Les cercles de l’éternité, Jean-Louis Ermine

Je remercie Jean-Louis Ermine de m’avoir permis de découvrir son roman, Les cercles de l’éternité.

QUATRIÈME DE COUVERTURE

Dans un monde en perdition, Laurie et Simon vont tout mettre en œuvre pour sauver l’humanité.

Dans un futur lointain, les hommes ont découvert le secret de l’éternité, mais cette invention a un prix. La personne qui choisit de suivre cette voie entre dans un processus inéluctable de dégénérescence, qui fait ressortir ses plus bas instincts. Le monde se divise alors, et se structure en « cercles », correspondant chacun à des stades de décadence plus ou moins avancés.
Face au déclin de l’humanité, le gouvernement cherche des solutions, et finit par retrouver la trace d’un mystérieux scientifique, dont les recherches sur l’immortalité auraient abouti. Laurie et Simon, deux marginaux que tout oppose, sont chargés de ramener le professeur et de redonner espoir aux habitants des cercles. Pour cela, ils devront s’aventurer au-delà des terres connues, là où la barbarie a tous les droits.
Une chasse impitoyable est lancée, et les entraînera dans une véritable traversée des enfers.
L’éternité leur réservera encore bien des secrets.

  • Éditeur : Publishroom (17 novembre 2017)
  • Nb pages : 167
  • Prix : 17 €
  • Autre format : ebook

AVIS

Lisant peu de livres de science-fiction, je dois admettre que c’est d’abord la couverture avec, entre autres, ce qui ressemble à une séquence d’ADN, qui a attiré mon attention. Elle a un côté énigmatique qui m’a donné envie de me plonger dans cette histoire où l’éternité devient une réalité.

Devenir éternel, n’est-ce pas un peu le rêve, conscient ou non, de chacun ou, du moins, de beaucoup d’entre nous ? Mais la vie et la mort étant intrinsèquement liées, quelles seraient les conséquences pour l’humanité de cette révolution quelque peu contre-nature ? Une question légitime que Jean-Louis Ermine exploite de manière prenante et particulièrement bien construite dans son roman.

L’auteur nous offre ici une vision assez pessimiste de l’éternité puisque les individus qui ont fait le choix de prendre des drogues d’éternité en paient le prix fort. Entrant dans un processus de dégénérescence, ils perdent, petit à petit, ce qui faisait d’eux des hommes et finissent par sombrer dans la violence. Le processus étant progressif, la société a donc fini par s’organiser en « cercles », chacun vivant dans le cercle correspondant à son état…

L’organisation sociétale créée et développée par l’auteur est, pour moi, l’un des points forts de ce roman. J’ai aimé cette idée d’une société divisée entre personnes refusant l’éternité et le lourd tribut à payer pour l’obtenir, et dégénérants qui ont sacrifié leur humanité au profit d’une longue vie. Je dis « longue vie », car difficile de parler d’éternité quand la brutalité peut vous rattraper à chaque instant et vous faire passer de vie à trépas… Les cercles, bien qu’ici il s’agisse d’une image, schématisent à merveille l’éloignement progressif des dégénérés avec le commun des mortels. C’est, en outre, assez intéressant de découvrir, même si ce n’est que très sommairement, les règles de fonctionnement et d’organisation inhérentes à chaque cercle d’autant que l’auteur se joue de ses personnages et des lecteurs. Vous découvrirez, en effet, que les apparences sont parfois trompeuses et que derrière des personnes à l’apparence soignée peut se cacher une effroyable et impitoyable brutalité…

Le roman se révèle intéressant par sa portée quasi philosophique parfois teintée de spiritualité et les thèmes qu’il aborde : la vie, la mort, l’essence même de ce qui fait de nous des hommes, les sacrifices que nous sommes prêts à faire pour accéder à l’éternité avec comme question sous-jacente : la fin justifie-t-elle les moyens ? Accéder à l’éternité justifie-t-il qu’en cours de route, nous en perdions notre humanité ? Cela finit par nous conduire à nous demander si dans notre propre monde, l’homme découvrira un jour comment accéder à l’éternité et le cas échéant, s’il arrivera à gérer cette nouvelle connaissance sans sombrer dans le chaos le plus total. En effet, la vie peut-elle et doit-elle vraiment se départir de la mort ? Des questions qui restent sans véritable réponse, mais que l’auteur arrive à soulever grâce à son récit porté par deux personnages aux personnalités diamétralement opposées, mais que le destin va finir par rapprocher.

