Premières lignes #122 : Frankenstein, Mary Shelley

Le principe de ce rendez-vous initié par Ma lecturothèque est de citer, chaque semaine, les premières lignes d’un livre.

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Pour cette édition, je vous présente les premières lignes de ma lecture en cours : Frankenstein de Mary Shelley. Classique que je découvre sous forme audio (livre écoutable gratuitement sur Audible pour les abonnés) et en même temps sous forme écrite. Je ne possède pas la belle édition ci-dessous, mais je n’ai pas résisté au plaisir de partager sa couverture.

Résumé : 16 juin 1816. L’orage gronde. Dans une ville cachée au milieu des arbres, sur les bords riants du lac de Genève, une petite société s’ennuie. Il y a deux poètes, Byron et Shelley, leurs compagnes, Claire et Mary, un médecin, Polidori. On se raconte d’horribles histoires, selon la mode du temps. On décide même d’en écrire. Dans la nuit, la jeune Mary – elle n’a pas encore 19 ans – ne peut dormir : elle rêve d’un hideux fantasme d’homme. Quelques jours plus tard naissent Victor Frankenstein et sa créature. Récit d’une inquiétante nouveauté, vite porté à la scène, très souvent ensuite à l’écran. Devenu si mythique que, dans l’esprit du public qui a oublié Mary Shelley, le créateur et sa créature se sont confondus.

PREMIÈRES LIGNES

PREMIÈRE LETTRE

À madame Saville, en Angleterre

Saint-Pétersbourg, 11 décembre 17..

Vous serez bien heureuse d’apprendre qu’aucun malheur n’a marqué le commencement d’une entreprise à propos de la quelle vous nourrissiez de funestes pressentiments. Je suis arrivé ici hier et mon premier soin est de rassurer ma sœur sur ma santé et de lui dire que je crois de plus en plus au succès de mon entreprise.

Je suis déjà loin au nord de Londres. Quand je me promène dans les rues de Pétersbourg, je sens la brise froide du nord se jouer sur mon visage : cela me fortifie et me remplit de joie. Comprenez-vous une telle sensation ?

Cette brise qui vient des régions vers lesquelles je m’avance me donne un avant-goût de leur climat glacial.

Inspirés par ces vents prometteurs, mes rêves deviennent plus fervents, plus vivants. J’essaie en vain de me persuader que le pôle est le siège du froid et de la désolation : il se présente à mon imagination comme le pays de la beauté et du plaisir. À cet endroit, Margaret, le soleil est toujours visible, son large disque frange presque l’horizon et répand un éclat perpétuel. Là – si vous le permettez, ma sœur, je ferai confiance aux nombreux navigateurs qui m’ont précédé, là, la neige et la glace sont bannies et, en naviguant sur une mer calme, on peut être transporté sur une terre qui surpasse en prodiges et en beauté toutes les régions découvertes jusqu’ici dans le monde habitable. Ses trésors et ses paysages peuvent être sans exemple – et la plupart des phénomènes célestes doivent sans doute trouver leur explication en ces lieux encore intacts. Mais que ne peut-on pas espérer dans un pays qui offre une éternelle lumière ?

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J’avais un doute sur le fait d’avoir lu ou non Frankenstein mais ces premières lignes ne me disant rien, je pense que je n’ai dû en lire qu’une version abrégée ou une adaptation. Je n’avais pas en tête ce ton presque confidentiel d’un frère à une sœur ni cette forme sensorielle que j’apprécie déjà beaucoup dans ces lignes. Les tournures ne font pas modernes mais pourtant, je leur trouve une sorte de grâce aérienne qui rend la lecture très plaisante. En d’autres termes, pour le moment, j’apprécie beaucoup ma lecture et mon écoute.

Et vous, Frankenstein de Mary Shelley vous tente-t-il ?
L’avez-vous déjà lu ? Qu’en avez-vous pensé ?