« In My Mailbox a été mis en place par Kristi du blog The Story Siren et inspiré par Alea du blog Pop Culture Junkie. C’est un moyen de partager les livres reçus chaque semaine dans notre boîte aux lettres ainsi que les livres achetés ou empruntés à la bibliothèque ».
Archives de Tag: Recueil de nouvelles
Bilan du Pumpkin Autumn Challenge 2021 #PAC
Le Pumpkin Autumn Challenge arrivant à sa fin, je vous propose un petit bilan ou plutôt un gros bilan, parce que je n’avais pas réalisé à quel point j’ai lu ces trois derniers mois ! Certains menus et sous-menus sont plus représentés que d’autres, mais j’ai réussi à tous les valider… Lire la suite
Un grain de magie, Chloé Garcia
Dans ce recueil, la magie prend toutes les formes et toutes les couleurs. Vaisseaux conscients, êtres nocturnes étranges, créatures légendaires, mondes imaginaires extravagants, artefacts redoutables ou encore musique céleste, tout y passe ! Un grain de magie invite à rêver et à accompagner des personnages attachants, dont les aventures uniques font ressentir allégresse, tristesse, espoir ou quiétude.
Histoires de familles, quêtes insolites, complots politiques, tranches de vie étonnantes ou enquêtes policières, chaque nouvelle se veut l’écho de ce que nous traversons, aussi bien dans notre quotidien que dans nos questionnements intérieurs.
La magie vit en toutes choses et ne demande qu’à s’exprimer.
LE LYS BLEU (26 octobre 2020) – 15,20€ (papier) – 7,99€ (ebook)
In My Mailbox #224
« In My Mailbox a été mis en place par Kristi du blog The Story Siren et inspiré par Alea du blog Pop Culture Junkie. C’est un moyen de partager les livres reçus chaque semaine dans notre boîte aux lettres ainsi que les livres achetés ou empruntés à la bibliothèque. Les liens pour les participants francophones sont regroupés sur Accrocdeslivres. » Lire la suite
Légendes urbaines, Sébastien Gallois
Je remercie Évidence éditions pour m’avoir envoyé Légendes urbaines de Sébastien Gallois dans le cadre du Crazy Books Day qui a lieu le premier jeudi de chaque mois. Lire la suite
Comme un poisson hors de l’eau (recueil de nouvelles), Rooibos éditons
Je remercie Babelio et Rooibos éditons pour m’avoir offert, dans le cadre d’une opération masse critique, la possibilité de lire ce recueil de nouvelles. En grande consommatrice de thés et de rooibos, je suis complètement fan du nom de cette maison d’édition toute jeune, puisque créée en 2016. Comme un poisson dans l’eau est d’ailleurs le premier ouvrage qu’elle propose au public.
A noter qu’un petit mot manuscrit et un carnet accompagnaient le livre ; petites attentions toujours appréciables.
PRÉSENTATION ÉDITEUR
Six auteurs ont relevé le défi d’écrire une histoire courte dans laquelle les personnages essaient de trouver une issue dans un lieu, un temps ou un monde complètement différent.
Ce recueil de six nouvelles en est le résultat. Six histoires de personnages touchants, étrangers à leur monde ou à leur propre corps. Six histoires originales aux univers variés : réalistes et fantastiques, contemporains et futuristes. Six histoires émouvantes qui nous donnent l’occasion d’être, pour un court instant, comme un poisson hors de l’eau
- Broché: 96 pages
- Éditeur : Rooibos Éditions (19 mai 2017)
- Prix : 10€
- Autre format disponible : ebook
AVIS
Ce recueil contient six nouvelles toutes très différentes, mais avec le point commun de tourner autour d’un thème très original : Comme un poisson dans l’eau.
- Le cheveu blanc, Mickaël Auffray

Source http://www.rtl.fr
Théo découvre, un matin comme les autres, une chose pas comme les autres : son premier cheveu blanc. Branle-bas de combat dans sa tête, il est bien déterminé à terrasser l’ennemi !
