Une fille comme elle, Marc Levy

Couverture Une fille comme elle

New York, sur la 5e Avenue, s’élève un petit immeuble pas tout à fait comme les autres… Ses habitants sont très attachés à leur liftier, Deepak, chargé de faire fonctionner l’ascenseur mécanique, une véritable antiquité. Mais la vie de la joyeuse communauté se trouve chamboulée lorsque son collègue de nuit tombe dans l’escalier. Quand Sanji, le mystérieux neveu de Deepak, débarque en sauveur et endosse le costume de liftier, personne ne peut imaginer qu’il est à la tête d’une immense fortune à Bombay… Et encore moins Chloé, l’habitante du dernier étage. Entrez au N°12, Cinquième Avenue, traversez le hall, montez à bord de son antique ascenseur et demandez au liftier de vous embarquer… dans la plus délicieuse des comédies new-yorkaises !

Robert Laffont/Versilio; 01 édition (18 mai 2018) – 384 pages

AVIS

Connaissant peu l’auteur, je serais bien incapable de vous dire si ce roman entre dans la veine de ce qu’il a l’habitude d’écrire, mais je peux néanmoins vous dire que j’ai été très agréablement surprise par cette histoire que j’ai trouvé divertissante à souhait et pleine d’humour. C’est d’ailleurs l’humour qui m’a le plus séduite ayant éclaté de rire à deux ou trois reprises. Marc Levy, comique ? Peut-être pas, mais l’auteur a fait preuve dans ce roman d’un humour pince-sans-rire auquel je suis extrêmement sensible sans oublier différents comiques de situation qui ne m’ont pas laissée indifférente.

On découvre ainsi la vie dans un immeuble cossu de New York avec son ascenseur d’époque qui fait toute sa splendeur, ses deux liftiers, dont Deepak que l’on suit plus particulièrement, et ses habitants hauts en couleur et plus ou moins sympathiques. À première vue, ces derniers sont tous très attachés à Deepak, un homme de confiance, droit et d’une fiabilité exemplaire qui, en plus de s’occuper de l’ascenseur d’une main de maître et avec un savoir-faire d’orfèvre, leur rend des menus services. Il suffira pourtant d’un incident, et de l’initiative d’un gestionnaire bien trop content de profiter de l’aubaine, pour que soit votée l’automatisation de l’ascenseur. Mais tout le monde n’est pas d’accord avec cette décision et certains sont prêts à se battre dans l’ombre pour que Deepak et son collègue gardent leur poste ! Après tout, au fil des années, Deepak n’est-il pas devenu un peu l’âme de cet immeuble dont le charme réside bien plus dans son ascenseur, symbole d’une autre époque, que dans son architecture ?

J’ai adoré le jeu de l’auteur autour des relations humaines, parce que si Deepak s’est fixé des règles strictes quant à la vie privée des habitants, cela ne l’empêche pas de prendre soin d’eux, de connaître les habitudes de chacun, de veiller à leur confort et à leur sécurité. Il m’a ainsi parfois donné l’impression d’être leur nounou ou un ange gardien bienveillant et d’une discrétion absolue. Il a d’ailleurs développé des liens forts avec certains habitants comme Chloé, une jeune femme en fauteuil roulant qui fait montre d’un certain sens de la répartie. Chloé apprécie les petites attentions de Deepak, et notamment la manière dont il veille à ne pas l’infantiliser en raison de son handicap, mais on sent qu’elle est surtout attachée à Deepak en tant qu’homme. Un homme bienveillant, gentil et d’une conscience professionnelle absolue.

Si j’ai adoré ces deux personnages et leur relation pleine de pudeur, j’ai également apprécié la femme de Deepak, une personne de caractère, et son neveu, Sanji, tout droit venu d’Inde en quête d’investisseurs pour un projet de grande ampleur. Lali, ayant dû fuir l’Inde pour vivre son histoire d’amour avec Deepak sans risque, a perdu contact avec sa famille. Elle accueille donc avec plaisir ce neveu qu’elle ne connaît pas et se méprend quelque peu sur ce qu’il vient faire à New York. Elle le pense sans le sou, il est richissime… De là, va naître une série de malentendus et de quiproquos qui ne manqueront pas d’amuser les lecteurs et de faire vivre des péripéties inattendues au pauvre Sanji, bien incapable de rétablir la vérité. Il faut dire que pour faire plaisir à sa tante et revoir Chloé rencontrée brièvement, il va accepter de jouer un rôle pour lequel il ne semble pas forcément le mieux taillé… Mais que ne ferait-on pas par amour ?

Sanji, à l’image de son oncle par alliance, est un homme d’une droiture exemplaire, un trait de caractère qui va bien souvent rendre chèvre son ami Sam. Mais cela le rend particulièrement attachant et attendrissant. Il y a ainsi une sorte d’anachronisme entre sa personnalité et les temps actuels, surtout dans une grande ville comme New York, cosmopolite par nature, méfiante par essence. Une dure réalité que Sanji va percevoir quand il se fera bien promptement accusé du vol d’un collier. Être indien dans un immeuble occupé par des blancs étant, apparemment, un motif de suspicion, a fortiori quand les gens vous pensent pauvres

L’auteur nous offre ici une comédie truculente, mais il aborde également des thèmes plus sérieux, de manière subtile et toujours en les incorporant avec naturel à son récit : le handicap et la manière dont les autres peuvent le percevoir, le travail de reconstruction, le racisme et les préjugés, le système de caste en Inde, l’importance des liens sociaux à une époque où ils sont bien souvent sacrifiés sur l’autel de la rentabilité… Il est également question d’amour que ce soit celui d’un homme qui, par sens du devoir, s’est trop longtemps oublié, d’un couple inébranlable qui a dû fuir pour s’aimer sans jamais se retourner, ou d’une jeune femme et d’un homme que rien ne destinait à se rencontrer, si ce ne sont les facéties du destin. Et pour les allergiques aux bons sentiments, soyez rassurés, l’auteur nous évite l’écueil de la mièvrerie, préférant jouer sur l’humour et les répliques qui font mouche.

Amusant et touchant, ce roman n’a qu’un défaut, se terminer trop vite, car il s’est avéré bien difficile de quitter cet immeuble et de dire au revoir à des personnages qui, pour certains, se sont révélés tellement attachants que j’aurais adoré les avoir pour voisins. Je suis donc ravie de m’être laissée tenter par ce roman qui se lit rapidement, l’auteur possédant un style aussi fluide que pétillant qui rend la lecture délicieusement addictive et immersive.

En conclusion, Une fille comme elle fut une lecture divertissante qui m’a très agréablement surprise. D’une plume fluide et agréable, l’auteur nous plonge dans la vie d’un immeuble new-yorkais dont le charme réside bien plus dans la personnalité de ses habitants et de son liftier de jour que dans son architecture. Amusant et très humain, voici un roman que je vous recommande si vous avez envie d’une lecture entraînante et sans prise de tête qui vous offrira quelques éclats de rire et de jolis moments d’amitié et de tendresse.

21 réflexions sur “Une fille comme elle, Marc Levy

  1. J’avais complètement oublié ce livre, mais en te lisant, les souvenirs reviennent.
    Les Levy, je les ai tous lus et tous aimés, mais très vite oubliés.
    Mon préféré « Le voleur d’ombres », très différent de ce qu’il fait d’habitude.
    Bon dimanche.

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.