Le cantique du noyé, Manon Segur

Cantique-du-noyé

Je remercie JS Éditions de m’avoir envoyé Le cantique du noyé de Manon SEGUR en échange de mon avis.

Résumé :  Déchirez le voile des croyances et des non-dits…
Quand Matthieu Felzac rencontre Aurore Steiner, c’est le coup de foudre instantané. Malheureusement, une menace pèse sur la jeune femme. Il se doit donc d’intervenir pour libérer sa bien-aimée.
À moins que…
Lorsque Judith Dinh Thi, prometteuse cantatrice au passé trouble, découvre le compagnon de sa meilleure amie tabassé et laissé pour mort dans son salon, il ne fait aucun doute que la pauvre femme a été enlevée. Une valse tissée de substances mystérieuses, de manipulations médicales et politiques, de complots et de sectes rivales va très vite s’enrouler autour de sa quête de vérité.
Quel lien unit ces histoires à la mystérieuse pluie d’étoiles survenue bien des années auparavant lors d’une nuit de printemps ?

JS Éditions (4 avril 2024) – 524 pages – 24€

AVIS

Ayant beaucoup aimé Vox, j’étais curieuse de découvrir un autre roman de la maison d’édition, mais l’expérience fut hélas bien moins concluante que je ne l’espérais.

Après des débuts enchanteurs, JS Éditions proposant ici un très bel ouvrage aux lignes soignées, mon enthousiasme s’est rapidement transformé en crainte de ne pas arriver à terminer le roman. Je vous rassure, j’ai fini par le lire sans déplaisir, mais j’ai été décontenancée par les premiers chapitres qui semblent souffrir d’une recherche de style au détriment du sens. On sent que Manon Segur a voulu soigner ses phrases en apportant à sa narration un effet poétique qui n’a toutefois pas fonctionné sur moi. Quand l’on doit s’y prendre à deux personnes pour tenter de mettre un sens derrière une juxtaposition de mots, aussi recherchés soient-ils, j’aurais tendance à penser que la forme dénature le fond ou qu’elle le rend confus.

Les métaphores parfois dépourvues de sens, ou du moins tirées par les cheveux, et le tic de langage autour du mot médiéval, ont failli avoir raison de ma patience qui, je le concède, est fort peu développée, mais heureusement, l’autrice prend par la suite son envol. Le style reste riche, ce que j’ai apprécié, mais ne s’encombre plus de ces sortes d’effets de manche littéraires dont la maladresse avait freiné ma lecture. Je me suis d’ailleurs demandé, suite à un retournement de situation très bien amené, si cette maladresse n’était pas volontaire afin de refléter l’esprit confus de l’un des personnages. Quoi qu’il en soit, je dois dire qu’après des débuts laborieux, l’autrice a réussi à titiller ma curiosité.

La construction du récit autour de différents personnages fait que certaines parties m’ont plus intéressée que d’autres, mais aucune ne m’a laissée indifférente. De fil en aiguille, une intrigue d’une belle richesse et complexité s’offre à nous, l’autrice ayant effectué un énorme travail pour proposer une histoire peu commune à la croisée des genres. Je lis beaucoup ce qui me permet d’avoir souvent une idée du chemin qu’un auteur souhaite faire emprunter à ses lecteurs. Or, ici, je n’ai rien pu anticiper et j’ai redécouvert le plaisir d’être guidée et de me laisser prendre dans les filets de l’esprit retors des personnages et, par extension, de l’autrice.

Au gré des révélations et des découvertes réalisées par les personnages, les lecteurs sont confrontés à un concept original aussi effrayant que fascinant. Un concept dont Manon Segur nous offre une intéressante genèse en plus de nous laisser entrevoir, petit à petit, ses implications et ses enjeux peu communs. J’ai vraiment eu cette impression d’une toile finement tissée chapeautant une intrigue aux différentes ramifications qui se joue des apparences pour entraîner les lecteurs sur un terrain glissant. Le genre de terrain dont on craint de ne pas sortir indemne, a fortiori quand l’on réalise que les forces en jeu dépassent ce que l’on peut, de prime abord, imaginer.

Allant de surprise en surprise, mon esprit est resté constamment en alerte, d’autant que l’autrice ne lésine pas sur les épreuves que devront affronter ses personnages : que ce soit une femme kidnappée par un homme entravé par ses pensées déviantes et ses fantasmes, un homme prêt à tout pour sauver la femme qu’il aime tout en se rapprochant d’une vérité sur laquelle il ne s’est jamais trop penché, une artiste bien décidée à retrouver sa meilleure amie quitte à s’associer à un homme qu’elle n’apprécie pas, une doctoresse dont il faudra du temps pour cerner la personnalité et les intentions derrière les étranges actions… L’ambiance est sombre, la peur un moteur et le sentiment d’urgence un leitmotiv pour avancer malgré l’adversité et le danger représenté, entre autres, par un individu à l’esprit détracté ou plutôt endoctriné.

