Clara lit Proust, Stéphane Carlier

N’ayant pas pris de notes lors de mon écoute de Clara lit Proust de Stéphane Carlier, mon avis sera court, mais je tenais à vous dire quelques mots sur ce roman qui a été ce que l’on peut appeler une belle rencontre (littéraire) !

Proust. Avant, ce nom mythique était pour elle comme celui de certaines villes – Capri, Saint-Pétersbourg… – où il était entendu qu’elle ne mettrait jamais les pieds ». Clara est coiffeuse dans une petite ville de Saône-et-Loire. Son quotidien, c’est une patronne mélancolique, un copain beau comme un prince de Disney, un chat qui ne se laisse pas caresser. Le temps passe au rythme des histoires du salon et des tubes diffusés par Nostalgie, jusqu’au jour où Clara rencontre l’homme qui va changer sa vie : Marcel Proust.

Gallimard – 2 heures et 58 minutes – Rachel Arditi

Découvert par hasard sur le site de la bibliothèque numérique de mon département, je n’ai pas hésité à me lancer dans cette rapide lecture audio qui m’a enchantée.

Plusieurs semaines après l’avoir écoutée, je garde en tête une histoire lumineuse, non dénuée d’une élégance teintée d’intelligence. Une histoire simple et profonde à la fois dans laquelle une coiffeuse s’éveille à la littérature grâce à un livre de Proust oublié par un client dans le salon de coiffure où elle travaille. Marcel Proust est un auteur connu pour ses longues phrases et un style pas toujours des plus simples, mais Stéphane Carlier m’a donné très envie de le redécouvrir et de me laisser porter par ses mots à la puissance évocatrice qui emporte tout sur son passage !

À commencer par Clara, une femme dont le travail n’a pas l’air de lui apporter l’impulsion suffisante pour compenser une vie personnelle assez fade auprès d’un homme pour lequel elle ne ressent plus grand-chose. Il faut dire que sortir avec un homme au physique d’Apollon est loin de garantir le bonheur, a fortiori quand, comme Clara, ce n’est pas quelque chose à laquelle vous prêtez vraiment attention. Elle a heureusement un chat et comme tout le monde le sait, cela apporte un minimum de bonheur dans l’existence de n’importe qui.

Bien que nous soyons assez différentes l’une de l’autre, je me suis tout de suite pris d’affection pour Clara, sa simplicité et son ouverture d’esprit, mais j’ai surtout aimé suivre son éveil à la vie grâce à la lecture. En tant que bibliophile, c’est un schéma qui suscite toujours en moi une belle part de frissons, surtout quand il est amené, comme ici, avec une telle poésie, élégance et délicatesse que l’on ne peut que se laisser charmer. Rien n’est forcé ou surjoué, l’auteur semblant jouer sa partition sans aucune fausse note, nous offrant un roman dont le charme pourra conquérir aussi bien les amateurs de Proust que tous les autres.  

D’une plume simple qui instille pourtant lumière et réconfort dans le coeur des lecteurs, Stéphane Carlier fait grandir son héroïne, lui ôtant les ornières qui semblent limiter son champ des possibles, et faisant sauter les carcans d’un quotidien qui ne la rend pas heureuse pour lui offrir autre chose. Une nouvelle vie embellie par les mots de Proust et la fulgurance de sa plume, qui rappellent avec force et sans complaisance à Clara qu’elle aussi a le droit de trouver sa propre madeleine.  

Au-delà de l’histoire aux inspirations feel good, mais pas convenues, j’ai aimé que l’auteur franchisse la barrière des préjugés pour nous prouver que tout le monde peut lire, que ce soit Proust ou un autre auteur. Une évidence qui n’en est pas une pour tout le monde, la littérature pouvant parfois se parer d’un agaçant élitisme et intimider des personnes ayant intériorisé que certains auteurs et livres n’étaient pas faits pour elles. S’il y a une qualité que je retiendrai de ce roman, c’est bien la manière dont il prouve que ce n’est qu’une illusion.

Avec Clara lit Proust, un roman simple et ambitieux à la fois, la littérature, qu’elle soit contemporaine ou classique, brille de mille feux et sort ses convaincants apparats pour attirer dans ses filets des lecteurs curieux de suivre l’éveil, ou plutôt le réveil à la vie de Clara. Une femme, ressemblant à Madame Tout-le-Monde qui a découvert, grâce à un livre oublié dans le salon de coiffure où elle travaille, le plus beau des trésors.

Tendre, touchant et lumineux, un roman qui fait du bien et qui rappelle avec force le pouvoir des livres et de la lecture, mais aussi un vibrant hommage à Proust et à la magie de ses mots !