Romanov, Nadine Brandes

Romanov-Nadine-Brandes

Romanov de Nadine Brandes

My name is Anastasia. The history books say I died. They don’t know the half of it.

Anastasia “Nastya” Romanov was given a single mission: to smuggle an ancient spell into her suitcase on her way to exile in Siberia. It might be her family’s only salvation. But the leader of the Bolshevik army is after them, and he’s hunted Romanov before.

Nastya’s only chances of saving herself and her family are either to release the spell and deal with the consequences, or to enlist help from Zash, the handsome soldier who doesn’t act like the average Bolshevik. Nastya has only dabbled in magic, but it doesn’t frighten her half as much as her growing attraction to Zash. She likes him. She thinks he might even like her.

That is, until she’s on one side of a firing squad . . . and he’s on the other.

Thomas Nelson (7 mai 2019) – 352 pages

AVIS

Je remercie Steven d’avoir accepté de lire en lecture commune avec moi ce roman qui traîne dans ma PAL depuis des lustres et que nous avons tous les deux beaucoup apprécié, en attestent nos échanges enthousiastes.

Dès le début, on se laisse prendre par cette fiction mêlant brillamment faits historiques et magie. Un mélange qui fonctionne à merveille, l’autrice l’amenant avec beaucoup de délicatesse, de subtilité et d’émotions. Dans la première partie, nous suivons la famille Romanov détenue en captivité par les bolcheviks. Si cette partie basée sur des faits réels a quelque chose d’un peu redondant, elle nous permet de vivre de l’intérieur la détention du tsar destitué Nicolas II, de sa femme, de ses filles (Olga, Tatiana, Maria, Anastasia) et de son fils, Alexei.

De fil en aiguille, nous découvrons la personnalité de chacun et la magnifique relation unissant les Romanov, et en particulier Anastasia et son frère Alexei, les deux étant très proches et complices. Tous les Romanov sont attachants, loyaux et courageux, mais j‘ai été touchée au-delà de la raison par la bonté et la bienveillance de l’ancien tsar qui refuse de céder aux sirènes de la haine. À la méfiance et à la défiance, il oppose sa gentillesse et son amour pour tous, pour les siens, pour son peuple, pour les soldats qui le surveillent lui et sa famille, et même pour les gradés qui durcissent encore et encore ses conditions de vie.

Sa bonté sincère et sa compassion forcent le respect et l’admiration, a fortiori quand l’on découvre qu’elle est historiquement avérée ! Devant l’humanité de l’ancien tsar et des siens, on finit par vivre leur déclin comme on vivrait la déchéance de sa propre famille. Certaines scènes ont donc été très difficiles à vivre, Nadine Brandes arrivant à nous faire ressentir toute l’horreur de la situation et notre impuissance face à un drame annoncé. Le roman se part alors d’une nouvelle dureté, d’une âpreté et d’une noirceur rendant la lecture encore plus intense et passionnante.

La magie devient pour Anastasia son seul espoir, mais reste encore à la maîtriser, la jeune fille ayant été initiée à cet art par Raspoutine qui ne lui en a néanmoins pas délivré tous les secrets. J’ai aimé découvrir le système de magie basé, entre autres, sur une encre spéciale, la manière dont une poupée entourée de mystère pouvait renverser le destin d’Anastasia, ainsi que le don de cette dernière pour un art devenu interdit. Une interdiction survenue suite à la présence un peu trop appuyée de Raspoutine auprès de la tsarine, une présence dont a d’ailleurs découlé la déchéance de la famille Romanov. L’autrice utilise à merveille, bien que de manière discrète, cette figure controversée et inquiétante…

Après des débuts parfois un peu répétitifs mais fidèles à la réalité historique, l’autrice intensifie le rythme, enchaîne les péripéties, et place Anastasia et les personnes l’accompagnant dans des situations extrêmes. Il y a des coups de feu, des moments d’une intensité difficilement soutenable, de l’espoir, mais aussi de la peur, beaucoup de peur devant un bolchevik bien décidé à exterminer jusqu’au moindre des Romanov. À ce jeu du chat et de la souris, la magie aura son importance, mais pas autant que l’esprit de combattante d’Anastasia et sa volonté de survivre coûte que coûte pour protéger la personne la plus importante à ses yeux.

Oscillant entre son désir légitime de vengeance et l’éducation bienveillante de son père prompt à pardonner même à ses bourreaux, la jeune fille aura des moments de doutes et de découragement, mais elle ne baissera jamais les bras devant l’adversité. Par son courage, sa ténacité, sa résilience et sa dévotion envers les valeurs de sa famille et la mémoire des siens, Anastasia s’imposera à nous dans toute sa splendeur et sa grandeur. Une héroïne comme on en voit rarement qui sait autant toucher par son grand cœur qu’impressionner par ses actes de courage et de bravoure. Des qualités qui viendront même à bout de l’hostilité d’un jeune homme portant l’habit militaire bien plus par contrainte que par conviction.  

