Perdue. Un amour qui défie le temps, Carina Rissi

couv72085188

Je remercie les éditions de l’Archipel de m’avoir envoyé Perdue. Un amour qui défie le temps de Carina Rissi en échange de mon avis.

Une envie pressante. Et c’est la catastrophe ! Sofia, jeune citadine de 24 ans, se rue aux toilettes et, dans la précipitation, laisse tomber son téléphone dans la cuvette !
Contrainte d’en trouver un autre de toute urgence, elle entre dans la première boutique venue et en ressort munie d’un modèle qui lui semble un peu étrange. Mais qu’importe !
Le problème, c’est qu’il ne fonctionne pas. Et quand l’écran s’allume enfin, la lumière est si aveuglante qu’elle perd connaissance…
Sofia est alors secourue par un jeune homme à cheval, étrangement vêtu, et qui s’exprime d’une drôle de manière, comme s’il vivait à l’époque de Jane Austen…
Peu à peu, Sofia doit se rendre à l’évidence : elle a fait un bond de deux cents ans dans le passé ! Et le prince charmant qu’elle cherchait désespérément est là, à portée de main…
Mais comment vivre un tel amour, qui défie le temps ?

Perdue est le premier d’une série de six romans, qui a connu un énorme succès : plus de 700 000 lecteurs et des traductions dans cinq pays. Après sa sortie en salles, le film adapté de cette comédie romantique sera disponible sur Disney+.

L’Archipel (22 juin 2023) – 400 pages – 23€
Traduction : Lorena Lamin  

AVIS

Une romance dans laquelle une héroïne moderne est propulsée dans le passé ? Je n’ai pas hésité un instant aimant beaucoup ce genre de schéma classique, mais bien souvent efficace pour mêler amour et humour.

Deux choses bien présentes ici, l’autrice faisant d’ailleurs preuve d’une certaine audace dans la manière dont tout commence pour Sofia, une jeune femme de 24 ans. Petit conseil : n’utilisez pas votre Smartphone dans les toilettes et, surtout, n’achetez jamais de téléphone à une vendeuse qui vous semble étrange ! Ou alors il vous faudra prendre le risque de vous retrouver, comme Sofia, propulsés en 1830. Une période qui, en tant que fan de Jane Austen et des romans se déroulant au début et moitié du XIXe siècle, m’a enchantée.

J’ai adoré retrouver ce cadre historique devenu familier et doudou pour moi à base de jolies mais inconfortables robes, de course plus ou moins subtile au beau parti, de fiacres dans lesquels peuvent se passer bien des choses, de mœurs strictes rendant les rapports hommes/femmes codifiés et donc ultra savoureux à faire valser… Et à ce petit jeu, Sofia excelle ! Jeune femme de son temps, elle amène avec elle, en plus de ses baskets qui feront mouche, son franc-parler, ses idées révolutionnaires pour l’époque, sa familiarité, sa vision moderne et décomplexée des rapports charnels...

De quoi déstabiliser le beau, gentil et riche Ian venu au secours de Sofia qu’il découvre dans une bien mauvaise posture, et qu’il décidera, en bon gentleman qu’il est, d’aider jusqu’à ce qu’elle puisse rentrer chez elle. Même s’il n’a aucune idée d’où une si excentrique et, selon les critères de son époque, dénudée personne peut bien venir… Le début d’une étonnante et amusante relation où la différence d’époque se fera sentir et ceci pour notre plus grand plaisir. J’ai trouvé des plus savoureux le décalage de comportement, de vocabulaire et de mœurs entre ces deux personnages, qui développeront pourtant une réelle et belle complicité. Bien que l’intrigue principale se déroule en quelques jours, la relation entre les deux ne semble jamais précipitée ou forcée, ce qui permet aux lecteurs de s’y plonger sans réserve, mais avec une petite boule au ventre.

En effet, Carina Rissi fait d’emblée peser un danger sur cette relation naissante en nous rappelant que le temps de Sofia en 1830 est compté. Une sorte de compte à rebours, dont on ne connaît pas l’échéance, est donc enclenché, ajoutant une certaine tension à un roman pourtant tourné vers les sentiments et l’humour, voire une certaine dérision. Ainsi, avec facétie et volubilité, l’autrice s’amuse des règles de cette société bourgeoise brésilienne engoncée dans ses principes étriqués, tout en nous réservant quelques clins d’œil, notamment aux romans de Jane Austen (même si sur ce point, j’aurais aimé qu’elle aille plus loin). Elle fera même une petite incursion remarquée et intelligente du côté du conte, nous permettant d’avoir les réponses aux questions que l’on se pose dès le début du roman…

Cette pointe d’impertinence, d’humour, de charme et d’originalité rend la lecture agréable, mais pas éblouissante, la plume de l’autrice manquant de subtilité. Alors que j’ai adoré découvrir la personnalité des protagonistes, et me suis délectée de l’intensité avec laquelle grandissent leurs sentiments, j’ai été gênée par la manière de s’exprimer de Sofia. Les « je me casse » et compagnie ainsi que le tutoiement, quand elle voit bien que tout le monde se vouvoie, donnent l’impression qu’elle est complètement à côté de la plaque, voire égocentrique, et juste incapable de s’adapter à sa nouvelle situation. Ceci est d’autant plus regrettable que l’autrice n’avait pas besoin d’ajouter cette familiarité forcée pour que les lecteurs comprennent le fossé entre la manière de parler d’une femme de 2010 et celle d’un homme de 1830.