Découvrir un cheveu blanc quand on a la trentaine n’a rien de surprenant ni de très dramatique. Alors le lecteur assiste médusé et, avouons-le, amusé à la recherche désespérée de Théo pour trouver une pince à épiler avant que sa compagne ne découvre le pot aux roses. Nous le suivons dans son périple le conduisant dans un magasin où il devra affronter son propre Goliath, mais aussi dans les transports où son obsession du cheveu blanc ne passera pas inaperçue, et dans un bar au sein duquel il rencontrera un drôle de type, pour ne pas dire un fou. Seront alors question de temps qui passe et surtout d’apocalypse !
Certains passages m’ont amusée et fait sourire, car Théo est clairement dans l’exagération comme si le temps qui passe lui faisait horriblement peur. Néanmoins, la chute nous permet de nous rendre compte que la situation ne prêtait pas vraiment à sourire… J’ai d’ailleurs apprécié la fin que je n’avais pas anticipée ne sachant pas quelle direction allait prendre l’auteur. J’ai, enfin, aimé la métaphore de l’apocalypse touchant le monde pour représenter celle qui a lieu dans la tête de notre protagoniste à la découverte de son premier cheveu blanc.
- Altéa, Régis Goddyn

Source : https://www.sciencesetavenir.fr
Altéa est en détresse perdue dans l’espace avec, comme seule compagnie, un robot du nom de Bob…
Je dois reconnaître n’être pas très fan de science-fiction pure et d’histoires se déroulant dans l’espace. Heureusement, le format très court de ce récit m’a quand même permis de le lire sans déplaisir d’autant qu’il ne m’a pas fallu très longtemps pour suivre avec anxiété l’aventure d’Altéa. On ne peut s’empêcher de souhaiter qu’elle survive à cette expédition qui a mal tourné. Altéa, quant à elle, semble plus lucide sur son sort estimant que ses chances de survie sont proches du néant. Cela ne l’empêche pas cependant de prendre les choses en main n’attendant pas les bras ballants sa mort. Elle a définitivement les traits d’une battante ! Mais cela sera-t-il suffisant pour faire pencher la balance du destin ?
A la fin de l’histoire, l’auteur introduit brièvement une nouvelle personne avec sa propre problématique, mais je ne peux pas vous en dire plus sans vous spoiler. J’ajouterai donc seulement que cela introduit un certain questionnement et laisse, à mon sens, deux interprétations possibles à la nouvelle. Ou c’est possible que ce soit juste moi qui ai trop d’imagination et qui aime me poser des questions. Mais peu importe que ce soit une volonté de l’auteur ou de mon esprit puisque c’est un aspect que j’ai apprécié.
- Olga, Roger Grange
Olga et Tang n’étaient pas vraiment destinés à se rencontrer ! La première est guide sur un bateau de croisière, « l’Anton Tchekhov », en Russie quand le second est un étudiant chinois fasciné par les créatures marines des plus terrestres aux plus mythiques comme les Selkies et les sirènes. Ils partagent néanmoins tous les deux l’amour de l’eau et des animaux.
J’ai tout de suite été happée par le récit en raison de la plume de l’auteur que j’ai beaucoup aimée. Raffinée avec un petit côté poétique, elle sied à merveille à cette histoire teintée d’onirisme. Ce fut également un plaisir de voyager, même un bref instant dans deux immenses pays que je connais très peu : la Russie et la Chine. La brièveté de l’histoire ne permet pas les épanchements ni les longs développements, mais il n’empêche, je me suis aisément imaginé dans les différents lieux de l’intrigue. Le fait, en outre, que l’auteur aborde le mythe des sirènes à travers l’attraction qu’elles exercent sur Tang n’était pas pour me déplaire adorant ces créatures. L’auteur arrive d’ailleurs à tenir en haleine le lecteur en le promenant entre rêve et réalité à travers le personnage d’Olga. Cette femme dont on entrevoit la beauté semble envoûter Tang tout comme le lecteur qui se l’imagine presque sous les traits d’une naïade…
Enfin, si vous aimez la lecture (ce que je suppose être le cas si vous lisez cette chronique), vous apprécierez peut-être, comme moi, la référence à l’un des auteurs russes les plus connus en France et l’un des plus prolixes, Anton Tchekhov.
