dont tu parles de Manu m’a touchée. Ca me donne même envie de le rencontrer ce monsieur ! 😁 En ce qui concerne le roman en général, il ne fera sans doute pas partie des lectures feel good de mon Printemps/Été.

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  3. « Gendre qu’il avait d’ailleurs refusé de rencontrer 16 ans auparavant parce qu’il n’était pas Breton …  » Archaïque, c’est peu dire, limite sectaire tout de même… Pas très sympathique ce personnage et très cliché. Sans parler de Gwen, c’est un portrait peu enchanteur. Malgré les autres personnages qui ont eu un effet plus positif sur toi, ça ne rattrape pas le tout, dommage pour un roman feel good.

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