Le cercle de pierres – une enquête de Washington Poe, M. W. Craven

Le_Cercle_De_Pierres

Je remercie les éditions de l’Archipel de m’avoir envoyé Le cercle de pierres de M. W. Craven en échange de mon avis.

Gold Dagger du meilleur policier de l’année !

Premier volet d’une nouvelle série policière, un roman lauréat du Gold Dagger décerné par la Crime Writers’ Association

Dans la région sauvage du Lake District, au centre de cercles de pierres, un tueur brûle vif des hommes fortunés âgés de soixante à soixante-dix ans.
Aucun lien apparent entre les victimes, aucun indice, jusqu’au jour où l’on découvre gravé sur le torse de l’une d’elles un nom : Washington Poe. Celui de l’inspecteur-chef mis à pied pour une
erreur ayant entraîné la mort d’un suspect !
Contraint par sa supérieure Stephanie Flynn de reprendre du service, Poe doit faire équipe avec Tilly Bradshaw, une geek surdouée mais socialement inadaptée. Et avec son ami d’enfance, le policier Kylian Reid. Ensemble, ils remontent quelque vingt-cinq ans en arrière…
Poe comprend bientôt qu’il a été manipulé, mais, surtout, qu’il y a bien pire que de mourir immolé ! À lui de choisir désormais comment justice devra être rendue…

L’Archipel (22 septembre 2022) – 400 pages – 22€
Traduction : Sebastian Danchin

AVIS

Le cercle de Pierre, premier tome d’une série policière que je prendrai plaisir à suivre, nous offre une enquête complexe dans laquelle on se plonge les yeux fermés avant d’en sortir chamboulés.

Ainsi, on commence fort avec une mort quelque peu brutale, mais qui n’est finalement pas le point culminant de toute l’horreur déployée progressivement par l’auteur... Un tueur en série sévit mais hélas pour la police, rien ne semble relier ses victimes entre elles, jusqu’à ce qu’un indice inattendu ne soit découvert. Un indice qui oblige l’inspectrice-cheffe Stephanie Flynn à réintégrer dans les rangs de la police son ancien supérieur suspendu pour faute. Washington Poe n’est d’abord pas très enthousiaste à l’idée de quitter son refuge, mais quand il apprend que son nom a été retrouvé gravé sur le torse de l’une des victimes, ses réflexes de policier se réveillent. Le voilà engagé, aux côtés de son ancienne collaboratrice devenue sa supérieure, de son meilleur ami et d’une analyste junior, dans l’enquête de sa vie… Mais ça, il ne le sait pas encore !

J’ai beaucoup aimé la dynamique de cette équipe et la manière dont Poe va nouer des liens avec Tilly, une jeune femme brillante, mais ne maîtrisant pas les codes sociaux. En l’obligeant à quitter son bureau pour se confronter au terrain, Poe va amorcer chez la jeune femme un changement dont elle sera ensuite l’actrice majeure. Si Tilly a besoin de faire des recherches pour se sortir de situations banales pour le commun des mortels, c’est également un petit génie capable de créer des programmes informatiques sur-mesure à la vitesse de l’éclair. Un décalage qui la rend intéressante mais aussi très touchante, d’autant qu’elle possède cette touche de candeur enfantine qui donne envie de la protéger, mais aussi de lui donner les clés pour affronter la réalité du métier de policier.

Une réalité dans laquelle M. W. Craven nous plonge sans ambages que ce soit à travers des détails précis et des plus visuels, ou une thématique difficile qui prouve que la monstruosité peut prendre bien des formes. Car si brûler vif des individus est effroyable, on peut faire confiance à l’être humain pour trouver encore pire… De fil en aiguille, pierre après pierre, découverte après découverte, se dessinent les motivations de notre tueur minutieux, intelligent et patient, nous obligeant non pas à l’excuser, mais à étudier ses actes sous le prisme de son histoire. Pousser les lecteurs à s’interroger sur la notion de vengeance et de justice, la frontière entre les deux pouvant fluctuer selon les circonstances et les individus, n’est pas original en soi, mais force est de constater que l’auteur y arrive avec brio. On sent en nous le besoin de justice monter et l’on espère que les actes du passé seront bel et bien condamnés, malgré une société gangrénée par les intérêts des uns et des autres… À cet égard, la fin donne très envie de se jeter sur la suite, car si elle conclut ce premier tome, elle relance également, d’une certaine manière, la machine.