- Le goût de l’orange, Laurence Marino

Source : http://www.voyage-maroc.eu
Nejma, de sa tour parisienne, nous offre un petit voyage dans ses souvenirs d’enfance au Maroc : les odeurs d’oranger qui lui manquent, le hammam, sa famille et ses premiers émois amoureux avec d’autres femmes, chose inacceptable dans son pays d’origine.
J’ai apprécié que l’auteure aborde le thème de l’homosexualité féminine ce qui n’est pas courant, a fortiori quand l’intrigue se déroule dans un pays du Maghreb. J’ai cependant regretté un traitement du sujet assez maladroit et qui m’a semblé presque artificiel. Je n’ai d’ailleurs pas réussi à croire à l’homosexualité de la protagoniste ni à celle des deux autres personnes. Tout arrive trop vite et de manière bien trop pratique. Je n’ai, en outre, pas compris cette femme qui fait des études pour rentrer simplement dans sa campagne et ne pas les mettre en application…
Enfin, et c’est évidemment très subjectif, la plume de l’auteure n’a pas su me convaincre ni me séduire. La juxtaposition de phrases courtes sans aucun effort de liaison entre elles donne, pour moi, un air bien trop enfantin au récit. Le texte mériterait à mon sens d’être retravaillé pour coller à l’ambiance de la nouvelle. En effet, alors qu’on ressent une certaine langueur qui émane de l’histoire, on se retrouve avec des phrases saccadées et une écriture presque nerveuse. Que cette dichotomie du fond et de la forme soit recherchée ou non par l’auteure, elle m’a simplement rebutée.
En bref, si la nouvelle a le mérite d’aborder un sujet qui est toujours considéré comme tabou dans de nombreux pays, je n’ai pas été séduite par la manière dont il a été traité. Chaque avis restant subjectif, je vous invite à lire la chronique d’Alex qui, contrairement à moi, a beaucoup apprécié ce texte.
- Claudius, Fabien Rey
Sasha se réveille à l’hôpital relié à des tuyaux. La tête embrouillée et les souvenirs confus, il ne sait pas ce qu’il fait là et ce qui lui est arrivé. Pourtant, on attend de lui qu’il réponde à une énigmatique question : Claudius a-t-il eu tort de tuer son frère ?
Autant les histoires se déroulant dans l’espace ne me parlent pas beaucoup, autant les récits de science-fiction futuriste comme celui-ci me plaisent énormément. Claudius n’a pas échappé à la règle ! J’ai adoré la manière dont l’auteur introduit dès le début du suspense : pas d’autre choix que de vouloir en apprendre plus sur Sasha et ce fameux Claudius. Certains devineront d’emblée à qui fait référence le personnel médical qui semble obsédé par la fameuse question, mais à ma grande honte, ce ne fut pas mon cas.
J’ai adoré cette nouvelle, mais je préfère rester brève, car le plaisir de la lecture provient vraiment du fait que comme Sasha, le lecteur est dans le brouillard. En peu de pages, on arrive complètement à s’identifier à lui, à ressentir son impatience, ce sentiment désagréable d’être perdu et dépossédé de sa vie. On partage aussi son agacement puis sa colère devant ces personnes qui s’entêtent avec leur stupide question quand ils refusent de répondre aux nôtres. En d’autres termes, le personnage étant presque vierge de souvenirs cohérents, le lecteur arrive sans peine à se l’approprier et à se projeter dans son histoire.
L’écriture est ici nerveuse et parfois saccadée comme pour la nouvelle précédente, mais cela correspond parfaitement à l’ambiance, et permet d’accentuer les émotions de Sasha. En bref, Claudius est certainement le récit du recueil que j’ai préféré.
