Artemis Fowl (BD), d’après l’oeuvre d’Eoin Colfer

Artemis Fowl - La bande dessinée par Colfer

Artemis a un plan pour rétablir la fortune de sa famille. Il a découvert l’existence du Peuple des fées et avec l’aide de Butler, son majordome, s’apprête à kidnapper leur capitaine Holly Short pour exiger une rançon. Seul bémol : les fées sont armées, puissantes, terriblement dangereuses et Artemis semble avoir quelque peu sous-estimé leurs pouvoirs. Au moins, il peut se réjouir d’avoir enfin trouvé un adversaire digne de ce nom.

Gallimard Jeunesse (11 juin 2020) – 128 pages – 14,90€
Adapté par Michael Moreci – Illustré par Stephen Gilpin

AVIS

Si je n’ai jamais lu les romans, j’étais curieuse de découvrir cette adaptation graphique dans laquelle nous suivons un anti-héros dont le jeune âge, douze ans a de quoi surprendre. Car ne vous fiez pas à son visage juvénile, Artemis Fowl n’est pas un enfant de cœur. Issu d’une lignée de malfrats, il a assurément su prendre la relève, son père étant porté disparu, et sa mère enfermée dans les limbes de son cerveau. Et ce jeune prodige, qui semble toujours avoir un coup d’avance sur tout le monde, s’est donné comme mission de rétablir la fortune familiale.

Et pour cela, il a un plan : capturer une fée afin de l’obliger à lui remettre une partie de son or. Vu les moyens dont il dispose, d’un majordome musclé et dévoué en passant par des technologies de pointe, la mission ne devrait être qu’une formalité… Mais c’était sans prévoir la résistance des fées qui ne sont pas prêtes à laisser un enfant les menacer et capturer l’une des leurs sans réagir !

On assiste donc à un jeu d’échecs entre deux parties possédant chacune des atouts et une volonté de fer. J’ai adoré le décalage entre l’âge de notre protagoniste et ses actes ainsi que son esprit de stratège de haut vol, qui lui permet d’anticiper avec brio les plans et autres subterfuges de ses adversaires. Des adversaires qui ont su attirer ma sympathie. En effet, si on peut compatir à la situation d’Artemis, notamment vis-à-vis de sa mère, les fées sont indéniablement les victimes dans cette histoire. Mais rassurez-vous, elles vont nous prouver qu’elles sont capables de se défendre et de faire face à notre génie précoce du crime.

À cet égard, j’ai beaucoup aimé le capitaine Short qu’Artemis va kidnapper. Courageuse, mais également fort indisciplinée, cette fée est exactement le genre de personnages rebelles au bon cœur que j’affectionne. Alors même si la BD s’intitule Artemis Fowl, je n’ai pas pu m’empêcher d’être de son côté et d’espérer la voir triompher d’un jeune garçon prêt à tout pour obtenir ce qu’il désire, quitte à mettre tout le monde en danger. Après tout, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs !

Artemis ne m’a pas paru particulièrement attachant, mais c’est indéniablement un personnage de caractère que l’on remarque et dont on se souvient longtemps. Il est retors, intelligent et pugnace, et ne laisse rien se mettre en travers de son chemin. Qu’on l’apprécie ou non, on ne peut qu’admirer sa détermination à toute épreuve et son sens du détail qui lui permet de prévoir des plans millimétrés et audacieux et de saisir la situation dans sa globalité. Mais comme tous les grands hommes, il a compris la nécessité de bien s’entourer, et trouve donc une aide des plus appréciables en la personne de Butler, son majordome qui lui est totalement dévoué.

Je me suis bizarrement prise d’une certaine affection pour ce monsieur muscle qui, dirons-nous pudiquement, sait se faire entendre et comprendre. En plus de savoir donner des coups dont peu peuvent se relever, il fait également montre d’une tendresse certaine envers sa sœur, Juliet. Pour ma part, j’ai été un peu frustrée que celle-ci fasse de la figuration quand l’on devine qu’elle est également douée d’une certaine combativité et qu’elle est tout à fait capable de terrasser des ennemis. J’espère que dans la suite de la série, son rôle s’étoffe quelque peu et que l’auteur lui donne la chance de prouver sa valeur.

Ce premier tome ne souffre d’aucune longueur, les événements s’enchaînant rapidement. La dynamique rappelle d’ailleurs celle d’un film, ce qui explique probablement que cette histoire ait été adaptée au cinéma. Si je pense bientôt voir le film, je serais également curieuse de découvrir le roman parce que j’ai parfois eu l’impression que certaines informations sur le monde des fées et son fonctionnement auraient mérité un peu plus d’explications. Là, on est vraiment dans la partie militaire de ce monde avec des forces magiques qui s’organisent pour faire face à une menace inattendue. Peut-être que le roman permet d’en apprendre plus sur ces créatures fascinantes et pleines de répondant !

Quant aux illustrations, je les ai trouvées sympathiques et très expressives. L’illustrateur a fait montre d’une certaine finesse dans les traits des personnages, ce qui permet de capturer leur essence et leurs émotions. Il se dégage ainsi du visage d’Artemis une nonchalance teintée d’une bonne dose de confiance qui entre en totale contradiction avec les traits forts contrariés d’une jeune elfe qui n’apprécie guère d’être gardée captive et de faire l’objet d’un affreux chantage…

En conclusion, portée par une sorte de mini anti James Bond, Artemis Fowl est une BD menée tambour battant qui plaira certainement aux jeunes et moins jeunes lecteurs en quête d’une aventure mouvementée mêlant actions, chantage, fées et technologie dans une ambiance non dénuée d’humour. Sympathique et rythmée, une BD à dévorer pour un moment de divertissement très cinématographique.

23 réflexions sur “Artemis Fowl (BD), d’après l’oeuvre d’Eoin Colfer

  1. L’avis de Malecturothèque m’avait déjà convaincue. Tes arguments sur cette chouette lecture menée à tambours battants me donne envie d’acquérir cette saga de mon adolescence , mais pour la médiathèque, afin de faire découvrir Artémis et Holly à mes jeunes lecteurs.

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  2. J’ai beaucoup aimé cette adaptation ^^
    Je trouve qu’on s’attache à Artemis, mais par le biais des personnages qui l’entourent – ce sont eux et les rapport qu’ils entretiennent avec le garçon qui font que l’on a un un quelconque attachement.
    Bref, contente que tu aies toi aussi aimé =)

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  3. Pingback: C’est le 1er, je balance tout ! mars 2021 | Light & Smell

  4. J’ignorais totalement que le roman avait été adapté en BD ! Mais vu le ton humoristique de l’original, le style dynamique et les personnages justement contrastés, c’est un bon choix d’adaptation je trouve ! En tout cas, qui semble à la hauteur du roman, contrairement au film. J’aimais beaucoup ce choix d’avoir un anti-héros à l’époque, c’était rare en littérature jeunesse. Il me faisait d’ailleurs un peu peur Artemis, quand j’étais enfant !

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    • Je n’ai pas lu les romans, mais rien qu’en lisant la BD, j’ai trouvé que le film passait à côté du côté anti héros d’Artemis qu’ils ont réussi à transformer en justicier… Ce qui va clairement à l’encontre de sa personnalité, du moins dans la BD, où il assume complètement ses intentions et actes.

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  5. Pingback: Films et séries en pagaille #3 (mars 2021) | Light & Smell

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