Les rôdeurs de l’Empire, tome 1 de Guy-Roger Duvert

Couverture Les rôdeurs de l'Empire, tome 1

Je remercie Guy-Roger Duvert de m’avoir envoyé son dernier roman, Les rôdeurs de l’empire, en échange de mon avis. J’ai lu ce livre dans sa version auto-éditée, mais il est également disponible chez les éditions Inceptio.

Une auberge, perdue au milieu de montagnes boisées, est soudainement attaquée par une troupe de soldats vêtus de noir. Les survivants, un groupe éclectique de guerriers, mercenaires, voleurs et autres rôdeurs ne se connaissant pas les uns les autres, parviennent à se barricader à l’intérieur avant le second assaut. Leur point commun : ce sont tous des professionnels de la survie. Eux ont une chance de survivre là où la plupart périraient.

Ils partagent désormais un objectif double : découvrir pourquoi on les veut tous morts, et surtout, malgré les suspicions et tensions qui se développent entre eux, survivre…

Les Rôdeurs de l’Empire est une saga d’heroic fantasy écrite par l’auteur de la saga à succès « Outsphere ». Loin des châteaux et des cours royales, elle cible plutôt ceux accoutumés à la boue : soldats, espions, criminels, chasseurs de primes, bref ceux qui se salissent les mains lorsque d’autres donnent des ordres.

Auto-édition (26 avril 2022) – 19,90€

AVIS

Si vous me lisez régulièrement, vous ne serez pas sans savoir que j’aime beaucoup le travail de l’auteur qui est devenu ma référence en matière de science-fiction. C’est donc un peu frileuse, mais très curieuse que je me suis lancée dans ce nouveau roman qui marque ses premiers pas dans un genre différent, celui de la fantasy. Des premiers pas qui m’ont complètement convaincue, car quel que soit le genre, Guy-Roger Duvert sait clairement divertir ses lecteurs et leur donner envie de prendre part à l’action !

J’aurais aimé un peu plus de détails sur le contexte géopolitique mouvementé, la guerre entre un puissant Empire et une nation pas prête à se laisser envahir étant imminente, mais j’ai apprécié que l’auteur entre rapidement dans le vif du sujet. On fait ainsi rapidement connaissance avec les personnages, ou du moins une partie d’entre eux. Alors qu’ils ne se connaissent pas, ils convergent tous vers une auberge isolée, scellant sans le savoir leur destin : ils pensaient se restaurer et se reposer, ils vont mettre les pieds dans un piège infernal. Mauvais endroit au mauvais moment… il n’en faut parfois pas plus pour faire de votre vie un enfer et vous contraindre à vous engager dans une bataille mortelle.

C’est la première fois que je rencontre un huis clos de cet acabit dans un roman de fantasy et j’ai adoré ça, d’autant que nous sommes tout aussi perdus que les personnages. Pourquoi diantre l’auberge est-elle attaquée et par qui ? Mais plus urgent, comment s’organiser pour faire face à cette attaque-surprise et maximiser les chances de survie des quelques clients qui ne sont pas encore tombés sous les flèches ? La situation semble mal engagée et les forces en jeu parfaitement déséquilibrées bien que l’on ne sache pas grand-chose sur les attaquants et leur nombre. Mais les survivants ne sont heureusement pas tous aussi dépourvus de ressources que la serveuse de l’auberge complètement ahurie par la situation.

Parmi les personnes encore debout, des militaires, des criminels, des mercenaires, une voleuse, un chasseur de primes… En d’autres termes, pas des enfants de coeur, mais des individus pas toujours fréquentables qui n’ont pas peur de se retrousser les manches, de riposter et de faire couler le sang ! J’ai beaucoup aimé la galerie de personnages aussi éclectique qu’intéressante avec des personnalités qui ne semblent pas vraiment faites pour cohabiter, et encore moins s’entraider… C’est d’ailleurs là la grande force du roman, nous donner le sentiment que si le principal danger vient de l’extérieur, l’intérieur n’est pas non plus très sûr. Jusqu’où des personnes qui ne se connaissent pas et dont les intérêts entrent parfois en collision peuvent-elles coopérer et se faire confiance ?

