Merci pour la tendresse, Myren Duval et Emma Constant

Couverture Merci pour la tendresse

merci pour la tendresse de Myren Duval et Emma Constant est le genre de lecture forte qui marque, amuse et attendrit en même temps…

Elle l’appelle Doudou, ma crevette, Minus, Louloute, baby, chaton, mon oiseau, mon castor. Elle lui répond « Tata ». Elle s’occupe d’elle comme de sa fille mais c’est sa nièce. Elle lui raconte tout comme à une mère mais c’est sa tante. Toutes les deux, c’est un duo tout feu tout flamme, une partie de ping-pong où la balle serait de l’amour. Il faut au moins ça car la plus petite, quand elle est chez elle, doit souvent se débrouiller toute seule et ne peut pas trop compter sur sa maman… Heureusement, pour s’échapper de son quotidien, il y a les rêves mais surtout il y a la tendresse. Avec ce roman graphique en couleur, aux aquarelles pleines d’humour, Myren Duval et Emma Constant nous livrent une émouvante histoire de famille à hauteur d’enfant.

Rouergue jeunesse (31 janvier 2022) – 176 pages – 17,80€ 

AVIS

Appréciant la douceur de la couverture, je n’ai pas hésité à emprunter ce bel et épais ouvrage graphique qui s’est révélé d’une très grande tendresse et douceur, malgré une thématique de fond difficile et délicate.

S’appuyant sur les belles aquarelles d’Emma Constant, entrecoupées de petits passages narratifs, Myren Duval évoque le thème de la dépression, une maladie difficile à appréhender, surtout pour une enfant qui est en quête d’une attention que sa mère ne peut lui offrir. Éreintée par cette maladie invisible, sa mère, en effet, passe son temps à dormir ou à boire, au grand désespoir de sa fille qui fait tout pour pouvoir interagir avec elle, inventant des jeux simples auxquels sa mère a néanmoins du mal à participer.

Impuissant, le lecteur assiste à une véritable inversion des rôles, l’enfant s’occupant de la mère comme si c’était elle l’adulte de la maison. Même quand elle s’amuse à l’extérieur, sa mère n’est jamais très loin dans sa tête, comme si elle comprenait que sans sa présence et ses attentions, celle-ci serait en danger. J’ai trouvé cette dévotion et cet amour inconditionnel incroyablement beaux et attendrissants, mais aussi très tristes, notre fillette endossant un rôle qui n’est pas le sien et qui est bien lourd à porter, surtout à un si jeune âge. 

Heureusement, cette dernière peut compter sur la présence de sa fantasque et fantastique tante, qui vient très régulièrement la voir pour l’emmener au restaurant, au cinéma ou au parc, et partager avec elle tous ces petits moments de complicité et d’amour dont un enfant a besoin pour s’épanouir. J’ai adoré la complicité unissant cette enfant à sa tante et leurs échanges emplis d’humour, les deux étant aussi drôles, enjouées et bavardes l’une que l’autre. À l’austérité de la mère, la tante oppose une bonhomie et une légèreté qui permettent probablement à notre jeune héroïne de garder cette part d’enfance et d’innocence que la dépression de sa mère lui dérobe jour après jour.

Certaines scènes suscitent un pincement au coeur, voire une vive émotion et un sentiment puissant de compassion. Je pense notamment à celles où l’on voit les efforts de notre fillette pour réveiller sa mère de sa léthargie tomber à plat, ou quand on découvre à quel point elle est dénutrie, sa mère ne pensant pas la nourrir. Mais il y aussi de beaux instants de tendresse et de rire grâce aux interventions toujours opportunes de la tante, qui réserve à sa nièce adorée de multiples surnoms affectueux et des heures d’attention toujours enrobées sous une belle couche d’humour tendre.

J’ai, en outre, aimé la fin qui se termine sur une belle note d’espoir et permet de rappeler que la dépression est une maladie et qu’il convient d’aider les personnes qui en sont affectées. À cet égard, s’il y a des scènes où l’on voit la tante tenter de faire réagir la mère fort maladroitement, j’ai trouvé que l’autrice évitait l’écueil du jugement. Quand la tante s’emporte, c’est toujours devant les dangers encourus par sa nièce et le désœuvrement d’une mère qui ne peut tout simplement pas faire mieux... Du moins, pas avant d’avoir été prise en charge par des professionnels et non par sa fille dont ce n’est pas le rôle.

En conclusion, merci pour la tendresse permet d’évoquer avec douceur et humour la thématique difficile de la dépression et de ses conséquences aussi bien pour la personne concernée que pour son entourage. Entre scènes qui brisent le coeur et instants de complicité et de rires qui le réchauffent, un ouvrage fort et tendre à la fois illuminé par les douces aquarelles d’Emma Constant.

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