La flamme et le papillon, Aurélie Tramier

Couverture La flamme et le papillon

Je remercie Aurélie Tramier de m’avoir proposé de découvrir son nouveau roman, La flamme et le papillon, et Marabout éditions de me l’avoir envoyé accompagné d’une bougie Durance qui sent divinement bon. Attention d’autant plus appréciée qu’à l’origine, ce blog était dédié aux produits parfumés, avant d’emprunter la voie des livres…

« As-tu déjà observé la danse des papillons la nuit ? Ils volent autour de la lumière
sans voir qu’elle leur brûle les ailes. » Alice, étudiante à Aix-en-Provence, arrondit ses fins de mois en travaillant dans un café. Elle y retrouve tous les jours Elvire, une charmante vieille dame un peu excentrique qui va bouleverser sa vie. Renversée par un scooter, Elvire meurt dans les bras de la jeune fille en lui léguant ses quelques biens. Dès lors, Alice n’a plus qu’une idée en tête : rendre justice à cette femme qu’elle aimait. Qui est vraiment Elvire et pourquoi l’a-t-elle choisie ? Était-ce un accident ? Quels secrets lui cache-t-on ?

Marabout éditions (9 février 2022) – 384 pages – 19,90€

AVIS

Je remercie Bianca du blog Des livres, des livres ! pour cette nouvelle lecture commune et nos échanges…

Ayant adoré Peindre la vie en couleurs, j’étais impatiente de découvrir le nouveau roman de l’autrice qui s’est révélé aussi prenant que je l’espérais. Dès les premières pages, j’ai retrouvé ce que j’aime dans le style d’Aurélie Tramier, une écriture douce, humaine, généreuse et pleine de liant à l’image d’un roman qui contient sa part de sombres secrets, mais aussi de beauté, d’espoir et de lumière.

Nous y découvrons Alice, jeune femme serveuse au Lapin blanc qui prépare d’arrache-pied son CAPES. Un métier alimentaire qui lui offre néanmoins de jolis moments, car les habituées de ce salon de thé sont plutôt des femmes hautes en couleur dont l’âge n’a en rien diminué l’espièglerie, bien au contraire. Parmi les clients, il y a Elvire, une mamie élégante et douce qui semble s’être prise d’affection pour Alice, une affection empreinte de tendresse parfaitement partagée d’ailleurs. Mais un jour, Elvire, renversée par un scooter, meurt dans les bras d’Alice, non sans avoir eu le temps de tenir des propos confus évoquant une certaine Aurore…

Qui est cette Aurore ? Pourquoi Elvire l’a-t-elle confondue avec Alice et pourquoi lui a-t-elle légué ses maigres possessions ? Et puis, qui était vraiment Elvire ? Car si Alice aimait beaucoup cette mamie adorable et souriante, elle ne la connaissait pas vraiment. Décidée à élucider les circonstances de sa mort, Alice n’étant pas certaine qu’elle soit vraiment accidentelle, la jeune femme va se lancer dans une quête de vérité qui risque fort bien de semer la zizanie dans sa vie et son couple !

J’ai beaucoup aimé la manière dont l’autrice nous donne le sentiment d’être partie intégrante d’un jeu de piste avec sa part de faux-semblants, de doutes, de mensonges, de manipulation et de secrets de famille. Cela rend la lecture particulièrement addictive, d’autant que plus on découvre d’informations sur Elvire et son passé, plus on a envie d’en savoir plus, et de gratter la surface pour atteindre le cœur de la vérité. Et quelle vérité ! Aurélie Tramier nous dépeint, en effet, un drame personnel sans jamais tomber dans le pathos, bien au contraire.

L’histoire de cette femme, c’est l’histoire de beaucoup d’autres. C’est l’histoire d’une vie de brimades, de bourreaux qui changent de visage, mais aussi d’espoir et de renouveau. Car si Elvire a connu des choses difficiles, elle a aussi connu des instants magiques auprès de la personne la plus importante de sa vie… Elvire, c’est un concentré de douceur, d’humour, de gentillesse et une belle preuve de la capacité de résilience des êtres humains, mais aussi qu’il n’est jamais trop tard pour se libérer de ses entraves. Bien qu’elle ne soit présente qu’à travers des lettres et l’enquête d’Alice, cette femme forme le cœur du roman, un cœur gros, généreux et prêt à pardonner même à ceux qui l’ont profondément offensé. 