Appréciant les histoires autour des sectes et de leurs ravages, cet aspect du roman m’a plu... Le fait qu’il soit couplé à une force, dont je vous laisserai le plaisir de découvrir la nature, a rendu le tout encore plus prenant et original. Original est d’ailleurs le mot qui qualifie à merveille Le cantique du noyé que j’aurais du mal à classer, ce dernier flirtant avec le thriller, la science-fiction et la romance. C’est un combo qui plaira ou non, mais qui a exercé sur moi un certain attrait, le côté thriller imposant une tension implacable, le côté science-fiction ouvrant nettement l’horizon de l’intrigue, et la romance servant de force motrice en plus d’apporter une intensité émotionnelle indéniable. Alors si je ne me suis pas attachée aux personnages, je me suis sentie assez impliquée émotionnellement pour espérer que les bons triomphent du mal et que certains s’accommodent d’une nature peu opportune et commune…

En conclusion, Le cantique du noyé de Manon Segur est une lecture à la croisée des genres qui ne peut laisser indifférent mais qui ne convaincra pas tous les lecteurs. Au cours de la lecture, mon état d’esprit a d’ailleurs varié d’un pur désintérêt à une étrange fascination. Je vous recommanderai donc le roman si vous avez envie d’une histoire qui sort des sentiers battus et qui mélange différents genres pour développer et affirmer son identité propre. Entre les faux-semblants, les vérités dévoilées dans la douleur, l’esprit embrumé de certains et la combativité des autres, le récit se pare d’une aura sombre qui connaît néanmoins et heureusement quelques éclaircies !

32 réflexions sur “Le cantique du noyé, Manon Segur

  1. Déjà, la couverture me fait fuir… mais si en plus, il faut être deux pour comprendre… Je pense que le début d’un livre doit accrocher le lecteur d’une façon ou d’une autre. Il peut être énigmatique d’un point de vue stylistique, mais dans ce cas, je ne fais confiance qu’aux auteurs confirmés. J’ai tort sans doute et je n’ai pas ta patience (qui a été récompensée), mais il y a tant à lire…

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    • Je t’avoue que je l’aime bien cette couverture…
      On va dire que le début est obscur mais que par la suite, un seul cerveau suffit 😉
      Je te comprends. Si cela n’avait pas été un SP et que je n’avais pas toute confiance en la maison d’édition, j’aurais abandonné ma lecture.

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  2. Même si le concept peut être intéressant et l’ambiance aussi, je pense que cette recherche de style (sans que ça n’apporte rien) m’aurait d’emblée perdue et empêchée d’entrer dans le roman. Je préfère donc passer mon chemin 😅

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  3. Je comprends ta déception. Je déteste les phrases alambiquées. Le plaisir de lecture est gâché lorsqu’il faut remettre les mots dans le bon sens et passer 10 minutes à tenter d’élucider la pensée de l’auteur. Sinon, je ne connaissais pas les JS éditions.

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  4. Coucou,

    Ton article me rend très curieux envers ce livre. Quand quelque chose est très original ou très particulier, ça passe ou ça casse ! ^^

    Je suis désolé pour ma longue absence, ça ne se passe pas très bien pour mon livre et j’avais besoin de me couper d’Internet pour faire un bilan et prendre des décisions.

    Belle journée. 🙂

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    • C’est vrai et ce roman entre pour moi dans cette catégorie du ça passe ou ça casse 🙂
      Tu n’as pas à t’excuser ; il est important que tu penses à toi surtout si tu traverses une période difficile…
      Merci et bonne soirée 🙂

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  5. Je ne connais pas du tout cette maison d’édition. Bon, il semble y avoir du bon et du moins bon, à te lire. Moi dès que ça pêche au niveau du style, ça peut être la meilleure intrigue du monde, ça ne passe pas du tout…

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  6. J’avoue que malgré ce que tu soulignes, ce roman me rend curieuse. J’ai bien l’impression que c’est une lecture qui demande un minimum de concentration et qu’il faut bien choisir son moment de lecture. J’avais lu la chronique d’Angélique (Les crins du barde), qui déjà m’avais rendu curieuse et dont l’avis rejoint le tiens. Je vais peut-être le mettre dans ma wishlist, au moins pour son originalité.

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