Ira Dei – Tome 1 : L’or des caïds, Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat

Je remercie Babelio et les Éditions Dargaud pour l’envoi d’Ira Dei : L’or des caïds de Vincent Brugeas et illustré par Ronan Toulhoat. Je remercie également Delphine des éditions Dargaud pour son petit mot manuscrit ainsi que pour l’ajout, dans l’enveloppe, de Dargaud le mag dans lequel on retrouve une interview de l’illustrateur.

PRÉSENTATION ÉDITEUR

En 1040, les armées de Byzance tentent de reconquérir la Sicile, alors aux mains des Arabes. Alors que la ville de Taormine résiste à Harald, le terrible chef varègues à la tête des troupes byzantines, un Normand nommé Tancrède et un jeune moine, Étienne, légat du pape proposent les services de leur petite troupe de mercenaires. À la demande d’Étienne, Tancrède se rapproche d’Harald et lui propose un marché : il fera tomber Taormine en trois jours, en échange de quoi il recevra les richesses de la cité. Même s’il comprend que Tancrède est en mesure de réaliser ce prodige, Harald se méfie de cet homme dont les yeux révèlent qu’il a « traversé les Enfers » et dont le passé mystérieux ressurgit peu à peu… Pourquoi l’Église a-t-elle fait de lui une arme au service de Dieu ? Et quelle revanche veut-il prendre aujourd’hui ?…

  • Album: 64 pages
  • Éditeur : Dargaud (12 janvier 2018)
  • Public : à partir de 16 ans
  • Prix : 13.99€
  • Autre format : ebook

TRAILER OFFICIEL DE LA BD

AVIS

L’histoire et les personnages…

Si le Moyen Âge est une période que j’apprécie, j’avoue néanmoins que le contexte historique de cette BD, la Sicile du XI e siècle alors sous le joug des Arabes, m’était peu familier. Cela m’a parfois un peu gênée dans ma lecture d’autant que cette île, carrefour entre différentes civilisations, concentre un certain nombre d’enjeux politiques, économiques et culturels. Fort heureusement, cela ne m’a pas empêchée de me plonger avec plaisir dans l’histoire, celle d’un énigmatique Normand, Tancrède, qui débarque en l’an 1040 sur la côte est de la Sicile. Accompagné d’une vingtaine d’hommes et d’un diacre, Étienne, il proposera ses services au seigneur Harald, à la tête des troupes byzantines, pour faire tomber la ville de Taormine qui lui résiste. Une aide qui, évidemment, ne se fera pas sans une onéreuse contrepartie…

Que ce soit en profitant de la solidarité normande, en exploitant l’appât du gain, valeur commune à chaque peuple, ou en jouant sur la pression exercée sur Harald, Tancrède se révèle, dès le début de son arrivée sur l’île, être un fin stratège. Il sait pertinemment jouer sur les besoins et aspirations, plus ou moins avoués, des individus qu’il rencontre et arrive à tirer parti de leurs failles. Et c’est cette intelligence des situations et des personnes qui rend ce personnage aussi passionnant que dangereux ! Intelligent et patient, il devrait vous surprendre par sa faculté à mener à bien ses plans sans que personne ne se doute de ses véritables intentions. À commencer par Étienne…

Si une grande part de l’action et du suspense repose sur le Normand, l’auteur nous propose également une palette intéressante de personnages à l’instar de cet homme de foi qui accompagne Tancrède. Assez autoritaire, il se plaît à jouer de son autorité sur le guerrier qu’il pense, de manière assez naïve, avoir sous sa coupe. Il se rend néanmoins assez vite compte que les actions de celui-ci ne correspondent pas forcément à ce que l’église attend de lui. Mais d’ailleurs, que cherchent vraiment l’église et Étienne en s’associant au Normand ? Une question qui viendra titiller la curiosité des lecteurs d’autant que Tancrède semble loin de partager la foi, virant au fanatisme, du diacre. À cet égard, bien que la BD ne soit pas un plaidoyer anticlérical, on retrouve, contexte historique oblige, l’importance de l’Église et les moyens peu éthiques et moraux déployés pour faire respecter la « vraie foi ».

Deux personnages féminins se démarquent également de ce premier tome bien que leur rôle reste finalement assez peu développé. Nous découvrons ainsi une femme manipulatrice autant dans l’apparence, son visage étant criant de sournoiserie, que dans sa manière de se comporter. Il se dégage d’elle une certaine dangerosité qui contraste à merveille avec le caractère craintif de la sœur cachée d’Étienne. Deux femmes, deux personnalités diamétralement opposées, mais un destin lié… J’ai, pour ma part, hâte de découvrir quelle sera l’influence de ces deux femmes sur le cours de l’intrigue.