L’auteur a su me surprendre notamment avec une révélation que je n’avais pas le moins du monde anticipée, et qui prouve que les apparences sont parfois trompeuses et que certains sont prêts à tout pour leurs idéaux et leurs convictions. Mais il a surtout réussi à me tenir en haleine et, au même titre que ses protagonistes, captive de cette auberge dont les murs semblent se rétrécir à mesure que les minutes s’égrènent. Entre les attaques extérieures, l’organisation de la défense, les méfiances et les tensions sous-jacentes, l’atmosphère s’électrise… On en vient sérieusement à se demander si quelqu’un va arriver à se sortir vivant de cette situation qui est de plus en plus délicate, voire désespérée pour les moins optimistes ou les plus réalistes !

Complètement happée par ma lecture et quelque peu tendue à l’idée de voir disparaître mes personnages chouchous, j’ai lu le roman d’une traite, d’autant que la plume de l’auteur se révèle toujours aussi cinématographique et rythmée. Après une première partie plus introductive, nous permettant notamment de saisir les enjeux géopolitiques de la région et de faire connaissance avec les personnages, tout s’enchaîne rapidement. Pris par les événements, on ne perd pas de temps à comprendre pourquoi, mais on se focalise sur le comment. Comment survivre ? Une question qui guide l’humanité depuis ses débuts et qui prend ici tout son sens, certains se révélant d’ailleurs plus doués que d’autres à cet exercice.

Ce n’est qu’au fil des pages et des révélations qu’on réalise que les choses sont bien plus complexes qu’on pourrait le croire.  À travers cette histoire suscitant un réel dilemme moral, on interroge la notion d’intérêt général, et la manière dont on est parfois contraint d’utiliser les moyens du mal au nom du bien. Pour ma part, je n’ai pas approuvé les méthodes, même une guerre devant avoir ses limites, mais j’en ai compris les motivations. Le roman, principalement d’action, se part, en outre, d’une dimension psychologique liée à la notion de groupe, de son émergence dans un contexte particulier et autour d’un objectif commun, à sa dynamique de fonctionnement, en passant par sa dissolution.

La psychologique individuelle des personnages est, quant à elle, plus superficielle, ce qui n’est pas gênant en soi, l’auteur nous donnant assez d’informations sur ces derniers pour avoir envie de les suivre, et de tenter d’anticiper leurs mouvements. J’ai également apprécié d’assister à l’évolution des relations entre les différents membres de ce collectif formé en raison de circonstances bien particulières. Si certains personnages se connaissent déjà et s’apprécient plus ou moins, d’autres doivent se contenter de se faire rapidement une opinion sur leurs camarades de galère. Et on verra qu’il est parfois dangereux de se laisser guider seulement par son instinct ou les apparences.

Les personnages sont relativement nombreux, mais assez différents les uns des autres pour les retenir sans trop d’efforts. L’auteur a néanmoins pensé à proposer en fin d’ouvrage, une mini-biographie de chacun d’entre eux avec quelques informations ciblées permettant d’un peu mieux les comprendre. Je ne me suis pas attachée de manière viscérale aux personnages, ce qui est plus prudent vu comme ils ont tendance à ne pas faire long feu, mais j’ai développé mes préférences. J’ai ainsi beaucoup apprécié Logan, un chasseur de primes, qui est d’une honnêteté à toute épreuve, et qui possède une vraie éthique, tout comme Ethan, un archer qui jouera un rôle certain dans l’intrigue. Plus difficile à apprécier, car peu amène, Cassandra m’a néanmoins intriguée, car on devine chez elle un potentiel d’évolution certain, a fortiori après avoir perdu son seul repère…

En conclusion, Les rôdeurs de l’Empire marque les premiers pas de Guy-Roger Duvert dans le domaine de l’heroic fantasy. Une incursion parfaitement maîtrisée, l’auteur nous proposant une intrigue sans temps mort où la guerre n’attendra pas d’être déclarée pour se révéler mortelle. La menace gronde et la survie devient le principal objectif d’un groupe de personnes évoluant en marge de la société, des personnes qui vont devoir coopérer pour espérer se sortir vivantes d’une situation désespérée. Un huis clos dans un univers de fantasy aux enjeux géopolitiques forts dans lequel les alliés d’hier peuvent devenir les ennemis d’aujourd’hui ! Tension, action et trahisons au programme d’une histoire où les contours de la morale s’estompent que ce soit au nom du bien commun ou des petits intérêts de chacun.

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25 réflexions sur “Les rôdeurs de l’Empire, tome 1 de Guy-Roger Duvert

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