Nous sommes tous égaux devant la mort ?
Ni les rois, ni les mendiants ne peuvent s’y soustraire. Elle soulève des questions universelles : à quoi consacrer nos vies avant qu’elles ne s’achèvent ? Quelles causes méritent le sacrifice ultime ? L’amour ? La justice ? Le devoir ? Aucune d’entre elles ?
Ce roman de dark fantasy relate les existences croisées de sept personnages condamnés par le destin. À travers leurs oppositions, il explore ce que signifie « être un héros ». Sur le continent de Gestalt au bord de la guerre, les corps sont détruits, les âmes volées et les idéaux broyés.
Ne reste qu’un vide béant dans lequel il appartient à chacun d’insuffler du sens.Le Chant du Cygne (octobre 2021) – 338 pages – Papier (20,99€) – Ebook (9,99€)
Couverture : Damien Nagy
AVIS
Une plume sombre et poétique au service du Destin…
Découvert par hasard, ce roman, à la couverture artistique et au résumé sombre et mystérieux, m’a tout de suite intriguée. Et je dois dire qu’il ne m’a pas fallu longtemps pour être sous l’emprise de la plume de l’auteur. Fluide, brute et poétique à la fois, elle se fond dans l’histoire des personnages qu’elle met en scène, ou plutôt qu’elle jette dans une quête de sens de laquelle aucun ne ressortira vainqueur ou glorieux. Pas de véritable héros ici, mais des vies qui vacillent au gré des événements et d’un destin farceur qui n’engage que celui qui y croît. L’auteur offre d’ailleurs une véritable réflexion sur ce qu’est le destin, jouant avec brio sur le lien entre les prophéties, ceux qui les annoncent et ceux qui les (dé)font.
Il y a quelque chose d’aussi fabuleux que cruel à voir des hommes et des femmes pris dans une toile d’araignée dont les fils s’emmêlent et se démêlent au gré de leurs actions et de leurs décisions, de leurs sentiments qui virent à l’obsession et brouillent leur jugement, de leur sens de la justice et des responsabilités qui finit inexorablement par les broyer et les déshumaniser. Quelles que soient les raisons qui poussent nos personnages à avancer, à se lancer dans la bataille de la vie et de la mort, une question finit par nous hanter : sont-ils héros ou prisonniers d’un jeu d’échec dont ils n’ont aucune chance de sortir vainqueurs, et encore moins vivants ? Car, si rien n’est gravé dans le marbre, une aura d’inéluctabilité froide et implacable semble néanmoins planer autour de nos personnages, telle une épée de Damoclès qui n’attend que le bon moment pour frapper.
Un roman de dark fantasy qui interroge le sens de la vie ou son absence de sens…
Comme indiqué dans le résumé, on est dans un roman de dark fantasy, un roman qui n’épargne personne : ni les protagonistes qui sont sur le chemin de la guerre, ni les lecteurs. Certaines scènes sont gores, mais jamais gratuites ni pléthoriques. L’auteur nous propose quelque chose de bien plus subtil, une œuvre qui met l’homme face au sens de la vie, ou plutôt à l’absence de sens. Quand on apprend que la justice triomphe du mal, que l’amour est plus fort que tout, il s’évertue à nous offrir contre-exemple après contre-exemple. De fil en aiguille, on finit par se sentir soi-même cerné par la noirceur et un mal insidieux qui semble toujours trouver le moyen de triompher.
L’ambiance est sublime dans sa cruauté et trouve sa quintessence dans un retournement de situation époustouflant, qui m’a rappelé la cruauté des contes d’antan ! De cruauté, il en est question ici, une cruauté qui prend naissance, entre autres, dans les sentiments, la douleur et les espoirs, la rendant froide et grisante, au point qu’une victime en vient à se perdre dans la contemplation de son bourreau. Point final magistral à un roman qui l’est tout autant, l’épilogue m’a subjuguée et m’a donné le sentiment de m’être laissé piéger, au même titre que les protagonistes, par l’esprit tortueux d’un auteur, qui a l’art et la manière de déployer son imaginaire jusque dans les plus sombres recoins de l’âme humaine.