- L’Indéfectible mélancolie du chou, Lucie Troisbé-Baumann
Jill se réveille d’une sieste avant d’entamer son service dans le restaurant où elle travaille. Réveil difficile dans la mesure où il est marqué par l’absence de Nathan, l’amour de sa vie. Son absence se révèlera d’ailleurs de plus en plus oppressante et douloureuse au cours de la journée…
Le gros point fort de cette nouvelle est sans aucun doute la très belle plume de Lucie Troisbé-Baumann. D’une grande poésie, elle vous fait voyager entre rêve et réalité, entre le quotidien de la vie et les errances de la pensée. Il se dégage en outre du texte une grande mélancolie, mais également une certaine douceur à l’image des oiseaux au duvet cotonneux dont la présence en filigrane dans le texte relie subtilement et joliment l’existence de Jill et de Nathanaël.
L’indéfectible mélancolie du chou fait partie de ces récits qui n’ont de valeur que s’ils sont lus. L’histoire ne vous offre ainsi pas de suspense ou une tension qui vous poussent à tourner les pages, mais une expérience de lecture, qu’en fonction de votre vécu et de votre personnalité, vous vivrez différemment. Ce qui est certain c’est que l’auteure vous propose ici un très joli texte qui ravira les amateurs de poésie et de récit teinté d’onirisme. A cet égard, j’ai particulièrement apprécié la fin.
En conclusion, Comme un poisson hors de l’eau est un recueil de nouvelles fort sympathique qui nous permet de voir qu’à partir d’un même thème, des auteurs peuvent nous offrir des histoires très différentes. Excepté un récit qui ne m’a pas vraiment convaincue, mais qui plaira certainement à d’autres, j’ai trouvé chaque récit intéressant et très plaisant à lire. La seule chose qui m’a un peu décontenancée est la brièveté de l’ouvrage, celui-ci mériterait ainsi d’être un peu plus étoffé pour satisfaire mon appétit de lectrice. Pour ma part, je suis contente d’avoir découvert six auteurs que je ne connaissais pas, et d’avoir rencontré, à travers ces petits textes, des plumes que je prendrai plaisir à suivre. Alors si vous avez envie d’une lecture rapide vous permettant de faire de nouvelles découvertes en matière d’auteurs, ce petit recueil devrait vous ravir.
Envie de vous procurer le recueil ? Visitez le site de Rooibos éditions ou d’Amazon.
Réalités invisibles, Eric Costa
Je remercie Eric Costa de m’avoir fait confiance en me faisant parvenir son livre via le site Simplement.
PRÉSENTATION ÉDITEUR
Par l’auteur d’Aztèques : Harem, roman lauréat du Salon du Livre Paris 2017 par le jury Amazon KDP.
Laissez-vous happer par l’étrange, l’occulte et l’insolite le temps de six nouvelles : Suivez Marion lorsqu’elle découvre une mystérieuse chenille bleue.
Explorez un manoir dont les murs semblent changer de place.
Accompagnez Alzius dans une forêt peuplée de voix étranges.
Voyagez toute une nuit dans les souvenirs d’Alex…
-
- Broché: 141 pages
- Editeur : Independently published (16 février 2017)
- Prix : 9,99€
- Autre format : ebook
AVIS
J’ai été très longtemps réfractaire aux nouvelles, ce format me donnant le sentiment de devoir me contenter de hors-d’œuvres sans jamais pouvoir déguster le plat principal ni le dessert. Mais à l’instar de celui de Hélène Duc, le recueil de nouvelles d’Eric Costa me prouve de nouveau qu’écrites avec talent, les nouvelles peuvent constituer un excellent repas.
Je n’ai ainsi ressenti aucune frustration au terme de chaque histoire malgré leur brièveté. Cela ne s’explique que par la faculté de l’auteur à stimuler notre imagination et à nous offrir un condensé d’émotions en peu de pages. J’ai d’ailleurs été impressionnée du nombre d’images qui me sont venues en tête à la lecture de chaque nouvelle. De la même manière, mon imagination n’a pas pu s’empêcher d’associer régulièrement certains récits avec des séries ou des films d’horreur vus enfant ou adolescente.
Autre élément qui rend la lecture de l’ouvrage très agréable et prenante, la plume fluide de l’auteur et son style tout en rondeur. A travers un langage recherché, mais jamais pédant, Eric Costa vous transporte avec aisance dans ses histoires et leurs différentes atmosphères.
