Jim, François Schuiten

Adorant les belles relations entre les hommes et les animaux, je ne pouvais que craquer pour Jim de François Schuiten.

RÉSUMÉ : « L’heure de la promenade était là et je ne le voyais pas. Il devait m’attendre quelque part… ». En dessinant Jim, son chien récemment disparu, François Schuiten a trouvé une nouvelle fois dans l’art de la bande dessinée le moyen de combler le vide intérieur et d’honorer ce qui lui est cher. Depuis le décès de son discret mais fidèle allié du quotidien, l’artiste n’a eu de cesse de lui rendre hommage en produisant une illustration par jour, pour ressentir encore un peu sa présence tout en acceptant de le laisser partir.

RUE DE SÈVRES (30 août 2023) – 128 pages – 16€

AVIS

À défaut d’avoir l’environnement adéquat pour pouvoir adopter et rendre heureux un chien, j’aime lire des ouvrages dans lesquels ils sont au coeur du récit. C’est ainsi que la tendre et belle couverture de Jim a attiré mon attention. Une couverture qui ne laisse en rien présager de la bouffée d’amour et de nostalgie qui m’a assaillie en parcourant les illustrations tout en délicatesse de François Schuiten.

Des illustrations comme une manière de rendre hommage et de faire le deuil de Jim, son compagnon de vie disparu mais qui a laissé à jamais son empreinte dans le coeur de l’auteur. Je n’ai jamais eu la chance d’avoir un chien, mais j’ai déjà perdu des compagnons à fourrure, ce qui a rendu cette lecture d’autant plus forte et émouvante. Car si chaque relation avec un animal est unique, il y a une certaine universalité dans cette peine qui enserre la poitrine à sa mort et ce sentiment de vide difficile à combler.

L’auteur semble avoir néanmoins trouvé dans sa nouvelle routine, un moyen de faire face à la douleur : à la place des promenades, des dessins. Une démarche que j’ai trouvée très belle et des plus touchantes. Page après page, des scènes de vie se dévoilent à nos yeux, toujours accompagnées de quelques mots ou phrases. Il se dégage du tableau d’ensemble une impression d’amour infini, de tendresse et de tristesse aussi, l’auteur arrivant à illustrer sa peine de manière plus ou moins symbolique, mais toujours avec une incroyable expressivité.

Vous dire que la lecture n’a pas été éprouvante serait vous mentir, ce livre ayant fait remonter en moi des émotions toujours très vives, qui ne demandent qu’à s’exprimer. Mais la lecture fut aussi poignante, belle et émouvante. J’ai aimé le magnifique hommage de François Schuiten à Jim, un compagnon fidèle avec lequel il a noué et développé une incroyable relation d’amour et de tendre complicité. J’ai aimé trouvé dans la peine de l’auteur l’écho de la mienne, car on se sent parfois démuni devant les émotions fortes et violentes, et pas toujours comprises des autres, que déclenche la disparition d’un animal. J’ai aimé rencontré Jim, lire dans son regard toutes ses émotions et à travers sa stature son incroyable présence.

En résumé, Jim est un magnifique, tendre et émouvant travail de deuil, mais c’est également l’hommage d’un ami à un autre ami. C’est la preuve en image de l’incroyable connexion et de l’amour inconditionnel qui peuvent se développer entre un chien et son humain. Vaguant d’illustration en illustration, les lecteurs partagent sans réserve le vague à l’âme de François Schuiten et revivent, du moins pour ceux qui ont la chance d’avoir eu un animal dans leur vie, des émotions fortes que l’on peut garder au fond de soi mais jamais enterrer. Un ouvrage à offrir aux amoureux des animaux, et en fonction des circonstances, aux personnes traversant un deuil animalier. Pour ma part, ce beau livre à la disparition de mes compagnons à quatre pattes m’aurait fait pleurer mais il m’aurait aussi fait du bien…

Album lu dans le cadre du Challenge Un genre par mois 2024