Mon Papy Titanic, Falzar et Marco Paulo (dessins)

Je remercie les éditions Bamboo et Babelio de m’avoir envoyé Mon Papy Titanic de Falzar et Marco Paulo en échange de mon avis.

Rose va grandir bien plus vite qu’elle ne le pense…
Les parents de Rose n’arrêtent pas de se disputer. À tel point qu’elle a décidé d’aller vivre chez son grand-père à trois maisons de là. Et elle ne reviendra chez elle que quand elle aura grandi et atteint la marque sur la toise dans l’ancienne chambre de sa maman. Voilà qui est dit ! Mais la vie avec son papy, vieux monsieur solitaire aux habitudes fantasques et fan du Titanic dont il reconstitue la maquette, au moindre câble près, ne va pas être aussi apaisée que Rose l’imagine. Entre moments tendres et situations cocasses, Rose va découvrir une existence tout aussi mouvementée que chez ses parents.

‎ Bamboo éditions (29 mars 2023) – 48 pages – 11,90€

AVIS

Adorant les ouvrages mettant en scène des relations intergénérationnelles, je ne pouvais qu’être tentée par cette BD, d’autant que j’étais moi-même proche de l’un de mes grands-pères. J’ai donc été très touchée par la relation entre Rose et son papy, surnommé Papy Titanic. Sympathique allusion à la maquette du Titanic qu’il reconstitue patiemment, jusque dans ses moindres détails, et qui semble occuper ses journées. Du moins jusqu’à ce que l’arrivée de sa petite fille, et de quatre adorables chatons, ne vienne bouleverser ses habitudes de vieux monsieur solitaire…

En effet, lasse des disputes incessantes de ses parents, Rose plie bagage pour emménager chez son papy, qui lui ouvre gentiment sa porte et l’installe dans l’ancienne chambre de la maman de la fillette, au grenier. Commence alors une tendre, douce et quelque peu mouvementée vie à deux ! C’est que la petite Rose amène pas mal de changement dans la vie de ce papy qui va devoir revoir ses priorités : entre l’école, les sorties, la mission de récupération en pleine nuit d’un doudou, les goûters, les activités à trouver pour occuper Rose et la fougue toute juvénile de sa petite-fille, sa maquette risque bien de ne plus être sa principale (pré)occupation. 

Dès la première page, j’ai été séduite par les couleurs lumineuses et le trait tout en arrondi de Marco Paulo, qui convient à merveille à la tendre douceur qui se dégage de cette cohabitation à deux.  Une cohabitation emplie de complicité et de beaux moments de partage même s’il y aura également quelques moments de tension et d’incompréhension, heureusement bien vite oubliés. Car dans cette BD, ce qui prime, c’est avant tout la communication, l’écoute, l’empathie et la bienveillance ! Bienveillance d’un grand-père pour sa petite-fille affectée par les disputes de ses parents ; et bienveillance d’une petite fille pour un grand-père un peu fantasque, qui porte en lui ses propres maux.

Au fil de la lecture, et malgré le ton léger de la BD, on réalise tout le talent de l’auteur qui évoque sans pathos et avec un humour bienvenu, des sujets parfois difficiles : les différences intergénérationnelles pouvant occasionner des conflits, les relations conflictuelles entre les parents ayant de réelles conséquences sur les enfants pris en étau, la manière dont la vie actuelle peut pousser des parents à négliger, sans même en avoir conscience, leurs enfants, cette question de la solitude et de l’isolement des personnes âgées… Une solitude, ici, liée au deuil.

L’auteur évoque ainsi avec une rare et réelle sensibilité ce thème du deuil, se contentant de quelques allusions et de brefs moments qui permettent de comprendre à quel point la perte de sa femme a affecté ce grand-père fantasque. À cet égard, j’ai trouvé certaines scènes particulièrement belles et poétiques. Je pense notamment à celle où un foulard permet d’inclure, même symboliquement, la grand-mère de Rose dans une folle course jusqu’à l’école, ou à une balade jusqu’à un lieu important pour Papy Titanic et sa défunte épouse, même si les choses ne se passeront pas comme prévu. L’auteur nous rappelle d’ailleurs avec beaucoup de douceur que les choses changent inexorablement, le nouveau remplaçant l’ancien, mais qu’il est toujours possible de se recréer un coin de paradis ; un endroit où partager de beaux souvenirs et s’en créer de nouveaux.

Petit à petit, une sorte de pont semble se créer entre un bonheur passé empreint de nostalgie, et un bonheur présent qui laisse place à la nouveauté et à une petite fille qui a le don d’entraîner son papy adoré dans de drôles et de loufoques aventures. L’auteur arrive ainsi à nous émouvoir, à nous attendrir et à nous faire rire à travers des scènes cocasses, des échanges empreints d’humour et des moments hauts en couleur entre un Papy qui semble reprendre goût à la vie, et une petite fille déchargée des tensions familiales. J’ai adoré voir leurs liens se renforcer à mesure que les jours défilent, d’autant que j’ai apprécié le choix de l’auteur de ne pas proposer une intrigue classique, mais des instants partagés sur quelques pages. Cela apporte beaucoup de dynamisme à l’histoire, tout en nous donnant le sentiment d’être les témoins de précieux moments de tendresse et de complicité.

En conclusion, Mon Papy Titanic est une douce, lumineuse, tendre et poétique BD qui, avec humour et bienveillance, met en scène une cohabitation animée et joyeuse entre un grand-père solitaire qui va de nouveau s’ouvrir à la vie, et sa dynamique, joyeuse et espiègle petite-fille qui va prendre de la distance avec une vie familiale marquée par les disputes parentales. Entre des scènes cocasses, des situations amusantes et des instants émouvants, cette histoire est un petit bonbon qui met du baume au coeur, et dont on a envie de faire durer le plaisir. Un indispensable pour les amateurs de belles relations intergénérationnelles !

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