D’ailleurs, que préfèrerez-vous ? L’ambiance désuète d’un hôtel perdu au milieu de la brume, celle de la maison d’une adolescente aux prises avec une dangereuse créature ou encore l’ambiance feutrée d’une maison complètement isolée où la musique n’apporte pas le réconfort qu’elle devrait ?
Pour ma part, j’ai apprécié les six nouvelles du recueil même si certaines m’ont plus angoissée que d’autres. Je vous invite donc à les découvrir à mes côtés.
Hôtel Wolff
Fatigué, Théophile décide de passer la nuit dans un hôtel qu’il découvre presque providentiellement sur la route.
L’auteur nous plonge dès les premières lignes dans une ambiance mystérieuse qui devient, au fil de l’histoire, délicatement angoissante. Le lecteur sent le danger qui rôde dans cet hôtel à l’atmosphère surannée tout en se laissant, comme le narrateur, engourdir par les charmes qu’il semble offrir. Cependant, l’expression « trop beau pour être vrai » finit par se rappeler à nous. Dans la vie, rien n’est gratuit, tout se paie ! Une douloureuse leçon de vie dont Théophile Lazius aurait préféré faire l’économie.
J’ai apprécié cette nouvelle et le côté très vieillot de l’hôtel. J’ai également beaucoup aimé l’impression de me retrouver dans un épisode d’une série que j’adorais, Code Quantum, même si je ne saurais pas forcément vous en donner la raison. Tout au long de la nouvelle, je n’ai pu qu’imaginer Al dans le rôle du maître d’hôtel…
Quant à la fin, elle devrait surprendre plus d’un lecteur même si, pour ma part, je l’avais devinée.
Solitaire
Un bar, de la musique et une profonde détresse… Alex, un homme qui éprouve des difficultés à faire le deuil de sa femme, décédée il y a une dizaine d’années, noie son chagrin dans l’alcool. La boisson, à défaut de panser les plaies du cœur et de l’âme, finit par lui offrir un voyage éprouvant dans le passé.
Cette nouvelle est assez particulière faisant voyager le lecteur entre fiction et réalité. Ce voyage dans le temps est-il réel ou n’est-il que le fruit de l’ivresse ? Alex est-il finalement acteur ou simple spectateur du drame qui s’est joué il y maintenant des années ?
Le doute est permis, mais ce qui reste certain, c’est que l’auteur a su, en seulement quelques pages, nous faire ressentir toute la tristesse, la culpabilité et les doutes de son protagoniste.
Éclosion
Marion découvre, un matin, une chenille bleue semblable à celle qu’un mauvais songe lui a gravé dans la mémoire et la peau.
J’ai adoré les différentes références à Alice au pays des merveilles, roman que j’avais lu plus jeune et qu’il me tarde de redécouvrir avec des yeux d’adulte. On retrouve, comme dans l’histoire originale, ce côté absurde et, parfois, inquiétant.
Eric Costa va néanmoins bien plus loin que Lewis Carroll en nous proposant carrément une histoire des plus angoissantes. Le lecteur découvre ainsi avec effarement l’évolution terrifiante de la chenille tout en ne pouvant, au passage, que saluer la témérité (ou la sottise ?) de Marion qui ne cède pas à la panique. L’affrontement entre l’adolescente et la chenille est sans merci et aucune des deux n’en ressortira indemne.
Allégorie de l’adolescence avec ses angoisses et cette bataille que l’on mène pour devenir soi-même ou réelle lutte contre une abomination de la nature, à vous de choisir…
Le refuge
Un voyageur pris dans le tumulte de la neige et du froid a la chance de trouver un refuge avant que le pire n’arrive.
En instaurant son récit en Transylvanie et en nommant l’un des personnages Vlad, l’auteur ne pouvait qu’éveiller l’imagination des lecteurs. Mais je vous rassure, il ne tombe pas dans la facilité en nous proposant sa propre version du célèbre personnage aux dents longues. L’histoire se révèle ainsi bien plus complexe que cela.
