Caribou baby, Meg Rosoff

Caribou Baby (Grand Format Ados) par [Meg Rosoff]

Jess a 17 ans et elle vient d’avoir un bébé. Bon… pas n’importe quel bébé : un bébé caribou. Personne ne sait comment c’est arrivé. On n’avait rien détecté. Avec Nick, son copain bien humain, Jess apprend à accepter l’absurdité de la vie, à devenir mère, à comprendre que son enfant est un individu, parfois encombrant, mais un individu à part entière. Un être qu’il faut choyer… et savoir laisser vivre et libérer le moment venu.

Rageot Editeur (12 septembre 2018) – 11,90€ – Epub (9,49€) – Broché (11,90€)

AVIS

À travers ce court, mais truculent roman, Meg Rosoff aborde avec justesse et de manière parfois métaphorique des thématiques sociétales fortes : la grossesse adolescente, la contraception, le fossé culturel entre deux milieux sociaux différents, mais surtout la famille, la parentalité quand on n’est pas encore soi-même un adulte, les enfants « différents », le regard de la société sur ceux qui n’entrent pas dans les normes, la bienveillance…

Et pour ce faire, elle passe par une histoire en apparence complètement abracadabrantesque offrant plusieurs niveaux de lecture. Les enfants pourront ainsi prendre plaisir à suivre la chouette aventure d’un jeune caribou, les adolescents pourront éventuellement voir dans ce titre une sensibilisation à la contraception et à la parentalité à un âge où on n’est pas forcément armé pour s’y frotter ou ils pourront y voir, comme les adultes, une forte allégorie du droit à la différence, de la difficulté pour des parents de faire face à un enfant qui n’est pas forcément celui qu’ils attendaient, et de l’amour parental nonobstant le regard de la société…

Sans fausse pudeur, l’autrice nous plonge ainsi dans la vie de deux adolescents qui découvrent avec stupeur que le bébé tout rose et joufflu qu’ils espéraient se trouve être un mignon, mais fort poilu caribou ! Une fois le choc passé, vient le temps de l’acceptation, puis celui de l’adaptation. Jess et Nick se révèlent d’ailleurs plutôt responsables se faisant avec beaucoup de rapidité à la situation…

Mais de fil en aiguille, on réalise que si Jess est assez réaliste sur ce qu’élever un caribou implique, Nick l’est beaucoup moins. Il a ainsi plus de mal à renoncer au futur qu’il imaginait pour son fils continuant à placer en lui des espoirs vains et injustes. Un caribou ne sera jamais un poète, il n’enchantera pas les oreilles de son père de douces mélodies et il ne sera pas capable de suivre une scolarité normale…

Nick et Jess vont donc devoir apprendre à composer avec la nature profonde de leur enfant et trouver pour lui des solutions afin qu’il s’épanouisse en fonction de ses propres besoins et non de ceux des autres enfants. L’équité se révèle, en effet, parfois bien plus juste et pertinente qu’une recherche vaine d’égalité qui ferait fi des capacités de départ de chacun. Nous avons ici une jolie leçon de vie et d’amour qui nous prouve que souhaiter le meilleur pour quelqu’un, c’est aussi accepter ses différences sans tenter de le faire entrer dans des cases ou des pseudos-normes.

Bien que le roman soit très court, j’avoue m’être complètement prise d’affection pour cette famille atypique, et surtout pour Jess qui fait montre d’une capacité de recul et d’un humour à toute épreuve. La jeune femme est décontenancée par la situation, mais elle prend sa vie à bras-le-corps et tente d’être la meilleure mère possible pour son petit caribou sans pour autant nier les difficultés qu’elle rencontre. Elle est heureusement épaulée par sa mère qui, malgré les appréhensions des débuts, finit par aimer ce petit-fils qui n’est peut-être pas comme tous les autres, mais qui n’en demeure pas moins attachant et digne d’être aimé pour ce qu’il est, et non pour ce qu’elle aurait aimé qu’il soit.

Quant à la fin, si elle m’a légèrement décontenancée m’attendant à ce que l’autrice aille dans une autre direction, elle a le mérite de l’originalité et n’est pas dénuée d’un certain humour, à l’image de ce roman truculent que j’ai lu d’une traite. Il faut dire qu’en plus d’être court, son organisation sous forme de dialogues au ton enlevé le rend plutôt rapide à lire tout comme la plume caustique, fluide et rythmée de l’autrice.

On appréciera également l’illustration au début de chaque chapitre qui apporte une certaine douceur à la lecture et facilitera, peut-être, l’attachement des jeunes lecteurs à notre mignon petit caribou dont on suit la croissance en accéléré.

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Poétique, original, et empli d’humour et d’amour, Caribou baby est un magnifique et touchant roman jeunesse qui, sous couvert d’une histoire complètement loufoque, délivre un très joli message de tolérance et de bienveillance. À lire et à relire, seul ou en famille !

Je remercie NetGalley et les éditions Rageot pour cette lecture.

 

10 réflexions sur “Caribou baby, Meg Rosoff

  1. Oh ça a vraiment l’air de donner le change pour une fois ! C’est une belle image qui peut être la métaphore de pas mal de chose, j’aime beaucoup ce type d’originalité dans un sujet qui se limite parfois à souligner « l’inconscience des adolescents »

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  2. Il a l’air tout mignon et empli de belles réflexions ce roman ! Avec un tel bébé caribou, il peut faire passer de nombreuses thématiques, y compris en s’appuyant sur la réaction des parents. Je vois facilement les nombreuses métaphores possibles, entre le fait d’être parent trop tôt, d’avoir un bébé différent, ou d’accepter que son enfant ne choisisse pas le futur dont on rêvait pour à la base.

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