Les mystères de Larispem, tome 1 : Le sang jamais n’oublie, Lucie Pierrat-Pajot

Couverture Les mystères de Larispem, tome 1 : Le sang jamais n'oublie

Larispem 1899 – Dans cette Cité-Etat indépendante où les bouchers constituent la caste forte d’un régime populiste, trois destins se croisent…? Liberté, la mécanicienne hors pair, Carmine, l’apprentie louchébem et Nathanaël, l’orphelin au passé mystérieux. Tandis que de grandes festivités se préparent pour célébrer le nouveau siècle, l’ombre d’une société secrète vient planer sur la ville.
Et si les Frères de Sang revenaient pour mettre leur terrible vengeance à exécution ?

Gallimard Jeunesse (8 avril 2016) – 272 pages – 16€

AVIS

Les mystères de Larispem : Le sang n’oublie jamais de Lucie Pierrat-Pajot est ma première lecture commune de l’année. Je remercie d’ailleurs Bianca du blog Des livres, des livres de m’avoir incitée à sortir ce très bon roman de ma PAL, ainsi que pour nos échanges qui ont rendu la lecture encore plus agréable, addictive et intéressante.

Larispem ou Paris sous le joug des communards

Dès le début, j’ai accroché au Paris alternatif proposé par l’autrice : un Paris renommé Larispem et façonné par les communards, l’autrice nous proposant une uchronie dans laquelle ceux-ci sont sortis vainqueurs de leur insurrection. Un point de dissension avec la réalité historique qui a directement impacté la France et sa capitale devenue une Cité-État indépendante, de laquelle nobles et fortunés ont été chassés, du moins ceux n’ayant pas accepté de renoncer à leurs privilèges.

Dirigé selon un principe de transparence et d’égalité, Larispem n’est cependant pas une nation exemplaire : les croyances religieuses sont entravées, le savoir contrôlé, certains livres censurés… Des principes qui ne seront pas sans rappeler ceux que l’on retrouve dans toute dictature ! Il est néanmoins indéniable que le sort du peuple est bien plus enviable depuis la victoire des Communards, et notamment le sort des femmes qui sont traitées sur un pied d’égalité.

Toutefois, certaines personnes regrettent le Paris d’autrefois et semblent s’organiser dans l’ombre pour renverser le gouvernement et retrouver leur place et leur pouvoir d’antan. Toute l’histoire autour des Frères de sang, un groupuscule qualifié de terroriste par les autorités, m’a fascinée, l’autrice utilisant à merveille le mythe du sang bleu pour offrir une intrigue dans laquelle le sang noble est effectivement différent de celui du commun des mortels. À cet égard, ses propriétés, que je vous laisserai le plaisir de découvrir, font froid dans le dos et laissent entrevoir un complot de grande envergure et de multiples dangers que ce soit pour nos protagonistes ou la Cité-État même.

Des personnages complémentaires et attachants !

Si le roman est trop court pour permettre à l’autrice d’approfondir la personnalité de chacun, j’ai apprécié la manière dont elle a su construire des personnages différents et complémentaires, dont on découvre les forces et faiblesses progressivement. Ainsi, Liberté est une adolescente au grand cœur qui perd ses moyens devant son béguin, mais qui n’hésite pas à sauter dans la Seine pour lui sauver la vie ; une adolescente qui tremble devant la Présidente, mais qui est douée pour réparer les machines et autres automatismes même quand elle doit travailler sous pression… De fil en aiguille, la jeune fille gagne confiance en elle jusqu’à nous impressionner.

Moins présente, sa meilleure amie, quant à elle, possède une sacrée force de caractère, cette bouchère ne tremblant pas devant le danger. Intrépide, elle nous permettra également de nous familiariser avec un milieu particulier dont on découvre les règles de langage étonnantes, pourtant tirées de notre propre histoire ! Les deux amies forment un duo atypique dont on ne doute jamais de la complicité et de l’efficacité, notamment pour dégoter et revendre d’anciens objets… Une activité illégale et non sans danger qui va d’ailleurs permettre à Liberté de mettre la main sur un ouvrage spécial, dont elle ne semble pas réaliser la valeur ni son importance dans une guerre qui se prépare dans l’ombre.