Pour ma part, j’ai adoré l’ambiance glaciale qui se dégage du récit, et l’aura de mystère et de danger qui ne cesse de planer sur notre voyageur. L’angoisse monte tandis que les événements s’accélèrent jusqu’à ce que la conclusion, aussi inattendue qu’effroyable, ne soit dévoilée.
J’ai, en outre, trouvé très intéressant le contraste frappant entre la chaleur trompeuse du refuge et la froideur dangereuse de l’extérieur. Un jeu de faux-semblant qui semble presque refléter le sentiment de confusion de notre protagoniste. En bref, cette nouvelle nous tient en haleine du début à la fin que ce soit par son suspense haletant ou son rythme endiablé.
Le manoir
Un voleur pénètre dans un manoir en vue d’amasser un joli butin avant d’être aux prises avec des forces qui le dépassent.
On commence par découvrir, aux côtés du voleur, ce manoir et les trésors qu’il recèle. Puis, on s’interroge sur ce lieu inquiétant avant de s’affoler avec lui quand il apparaît évident que la sortie se dérobe à notre volonté. Petit à petit, on se laisse submerger par un sentiment d’étouffement. Enfin, on panique franchement quand un ennemi invisible qui se matérialise par la forme de deux armures, nous frappe. En d’autres mots, on vit complètement cette histoire et on ressent ce besoin urgent de quitter, sans se retourner, ce manoir hanté.
Cette histoire m’a fait frissonner et m’a donné l’impression d’être devant un film d’horreur. Il faut dire que la plume de l’auteur particulièrement immersive offre un véritable bain d’angoisse au lecteur. Claustrophobes et âmes sensibles s’abstenir !
Fréquence 24
Emma, abandonnée pour la soirée par son mari médecin, se retrouve chez elle avec son chat et la radio pour seule compagnie.
Cette nouvelle est, sans aucun doute, ma préférée, peut-être parce que j’ai pu m’identifier assez facilement à son héroïne. C’est également celle qui m’a procuré le plus de frissons d’autant que je l’ai lue seule dans la soirée avec M. Gribouille allongé contre moi.
Je peux donc vous dire, sans trop de honte, que j’ai tremblé à mesure que la voix de l’animateur de l’émission de radio se faisait de plus en plus menaçante, imaginant sans peine son rire sardonique emplir mon appartement. Au fil du récit, mon imagination s’est pas mal emballée au point de m’imaginer que derrière la voix de la radio se tenait le fameux clown de Stephen King ou Chucky la poupée qui tue. Oui, j’ai certainement regardé trop de films d’horreur plus jeune, mais ces deux abominations conviennent plutôt bien au climat instauré par l’auteur.
Mais ce que j’ai préféré, c’est la manière dont Eric Costa a su utiliser la musique pour cadencer, donner le tempo à notre angoisse et à notre peur. Le rythme va ainsi crescendo jusqu’au final magistral !
Bref, Fréquence 24 est définitivement la radio des frissons !
En conclusion, tour à tour intrigantes, inquiétantes, ou effrayantes, toutes ces nouvelles, bien que très différentes les unes des autres, ont en commun de vous offrir un voyage au pays du frisson. Si vous aimez les belles plumes et vous faire peur, je ne peux que vous encourager à vous laisser tenter par ce recueil et à dévorer, seul ou au coin du feu avec des amis, ces différents récits.
Pour ma part, je vous laisse entre les mains d’un autre maître du frisson qui devrait bien s’entendre avec notre auteur.
Site de l’auteur – Pour acheter le livre
De cendres et d’écarlate (Nouvelles fantastiques), Hélène Duc
Je remercie Hélène Duc de m’avoir proposé son recueil de nouvelles De cendres et d’écarlate que j’ai beaucoup aimé.
PRÉSENTATION ÉDITEUR
Regroupées autour d’une thématique commune, les figures de la femme dans la littérature fantastique, ces six longues nouvelles, nourries par les univers de Théophile Gautier, Edgar Allan Poe et Stephen King, vous proposent de partir à la rencontre de personnages féminins issus du folklore fantasmagorique européen, entre romantisme gothique et érotisme contemporain. Tour à tour, troublantes victimes ou bourreaux voluptueux, les six femmes que vous allez découvrir sous la plume élégante et sensuelle de l’auteure, qu’elles soient sorcière, démone, vampire, ou bien encore métamorphe, vous fascinerons autant qu’elles vous inquiéteront.
