Premières lignes #124 : Méduse Jessie Burton

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Le principe de ce rendez-vous initié par Ma lecturothèque est de citer, chaque semaine, les premières lignes d’un livre.


Aujourd’hui, je vous présente les premières lignes d’un roman que je possède en anglais dans une belle version illustrée et depuis peu, en français : Méduse de Jessie Burton.

Méduse de Jessie Burton

Résumé : Exilée sur une île lointaine après avoir été abusée par des dieux puissants, Méduse a peu de compagnie en dehors de ses soeurs devenues des Gorgones et des serpents qui lui tiennent lieu de chevelure. Hantée par ses souvenirs, elle n’a d’autre choix que de se réconcilier avec ce qu’elle est désormais : une créature monstrueuse. Mais quand le beau Persée arrive dans sa vie, la paix de son existence solitaire vole en éclats, avec l’apparition du désir, de l’amour… et de la trahison.


PREMIÈRES LIGNES

Si je vous disais que j’avais tué un homme d’un seul regard, auriez-vous envie d’en entendre davantage ? Le pourquoi, le comment, ce qui s’est passé par la suite ? Ou vous enfuiriez-vous loin de moi, miroir brouillé, corps fait d’une chair étrange ? Je vous connais. Je sais que vous ne partirez pas, mais je voudrais plutôt commencer par là : une fille, au bord du vide au sommet d’une falaise, sa curieuse chevelure flottant au vent. Un garçon, tout en bas, dans son bateau. Laissons-les s’épancher l’un et l’autre, raconter une histoire plus vieille que le temps lui-même. Puis se dévoiler jusqu’à ce qu’ils en dévoilent trop.

Commençons par mon île rocheuse.

Nous y sommes depuis quatre ans, mes sœurs aînées et moi, pour un exil éternel dans lequel nous avons choisi de vivre. À tous les points de vue ou presque, cet endroit correspondait parfaitement à mes besoins, étant désert, magnifique, inhospitalier. Mais l’exil éternel, c’est long, et certains jours j’avais l’impression que j’allais devenir folle – et même que je l’étais déjà.

Oui, nous nous étions échappées, oui, nous avions survécu – mais nous ne menions qu’une demi-vie, cachées dans l’ombre, au fond des cavernes. Mon chien, Argentus, mes sœurs, moi : et mon nom parfois murmuré dans la brise.

Méduse, Méduse, Méduse – à force de répétitions, de décisions prises, ma vie, mes vérités, les jours plus tranquilles que j’avais connus, les pensées qui se formaient alors, tout s’était évanoui. Et que restait-il ? Ces roches déchiquetées, une jeune fille arrogante qui avait subi un juste châtiment et une histoire de serpents. Odieuse réalité : je n’avais jamais connu de changement qui ne soit monstrueux. Il y avait une autre vérité, aussi : je me sentais seule, en colère, or la rage et la solitude peuvent finir par avoir le même goût.

Quatre ans coincé sur une île, c’est beaucoup pour réfléchir à tout ce qui s’est mal passé dans votre vie. Les choses que les gens vous faisaient et dont le contrôle vous échappait. Quatre ans d’une telle solitude aiguisent le besoin d’amitié et amplifient les rêves d’amour. Donc, vous êtes tout en haut d’une falaise, cachée derrière un rocher. Le vent fait claquer une voile, le chien d’un inconnu se met à aboyer. Puis un garçon apparaît, et vous avez l’impression que bientôt vos rêves pourraient devenir réalité. Mais cette fois, votre vie ne subira pas d’outrage. Cette fois, elle sera belle, heureuse.



J’apprécie déjà beaucoup ces premières lignes, la plume de l’autrice et le ton désabusé de l’héroïne. Je pense lire le livre en français et en parallèle regarder les illustrations de la version anglaise, avant plus tard de relire le roman en anglais.

Et vous, Méduse de Jessie Burton vous tente-t-il ?

25 réflexions sur “Premières lignes #124 : Méduse Jessie Burton

  1. Donc tu pars pour un voyage dans l’imaginaire mythique. L’autrice adapte le monstre de façon assez intellectuelle, me semble-t-il d’après cet extrait. « Sa curieuse chevelure flottant au vent »… Ce sont des serpents tout de même… bien que j’aie lu que les anciens n’auraient pas considéré cet animal avec la même répulsion que nombre d’entre nous et bien que je sache qu’il existe des gens (qui me paraissent bien bizarres) qui ont ce NAK chez eux… Je ne parviens pas à imaginer une jeune fille comme ça… J’attendrai ton compte-rendu futur pour en savoir plus.

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  2. On est tout de suite plongé dans une ambiance très particulière. Le nom de Jessie Burton me disait quelque chose. Ma bibli de quartier à plusieurs de ses livres dans son catalogue y compris « Méduse ».

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  4. C’est vraiment intéressant de partager les premières lignes d’un roman parce que je n’avais pas d’attentes ni d’envies particulières concernant ce Méduse, mais l’extrait me donne envie de poursuivre ma lecture, j’adore le ton de la narratrice ! Encore un livre que je rajoute sur ma liste. Merci ❤

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