L’ombre du crépuscule, Rachel Caine

L'ombre du crépuscule

Après L’Ombre de la menace et L’Ombre de l’assassin, traduits dans 16 pays et no1 des ventes de USA Today et du Wall Street Journal, Gwen Proctor revient dans L’Ombre du crépuscule.
Une nouvelle traque commence !

 

Gwen est parvenue à se débarrasser de son ex-mari, le serial killer Melvin Royal, et à sauver ses enfants. Mais elle continue de subir le harcèlement de ceux qui refusent de la croire étrangère aux crimes de Melvin.

Gwen espérait désormais vivre sans se cacher, c’est de nouveau impossible. C’est alors qu’une inconnue l’appelle. Marlene Crockett, qui réside à Wolfhunter, a besoin de son aide. Elle sent planer au-dessus d’elle une menace latente.

De fait, quand Vee, 15 ans, la fille de Marlene, contacte à son tour Gwen, elle lui annonce que sa mère est morte – et qu’elle est la prochaine sur la liste…

Gwen se rend alors à Wolfhunter. Mais, dans cette sombre bourgade, chacun peut aisément échapper à la lumière

L’Archipel (19 août 2021) – 450 pages  – Papier (22€) – Ebook (15,99€)
Traduction : Sebastian DANCHIN

AVIS

Après L’Ombre de la menace qui avait dépoussiéré le thriller domestique, et L’Ombre de l’assassin, une suite palpitante qui monte d’un ton dans l’horreur, j’attendais avec impatience ce troisième tome, me demandant si l’autrice allait réussir à donner un nouveau souffle à sa série. Or, si j’ai apprécié ma lecture, je n’ai pas ressenti l’excitation du premier tome que j’avais dévoré en très peu de temps. L’autrice nous propose néanmoins un thriller efficace, bien que peut-être plus consensuel que les deux précédents…

Dans l’ombre d’un tueur en série ou quand la mort ne marque pas la fin du calvaire !

Après un prologue qui fait monter la tension et la pression, il en est toujours ainsi quand la vie d’un enfant est en danger, nous retrouvons une Gwen débarrassée de son ex-mari, le serial killer Melvin Royal, mais pas de son ombre. Melvin était un pervers particulièrement retors, et même mort, il continue à tourmenter son ex-femme, ses enfants et  Sam. Et quand ce n’est pas lui qui s’en charge, ce sont les médias et toutes ces personnes qui continuent à harceler Gwen et les siens, à menacer leur intégrité physique et mentale, faisant de leur vie un véritable enfer.

Il ne m’a fallu que quelques pages pour retrouver ce puissant sentiment de révolte qui avait accompagné ma lecture des deux premiers tomes devant cette famille que l’on ne laisse pas se reconstruire. La justice a lavé Gwen de tout soupçon, mais le tribunal populaire, encouragé par la hargne de certains, a parlé : elle est coupable de complicité ! Dérives des réseaux sociaux, manipulation des médias, puissance du Net, perversion et haine que certains tentent de faire passer pour une volonté de justice… tout autant de thématiques que l’autrice soulève avec un tel réalisme que vos nerfs seront mis à rude épreuve.

Dans l’ombre d’une mère courage face à la haine et à la vengeance… 

Malgré les tentatives d’intimidation et les menaces, Gwen reste cette femme forte et courageuse prête à se battre pour ses deux enfants, Lanny et Connor, et sa relation encore fragile avec Sam. Elle fait face comme elle le peut à tous ces inconnus qui veulent la tuer, elle et ses enfants, et au désir de revanche fortement ancrée chez la mère de l’une des victimes de Melvin. Aidée de sa fortune personnelle, Miranda est d’ailleurs à l’origine d’un projet qui, s’il venait à son terme, menacerait de nouveau l’équilibre et la sécurité de Gwen et sa famille.

