200 jours pour s’aimer, Victoria Deveraux

Couverture Avis 200 jours pour s'aimer par Deveraux

1629.
Le roi d’Autriche conclut une alliance avec le royaume français. Le monarque voit en sa fille, la princesse Constance, une excellente monnaie d’échange à offrir au dauphin Henri, comme gage de la loyauté de son pays envers la France.
Constance est une jeune femme fougueuse dont le caractère explosif et impétueux diverge avec les normes féminines de son époque. Une soif de liberté, d’indépendance et de libre-arbitre que rien ne semble assouvir.
Quant à Henri, le sombre jeune homme aux yeux clairs, il a tout ce que Constance déteste : un besoin constant de dominer et de disposer du fruit de ses plus noirs désirs.
Sur un point, ils sont parfaitement d’accord : il est impensable que quiconque tente de les unir devant Dieu. Mais le roi ne leur laisse pas le choix, dans deux cents jours le mariage sera célébré.
À trop vouloir se défaire de ses liens, ne risque-t-on pas de les resserrer encore plus ?

Hachette Lab (27 octobre 2021) – Ebook (7,99€)

AVIS

Appréciant les romances historiques et les relations houleuses, j’ai tout de suite été tentée par le résumé de 200 jours pour s’aimer. Il y a une notion de compte à rebours dans le titre que Victoria Deveraux utilise dans son roman, bien qu’elle lui ôte le sentiment d’urgence qu’on peut parfois ressentir à voir défiler les minutes ou, ici, les jours.

Nous sommes ici en 1629 en France où la princesse Constance a été envoyée par son père, le puissant Empereur d’Autriche, afin de sceller une alliance politique et militaire. Et pour ce faire, il décide de la marier au futur roi de France, le dauphin Henri. Constance, déjà guère enchantée à l’idée de ce mariage arrangé, est consternée devant la personnalité de son promis. Hautain, manquant de la plus élémentaire des politesses, ironique, voire méchant, c’est un véritable rustre qu’elle est bien décidée à ne surtout pas épouser.

L’accueil des autres membres de la famille royale se révélera heureusement bien plus sympathique ! Constance se liera d’ailleurs d’amitié avec la sœur d’Henri. J’ai beaucoup aimé les liens qui se développent entre ces deux femmes qui vont se soutenir mutuellement : la sœur du dauphin vit un amour interdit et impossible, quand Constance tente de faire face avec dignité à un futur mariage qu’il semble de plus en plus impossible d’éviter. Il faut dire que les enjeux liés à ce mariage sont de taille, car plus qu’un mariage, c’est une alliance politique qui est ici en jeu. Une alliance aux conséquences importantes pour le paysage européen.

Pour ma part, j’ai aimé que Victoria Deveraux dote son intrigue d’une solide base politique, d’autant que c’est fait sans lourdeur et que cela apporte pas mal de rebondissements, cette alliance venant contrecarrer les velléités expansionnistes d’un autre grand monarque européen. Ce dernier sera prêt à tout, complot y compris, pour mettre la main sur l’objet de sa convoitise… Attendez-vous donc à quelques scènes d’action, de la tension, du mystère, et l’impression tenace qu’une ombre menaçante plane sur Constance et le Royaume de France.

La dimension politique et stratégique est indéniable, et plutôt bien amenée, mais elle met également en lumière une réalité historique sur laquelle Constance n’a pas de prise, mais contre laquelle elle tente vaillamment de se rebeller : la manière dont les héritiers des familles royales deviennent monnaie d’échange sur l’échiquier politique. Ceci est d’autant plus vrai pour les femmes qui n’ont absolument aucune marge de manœuvre ou de liberté. Quand Henri n’hésite pas à se promener avec son horripilante maîtresse devant toute la cour, on demande à Constance modération, pureté et obéissance. Mais la jeune femme n’est pas prête à se laisser humilier de la sorte sans réagir.

J’ai adoré la personnalité de cette princesse pleine de fougue et de soif de liberté et d’équité qui exaspère au plus haut point Henri. Constance est ainsi la seule personne qui ne se plie pas à ses caprices et ne courbe pas l’échine devant lui. Elle n’hésite pas à le remettre à sa place, à le provoquer, à répondre à ses sarcasmes par des piques bien senties, à retourner sa mordante ironie contre lui-même, et à le regarder droit dans les yeux, quand on attendrait d’elle qu’elle détourne le regard. Ces traits de personnalité attisent le courroux du dauphin en même temps que son intérêt. Car, s’il fait tout son possible pour rester loin d’elle et ne pas retomber dans des sentiments qui lui ont, par le passé, coûté beaucoup, il ne peut s’empêcher d’être attiré par cette princesse qui défie et se défie des normes.

Pendant la première moitié du roman, j’ai eu beaucoup de mal avec Henri qui se comporte comme un véritable goujat ! De fil en aiguille, l’autrice lève néanmoins le voile sur ses qualités humaines et sur ses blessures passées, ce qui permet de mieux le comprendre, sans pour autant pardonner son comportement. Je ne peux que reconnaître avoir été conquise par son évolution qui se fait progressivement, ce qui ne la rend que plus touchante et réaliste. Henri va, petit à petit, réaliser que mettre à distance les gens n’est pas la meilleure manière de faire un trait sur le passé, et encore moins de protéger son cœur et de guérir…

Faite de tension, de répliques cinglantes et d’échanges houleux dans un premier temps, la relation entre Henri et Constance va lentement et sûrement évoluer vers quelque chose d’autre. Une forme de respect mutuel, de complicité, d’attente et d’entente… Les amateurs de romances qui prennent leur temps de se développer trouveront ici leur bonheur, nos fiancés ayant besoin de temps pour mettre des mots sur leurs sentiments respectifs, et accepter de baisser leurs barrières. Cela n’empêche pas le roman de contenir des moments de tension émotionnelle et physique tout en retenue, mais très forts, sans oublier quelques jolis passages qui devraient ravir les âmes romantiques.

Quant au style de l’autrice, je l’ai trouvé très agréable. Dotée d’une certaine élégance qui sied à merveille à l’époque dans laquelle nous sommes plongés, la plume de l’autrice n’en demeure pas moins très accessible et fluide. Le roman se lit donc très vite, d’autant qu’il peut s’appuyer sur des dialogues percutants, presque nerveux, qui rendent la lecture plutôt addictive.

En conclusion, les amateurs de romance historique devraient apprécier la manière dont Victoria Deveraux se sert du contexte historique pour faire éclore une relation d’abord explosive, puis plus tendre, entre un prince et une princesse dotés tous les deux d’un fort caractère. Quant aux personnes peu coutumières du genre, elles trouveront avec 200 jours pour s’aimer un roman parfait pour se lancer puisque si les sentiments amoureux sont bien au rendez-vous, l’autrice dote également son intrigue d’une dimension politique très accessible. Une dimension qui apportera son lot d’actions, de complots, de dangers et de rebondissements ! Entre haine et amour, il n’y a parfois qu’un pas que les événements vont rendre urgent de franchir…

Je remercie les éditions HLAB et Netgalley pour cette lecture.

15 réflexions sur “200 jours pour s’aimer, Victoria Deveraux

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