Mais ce sera pour moi le seul bémol de cette romance à travers le temps qui m’a fait sourire et dont les personnages m’ont beaucoup plu. J’ai aimé la spontanéité de Sofia, sa débrouillardise et son côté fonceuse, tout comme j’ai adoré la gentillesse sincère et désintéressée de Ian, ainsi que la manière dont il accueille les excentricités de Sofia sans jugement et avec bienveillance. Les voir évoluer au contact l’un de l’autre, c’est un peu sentir son coeur s’envelopper d’une belle couche de douceur et battre au rythme d’intenses sentiments. Des sentiments qu’il semble dangereux de laisser s’exprimer, mais quasiment impossible d’emprisonner… Je ne suis pas particulièrement fleur bleue, mais je dois reconnaître que certains passages m’ont beaucoup touchée, d’autant qu’ils sont dénués de toute mièvrerie.

Les personnages secondaires jouent également à merveille leur partition, et notamment l’adorable sœur de Ian qui m’a rappelé celle de Darcy dans Orgueil et Préjugés. Même les domestiques, ou plutôt les « employés » font partie intégrante du charme de cette histoire, au même titre qu’un personnage à la forte personnalité dont j’avais rapidement deviné le rôle dans cette histoire. Mais je n’en dirai pas plus, car il faut bien préserver la magie de ce voyage dans le temps. Un voyage qui mettra sur la route d’une jeune femme ce qu’elle n’était même pas consciente de chercher ! C’est aussi ça la magie d’une belle histoire dans laquelle on se laisse porter sans jamais avoir le sentiment de dériver…

En conclusion, Perdue. Un amour qui défie le temps est une délicieuse romance/comédie historique qui nous plonge avec facétie en plein XIXe siècle, tout en dépoussiérant les strictes conventions de l’époque grâce à une héroïne haute en couleur. Une héroïne du XXIe siècle qui va découvrir la réalité de ce passé tant apprécié dans les romans de Jane Austen, beaucoup moins quand elle va devoir y poser ses valises. À moins qu’au passage, elle ne découvre quelques vérités sur elle-même et fasse une rencontre qui change tout… Amour, humour et bonne humeur ! Carina Rissi ne serait-elle pas une bonne fée ?

Pour ma part, j’ai hâte de voir l’adaptation cinématographique et de lire le deuxième tome même si celui-ci peut se suffire à lui-même.

47 réflexions sur “Perdue. Un amour qui défie le temps, Carina Rissi

  1. Comme tu le sais, j’ai moi-même fortement apprécié cette légère et pétillante romance mais j’avoue que j’ai été bien moins indulgent que toi quant à la plume de l’auteure qui m’a vraiment semblé, un léger trop, grossière pour m’envouter totalement.
    Néanmoins, je suis ravi de lire que ce voyage ait opéré autant d’enthousiasme chez toi et j’avoue que je me laisserai certainement tenté par le film également.

    Aimé par 1 personne

    • C’est pour moi le gros bémol du roman. Cette familiarité forcée ne sert à rien et se révèle très agaçante. Les « je me casse » et cie sont d’une lourdeur…
      Oui, malgré ce point, j’ai beaucoup aimé et ai hâte de voir le film même si souvent, je suis déçue des romans portés sur écran. J’espère donc une bonne surprise 🙂

      Aimé par 1 personne

  2. Le pitch sent un peu le déjà-vu, mais le coup du téléphone m’a fait rire, parce que ça m’est arrivé aussi de faire tomber le mien dans les toilettes 😆 Heureusement celui que j’ai acheté pour le remplacer ne m’a pas fait quitter notre époque, l’époque de Jane Austen ne me fait pas du tout rêver 😆

    Aimé par 1 personne

  3. Utilisez son téléphone au toilettes et se retrouver propulser dans les années 1830, voilà qui promet une situation cocasse. 🤭 Dommage pour le manque de subtilité de l’auteure, et la familiarité du personnage. Mais malgré tout, l’histoire a l’air très agréable, pleine d’humour et le décalage entre nos deux époques doit être bien sympa. Merci pour l’idée de lecture ! D’ailleurs, c’est le genre de film qui me plairait bien, alors si jamais je ne lis pas le roman d’ici là, je regarderai certainement son adaptation. 😉

    Aimé par 1 personne

  4. Après avoir lu la présentation, ma première réaction a été « mouin » et puis, plus j’avançais dans ta chronique, plus mon mouin de départ peu convaincu s’estompait. Pour ce qui est de la plume, je me demande si en partie, c’est dû à au choix de la traduction… En tout cas, je ne dirai pas non à cette série si je tombe dessus.

    Aimé par 1 personne

  5. Pingback: C’est le 1er, je balance tout ! juillet 2023 + Challenge PAL en déraoût | Light & Smell

  6. Je n’apprécie pas plus que cela les romances (sauf en période de Noël 😁), mais j’avoue que ta chronique m’a tout de même donné envie de plonger dans ce XIXe siècle avec la protagoniste. J’adore ces histoires, qui donnent souvent lieu à des quiproquos amusants et qui sont aussi l’occasion de comparer des us et coutumes bien différentes.

    Aimé par 1 personne

  7. Pingback: Vos histoires de livre #10 - Vingt et une pages

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.