Ma vie à pile ou face, James Bailey

Je remercie les éditions de l’Archipel de m’avoir envoyé Ma vie à pile ou face de James Bailey en échange de mon avis.

Josh est en pleine crise de la trentaine. Jade, sa petite amie de longue date, vient de le quitter, il a perdu son job et doit retourner vivre chez ses parents, à Bristol.

Alors qu’il s’interroge sur ce qu’il a bien pu faire pour en arriver là, le jeune homme est pris d’une idée folle : et si, à partir de maintenant, il décidait de tout à pile ou face ? Après tout, planifier sa vie comme il l’a toujours fait lui a valu de finir sans domicile, sans emploi et célibataire… Alors pourquoi ne pas tout miser sur les deux faces d’une pièce de monnaie ?

Ce qui commence comme une simple plaisanterie va bientôt rythmer sa vie tout entière. Mais, au jeu de l’amour et du hasard, un simple pile ou face pourrait bien tout faire basculer…

L’Archipel (24 février 2022) – 373 pages – 21€
Traduction : Laure Motet

AVIS

Je n’aime pas trop les comparaisons, mais j’avoue que le « Un Journal de Bridget Jones au masculin » en quatrième de couverture n’est pas dénué de sens, ce roman m’ayant beaucoup fait rire. Sensible à l’humour british et aux personnes capables de prendre du recul sur elles-mêmes et les situations dans lesquelles elles se placent, j’ai passé un excellent moment auprès de Josh, de sa famille et de ses amis.

Presque trentenaire, Josh était prêt à se lancer dans la merveilleuse (ou pas) aventure du mariage. Il avait même tout prévu : endroit romantique, champagne, chocolats, bague gravée… Tout sauf le douloureux et retentissant « non » de sa compagne qui en profite pour le quitter. Notre protagoniste perd donc en un instant, sa copine, son travail et son appartement, Jade étant la fille de son patron et la propriétaire de leur appartement.

Dépourvu d’alternative, Josh retrouve donc le cœur lourd le chemin de la maison de ses parents où il finit par prendre une résolution quelque peu radicale et surprenante. Puisque toutes ses décisions sont si mauvaises qu’il se retrouve, à presque trente ans, largué comme un malpropre, triste, sans travail et sans appartement, pourquoi ne pas laisser sa chance au hasard ?  À partir de maintenant et pendant un an, c’est décidé, toutes ses décisions se joueront à pile ou face ! Et peu importe que ses deux meilleurs amis pensent que ça le rend encore plus bizarre…

D’emblée, je me suis attachée à ce monsieur Tout-le-Monde touchant et pétri de doutes, qui va se poser pas mal de questions sur sa vie et la direction qu’il aimerait lui donner, lui qui a le sentiment de n’avoir jamais rien accompli. Sa méthode pour trouver des réponses et redonner un sens à sa vie est plutôt inhabituelle, mais elle lui permettra de s’ouvrir à de nouvelles rencontres et expériences, de trouver en chemin ce qu’il n’espérait plus, et de vivre des situations cocasses qui m’ont beaucoup amusée. Je ne m’attendais d’ailleurs pas à autant rire, la plume de James Bailey maniant avec habilité humour, situations incongrues et réparties pleines d’allant.

Si vous avez envie de travailler vos zygomatiques, ce roman est donc fait pour vous, d’autant qu’en plus d’un protagoniste attachant et drôle, l’auteur déploie une galerie de personnages secondaires intéressante et haute en couleur. J’ai beaucoup aimé les deux meilleurs amis de Josh qui le soutiennent avec intelligence, n’hésitant pas à le taquiner, mais aussi à l’encourager dans sa tentative de trouver l’amour. Avec eux, impossible pour Josh de passer son temps à se lamenter ! Ses parents valent aussi leur pesant d’or : sa mère semble vouloir fêter tout et n’importe quoi en rameutant tout le quartier, au grand dam de Josh qui en fait souvent les frais, et son père, en bon Anglais, a érigé l’art du pari en art de vivre. Même la passion de la danse de sa grand-mère ne manque pas de faire sourire et d’attirer l’attention.

Parmi ces personnages secondaires à la forte présence, c’est pourtant le grand-père de Josh qui m’a le plus touchée. Plus calme et réservé que les autres membres de la famille, il possède une belle intelligence du cœur et cette empathie bien souvent réservée à ceux qui ne se lancent pas dans la mêlée, mais qui observent, comprennent et soutiennent avec constance et pudeur. La relation et la complicité entre le grand-père et le petit-fils ne devraient donc pas manquer de vous attendrir.

Avec Ma vie à pile ou face, on rit beaucoup, on assiste à des compétitions de quiz, mais on s’émeut aussi de la tentative de Josh de retrouver une jeune femme pour laquelle il a eu véritable coup de foudre. Une jeune femme avec laquelle il a vécu un moment de connivence immédiate et absolue. Hélas, un mouvement de foule les a séparés avant qu’ils n’aient pu échanger leurs numéros. Alors faisant un autre pari un peu fou, Josh rassemble les quelques informations dont il dispose pour sillonner l’Europe afin de retrouver l’élue de son cœur dont il ne connaît même pas le nom. L’aspect romantique du roman est plutôt bien amené et instaure une sorte de connivence avec Josh qu’on ne peut s’empêcher de soutenir dans sa quête de l’amour.

Dans cette hasardeuse entreprise, il pourra heureusement compter sur l’aide de ses amis, qu’il la veuille ou non d’ailleurs, mais aussi sur les hasards de la vie et des rencontres de fortune dont la très décidée Eva. J’ai apprécié de suivre Josh dans différentes villes européennes, mais surtout de le voir gagner confiance en lui et, petit à petit, se réapproprier sa vie et sa capacité à prendre des décisions. Une évolution subtile et donc convaincante, l’auteur ne le transformant pas d’un coup de baguette magique en prince charmant.

De manière générale, j’ai d’ailleurs beaucoup aimé la figure de ce héros qui tranche avec les beaux gosses richissimes, souvent odieux, qu’on retrouve dans à peu près toutes les romances contemporaines. Josh est un homme gentil, un peu paumé, banal, mais c’est aussi un homme touchant et exceptionnel parce que lui-même. Pas besoin d’être un héros inaccessible pour avoir droit à sa propre aventure et une belle histoire. Un message (volontaire ou non) auquel j’ai été sensible et qui a ajouté à la sympathie que j’ai spontanément développée pour ce personnage que l’on peut imaginer sans peine côtoyer au quotidien, dans son cercle familial, amical…

La plume de l’auteur se révèle, quant à elle, redoutable d’efficacité et de fluidité. Le roman se lit tout seul, l’auteur allant à l’essentiel tout en enveloppant ses mots d’une bonne dose d’humour, de dérision et d’auto-dérision. On ressort de la lecture avec cette impression d’avoir lu une bonne comédie romantique qui, pour une fois, offre le rôle principal à un homme. Ouf, apparemment, il n’y a pas que les femmes qui peuvent se faire larguer et qui sont prêtes à beaucoup par amour. C’est qu’à force de lire et de voir des comédies romantiques, on pourrait finir par en douter…

En résumé, quand un homme qui a perdu sa copine, son travail et son appartement décide de mettre sa vie entre les mains du hasard, et plus précisément d’une pièce de monnaie, cela donne des situations cocasses et savoureuses à souhait. Pour son premier roman, James Bailey brille par son originalité, son humour et sa capacité à offrir une aventure truculente à un homme ordinaire, amusant et attachant. Ma vie à pile ou face ou un roman aux allures de comédie romantique dont le seul tort est de ne pas encore avoir été adapté