Des destins variés et finement dessinés qui se croisent dans une valse mortelle et impitoyable…
Le récit est sombre et tranchant, bien que parfois rehaussé de pointes de lumière, à l’image d’hommes et de femmes prêts à bien des exactions et des sacrifices pour faire coller la réalité à leurs fantasmes. Pour faire coller une réalité bien crue à leurs sentiments et leur besoin de sens et de libre arbitre, donnant par là même force à ce destin qu’ils s’évertuent, pour certains, à combattre, à modeler ou à plier à leurs caprices et volonté. Les profils sont divers et variés et d’emblée fascinants, marquants : un astrologue troque sa vue et abandonne sa famille contre un pouvoir qu’il pense indispensable à la paix de son royaume ; une divinatrice se joue du destin des hommes avant d’être rattrapée par le sien ; une guerrière, en raison d’une prédiction, part à la recherche d’un dangereux nécromancien ; un jeune homme, seul à avoir conservé une certaine candeur, se lance dans une guerre pour sauver un monde qui le méprise et le maltraite, tout ça par sens de l’amitié ; un mage pétri de chagrin commet le pire pour sauver son amour, son bel et pur amour ; un être mi-homme mi-monstre pense pouvoir se repentir en acceptant sa captivité et les sévices de ses bourreaux…
Des destins que l’on suit alternativement, avant de découvrir le fil qui en relie certains à d’autres, suivant un tableau dont la vue d’ensemble se dégage à mesure que l’on tourne les pages. L’exploit de l’auteur, oui, je vais parler d’exploit à ce niveau, est d’avoir su en un peu moins de 350 pages nous offrir des protagonistes extrêmement différents les uns des autres, mais qui réussissent absolument tous à nous coller à la peau, à se faire une place dans notre esprit pour s’y nicher durablement, nous faire cogiter, réfléchir, réagir, ressentir… Impossible dans un tome unique de cette taille de tracer la genèse de chacun d’entre eux, mais Gestalt nous prouve qu’il n’en est nul besoin quand l’on possède une plume capable d’instaurer et de faire vivre des personnalités de cet acabit en si peu de pages !
Pour une fois, je ne vais pas entrer dans les détails, afin de vous laisser le plaisir de découvrir par vous-mêmes ces personnages, mais retenez seulement qu’aucun ne vous laissera indifférent. Alternant entre pulsions de vie et de mort, entre héroïsme et violence motivée par un appétit de vengeance et de destruction, les gentils ne le sont jamais tout à fait. Quant à savoir si cela est dû à la nature inhérente des Hommes ou à un destin dont l’implacabilité a fini par laisser des traces indélébiles dans leur cœur et leur âme, chacun se fera sa propre opinion… Si l’auteur ne ménage aucun de ses protagonistes, il offre, en outre, à chacun d’entre eux une évolution probante. Il dévoile chez certains une force insoupçonnée, chez d’autres une noirceur inattendue ou, à l’inverse, un regain d’une humanité que l’on pensait désagréger dans les facéties du destin et d’une magie mal maîtrisée. À cet égard, le principe de l’Échange m’a passionnée et fascinée, la magie dans ce monde étant du genre à tout vous prendre sous couvert de tout vous donner !
En conclusion, l’auteur nous offre un roman de dark fantasy qui nous égratigne, nous pousse dans nos retranchements, et nous conduit à nous interroger sur ce qu’on est prêt à sacrifier au nom de l’amour, d’un certain idéal de justice, de la culpabilité, ou d’une quête de pouvoir dont la vacuité finit par nous écraser. En filigrane, se pose également cette question du destin, de la course du temps et du sens de la vie. Aimer, haïr, protéger, conquérir, (se) trahir, tuer… Et, si finalement, rien n’avait d’autre sens que celui qu’on arrive à trouver à tous ces petits et grands actes qui conduisent l’Homme sur le chemin de sa propre déchéance. Alternant entre des destins variés sur lesquels plane une aura de drame, Gestalt est un roman qui se démarque par la construction irréprochable de ses personnages, et un sens de la mise en scène qui fait de chaque page, une occasion de se prendre et de se perdre dans les filets d’un auteur à l’imaginaire riche et impitoyable, et à la plume d’une poétique noirceur.
