Dévotion, Dean Koontz

Couverture Dévotion

Woody Bookman, 11 ans, n’a pas dit un mot depuis sa naissance. Pas même quand son père est mort dans un prétendu accident. Mais pour Megan, sa mère, le plus important est que son fils autiste, doté d’une intelligence supérieure, soit heureux.

Woody, lui, est persuadé qu’un laboratoire se livrant à des expériences génétiques secrètes et ultrasensibles est responsable de la mort de son père. Et que la menace se rapproche désormais de lui et de sa mère.

Avec l’aide de Kipp, un golden retriever télépathe, Woody va tenter de stopper l’être maléfique tapi dans l’ombre…

L’Archipel (2 septembre 2021) – 450 pages – Broché (22€) – Ebook (15,99€)
Traduction : Antoine Guillemain 

AVIS

Ma seule expérience avec l’auteur s’étant soldée par une lecture en demi-teinte, j’avais quelques appréhensions quant à la lecture de Dévotion, des appréhensions qui se sont heureusement envolées dès les premières pages. Si j’aime les thrillers psychologiques, j’apprécie aussi, de temps en temps, des thrillers qui, comme ici, sortent l’artillerie lourde. Ne vous attendez donc pas à un roman subtil, l’auteur ayant quand même tendance à jouer sur les heureux hasards et à privilégier l’action au détriment du réalisme, mais cela n’est pas dérangeant en soi.

Dévotion nous offre ainsi du grand divertissement, digne d’un bon film. Le résumé, bien que très alléchant, ne laisse en rien présager de la diversité des protagonistes qui vont intervenir dans ce roman que j’ai lu très rapidement. Il faut dire que prise dans l’enchevêtrement des événements, je n’ai pas vu le temps passer et me suis surprise régulièrement à vouloir accélérer ma lecture pour être certaine que la situation ne s’aggrave pas pour les gentils. Des gentils qui, au fil de l’aventure, vont tous converger vers un point : la maison de Megan et de son fils de onze ans. Depuis la mort de son mari Jason, il y a trois ans, Megan veille avec beaucoup d’amour et d’attention sur Woody, autiste à haut potentiel qui n’a jamais prononcé un mot, mais avec lequel elle a réussi à créer des liens solides. Si Woody n’ouvre jamais la bouche, il parle autrement…

On se prend immédiatement d’affection pour ce garçon sensible, extrêmement intelligent et fragile, qui « se sent en pagaille », gêné par lui-même et les autres. Cela ne l’empêche pas de mener une enquête à partir de son ordinateur pour prouver que l’accident de son père est en réalité un meurtre déguisé. Une enquête qui ne sera pas sans conséquence pour lui et sa mère, car s’il est intelligent, d’autres ont, quant à eux, d’infinies ressources… En parallèle, Woody va attirer, sans le vouloir ni le savoir, l’attention d’un chien. Mais pas un chien normal, un chien évolué qui appartient à une communauté, le Mystérium, composée de chiens aussi intelligents que les êtres humains, et capables de parler par télépathie sur le Circuit.

Privé de sa maîtresse décédée d’un cancer, Kipp, un golden retriever adorable et attachant, n’a qu’une idée en tête : retrouver Woody, seul humain capable de communiquer avec lui par télépathie, d’autant qu’il semble en pleine détresse. En parallèle de ces personnages, d’autres interviennent, certains bienveillants comme Rose ou Ben, un ancien SEAL, d’autres bien plus vicieux et dangereux… Si l’auteur intègre des menaces classiques, avec entre autres un milliardaire intouchable et un shérif corrompu plus intéressé par sa carrière et son profit personnel que par la collectivité, il teinte son roman d’une aura de science-fiction que ce soit avec cette communauté de chiens évolués et télépathes ou un homme en pleine mutation, Lee.

Lee n’est pas sorti complètement indemne d’un incident dans un laboratoire faisant des recherches, officiellement sur le cancer, officieusement sur le génie génétique. En plus de gagner en force physique et de voir ses sens s’affûter, grâce aux archées que son corps semble avoir absorbées, la rage le gagne. Une rage qui se transforme en un déchaînement de violence inouïe et en une faim insatiable… Et puis, il y a Megan, son ex-petite amie que Jason lui aurait volée il y a longtemps, comme si elle était un vulgaire objet. Un objet qu’il est bien déterminé à récupérer, à façonner selon ses propres désirs ou à détruire. À mesure que son envie de vengeance le gagne, la faim se fait vorace, la faim se précise, la faim le hante et le transforme en un hybride, du moins psychologiquement, à mi-chemin entre l’homme et l’animal, mais un animal réduit à ses instincts. Âmes sensibles s’abstenir, certaines scènes, heureusement très courtes, étant peu ragoûtantes.

J’ai apprécié le chemin emprunté par l’auteur qui, espérons-le, ne nous dessine pas ici le futur de l’Homme. Transhumanisme, évolution humaine provoquée par des visionnaires dépourvus de toute morale, limites d’un progrès scientifique sans éthique… tout autant de thématiques que j’ai trouvées intéressantes. Mais en grande amoureuse des animaux, ce sont les réflexions autour des chiens, de la complicité et de l’amour les unissant aux hommes qui m’ont le plus touchée. On reste sur une œuvre de fiction qui va très loin dans la communion mentale et la coopération entre les deux espèces, mais j’ai aimé m’imaginer que la vision de l’auteur devienne un jour réalité.

Au-delà de ce doux rêve, on prend un plaisir immense à découvrir le fonctionnement de cette communauté de chiens intelligents et soudés qui ne connaissent ni la haine ni le mensonge, juste l’amour, la bienveillance et l’espoir. J’ai ainsi été touchée par l’envie très forte de ces chiens de comprendre d’où ils viennent, comme n’importe quel être humain, sans pour autant négliger les familles qui les ont accueillis. J’ai, en outre, apprécié d’entrer dans le Circuit, y découvrir Bella, chienne veillant à ce que les communications urgentes soient bien transmises à tous, et voir se dessiner les espoirs de ces représentants particuliers de l’espèce canine

En résumé, Dévotion est un thriller efficace, qui manque peut-être un peu de subtilité quant au déroulé des événements, mais qui se démarque par sa patte particulière, son rythme haletant et cette impression que tout converge vers un jeune autiste et un chien qui, à eux deux, risquent bien de changer la face du monde ! Les amoureux des animaux et des romans où le danger semble arriver de tous les côtés devraient apprécier ce roman qui mêle habilement action et une science, dépourvue de garde-fous, dont les avancées s’apparentent parfois à un net recul de l’humanité…

Je remercie les éditions de l’Archipel de m’avoir envoyé ce roman en échange de mon avis.

 

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23 réflexions sur “Dévotion, Dean Koontz

  1. Wow. ça a l’air d’en jeter mdrrr !
    Franchement, je ne sais pas si je pourrais lire ce livre. Je suis vraiment très sensible, j’ai peur qu’il me bouleverse de l’intérieur ! Mais ta critique est exquise, on ressent ta passion au travers 😉 Peut-être faut-il que je vieillisse un peu avant de me lancer ? Je te tiens au courant 😉

    Cloé.

    Aimé par 2 personnes

  2. Pingback: C’est le 1er, je balance tout ! septembre 2021 + PAL | Light & Smell

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