Une narration dynamique mêlant habilement présent et passé…

Dans cette vidéo, l’illustrateur revient plus particulièrement sur une double page de la BD et explique pourquoi et comment il a séquencé la scène. Mais il met également en avant un point qui m’a plu : la colorisation et la mise en scène des différents flash-back présents dans la BD.

Le scénariste ne s’est pas perdu en détails narratifs inutiles qui auraient alourdi une histoire dont le contexte historique peut déjà se révéler complexe, ce qui a permis au dessinateur de nous offrir un moyen simple et efficace pour repérer les allers-retours entre passé et présent : des bordures noires délimitant les scènes et l’abandon de la colorisation rouge au profit d’une teinte plus claire. Le procédé présente l’avantage de mettre en valeur ces retours dans le passé qui revêtent une certaine importante dans la narration puisqu’ils permettent d’assouvir notre curiosité. À travers ces flash-back, on découvre ainsi quelques pans du passé de Robert, sa réelle identité ainsi que ses véritables intentions. Son comportement parfois assez énigmatique, ses mimiques à la limite de la moquerie et empreintes d’une certaine défiance vis-à-vis de l’autorité du prêtre, cette impression tenace qu’il cache son jeu… Tout devient alors plus clair et conduit à la seule conclusion possible : Tancrède n’est définitivement pas une personne de laquelle il est bien prudent de se jouer !

L’auteur exploite jusqu’au bout le caractère assez mystérieux et spectaculaire de son protagoniste en nous proposant un final explosif dans lequel il abat ses cartes, ou du moins, une partie de son jeu. Une bonne fin de premier tome qui laisse espérer une suite pleine d’action, de complots et de révélations. Quant aux personnes qui ont osé ou qui oseront se dresser sur son chemin, ne leur reste plus qu’à affronter l’implacable vengeance de ce guerrier Normand passé maître dans l’art de la guerre.

Des scènes d’action parfaitement maîtrisées…

Sans être particulièrement amatrice de ce genre de scènes, force est de constater que l’illustrateur et l’auteur ont su travailler de concert pour nous offrir de très belles scènes de bataille. À travers moult détails, une colorisation à dominante rouge, un découpage dynamique des différentes scènes d’action, des gros plans sur les visages et notamment sur les yeux qui reflètent toute la violence des combats, ils nous offrent une plongée vivante et réaliste dans l’action. J’ai, en outre, fortement apprécié que l’auteur se soit abstenu d’alourdir les scènes de combat par du texte superflu, le travail visuel se suffisant à lui-même pour transmettre l’intensité de l’action et la violence qui se dégage des affrontements. À cet égard, il y a une scène qui m’a particulièrement marquée par sa cruauté, mais c’est probablement la lectrice amoureuse des animaux en moi qui s’exprime. Je ne sais pas si cette scène est tirée d’un fait réel, mais cela ne serait pas étonnant si l’on considère que les animaux ont depuis très longtemps été utilisés dans les guerres à l’instar des porcs de guerre ou cochons incendiaires utilisés durant l’Antiquité.

La couleur rouge, couleur du soleil, de la chaleur, du sang et de la vengeance, qui est omniprésente dans cet ouvrage, m’a parfois un peu gênée par l’atmosphère pesante dans laquelle elle nous plonge. Mais je dois reconnaître que son utilisation rend l’immersion dans l’intrigue encore plus probante et finit, d’une certaine manière, par symboliser Tancrède, un personnage au passé violent et à l’avenir probablement teinté de rouge. Fort heureusement, quelques planches, notamment celles mettant en lumière la nature à travers de jolis paysages, bénéficient d’une colorisation plus lumineuse qui apporte une certaine douceur et sérénité à une histoire plutôt violente. 

À noter le grand format de la BD qui rend sa prise en main et la découverte des scènes d’action des plus agréables. Cette édition est également accompagnée d’un cahier graphique.

En conclusion, une narration menée tambour battant et valorisée par un coup de crayon précis et un découpage dynamique des scènes, de l’action, du sang, des combats, des trahisons, des complots, du suspense, un héros charismatique, des personnages assez mystérieux dont il est bien difficile d’appréhender les véritables intentions, de beaux décors… Nul doute que le duo Brugeas/Toulhoat a toutes les clés en main pour séduire les amateurs de BD mêlant action et aventure dans un contexte historique riche et mouvementé !

Et vous, envie de découvrir ou de feuilleter Ira Dei ? Visiter le site des éditions Dargaud.

7 réflexions sur “Ira Dei – Tome 1 : L’or des caïds, Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat

    • J’ai l’impression que de plus en plus de maisons d’édition et d’auteurs proposent des trailers pour leurs romans et BD ce que je trouve très sympa 🙂
      Je serais curieuse de connaître ton avis sur ce premier tome si tu l’empruntes…

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