Captivant, sombre et pourtant criant d’une humanité dépourvue d’artifice, l’un des meilleurs romans de dark fantasy que j’aie pu lire !
Si le livre vous intéresse, je vous invite vivement à télécharger gratuitement le premier chapitre sur le site des éditions du Chant du Cygne. Il m’a suffi de quelques lignes pour savoir que ce roman allait me plaire, il en sera peut-être de même pour vous !
Je remercie la maison d’édition pour m’avoir envoyé ce roman en échange de mon avis et ai hâte de découvrir les futures parutions de cette structure qui semble fort prometteuse !
Je vais lire le premier chapitre, ce n’est pas mon style de lecture mais ton article m’a convaincu !
J’aimeAimé par 1 personne
C’est la plus chose qu’on puisse me dire sur un avis 🙂 J’espère que ce premier chapitre te donnera envie d’aller plus loin…
J’aimeJ’aime
bonjour, comment vas tu? ouh là là c’est bien sombre… je ne pense pas que c’est la bonne époque pour lire ce style 😉 passe un bon lundi et à b ientôt!
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, c’est sombre, mais j’avoue que je l’ai trouvé parfait pour la saison et finir en beauté avant d’entamer mes lectures de Noël 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Ohlala quelle chronique !
Ton enthousiasme et la façon dont tu retranscris l’ambiance très sombre du titre le donne terriblement envie. C’est un ajout direct à ma wishlist !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci pour ton commentaire qui me touche beaucoup, ce roman me tenant à cœur.
J’espère avoir la chance un jour de lire ton avis dessus !
J’aimeAimé par 1 personne
Coucou ! Ta chronique est très intéressante, très complète et bien écrite ! Merci pour cette découverte 🙂 Belle journée 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Merci, c’est très gentil de ta part 🙂
Avec plaisir et bonne soirée !
J’aimeAimé par 1 personne
J’avais repéré ce livre à cause de sa couverture qui m’intriguait, mais je l’avais reposé parce qu’au vu du résumé, je n’avais pas vraiment compris de quoi il allait être question ^^
Je le note pour une éventuelle sortie au format poche ou un achat d’occasion, tu donnes envie de le découvrir, mais je crains que ça soit un peu plombant pour le moral 😆
J’aimeAimé par 1 personne
Je trouve aussi la couverture super intrigante, avec un côté presque cinéma d’art et essai. C’est vrai que le résumé est nébuleux, mais une fois qu’on tourne la dernière page, on le trouve extrêmement bien formulé 🙂
Ravie de te donner envie ! Je n’ai pas trouvé ça plombant, mais clairement, il ne faut pas s’attendre à une fin heureuse avec le triomphe du bien sur le mal… Il vaut mieux choisir le bon moment pour le lire.
J’aimeAimé par 1 personne
Coucou très dark comme roman; il pourrait plaire à un de mes proches
J’aimeJ’aime
En effet 🙂 J’espère que ça plaira à ton proche si un jour il se lance…
J’aimeJ’aime
Merci pour cette prodigieuse chronique qui me fait découvrir un roman que je n’aurais pas découvert sans toi. Le côté sombre de cet dark fantasy a de quoi me séduire. Je me le note pour l’année prochaine et pour une autre saison 😉
Merci à toi !
J’aimeAimé par 1 personne
Ravie de t’avoir permis de découvrir ce très bon roman, et encore plus qu’il te tente, même si c’est pour une autre saison 🙂
Avec plaisir et bonne future lecture !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci de ton retour, je suis contente de voir que ca a été une super lecture de ton côté !
