Pays des Morts, Inde. Du monde d’hier, il ne reste rien, juste les armes, nécessaires à la survie. Depuis qu’un virus a réduit la quasi-totalité de l’humanité à l’état de zombies, le Comité Central règne sur cette partie du globe. L’instrument de son pouvoir : son armée, Zeus.
Alice, quinze ans, vit dans une communauté restée indépendante et libre. Pour toute école, elle n’a connu que celle du combat. Mais elle y excelle. Lors d’une patrouille, elle surprend un mort-vivant portant des oreilles de lapin roses qui sort subitement de terre, puis qui disparaît. Des rumeurs parlent d’un réseau souterrain où les Mordeurs se réfugient.
Sans l’ombre d’une hésitation, elle s’engouffre à sa suite. Et chute…Fleuve éditions (12 mai 2016) – 256 pages – Broché (17,90€)
Poche (7,60€) – Ebook (12,99€)
AVIS
Je ne suis pas très friande des histoires de zombies et de revenants, mais appréciant l’univers d’Alice au pays des merveilles, j’étais curieuse de découvrir ce roman. Une curiosité qui fut récompensée puisque je l’ai dévoré d’une traite ou presque.
J’ai apprécié l’ambiance très sombre du livre, les individus devant se battre, jour après jour, pour survivre dans un monde mis à feu et à sang. La situation est difficile pour tous, mais elle l’est peut-être encore plus pour ceux qui ont connu la vie d’avant le Réveil, avant qu’une épidémie ne frappe le monde et le transforme en un champ de bataille géant où s’opposent humains et Morts-Vivants, des humains affectés et transformés en bêtes assoiffées de sang. Dans ce chaos général et mondial, une organisation, le Comité Central, a pourtant réussi à instaurer un certain ordre, mais à quel prix ? Pour obtenir sa protection, il est demandé à chacun de renoncer à sa liberté, ce que refusent obstinément Alice, sa famille et d’autres survivants regroupés dans des camps. Mais la pression se fait de plus en plus forte de la part de cette organisation mystérieuse et puissante dont on ne peut que questionner les réelles motivations…
L’auteur reprend avec beaucoup d’aplomb et d’originalité les personnages phares d’Alice au pays des merveilles : Alice, bien sûr, la Reine de Cœur, le Chapelier, le lapin... Mais ceux-ci revêtent ici une saveur particulière puisque la plupart d’entre eux ne sont ni plus ni moins que des Morts-Vivants ! Si j’aurais apprécié que certains soient plus présents, j’ai adoré cette version de la Reine de Cœur qui ne devrait pas manquer de vous surprendre. Tout en nuances et très intrigante, cette femme est une brèche dans l’histoire du monde telle que le Comité la conte… Au fur et à mesure que l’on progresse dans le roman et au gré des rencontres, on réalise ainsi que les Morts-Vivants ne sont peut-être pas ces bêtes tueuses et incapables de réflexion que les humains traquent et tuent sans relâche. Une prise de conscience qui va bouleverser la vie d’Alice, de sa famille, mais aussi de centaines, puis de milliers de personnes. Et si une cohabitation était possible ?
Je m’attendais à un roman d’horreur avec de l’hémoglobine et des scènes de carnage à gogo quand j’ai découvert un roman bien plus profond qu’il n’y paraît, l’auteur nous plongeant dans les arcanes d’un complot de grande ampleur qui nous pousse à reconsidérer qui sont les vrais monstres dans cette histoire ! Je ne peux pas vous en dire plus sans vous gâcher le plaisir de la découverte, mais ce qui est certain, c’est que les apparences sont trompeuses et que dans cet univers violent et sombre, les élites et certains dirigeants politiques sont prêts à tout pour assurer leur suprématie et leur domination sur le monde. Certaines révélations devraient donc vous glacer le sang d’autant que, dans une certaine mesure, elles ne semblent pas si irréalistes que cela au regard de notre propre réalité et histoire.
En plus des réflexions soulevées, notamment sur la notion de liberté et de pouvoir, le roman n’est pas dénué d’action, les scènes de combat s’enchaînant et suscitant une certaine tension chez les lecteurs conscients des forces en jeu. J’ai beaucoup apprécié l’aspect stratégie militaire qui prend petit à petit de la place dans l’intrigue, Alice réalisant que la guerre, ce n’est pas que des affrontements directs, mais c’est aussi de la planification et une utilisation intelligente des réseaux de communication, la propagande étant une arme terriblement efficace.
Du haut de ses 15 ans, l’adolescente est une guerrière accomplie que l’on prend plaisir à voir évoluer. D’abord motivée par la vengeance et assez binaire dans ses réflexions, elle va ainsi progressivement gagner en maturité avant de s’imposer comme une cheffe de guerre dont le commandement est suivi et respecté. Symbole d’espoir et de lutte contre l’oppression, Alice va transformer le Pays des Morts en Pays des Merveilles. Cela ne se fera pas sans peine ni sacrifice, mais les partisans de la jeune femme sont prêts à tout pour retrouver leur liberté et un monde dans lequel ils pourront enfin arrêter de survivre pour (ré)apprendre à vivre.
En conclusion, Alice aux pays des Morts-Vivants est un roman mené tambour battant mêlant avec brio l’univers si particulier de Lewis Carroll et un monde en cendres dans lequel les survivants sont pris en étau entre une organisation secrète et menaçante et des Mordeurs peu avenants. Mais les apparences sont parfois trompeuses et derrière un roman d’horreur, se cache une histoire bien plus profonde dans laquelle la lutte pour la survie prend des allures de lutte pour la liberté et la vérité ! Rythmé, surprenant et plein de tension, ce livre devrait vous tenir en haleine et vous donner envie de vous jeter sur la suite.