En découvrant le titre de ce premier tome, je m’étais peut-être attendue à une histoire tournée vers l’ésotérisme, ce qui n’est pas le cas. Cela ne m’a néanmoins pas dérangée, M. W. Craven maniant avec efficacité l’art de la symbolique, les lieux des meurtres n’étant pas choisis au hasard. Il réussit également à nous immerger complètement dans les lieux où se déroule son intrigue. J’ai ainsi particulièrement apprécié la manière dont il utilise les décors et les paysages pour nous ancrer dans la Cumbria, région à laquelle Poe est attachée. Une région pas forcément des plus accueillantes, mais qui fait le décor idéal d’un plan implacable qui prouve que la vengeance est un plat qui se mange froid, ou plutôt ici, chaud, très chaud !

D’une main de maître, l’auteur a su tisser sa toile autour des lecteurs, chaque découverte suscitant de nouvelles interrogations, et nous rapprochant d’une vérité difficile à accepter mais qui finit par s’imposer. Après tout, n’est-ce pas ce qui est sous nos yeux qu’on a toujours le plus de mal à voir ? Contrairement à d’autres romans policiers, je n’ai pas été tenue en haleine par le suspense, mais plutôt par cette tension qui ne cesse de croître jusqu’à nous étouffer et nous pousser à tourner les pages les unes après les autres. J’ai d’ailleurs lu le roman en une journée désirant confirmer une hypothèse survenue comme une intuition, un peu à l’image de Poe, un policier pas très doué pour respecter la ligne de commandement, mais intuitif au possible.

Un trait de caractère que j’ai apprécié chez lui. Sans tomber dans le stéréotype du policier porté sur la bouteille et torturé, l’auteur a su créer un personnage avec ses zones d’ombre, qui a besoin d’évoluer en marge des procédures pour exprimer son plein potentiel. Cela lui causera d’ailleurs de nombreux problèmes et rend le travail de sa supérieure très difficile, mais c’est aussi ce qui fait de lui un bon enquêteur et la personne idéale pour arrêter notre tueur en série. Et ceci à plus d’un titre comme vous ne manquerez pas de la découvrir… Malgré son côté brut de décoffrage, Poe se révèle étonnamment attachant, que ce soit en raison de ses fêlures que l’on découvre progressivement, de sa relation avec son chien, ou la manière dont il aide Tilly à sortir de sa coquille. Une aide réciproque, la jeune fille se révélant un atout indéniable dans son enquête, mais aussi une amie sur laquelle il pourra compter, lui le solitaire.

Quant à l’écriture de l’auteur, elle est efficace et semble s’effacer au profit de l’intrigue et de personnages qui sonnent résolument vrais, ce qui donne le sentiment aux lecteurs de faire partie intégrante de l’histoire. C’est peut-être ce qui rend le tout aussi effroyable et révoltant !

En conclusion, d’une plume implacable et d’une grande précision, rendant l’immersion totale, M. W. Craven nous plonge dès les premières pages dans une histoire complexe et terriblement sombre qui nous prouve que l’humain est capable du pire. Une histoire abominable qui nous conduit sur les traces du passé et de blessures qui n’ont jamais vraiment cicatrisé… Mais comment le pourraient-elles quand justice n’a pas été rendue ? Il est ainsi question ici de justice qui s’estompe au profit de la vengeance, transformant une victime en bourreau, sans pour autant l’enfermer dans le rôle de monstre ! Un roman entêtant qui enveloppe les lecteurs dans une toile poisseuse dont on détricote chaque fil avant d’atteindre un coeur broyé par la perversité humaine ! Le Cercle de pierres ou quand les péchés s’expient par le feu… 

45 réflexions sur “Le cercle de pierres – une enquête de Washington Poe, M. W. Craven

  1. J’avais déjà mis ce titre dans ma liste d’envies, et ton avis me conforte. Je sens que je vais bien aimer ce policier intuitif, qualité que j’apprécie tout particulièrement chez les enquêteurs (comme chez Adamsberg de Vargas). Par contre c’est vrai que je pensais qu’il y aurait un petit côté ésotérique, la faute à la couverture qui fait penser à Stonehenge. 😁

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  2. Merci de cette super chronique! Et merci de ton commentaire sur la mienne! Puisqu’on a les mêmes avis sur celui ci, je vais allé de ce pas, voir d’autres de tes articles pour savoir si là aussi on a les mêmes goûts ! A très vite de te lire et de voir tes commentaires!

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