Le lecteur fait ainsi la rencontre de deux marginaux, Laurie qui exècre les déviants et leur violence tout en travaillant à satisfaire leurs bas instincts contre de l’argent, et Simon, un ex-déviant que l’éternité a rejeté. Tous deux sont envoyés en mission pour ramener le professeur Soler qui s’est enfui au-delà des cercles afin de protéger ses découvertes relatives à l’éternité et à ses désastreuses conséquences sur les hommes. Cette mission, aux allures de missions kamikaze, va rapprocher ces deux personnes que tout oppose, et les pousser à développer une certaine complicité, ou du moins, une certaine complémentarité. À mesure de leur road-trip à travers les cercles, ils rencontreront moult dangers ce qui les contraindra à travailler main dans la main. Cette entraide deviendra d’ailleurs vite une question non pas d’affinité, mais de survie.

La question de la survie est au cœur de ce roman puisque les déviants sont tombés dans une telle violence que chaque rencontre menace la vie de nos deux héros « malgré eux ». Alors que le sort de l’humanité repose sur leurs épaules, Laurie et Simon sont ainsi confrontés à la bestialité de l’homme dépourvu de morale : déviants qui sous une belle apparence sont de véritables monstres, volonté de tuer par plaisir, « vampires »… Je ne donnerai pas plus de détails sur les différentes rencontres du duo sous peine de vous gâcher une partie de l’intrigue, mais je peux vous dire que l’un des groupes rencontrés m’a juste donné envie de vomir. Il faut dire que Les cercles de l’éternité, c’est un roman à la portée philosophique, mais à la violence bien concrète. Dès le début de l’histoire, l’auteur ne nous épargne pas et nous plonge dans une ambiance angoissante où le règne de la violence dicte sa loi. Alors si vous n’aimez pas le sang, les meurtres…, il est peut-être préférable de passer votre chemin.

Simon est un personnage qui n’est pas lui-même dénué de violence au point que certaines de ses actions m’ont un peu laissé interdite. Horribles en soi, il les fait avec un tel naturel et sans que sa conscience n’en soit affectée que cela donne le sentiment que les drogues d’éternité et son passé de déviant ont laissé quelques séquelles… À moins que cela ne m’ait perturbée parce que même en trouvant certaines de ses actions immondes, j’ai fini par presque comprendre son comportement. Rappelons que nous sommes dans une histoire de survie et que la survie ne s’encombre pas forcément d’humanisme… Simon fait donc ce qu’il a à faire sans tergiverser à l’inverse de Laurie qui semble, par bien des aspects, plus « humaine ». Alors que Simon se montre vite obnubilé par le professeur et ses découvertes, Laurie prend une certaine distance avec cette mission et toute cette violence à laquelle elle n’était pas préparée. Sans être foncièrement attachante, elle attire donc un peu plus la sympathie que Simon même si celui-ci finit par subrepticement évoluer…

Le roman étant court, moins de deux cents pages, il se lit très vite d’autant que sans s’encombrer de longues descriptions, l’auteur vous plonge dès les premières pages dans son récit. Sa plume vive et rythmée ainsi que l’enchaînement rapide des événements vous garantissent, quant à eux, une lecture qui ne laisse aucune place à l’ennui. Tout s’enchaîne cependant peut-être un peu trop vite ce qui donne parfois le sentiment d’un manque de profondeur dans l’intrigue ou les relations entre nos deux protagonistes… Par ailleurs, la traversée entre les cercles est tellement rapide que finalement, ils semblent nous réserver encore bien des secrets. Mais cela semble plutôt logique puisque le but de la mission de notre duo est de retrouver le professeur, et non d’explorer les cercles… En apprendre plus sur ces derniers aurait peut-être satisfait la curiosité des lecteurs, mais aurait probablement cassé le rythme du récit. De la même manière, le côté très scénaristique du récit fait que le manque d’approfondissement de certains aspects ne m’a pas dérangée outre mesure. Je dirais même que cela crée une certaine connivence avec les protagonistes qui, pris dans le feu de l’action, n’ont pas vraiment le temps de tergiverser. En tant que lectrice, et c’est assez rare pour que je le signale, j’ai fini par faire comme eux en prenant les choses comme elle venait, ce qui ne m’a pas empêchée de m’interroger sur l’éternité et ses conséquences sur l’humanité.

L’éternité, bénédiction ou malédiction ? Pour en juger, il ne vous reste plus qu’à vous plonger dans ce roman de science-fiction accessible à tous, l’auteur n’usant pas d’un vocable réservé aux aficionados du genre. À travers des descriptions concises mais terriblement efficaces, l’auteur vous immerge dans un récit où l’action soutient la réflexion et la réflexion se nourrit de l’action. Alors si vous avez envie de vous divertir tout en réfléchissant, je ne peux que vous conseiller ce roman.

Portrait de Ermine jean-louis

Source : Site Simplement

Page FB consacrée au livre – Compte FB de l’auteur

Envie de craquer pour Les cercles de l’éternité ? Rdv sur Amazon ou Publishroom.

 

Une réflexion sur “Les cercles de l’éternité, Jean-Louis Ermine

  1. Pingback: Bilan Challenge Semaine à lire #3 : Mars 2018 | Light & Smell

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.