Suivre les lumières, C. Garcia

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Je remercie C. Garcia pour m’avoir envoyé Suivre les lumières en échange de mon avis.

Une jeune paysanne intrépide et rebelle
Un mage débutant à la foi dévouée
Deux opposés pour une même vision : rétablir l’Équilibre

Depuis que la planète Artrera a été ravagée par les Sansordres, les dieux ont décidé de construire le Bouclier, un dôme magique pour protéger les humains. Pour renforcer la structure, un système de castes divise la population. Dans la Cité Ambrumée, les premiers-nés s’entraînent à maîtriser leurs dons, quand les autres labourent les champs.
Darna, une seconde-née, ne compte pas se soumettre. Personne ne lui dictera sa destinée.
Au contraire, Rani souhaite servir les dieux. Même si sa petite sœur lui manque, il rêve d’accomplir son destin.
Prison pour les uns, cocon pour les autres, qui du Bouclier ou du système s’effondrera en premier ?

Cordes de lune Éditions (18 avril 2023) –  408 pages – 18,90€

AVIS

Ayant beaucoup apprécié Un grain de magie et Sous le regard de Laria de la même autrice, je ne pouvais qu’être tentée par son nouveau roman au titre intrigant : Suivre les lumières. Comme toujours, la plume de l’autrice est agréable et parfaitement explicite. Ainsi, en peu de mots choisis avec soin, C. Garcia sait poser un décor et nous immerger rapidement dans son imaginaire. Un imaginaire riche autour duquel elle a construit un monde dans lequel un fragile équilibre est maintenu grâce à un rituel alimentant un bouclier protecteur. Seul rempart contre d’horribles créatures appelées Sansordres…

Ce système n’est pas sans défaut puisqu’en plus d’une vie sous cloche, il impose une stricte division de la population avec d’un côté, les chanceux qui peuvent travailler leur don, et les autres qui doivent consacrer leur vie à labourer les champs. Une situation qui révolte Darna, jeune paysanne n’ayant aucune envie qu’on lui impose une existence entièrement dédiée au travail et sans aucune chance d’accomplissement personnel. Bien que la société dépeinte est ici extrême, je n’ai pu m’empêcher d’y voir une juste critique de nos sociétés capitalistes qui reposent sur le sacrifice des uns au profit des autres… Alors certes, ici tout le monde participe à l’effort collectif, mais cette participation est bien plus difficile pour certains que d’autres.

Au fil des pages, on découvrira que les six divinités ayant instauré ce système ne partagent pas forcément la même vision entre elles de leurs devoirs vis-à-vis d’une humanité qui vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Bien que ces dieux soient des êtres supérieurs, j’ai eu comme une impression de proximité et d’accessibilité, peut-être parce que les conséquences de leurs (in)actions sont visibles jour après jour. Je n’en dirai pas plus sur ce point si ce n’est que j’ai apprécié la manière dont l’autrice a développé toute une mythologie autour de ces dieux, des relations les unissant, et des liens étroits qu’ils entretiennent avec les rares élus faisant partie intégrante de leur cercle restreint. Des privilégiés ou des malchanceux selon le point de vue…

À cet égard, j’ai apprécié les nombreuses réflexions autant éthiques que philosophiques soulevées par l’autrice tout au long du texte, notamment autour du bien commun, de la liberté ou de son absence, et de la religion. Pour ma part, si je crois en l’importance de laisser chacun faire ses choix, je ne considère pas que des êtres célestes vous imposant d’abandonner votre vie pour les servir soient particulièrement respectables. Je n’ai donc finalement partagé le point de vue d’aucun personnage : ni d’un mage dévot prêt à se sacrifier, ni de son amant qui ne comprend pas qu’on ne peut pas obliger quelqu’un à faire quelque chose qu’il ne souhaite pas. Néanmoins, ayant trouvé la dévotion de Rani similaire à celle d’une personne sous l’emprise d’une secte, j’ai compris que son amant ait tout fait pour le libérer, sans approuver ses méthodes. Les croyances et la foi, ainsi que ce qu’on est prêt à faire en leur nom, tiennent donc une place importante dans ce roman. En fonction de vos propres opinions, cela suscitera en vous différentes réactions : (in)compréhension, révolte, doute, désillusion, espoir…