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, j’ai même frôlé le coup de cœur 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
J’en conclue que le titre du livre est tout à fait adpaté donne déjà en soi une indication de ces destins multiformes ?
Pourquoi pas, j’aime beaucoup ce que tu en dis.
J’aimeAimé par 1 personne
En effet 🙂
Merci et ravie que tu aies apprécié ce que je dis de ce roman…
J’aimeAimé par 1 personne
Oh la la ! Tu m’as donné tellement envie de le découvrir avec cette chronique ! Pourtant je n’aurais certainement pas flashé sur lui malgré sa couverture qui intrigue ! Mais après avoir lu « une œuvre qui met l’homme face au sens de la vie, ou plutôt à l’absence de sens » et avoir découvert qu’aucun gentil ne l’est vraiment face à son destin, j’ai bien envie de me laisser à mon tour tenter par la plume machiavélique de cet auteur. Merci Audrey, je le note de suite ! 😃
J’aimeAimé par 1 personne
Un commentaire qui me fait super plaisir, d’autant que les deux points que tu cites sont vraiment deux atouts forts du roman 🙂 Bonne future découverte !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup ! 😃
J’aimeJ’aime
Ca a l’air sombre, mais ça ne me dérange pas non plus. En tout cas, tu sembles très enthousiaste. Je guette l’avis de Tampo’ pour voir si elle est charmée aussi… Ce sera déterminant pour mon craquage.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, j’ai frôlé le coup de cœur !
Dans ce cas, tu ne devrais pas attendre trop longtemps 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Merci pour cette belle chronique ! Gestalt est dans ma PAL, et vu ce que tu en dis, ça pourrait bien être ma came, mais je réserverai la lecture pour une période où je suis solide moralement.
Ceci dit, je l’ai acheté en salon et j’avais discuté avec l’auteur pour déterminer si le côté sombre pourrait m’aller ou pas, et il m’avait convaincue. Ton avis me conforte dans l’idée que, lu au bon moment, j’ai de bonnes chances d’apprécier ! 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, on en avait discuté sur Instagram, mais je pense qu’en choisissant le bon moment, tu as toutes les chances d’apprécier ce bon roman à l’ambiance sombre, mais jamais pesante…
Cela a dû être une chouette expérience de pouvoir rencontrer l’auteur 🙂
Et merci, je suis ravie que mon avis t’ait plu !
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, c’était chouette ! 🙂 C’est l’un des points que j’adore en salons, pouvoir rencontrer et discuter avec les auteurs. Vivement les prochains !
J’aimeAimé par 1 personne
Pingback: C’est le 1er, je balance tout ! novembre | Light & Smell
Ah, celui-là, il me fait cruellement de l’œil et au vue de ton avis, c’est encore plus le cas ! Il va vraiment falloir que je lui trouve une place dans mon planning…
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne peux qu’approuver 🙂 C’est un très bon roman !
J’aimeJ’aime
Pingback: Top Ten Tuesday #241 : mes 10 meilleures lectures de SFFF de l’année | Light & Smell
Pingback: Passer la quatrième – Le Chant du Cygne
Pingback: Gestalt d’Ivan Kwiatkowski – Les Blablas de Tachan
Pingback: In My Mailbox #244 : romans, coffret collector et beau livre | Light & Smell
Pingback: La Dimension Heisenberg d’Éric Lysöe – Les Blablas de Tachan
Sombre et poétique, c’est apparemment fait pour moi ! ^^ La couverture m’intrigue déjà bien, ton avis ne fait que renforcer mon envie de lire ce livre.
J’aimeAimé par 1 personne
Si tu aimes les univers sombres alors ce roman devrait te plaire 🙂 Je suis ravie que mon avis renforce ton envie de découvrir ce texte atypique et marquant.
J’aimeJ’aime
Pingback: Des quatrièmes de couverture pour mieux découvrir – Le Chant du Cygne