Bien que l’on comprenne la douleur de cette mère, Miranda nous apparaît dangereuse et, d’une certaine manière, assez lâche : elle n’a jamais eu le courage de s’attaquer à Melvin de son vivant, sous prétexte que la justice s’occupait de lui, mais elle n’hésite pas à traquer et harceler une mère et ses enfants. Mais après tout, les femmes ne sont-elles pas toujours coupables ? Dans le cas de Gwen, coupable de ne pas avoir « satisfait » son mari, coupable de ne pas l’avoir arrêté, coupable, coupable, coupable… et pire, complice, car elle devait savoir ! C’est bien connu que les tueurs en série l’affichent sur leur front… Au-delà de l’obsession irrationnelle de Miranda et de ses griefs complètement injustes envers Gwen, on reconnaîtra cette tendance fort commode à toujours rejeter la faute des hommes sur les femmes.

Dans l’ombre d’une communauté repliée et viciée où la vérité se paie… 

Acculée, harcelée et menacée, Gwen vole néanmoins à la rescousse de Vee, la fille d’une inconnue terrifiée qui l’avait appelée, mais qu’elle n’avait guère pu aider, cette dernière se montrant trop évasive. Mais Marlene maintenant assassinée et Vee accusée de meurtre, elle refuse de rester les bras croisés. Direction l’enfer ou plus précisément Wolfhunter ! Au fil des pages, cette bourgade se fait oppressante, malsaine, voire inquiétante et menaçante d’autant que Gwen n’est clairement pas la bienvenue. Il en faudra toutefois plus pour la détourner de sa mission : sauver Vee dont le sort semble jouer d’avance et qui risque bien plus que l’emprisonnement.

J’ai adoré me plonger dans l’ambiance suffocante de cette communauté rurale viciée par la corruption et déterrer, aux côtés de Gwen et des siens, les petits secrets, les gros mensonges et autres manigances. Gwen et Sam pourront heureusement compter l’un sur l’autre, sur un membre du FBI et sur un inspecteur n’appartenant pas à des autorités locales plus que douteuses. Lanny, malgré ses peines de cœur, et Connor participeront également, à leur manière, à l’enquête pour innocenter Vee… Mais Wolfunter n’est pas un endroit sûr pour ceux qui y cherchent des réponses comme le découvriront nos personnages qui vont, de nouveau, devoir affronter l’horreur et la violence. Progressivement, l’action se fait plus pressante, la violence monte d’un cran et les évènements s’enchaînent avec une telle rapidité qu’il devient presque difficile de reprendre son souffle. D’une violence latente, on passe à de la violence physique pure avec des scènes d’action très cinématographiques et des moments d’angoisse quant à la sécurité de chacun.

Dans l’ombre d’une famille atypique et d’un couple en questionnement… 

En plus de l’action, de l’enquête, de révélations particulièrement glauques et du plaisir de retrouver des personnages attachants bien que cabossés par la vie, l’autrice nous offre de nouveau une narration alternée parfaitement maîtrisée. On entre ainsi de plain-pied dans la tête des personnages et l’on assiste au plus près à l’évolution d’un couple dont la relation semble solide et vacillante à la fois. Solide parce qu’après avoir vécu tant de drames ensemble, Sam et Gwen sont liés à tout jamais, mais vacillante car leur passé respectif érige une frontière entre eux deux. Ceci est d’autant plus vrai que Sam n’a pas encore dévoilé à sa compagne une partie de son passé qui la concerne directement et qui risque de les rattraper. Quant à Gwen, elle ne semble, pour le moment, pas encore prête à se projeter.

Si j’ai été touchée par ce couple qui s’est construit dans l’adversité, j’ai regretté l’inconstance et les tergiversations de Sam qui m’a semblé bien incohérent d’une ligne à l’autre. Entre « je l’aime et je reste avec elle et les enfants » et « si je prenais un nouveau départ », j’ai plusieurs fois eu envie de le secouer et de lui dire de prendre une décision et de s’y tenir. Je comprends que lui-même soit dans une situation compliquée, sa sœur ayant été l’une des victimes de Melvin, mais j’ai trouvé son image assez bancale par rapport à celle que j’avais pu m’en faire précédemment. Mais je vous rassure, il finira par retrouver grâce à mes yeux par son sens du sacrifice et du devoir et l’amour sincère qu’il porte à Gwen, Lanny et Connor.