Au-delà de ces émotions fortes auxquelles vous ne devriez pas échapper, j’ai été impressionnée par le travail réalisé par l’autrice autour de l’éco-système de ce monde avec ses créatures propres, ses plantes, ses matériaux, ses dieux dont j’ai aimé découvrir les particularités, et sa magie aux différentes formes et ramifications ! Mais je dois reconnaître que je me suis parfois ennuyée… Il y a des passages où j’ai juste eu envie de tourner les pages sans particulièrement me sentir concernée par le sort de nos protagonistes, ni le déroulé des événements. Le fait de ne pas m’être attachée aux personnages, sauf à l’oncle de Darna et au petit frère d’un personnage secondaire, a probablement participé à cette mise en retrait de mon esprit devant une intrigue qui ne manque pourtant pas d’action.

J’ai toutefois été convaincue par l’aura de fin du monde qui caractérise la lecture, avec un système qui porte en lui ses propres failles et semble condamner à s’effondrer. Quant à savoir si c’est une bonne ou une mauvaise chose, chacun se fera sa propre opinion ou attendra le tome suivant qui nous laisse entrevoir quelques notables changements ! Sans en dire trop pour ne pas vous spoiler, j’ai trouvé que l’autrice avait finement avancé ses pions pour que chacun de ses protagonistes avance page après page vers son destin. Et vu le monde dans lequel nous sommes plongés, nul doute qu’on parle d’un grand destin, mais pas d’un destin sans drame ni peine et encore moins sans danger.

En conclusion, avec Suivre les lumières, C. Garcia nous propose un roman à l’univers complexe  et immersif bâti autour d’un système de caste permettant d’assurer l’équilibre du monde, mais pas forcément la justice sociale. Entre âpreté d’un monde en danger, espoir d’un mage mû par une foi qui sera mise à rude épreuve, et esprit de révolte de personnages en quête de liberté qui refusent de se laisser piéger par les desseins et désidératas des dieux… un premier tome riche en destins contraires et pourtant complémentaires  !

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39 réflexions sur “Suivre les lumières, C. Garcia

  1. E trouvais déjà en te lisant que ça avait l’air sympathique mais bien classique, ton absence d’attachement aux personnages,v ce qui est la base pour moi dans ce type de récit, me fait dire que ce n’est pas pour moi 😅

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  2. ça semble assez classique dans le propos, même si d’après ce que tu dis le contexte est plus développé qu’il ne l’est d’habitude dans ce genre de roman.
    Je ne pense pas m’arrêter dessus, je ne suis plus trop amatrice de dystopies, mais je trouve la couverture plutôt sympa 🙂

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  3. L’univers a l’air très riche, très travaillé, avec son propre écosystème, ses divinités, sa magie, sa population et leurs classes sociales. Un roman qui semble jouer sur plusieurs sujets. De ce point de vue là, il est intriguant. Mais dommage que tu n’es pas ressenti d’affection pour la plupart des personnages et qui a un peu freiner ton enthousiasme. Cela dit, il y a de quoi ressentir une bonne palette d’émotions apparemment. Je ne sais pas si je tenterais l’expérience, mais je te remercie pour la découverte et cette belle chronique très complète. 🙂

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  4. Je suis du genre à vouloir des personnages auxquels j’attacher, du coup j’aurais plutôt des réserves. Ta critique me rappelle mon ressenti pour Shades of Magic, que je n’ai pas pu finir malgré un monde magique intéressant. Peut-être à voir un jour malgré tout, mais en attendant, merci pour cet article 🙂

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  5. Je retiens le nom de l’auteure. Oui, ça affecte la lecture quand on ne s’attache pas aux personnages. L’univers semble bien construit tout de même. Quand les autres éléments sont assez forts, j’apprécie souvent ma lecture malgré tout. C’était le cas avec Derniers jours d’un monde oublié, roman choral ou peu des personnages m’ont accroché, mais le reste, l’univers particulier, le déroulement de l’histoire et le style ont suffi à me convaincre.

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