Les Sœurs Charbrey, Tome 1 : Sans orgueil ni préjugé, Cassandra O’Donnell

Couverture Les soeurs Charbrey, tome 1 : Sans orgueil ni préjugé

Le mariage ? Morgana Charbrey ne veut pas en entendre parler ! Sa passion dévorante pour les sciences emplit suffisamment sa vie sans qu’elle ait besoin de s’encombrer d’un époux. Cette soif d’indépendance, elle la dissimule derrière une prétendue maladie qui la contraint à rester recluse chez elle, à l’abri des regards courroucés de la haute société. En accompagnant sa jeune sœur Rosalie faire ses débuts à Londres, Morgana était loin d’imaginer que sa beauté et son caractère emporté attireraient l’attention de l’insupportable et ô combien séduisant comte Greenwald…

J’ai lu (22 mars 2013) – 256 pages

AVIS

Ayant lu récemment le deuxième roman de la série, j’ai eu envie de relire le premier. Et si la lecture fut plaisante et divertissante, j’ai relevé deux ou trois scènes qui m’ont gênée, mais qui ne m’avaient pas sauté aux yeux lors de ma première lecture. Elles soulèvent la question du consentement dans la mesure où il semble nécessaire de rappeler qu’un non de la part d’une femme ne signifie rien d’autre que NON ! Cela ne sous-entend pas qu’elle attend d’un homme qu’il la cajole pour faire tomber ses barrières, qu’elles soient réelles ou n’existent que dans l’esprit d’un partenaire plus soucieux de son plaisir que du respect de sa partenaire.

Malgré ces quelques scènes, hélas très courantes dans les romances, j’ai apprécié la plume de l’autrice tout en légèreté et en piquant à l’image de son duo plein de mordant. Si le comte Greenwald, un chenapan qui n’a pas sa langue dans sa poche, ne manque pas de charme, c’est bien l’héroïne qui m’a donné envie de tourner les pages.

Comme dans beaucoup de romances historiques, la jeune femme possède un sens aigu de la répartie et une liberté d’esprit qu’elle n’a guère envie de sacrifier sur l’autel du mariage, une prison dont elle se passerait volontiers. Mais là où elle se distingue vraiment, c’est par son intelligence qui frise le génie. En plus de gérer d’une main de maître le domaine de son oncle, de faire de fructueux investissements et de veiller sur ses sœurs, elle se révèle être une brillante ingénieure et scientifique. Une femme accomplie qui ne pourra que vous impressionner par ses multiples talents, et sa volonté de les exercer en dépit de l’aura de scandale que ses activités pourraient amener sur sa famille si elles venaient à être découvertes.

Si Morgana ne souhaite pas se marier, elle désire laisser cette porte ouverte à ses sœurs, et notamment à Rosalie en âge de faire ses débuts dans le monde. Elle l’accompagne donc à Londres sans se douter un instant que ce n’est pas le cœur de sa sœur qui risque d’être ravi, mais bien le sien… Sa rencontre avec Greenwald nous permet d’emblée de comprendre que la relation entre les deux va faire des étincelles, le comte, homme de son temps, semblant avoir une vision des femmes bien différente de celle Morgana. Malgré les préjugés de cette dernière sur ce personnage aux multiples facettes, une certaine complicité va s’installer entre les deux, le comte n’étant peut-être pas cet être vil auquel elle s’était attendue.

Mais la jeune femme est-elle prête à céder au comte, qui ne cache pas son envie d’être à ses côtés, sous peine de renoncer à cette liberté tant appréciée ? Le roman étant relativement court, les choses entre les personnages avancent assez vite, ce qui ne m’a pas dérangée appréciant beaucoup leur complicité et leurs joutes verbales qui amusent autant les lecteurs que la noblesse londonienne. Mais si vous êtes en quête d’un roman développant le contexte historique et entrant en profondeur dans la psychologie des personnages, vous pourriez rester sur votre faim. Pour ma part, j’ai apprécié que l’autrice aille droit au but d’autant cela correspond parfaitement à la personnalité de Greenwald qui est un homme d’action bien plus que de raison.

La beauté de Morgana, mais surtout sa vivacité d’esprit, son humour et son extravagance le fascinent et le poussent inexorablement vers elle. Ce personnage, sans avoir été un coup de cœur, se révèle intéressant par son évolution et sa prise de conscience face à la personnalité complexe d’une femme qui l’a conquis au premier regard ou presque. Quant à Morgana, elle va s’ouvrir à la volupté aux côtés de cet attirant et agaçant comte. Mais elle va surtout réaliser que son cœur n’est peut-être pas aussi fermé qu’elle le pensait, et qu’il est parfois nécessaire de ne pas juger trop vite autrui sous peine de faire quelques erreurs d’interprétation.

Au-delà de la romance et de l’attraction presque animale entre nos deux fortes têtes, le roman accorde une belle place à la famille, Morgana étant très proche des siens. De l’oncle qui respecte la liberté d’esprit de sa nièce à la géniale tante fantasque et très ouverte d’esprit, en passant par les sœurs de Morgana sur lesquelles elle veille telle une maman poule, tous se révèlent attachants et nous donnent envie d’apprendre à les connaître. Chose en partie réalisée avec Rosalie dans le deuxième tome qui lui est consacré.

En conclusion, si vous avez envie d’une lecture légère mêlant personnages hauts en couleur, jeu de séduction, malentendus, humour et réparties qui fusent, vous devriez vous régaler avec cette romance historique pleine de piquant.

23 réflexions sur “Les Sœurs Charbrey, Tome 1 : Sans orgueil ni préjugé, Cassandra O’Donnell

  1. Je garde un bon souvenir de ce tome grâce au piquant et à l’intelligence de l’héroïne, mais c’était aussi très classique et sans rien d’inoubliable. Je crois d’ailleurs que la saga n’a jamais été terminée chez nous. Je me trompe ?

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  2. Ah purée…. J’ai grimacé rien qu’au début de ta chronique… Le coup du consentement… J’avoue que j’aime la plume fraiche et simple de l’auteure. Or, cette saga me faisait envie, mais je ne suis pas encore passée à l’achat. Mais il y a bien une chose qui est fréquente dans les œuvres de l’auteure : ses personnages disent non et les hommes continuent en cajolant ou en forçant… C’est pénible ! A croire que le schéma de ses couples sont souvent les mêmes… Ca m’agace un peu…

    Comme tu dis, c’est banalisé, mais cela met quand même sacrément mal à l’aise ! A quand les relations « normales » où le « non » signifie réellement un refus ? Bon, malgré tout, l’ouvrage a l’air d’avoir quelques atouts, notamment avec la place de la famille et la répartie des protagonistes.

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    • En lisant le roman, j’ai pensé à tes chroniques sur la série Rebecca Kean même si ici, les scènes problématiques semblent bien moins récurrentes et brutales.
      Dans tous les cas, je comprends et partage ton agacement quand à ce schéma de couple dans lequel la femme est contrainte au bon plaisir masculin.
      En-dehors de ces quelques passages à oublier, le roman est vraiment sympa surtout si on aime les relations pleines de piquant 🙂

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