En parallèle de ces deux adolescentes, on suite Nathanaël, orphelin timoré dont la vie va prendre une tournure inattendue quand il fera une découverte étonnante sur lui-même. Une découverte qui va le mettre sur la route d’une orpheline dont le jeune âge cache une puissance certaine et un professeur étrange qui va lui ouvrir les portes d’un nouveau monde. D’abord assez fade, Nathanaël va petit à petit prendre sa vie en main, gagner confiance en lui et apprendre à décider pour et par lui-même. Une évolution réaliste qui laisse deviner le potentiel d’un adolescent qui va devoir choisir entre le destin qu’on tente de lui imposer et l’avenir dont il a envie !

Une ambiance soignée, entre immersion, steampunk et mystère

Au-delà des personnages auxquels je me suis attachée, Les mystères de Larispem peut également s’appuyer sur son ambiance particulièrement soignée qui permet de s’imaginer visiter ce Paris alternatif, d’en parcourir les rues, de (re)découvrir des monuments parisiens emblématiques transformés dans l’esprit de la Commune… J’ai également apprécié les touches de steampunk apportant un certain charme au récit, ainsi que le clin d’œil de l’autrice à un célèbre auteur souvent associé au genre. Un auteur qui a laissé son empreinte dans notre monde, mais aussi contribué à façonner le nouveau visage de Larispem… Son imagination semble d’ailleurs être toujours mise à contribution, assurant ainsi un certain rayonnement technologique à la Cité-État.

Quant à la plume de Lucie Pierrat-Pajot, je l’ai trouvée très fluide et agréable. Bien qu’elle soit travaillée, elle demeure assez accessible pour plaire à un large public, d’autant que l’autrice veille à introduire assez de mystère et de suspense pour donner à chacun l’envie de tourner les pages les unes après les autres, et de se laisser prendre au jeu d’une histoire plus complexe qu’il n’y paraît. La fin laisse deviner de multiples complications pour les personnages, a fortiori pour une adolescente qui semble convoitée sans avoir conscience de sa véritable nature, et un adolescent bien trop conscient de sa nature, et de ce que l’on attend véritablement de lui, pour son propre bien !

En bref, mystère, complot, révélation et organisation secrète sont au programme de cette uchronie menée tambour battant. Une uchronie qui, en plus de permettre aux lecteurs de rencontrer des personnages attachants, va leur faire vivre moult dangers et les entraîner dans une spirale infernale qui menace de redessiner le visage politique d’une Cité-État en avance technologiquement, mais pas à l’abri du chaos. Les amateurs de steampunk devraient, en outre, apprécier l’ambiance et ceux souhaitant s’initier au genre en douceur, la plume de l’autrice qui allie simplicité, précision et fluidité. Pour ma part, je lirai la suite avec plaisir, curieuse de découvrir comment des destins a priori très différents vont se télescoper et le rôle de chacun dans une guerre qui semble inévitable.

Retrouvez l’avis de Bianca qui a également apprécié cette lecture.

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40 réflexions sur “Les mystères de Larispem, tome 1 : Le sang jamais n’oublie, Lucie Pierrat-Pajot

  1. Je pense que cette lecture aurait eu de quoi me plaire il y a quelques années et lors de sa sortie. Je suis passé de nombreuses fois à côté mais je trouvais toujours mieux à me procurer et même si ton avis est convaincant, je pense passer mon tour 😉

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  3. On entendait beaucoup parler de cette série à un moment, mais j’avoue qu’elle ne m’a jamais attirée, malgré ses jolies couvertures…
    Je te souhaite d’apprécier autant le tome 2 quand tu le liras 😉

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    • Pour moi, l’autrice a évité certains poncifs des romans jeunesse et surtout ado et propose un univers percutant et immersif décrit avec précision. Après le roman étant relativement court, j’émettrai une petite réserve sur la profondeur de la psychologie des personnages… Du coup, si tu gardes à l’esprit la cible visée par le roman, la lecture devrait te plaire 🙂 Tu as lu l’avis de Bianca ?

      Aimé par 1 personne

      • Non, je ne crois pas avoir lu son avis mais ce que tu dis sur les poncifs évités me rassure déjà. Je suis capable d’aimer de la littérature jeunesse quand 1/ils sont évités, 2/je sais que je vais lire du jeunesse xD
        Je vais donc l’ajouter à ma wishlist 🙂

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