J’ai eu un coup de cœur pour cette mamie qui m’a beaucoup touchée et émue et que j’aurais adoré rencontrer. À l’inverse, il m’a fallu plus de temps pour apprendre à aimer Alice dont les réactions m’ont semblé parfois déconcertantes d’égoïsme, mais il est vrai que chacun réagit différemment devant un traumatisme. J’ai eu aussi un peu de mal devant sa naïveté, la jeune femme buvant les paroles d’un homme dont la toxicité et la nocivité semblent pourtant évidentes. Mais n’est-ce pas là le propre des manipulateurs : savoir endormir les consciences et les méfiances ?

Heureusement, de fil en aiguille, Alice gagne en maturité et se révèle plus touchante qu’on pourrait le penser, d’autant qu’elle doit faire face à des révélations inattendues et des mensonges difficiles à accepter. J’ai même fini par mieux la comprendre et développer pour elle une sorte d’attachement, un peu comme si la magie d’Elvire avait fait son effet sur moi et m’avait poussée à apprécier sa petite protégée. Et puis, je n’ai pu qu’admirer la pugnacité d’Alice, car comme elle, j’aurais tout fait pour rendre un ultime hommage à une femme qui n’a jamais rien demandé, mais toujours tout donné.

C’est peut-être la raison qui explique que le petit ami d’Alice, que j’avais apprécié pour sa patience et sa douceur en début de roman, a fini par m’agacer. Terriblement étouffant, collant et obsédé par ses propres désirs, il n’écoute pas le besoin d’indépendance d’Alice, et encore moins son envie de découvrir toute la vérité autour du passé et de la mort d’Elvire. Alors que sa compagne vit des moments angoissants et difficiles, il ne pense qu’à quémander des preuves d’amour ! Niveau soutien, on a déjà vu mieux… Vous aurez donc compris que la relation entre les deux ne m’a pas vraiment donné de papillons dans le ventre. Mais c’est le seul bémol de ce roman que j’ai eu beaucoup de mal à quitter, désirant profiter encore quelques instants de sa douce chaleur.

Au-delà d’Alice et d’Elvire, l’autrice propose une galerie variée de personnages secondaires que j’ai pris plaisir à découvrir. J’ai adoré le chien d’Elvire qui va devenir pendant quelque temps celui d’Alice, les mamies espiègles du café, une femme un peu bourrue mais à la loyauté indéfectible, et même une femme en apparence antipathique que l’on finit par prendre en compassion, et dont on ne peut qu’admirer la prise de conscience… L’autrice a également distillé par-ci, par-là, de sympathiques références à des contes classiques et autres histoires intemporelles dont Alice au pays des merveilles. Des petits clins d’œil qui apportent un charme supplémentaire à une histoire qui en possède déjà beaucoup.

En conclusion, avec La flamme et le papillon, Aurélie Tramier confirme son talent pour proposer des histoires humaines et émouvantes qui nous captivent par leur justesse et leur intensité. Elvire, mamie que l’on découvre indirectement tout au long du récit, tient désormais une place à part dans mon cœur de lectrice, et permet à l’autrice d’aborder des thématiques fortes, mais toujours avec retenue et sensibilité. Il est question ici de vie qu’on a tenté de briser et de papillons qui ont fini par s’envoler, de secrets de famille, de faux-semblants, et d’une quête de vérité qui menace de tout emporter, mais qui permettra à une jeune femme de se (re)trouver. Tendre, doux et enveloppant, un roman qui ne cache pas le pire, mais qui sublime le meilleur !

Découvrez l’avis de Bianca

 

29 réflexions sur “La flamme et le papillon, Aurélie Tramier

  1. Alice et le Lapin Blanc, un joli coin d’oeil ! 🙂 D’ailleurs je me demande si le prénom Aurore est aussi un clin d’oeil à la Belle au bois dormant. Je ne connais pas cette auteure mais ce roman a l’air d’une belle douceur même si certains personnage, comme le petit ami de Alice nous donne envie de les secouer 🤭 J’ai bien envie d’en découvrir plus sur cette intriguante Elvire. Merci pour ce beau retour!

    Aimé par 1 personne

  2. Pingback: C’est le 1er, je balance tout ! mai 2022 | Light & Smell

  3. Pingback: [Bilan] Flowers Books Challenge 2022 | Light & Smell

  4. Pingback: In My Mailbox #347 : contemporains, policier, jeunesse, mangas… | Light & Smell

  5. Pingback: Bien-Aimée, Aurélie Tramier | Light & Smell

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.