Comme hier, Cai Jun

Couverture livre Comme hier de Cai Jun

Je remercie XO éditions et Babelio pour m’avoir envoyé Comme hier de Cai Jun en échange de mon avis.

Et si l’on prenait le contrôle de votre mémoire ?
13 août 1999. Une lycéenne disparaît…
13 août 2012. Une adolescente est retrouvée sans vie dans un parc d’attractions…
13 août 2017. Un professeur d’informatique, son épouse et leur fils de cinq ans meurent dans un incendie…
Trois drames qui ont tous eu lieu dans la rue Nanming. seraient-ils liés les uns aux autres ? L’inspecteur Ye Xiao, chargé de l’enquête sur la dernière affaire, doit répondre à tout prix à cette question.
Très vite, la jeune Sheng Xia vient l’épauler. Cheveux rouges, experte en boxe thaïe, langage cru… cette hackeuse de génie est décidée à venger la mort de l’enseignant avec lequel elle a programmé Comme Hier : une application de réalité virtuelle qui permet à chacun de voyager dans sa mémoire profonde et les souvenirs des autres…
Mais en plongeant dans ces mondes parallèles, Ye Xiao et Sheng Xia vont peu à peu découvrir l’effroyable vérité.
Avec ce thriller envoûtant, Cai Jun dépeint de manière magistrale la Chine d’aujourd’hui et dresse le tableau d’un futur de l’humanité aussi vertigineux que terrifiant.

AVIS

Très intriguée par le résumé, j’ai attaqué ce thriller plutôt confiante, mais j’ai très vite compris qu’il n’était pas pour moi. J’ai eu d’emblée beaucoup de mal à adhérer à la plume de l’auteur, froide, parfois crue, et n’ai jamais développé la moindre affection ou même empathie pour les personnages. Il faut dire que l’auteur ne verse pas dans le sentimentalisme avec ses personnages qui, même à l’article de la mort, ne suscitent aucune émotion. J’ai eu aussi beaucoup de mal avec les répétitions, notamment sur l’état de santé de Sheng Xia, jeune fille de 18 ans atteinte d’une tumeur au cerveau, et les longueurs qui ont rendu la lecture franchement fastidieuse.

Heureusement, tout s’accélère dans la dernière partie, l’action s’intensifiant et les révélations s’enchaînant. J’aurais probablement plus accroché au roman si le rythme avait été un peu plus constant et la plume moins brutale. Mais force est de reconnaître que cette brutalité narrative restitue à merveille le contexte social, économique et culturel de cette Chine dont l’auteur nous donne un bref et cynique aperçu. Je connais très peu la culture chinoise, alors j’ai apprécié d’en découvrir certains aspects, mythes et légendes et la manière dont la réalité s’en imprègne. L’auteur entremêle, en outre, culture chinoise et culture occidentale avec des références cinématographiques, littéraires, notamment classiques…

Un mélange qui fonctionne plutôt bien et qui ancre le roman dans une sorte d’universalité et d’intemporalité, ce qui est d’ailleurs finement joué si l’on considère le dispositif technologique au centre de ce thriller : Comme hier. Grâce à celui-ci, il est possible de revivre ses souvenirs, même ceux que l’on n’a pas conscience de posséder, mais les possibilités ne s’arrêtent pas là... Imaginez un monde où les souvenirs pourraient être partagés, stockés, et dans lequel plus aucune maladie liée à la mémoire ne sévirait ? Mais le rêve s’entremêle parfois de cauchemars comme le policier Ye Xiao, Sheng Xia, élève médiocre mais pourtant jeune fille brillante, et un énigmatique docteur vont le découvrir…

Comme dit précédemment, je n’ai pas réussi à m’attacher à ces personnages qui n’expriment jamais aucune émotion, sauf à considérer les coups et les insultes de Sheng Xia comme telles… Mais j’ai apprécié de suivre l’évolution de leur relation, la vie de chacun d’entre eux étant plus ou moins liée, un peu comme trois meurtres qui, a priori, n’ont rien en commun. Trois meurtres commis à des années d’intervalle, les trois un 13 août, les trois dans la rue Nanming ! Cai Jun fait, petit à petit et en empruntant parfois des détours, le pont entre passé et présent, entre les secrets d’hier et les révélations d’aujourd’hui…

Certaines révélations m’ont écœurée et surprise, quand d’autres dévoilent une vérité qui, hélas, a de bien tristes accents de vérité. Ainsi, si nous sommes dans une œuvre de fiction, je ne doute pas que dans la vraie vie, cela aurait pu se passer… Il se dégage donc de ce roman une aura assez sombre qui m’a presque donné le sentiment d’être dans un roman noir où, sous couvert de technologie et d’enquête, l’auteur nous offrait une critique sociétale sans concession.

Le roman est habité de monstres : jeune fille personnifiée en démone par ses pairs en raison de son étrangeté, enfant sans cerveau caché par ses parents aux yeux d’une société qui l’aurait rejeté, voire fait bien pire, homme avec un corps d’humain et une tête de chien… Mais au fur et à mesure que la vérité se dévoile à nous, on réalise avec force que les monstres ne sont pas forcément ceux que l’on pense ! C’est peut-être là le véritable atout de ce roman, aller au-delà des apparences et des croyances, alterner entre réalité terrestre et réalité virtuelle pour dépeindre une fresque humaine et sociale plus dérangeante que n’importe quel monstre informe et difforme que l’on pourrait imaginer.

En résumé, si j’ai apprécié cette plongée sans concession dans une Chine qui mêle froideur économique, technologie et réalité baignée de mythes et légendes, je n’ai pas adhéré à la plume de l’auteur trop impersonnelle et mécanique à mon goût. Cela se ressent d’ailleurs dans la construction de personnages rendus insaisissables par leur absence d’émotions. Les amateurs d’enquête teintée de technologie pourront néanmoins peut-être apprécier ce roman, l’aspect technologique relançant régulièrement une intrigue au rythme en dents de scie, tout en soulevant un certain nombre de questions, d’espoirs et/ou de craintes quant à l’avenir de l’Homme…

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29 réflexions sur “Comme hier, Cai Jun

  1. Merci pour cet avis qui me permettra d’éviter cette lecture qui et comme toi m’a de suite intrigué avec son alléchant résumé. Ce que tu dis de la plume froide et impersonnelle ne me dit rien qui vaille malgré ses charmants atouts, à commencer par son spatio-temporel.

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  2. Je ne me serais jamais arrêtée dessus en librairie à cause de la couverture qui ne me plaît pas du tout, mais le résumé aurait pu m’appâter. Ceci dit ce n’est pas du tout le genre de livre qui me tente en ce moment et ce ne sont pas les points négatifs que tu soulignes qui me donneraient envie. Je passe!

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  3. Merci pour cette chronique car le résumé de ce livre m’intriguait depuis un moment déjà, mais à lire ton avis, c’est un thriller qui n’est pas pour moi pour diverses raisons que tu mentionnes : « enquête teintée de technologie », « la plume de l’auteur, froide, parfois crue »…..

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  5. Pingback: C’est le 1er, je balance tout ! avril 2022 + challenges | Light & Smell

  6. Coucou, c’est dingue mais ton avis est tellement bien argumenté que même si tu ne l’as pas apprécié, il me rend curieuse ^^ Merci pour ton retour, je le note tout de même dans ma trop longue wishlist 😉

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