- Broché: 178 pages
- Editeur : Unicite (19 juillet 2016)
- Prix : 16€
AVIS GÉNÉRAL
Les six nouvelles sont très différentes les unes des autres tant au niveau de l’histoire que de l’atmosphère, mais elles partagent néanmoins un point commun, celui d’être portées par une présence féminine. J’ai ainsi apprécié que chacune des femmes ou, plutôt, créatures féminines imaginées par l’autrice possède du caractère et une certaine présence. Quelques-unes se dévoilent prédatrices quand d’autres sont victimes, mais toutes ont de la ressource et de la détermination.
Un point m’a, en outre, beaucoup plu dans ce recueil : les fins. En général, je suis une adepte des happy end, mais j’ai pourtant été complètement conquise par chacune des fins proposées par Hélène. Elles sont loin d’être très joyeuses, mais elles sont à chaque fois parfaites prolongeant l’angoisse et parfois, l’horreur de chaque histoire.
Si vous me suivez sur le blog depuis un petit moment, vous devez connaître mon amour des belles plumes. Et avec ce recueil, j’ai été plus que satisfaite. Il ne m’a fallu ainsi que quelques lignes pour comprendre qu’Hélène Duc faisait incontestablement partie de ces auteurs qui ont l’art de manier et sublimer les mots, mettant en valeur toute la beauté de la langue française. L’écriture élégante de l’autrice est, pour moi, une raison plus que suffisante de découvrir ce recueil.
S’il vous en faut d’autres, je vous propose de partager mon avis sur chacune des nouvelles. Dans la mesure du possible, j’ai essayé de vous en dévoiler le moins possible, mais si vous voulez garder la surprise que chaque titre promet, je vous invite à lire la suite de l’article après votre propre lecture.
AVIS SUR CHACUNE DES NOUVELLES
L’Âtre
Dans cette première nouvelle, un jeune homme de dix-neuf ans nous raconte un événement qui lui est arrivé dans la nouvelle maison, réputée hantée, achetée par le patriarche de la famille. A l’issue de cet événement, il va faire une promesse qui, si elle offrira la liberté à l’un, enfermera l’autre dans une autre forme de prison, la tristesse.
Difficile de vous donner plus de détails, mais je peux dire que j’ai apprécié la manière dont l’auteure s’est réappropriée une créature connue de tous. J’ai également aimé l’atmosphère de cette nouvelle qui se fait délicieusement de plus en plus angoissante au fil de la lecture.
Jouer avec le feu
Changement total de décor avec cette nouvelle autour de Léa qui se rend en boîte avec sa meilleure amie, un an après avoir été violée. Elle y fera une rencontre décisive qui va la conduire à troquer sa place de victime pour celle de bourreau.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette nouvelle ne m’a pas laissée indifférente. Il faut dire qu’en mélangeant drame, érotisme et fantastique, l’auteure ne pouvait que susciter des émotions qui, en ce qui me concerne, sont passées de la colère à l’ennui pour finir par de l’étonnement.
De la colère contre la meilleure amie que j’ai trouvée révoltante dans sa banalisation du viol qu’elle transforme presque en petit incident qu’avec un peu de bonne volonté, on peut occulter… Ensuite, de l’ennui, car je n’aime pas les scènes érotiques même si je reconnais que l’élégance de la plume d’Hélène Duc m’a permis de ne pas sauter le passage concerné. Enfin, de l’étonnement, car la tournure fantastique que prennent les événements m’a prise de court ce que j’ai bien apprécié.
Bref, dans l’ensemble, j’ai trouvé l’histoire assez dérangeante sans pour autant qu’elle en soit déplaisante.