Sam se révèle d’ailleurs très proche du jeune adolescent qui trouve en lui une figure paternelle bien plus stable et saine que celle de son défunt et tueur en série de père. Pour un adolescent aussi renfermé que Connor, cette relation revêt une importance particulière à laquelle Gwen ne peut être que sensible. Quant à cette dernière, elle essaiera de trouver un compromis avec sa fille qui, lasse de subir sa vie et les évènements, aimerait au moins être utile, quitte à mettre les pieds dans une enquête qui s’annonce de plus en plus dangereuse… J’aurais apprécié de voir un peu plus le frère et la sœur, dont la relation semble encore affectée par une erreur passée. Ainsi, si ne doute pas qu’ils s’aiment beaucoup, les chamailleries sont au rendez-vous, ce qui, vu les circonstances, leur donne presque cette allure de famille normale dont ils ont grand besoin. 

En conclusion, L’ombre du crépuscule n’offre pas la même intensité psychologique des premiers tomes, mais il n’en demeure pas moins un thriller efficace et rythmé qui vous tiendra en haleine, d’autant que la plume de l’autrice se révèle de nouveau diablement efficace. Alternant entre les personnages et des événements que l’on tente de relier avant de se laisser porter par le fil de l’intrigue, Rachel Caine signe ici un troisième tome qui marque une rupture avec le ton des précédents, tout en ouvrant une nouvelle porte. Car en enquêtant pour innocenter une adolescente accusée à tord, Gwen va nous prouver qu’en plus d’être douée pour survivre et protéger les siens, elle possède bien d’autres atouts que je suis curieuse de voir mettre en œuvre de manière plus officielle. Sans être indispensable, voici un troisième tome plaisant qui se lit très vite et qui nous montre une Gwen dont, pour une fois, le passé ne semble pas être la plus grande des menaces !

Je remercie les éditions de l’Archipel pour m’avoir envoyé ce roman en échange de mon avis.

29 réflexions sur “L’ombre du crépuscule, Rachel Caine

  1. Alala qu’est-ce que tu m’intrigues ! J’ai trop envie de me lancer dans cette saga ^^ Mais je dois également dire que je n’ai encore JAMAIS lu de vrais thrillers (je sais je sais, la honte). Du coup je me demandais, toi qui l’air tellement passionnée et vraiment renseigné à ce sujet (tes critiques sont tellement complètes je trouve !) pourrais-tu me conseiller un thriller qui serait mon very first one ?

    Merci d’avance,
    Et à très bientôt,
    Cloé.

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    • Pas de honte à avoir 🙂
      Je ne suis pas une spécialiste mais pour commencer un auteur comme Harlan Coben ou Linwood Barclay (Crains le pire par exemple) me semble pas mal. C’est addictif, ça se lit tout seul et on ne tombe pas dans le gore.
      Sinon, sur le blog, tu trouveras mon avis sur La fille du train que j’avais adoré et qui me semble très accessible pour commencer 🙂

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  2. Pingback: C’est le 1er, je balance tout ! septembre 2021 + PAL | Light & Smell

  3. Tu as entièrement résumé dans ton intro : c’était efficace et prenant, mais plus consensuel que les deux autres tomes. J’avoue que ce tribunal populaire et les réseaux sociaux sonnent tellement réels… C’en est effrayant. La méchanceté humaine… Comme toi, j’ai été chagrinée par les tensions dans le couple et les je t’aime je te fuis. En tout cas, ta chronique est très complète et balaye bien ce troisième tome. Curieuse de lire la suite.

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  4. Pingback: C’est le premier, je balance tout ! #1 (Septembre) – Plume de Livre, Plume de Lune et Plume de Chat !

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