De fil en aiguille, Anastasia et Zash s’attacheront l’un à l’autre, mais la réalité ne manquera pas de les rattraper… Si leur relation ne m’a pas bouleversée, elle m’a beaucoup touchée, mais pas autant qu’un événement que je n’avais pas du tout anticipé. Un événement qui a d’ailleurs suscité en moi incompréhension et colère, des sentiments qui ont heureusement fini par s’atténuer grâce à certains éclaircissements. J’ai, en outre, trouvé que l’autrice donnait encore plus de réalisme à son récit en nous montrant l’impuissance dans laquelle on peut parfois se trouver. Il y a ainsi parfois des situations sans solution acceptable où ne reste que l’individu face à lui-même et à ses dilemmes.

En plus de ces deux personnages qui développent leur propre dynamique et dont on découvre les failles et forces, l’autrice nous brosse un très beau portrait du frère d’Anastasia. Hémophile, le jeune garçon est affaibli, mais il fera preuve d’un réel courage et d’une détermination à toute épreuve non pas pour retrouver le trône, mais pour sauver le peuple. Il souhaite lui redonner cette liberté qu’on lui a volée sous couvert de révolution ! Une révolution qui sera synonyme d’oppression, de terreur et de corruption. La dimension politique est intéressante et restitue à merveille, du moins dans la première partie, le dilemme des soldats pris entre leur nouvelle allégeance et cette famille Romanov pour laquelle ils développent respect, affection et sympathie. On découvre également la puissance des rumeurs et de la propagande bolchevik…

Quant à la plume de l’autrice, je l’ai trouvé très agréable et emplie d’une belle humanité. Là où certains auraient pu aplanir les détails historiques, Nadine Brandes les restitue avec une fidélité, une délicatesse et une sensibilité qui prennent à la gorge et rendent la lecture particulièrement émouvante. Même les événements fictifs finissent par sembler réels et s’intégrer à la trame de notre Histoire comme si la frontière entre fiction et réalité avait fini par naturellement se brouiller.

En conclusion, Anastasia Romanov est une figure historique que l’on connaît tous plus ou moins de nom que ce soit grâce au film d’animation ou les spéculations ayant entouré sa mort, certains ayant longtemps espéré que la princesse ait survécu au massacre de sa famille. L’autrice part d’ailleurs de cette hypothèse pour nous proposer un roman particulièrement émouvant dans lequel on découvre au plus près la captivité des Romanov, une famille attachante portée par de belles valeurs humanistes. Puis, l’autrice se détache totalement de l’Histoire pour nous plonger dans une intrigue encore plus sombre dans laquelle il est question de magie, de survie, de résilience et d’humanité face à la brutalité. Un roman émouvant et intense mêlant Histoire et fantasy pour former un bel ensemble où la magie des sortilèges n’est finalement rien en comparaison de celle du cœur !

Couverture Romanov Palais Russe Princesse Anasastia Romanov

NB : le roman n’a pas malheureusement pas encore été traduit en français, mais le niveau d’anglais reste accessible.

Découvrez l’avis de Steven du blog Maven Litterae.

 

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64 réflexions sur “Romanov, Nadine Brandes

  1. Et bien j’attendais cette chronique et quelle chronique ! J’avais raison de te faire confiance car tu rends un magnifique hommage à ce roman et aux belles et vives émotions que nous avons pu ressentir grâce à cette lecture. Je t’avoue que je peine à sortir de cette dernière et je pense très vite retrouver Anastasia avec Le Complot Romanov de Steve Berry.
    Je trouve vraiment ce destin tragique si fascinant et ton avis ne peut que donner envie à chacun de découvrir la sublime mise en valeur du fantasme de beaucoup, la survie d’Anastasia !

    Encore merci à toi pour cette LC et cette merveilleuse découverte 😉

    Aimé par 1 personne

    • Merci beaucoup, vu comme tu as apprécié le roman, c’est un beau compliment que tu me fais ❤
      J'ai hâte de découvrir ton avis sur cette nouvelle lecture autour des Romanov !
      Bien que la vérité ait fini par éclater, j'aime imaginer cet autre possible pour la princesse…
      Avec plaisir, ce fut aussi chouette que motivant 🙂

      Aimé par 1 personne

  2. Pingback: Romanov de Nadine Brandes – Maven Litterae

  3. Merci pour cette belle chronique qui complète à merveille celle de Steven que e j’avais beaucoup aimé. Ce que tu écris sur le beau personnage d’Anastasia,vsa personnalité, sa magie et ses relations me plaît beaucoup.
    Bravo pour cette LC fructueuse !

    Aimé par 1 personne

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