Natasha, seize ans et reine du lycée de Brackston, ne se souvient pas comment elle a fini dans les eaux glacées de la rivière. La seule chose qu’elle sait : ce n’était pas un accident.
D’après le proverbe, il faut être proche de ses amis et encore plus de ses ennemis. Sauf que, au lycée, il est parfois difficile de les différencier.
Ses amies l’aiment, Natasha en est sûre. Mais ça ne veut pas dire qu’elles n’ont pas essayé de la tuer…Castelmore (14 novembre 2018) – 448 pages – Broché (16,90€) – Ebook (5,99€)
AVIS (qui dormait dans mes brouillons depuis très longtemps)
13 minutes est une lecture qui me tentait autant qu’elle me faisait peur ayant lu un certain nombre d’avis assez réservés sur cet ouvrage. Ma curiosité a fini par l’emporter, ce que je ne regrette pas puisque malgré quelques longueurs, j’ai dans l’ensemble apprécié ma lecture.
L’autrice plonge, sans mauvais jeux de mots, directement les lecteurs au cœur de cette histoire où le sordide n’est jamais très loin. Natasha, lycéenne très populaire, est sauvée in extremis de la mort par James, un musicien qui s’est précipité à son secours quand il a vu son corps flottant dans la rivière glacée. Accident, suicide, tentative de meurtre ? L’inspectrice Bennett doit faire la lumière sur cette affaire, mais en attendant, Natasha reprend le cours de son existence et tente de se souvenir de ce qui a bien pu se passer, sa mémoire ayant du mal à recoller les morceaux du puzzle.
Au fil des pages, nous suivons la victime, mais surtout Rebecca, son ancienne amie d’enfance, avec laquelle elle renoue des liens. En parallèle de l’enquête officielle, les deux adolescentes décident de mener leurs propres investigations afin de confondre les deux personnes qu’elles suspectent d’être à l’origine du drame vécu par Natasha… Mais l’affaire n’est-elle pas plus complexe qu’elle n’y paraît ? Une question que l’on ne peut que se poser et à laquelle on essaie d’obtenir des réponses, notamment à travers les différents documents intégrés au récit : extraits de journal intime, extraits de journaux, extraits de documents judiciaires, sms intrigants, comptes-rendus de séances de thérapie… Une pluralité dans la narration qui la rend particulièrement attrayante et dynamique !
Derrière le vernis doré d’une jeunesse dopée à l’égo et aux réseaux sociaux, on découvre des lycéens obnubilés par leur image, pétris d’orgueil, de méchanceté et d’arrogance au point de rendre chaque protagoniste, ou presque, détestable. Les pensées, les actes, les mots… tout donne envie de vomir ! Le fait d’avoir failli mourir ne rend pas Natascha meilleure, loin de là, et Rebecca se révèle une bien piètre amie pour Hannah qui la soutient pourtant au quotidien alors qu’elle la traite comme un simple laquais. Si Rebecca et Natasha sont bien différentes, que ce soit physiquement ou mentalement, elles partagent cette même superficialité qui les rend aussi égoïstes qu’irritantes !
Si vous aimez vous identifier aux personnages, vous risquez donc d’être décontenancés par ce livre où même les victimes vous donnent des envies de meurtre. Mais bizarrement, cela ne m’a pas dérangée outre mesure puisque je me suis surtout accrochée à l’enquête que j’ai trouvée bien menée malgré quelques longueurs qui ont parfois failli me faire décrocher.
Les ficelles de ce thriller Young Adult ne sont pas inextricables quand vous avez l’habitude des romans à suspense, mais elles sont utilisées avec assez de subtilité et d’efficacité pour happer l’attention des lecteurs, et leur donner envie de connaître le fin mot de l’histoire. J’avais anticipé bien avant la fin la révélation finale, mais je ne doute pas que des lecteurs plus jeunes se laissent surprendre. J’ai, en revanche, trouvé qu’il manquait peut-être un épilogue pour permettre aux lecteurs de découvrir ce qui arrive aux différents protagonistes après que la terrible vérité éclate.
En conclusion, dans un jeu de dupe et de faux-semblants, l’autrice nous offre un thriller prenant qui met en lumière l’emprise et la fascination que certaines personnes arrivent à avoir sur d’autres. Avec ce roman, les apparences n’ont jamais été aussi trompeuses, et les certitudes tout autant de mensonges savamment orchestrés par un esprit malade et pervers dont on appréciera néanmoins toute l’intelligence et l’imagination !