Miss Saphira
A travers différentes missives qu’il a rédigées à bord de l’Orient-Express, un écrivain narre sa rencontre avec une passagère, Miss Saphira qui est loin de l’avoir laissé indifférent. Comme nous sommes dans un recueil de nouvelles fantastiques, vous avez probablement deviné que cette demoiselle n’est pas comme les autres ce que va découvrir, à ses dépens, l’écrivain.
Le gros point fort pour moi de cette nouvelle est l’ambiance que le huis clos dans le train permet d’instaurer. A mesure que l’on découvre les lettres de l’écrivain, on sent son changement d’humeur : il passe ainsi d’homme transporté par l’émoi amoureux à un individu en proie au doute avant de finir par être rongé par l’angoisse.
Appréciant les lettres, j’ai beaucoup aimé découvrir l’histoire de cet écrivain et celle de Miss Saphira par ce biais. En plus d’apporter un charme presque désuet à l’histoire, cela induit un certain suspense puisque l’on attend avec impatience chaque lettre, chacune d’entre elles nous rapprochant de la révélation sur qui est réellement Miss Saphira.
Sa langue au chat
Dans cette nouvelle, l’autrice nous narre les retrouvailles charnelles entre un homme, de retour à Londres, et son amante qui, comme vous le découvrirez, a une singulière particularité et, accessoirement, un sacré caractère. D’ailleurs, le protagoniste de notre histoire va en faire les frais…
L’expression « donner sa langue au chat » prend une toute autre dimension sous la plume d’Hélène Duc ! Bien que je n’aie aucune appétence pour les histoires érotiques, j’avoue avoir lu sans ennui cette nouvelle, fortement intriguée par son aspect fantastique. Sa langue au chat fut donc une expérience de lecture originale et intéressante.
Diligence vers l’Ailleurs
Bienvenue dans le Far West avec ses diligences, ses braquages de banque, ses Indiens, ses chasseurs de primes, ses figures emblématiques sans oublier ses extraterrestres. Oui, oui, j’ai bien écrit « ses extraterrestres » même s’il faut bien admettre que ces personnages venus d’ailleurs ne sont pas forcément associés au Far West, du moins, pas en ce qui me concerne.
J’ai donc été agréablement surprise quand j’ai découvert cette nouvelle où la science-fiction fait une entrée très réussie au pays des cow-boys. Alors que je ne lis quasiment jamais de science-fiction, le mélange des genres m’a conquise d’autant que j’ai apprécié le retournement de situation à la fin.
Renaissance
Nous découvrons une jeune femme dépressive qui va commettre un geste désespéré dont elle n’aurait jamais pu anticiper les conséquences…
J’ai eu un problème assez personnel avec cette nouvelle puisque ma phobie relative au sang en a rendu, au début, la lecture assez difficile. Heureusement, l’ambiance des premiers paragraphes évolue nous offrant une atmosphère moins sanguinolente et plus fantastique.
J’ai, en outre, apprécié la manière dont l’autrice aborde la dépression même si c’est de manière sommaire. Elle montre bien que malgré une vie en apparence parfaite, une personne peut néanmoins être victime de cette maladie. Cela me semble important à rappeler, car bien souvent, la dépression chez les personnes qui ont tout ce qui leur faut est très mal acceptée dans la société. L’angoisse de l’abandon est aussi évoquée puisque la rupture avec son petit ami va raviver, chez notre héroïne, des souvenirs assez difficiles.
J’ai trouvé que cette nouvelle se démarquait assez des autres que ce soit par les sujets abordés ou la fin réservée à l’héroïne. A noter également que le titre de l’histoire est, en ce qui me concerne, celui qui est le plus parlant du recueil. Il retranscrit parfaitement l’expérience ultime que va vivre cette femme qui n’appréciait plus sa vie.
CONCLUSION
Pour conclure, j‘ai beaucoup aimé parcourir les six nouvelles qui composent le recueil et découvrir des figures féminines intéressantes, parfois fascinantes. De cendres et d’écarlate fut donc une lecture très plaisante autant pour les instants de détente que le livre offre que pour le bonheur de savourer la finesse de la plume d’Hélène Duc. En quelques mots parfaitement choisis, elle arrive ainsi à nous immerger complètement dans ses histoires où se mêlent fiction et réalité.