Le temps fuit, Nathalie Wyss

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Adorant les librairies et les chats, Le temps fuit de Nathalie Wyss ne pouvait que me tenter !

Un village hors du temps.
Un vieux libraire veille dans sa boutique ouverte jour et nuit.
Un soir, une enfant toque à sa vitrine…

C’est l’histoire d’une rencontre entre deux êtres étranges et attachants.
L’histoire d’une amitié qui pourrait changer leurs vies.

Éditions Milan (26 octobre 2022) –  144 pages – 10,90€

AVIS

Furetant sur le site en ligne du réseau de bibliothèques de ma ville, je suis tombée sur ce roman jeunesse illustré dont la couverture et le titre m’ont tout de suite intriguée. Ma réservation étant arrivée quelques jours plus tard, je n’ai pas eu attendre très longtemps pour le découvrir.

Dès le début, j’ai apprécié la chaleur et l’ambiance intimiste qui se dégage de ce roman centré autour de deux personnages aussi solitaires l’un que l’autre, bien que tous les deux forts bien accompagnés. Nous suivons ainsi un vieux libraire qui vit à travers les nombreux livres de sa librairie ouverte 7 jours sur 7 et 24h sur 24h ou presque, l’établissement étant fermé entre 2h et 4h du matin. En parallèle, nous apprenons à connaître une fillette, vendeuse de câpres, et fervente amoureuse des chats. Son logis en est d’ailleurs rempli, sans oublier tous ces chats du village qu’elle nourrit et dont elle s’occupe avec une dévotion qui suscite l’admiration.

En grande amoureuse des chats et des livres, je me suis tout de suite sentie très proche de ces deux personnes qui vivent l’une à proximité de l’autre sans vraiment se connaître… Du moins, jusqu’à ce que la fillette réponde à l’annonce de notre libraire, qui a besoin de quelqu’un pour lui lire des livres pendant qu’il s’occupe de sa librairie. Le début d’une belle et émouvante relation intergénérationnelle qui se noue dans le confort et la chaleur de la librairie ! Au fil des soirées, le libraire et la jeune lectrice apprennent à se connaître sans pourtant vraiment s’épancher sur leur vie, leur espoir ou encore leurs peines.

Il se dégage beaucoup de pudeur de ce texte, Nathalie Wyss laissant planer l’ombre de non-dits et de secrets un peu comme si elle désirait offrir à ses personnages des moments de douceur et de répit, durant lesquels ils seraient ensemble dans une bulle protectrice hors du temps. Un procédé qui possède son charme, mais qui nous donne parfois l’impression d’être touchés par les personnages sans totalement les connaître.

Cela ne m’a pas dérangée outre mesure et m’a même poussée à tourner les pages encore plus vite afin de lever le voile sur les questions qui m’ont assaillie durant la lecture. J’ai ainsi aimé découvrir au fur et à mesure les raisons derrière les horaires atypiques de la librairie, ou celles expliquant la difficulté pour notre libraire de quitter son havre de paix… J’ai d’ailleurs trouvé très touchant ce vieil homme qui possède ses propres fêlures mais qui sait faire montre de beaucoup d’attention, bien que ce soit toujours avec une certaine pudeur et sans grande effusion.

De la même manière, on découvre, non sans émotions et empathie, la réalité de la vie de notre fillette qui se révélera des plus courageuses. J’ai été admirative de son altruisme, de son intelligence et de la manière dont elle fait de son mieux pour assurer la cohabitation entre les chats errants et les habitants de son village.  Ceux-ci la laissent, en effet, gérer la situation sans jamais s’impliquer et mener de campagnes de capture et de stérilisation pour le bien de tous, chats et humains compris…

Au fil de l’intrigue, l’autrice nous dévoile le passé de nos protagonistes et la manière dont leur amitié va leur permettre à tous les deux de se construire une nouvelle vie, sans jamais se départir de ce qui compte le plus pour eux. Elle aborde également avec beaucoup de douceur et sans pathos une thématique difficile, rendant les personnages attachants, d’autant qu’une autre épreuve attend l’un d’entre eux. Il pourra heureusement compter sur une belle, forte et sincère amitié pour l’affronter.

Quant aux illustrations qui parsèment le livre, elles favorisent le sentiment d’immersion et de proximité avec les personnages, tout en rythmant joliment la lecture.

En conclusion, Le temps qui fuit de Nathalie Wyss est un rappel à une vérité que l’on a trop tendance à oublier… C’est aussi un roman de transmission, un roman de partage et une ode à la lecture et, d’une certaine manière aux chats, mais c’est surtout le récit de la rencontre entre deux solitudes qui entrent en résonance pour former le terreau d’une émouvante et belle amitié intergénérationnelle !

39 réflexions sur “Le temps fuit, Nathalie Wyss

  1. Voilà une lecture qui semble t’avoir énormément touchée aussi bien grâce à ces thèmes que tu allais forcément aimer que grâce à ses propres qualités. Je pensais vu la couverture sur c’était une bd, mais c’est un roman. Je suis donc curieuse de découvrir l’objet !

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  2. Ta chronique est très touchante, on y ressent toute la pudeur que l’auteure a mis dans cette ouvrage, les douleurs et les moments tendres que partagent ce duo atypique, le tout dans un cadre qui parait chaleureux et intimiste. Je suis bien curieuse concernant les horaires surprenantes de cette librairie et la dévotion de cette jeune fille pour les chats de son quartier. Merci pour cette découverte Audrey. 🙂

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  3. Pingback: Le temps fuit, Nathalie Wyss – Amicalement noir

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