Je remercie Babelio et Évidence éditions pour m’avoir permis de découvrir Les chemins de la délivrance de Christelle Rousseau.
PRÉSENTATION ÉDITEUR
La seconde guerre mondiale éclate. La vie de millions de gens va en être bouleversée. Certains vont y voir une manière de grimper l’échelle du pouvoir, d’autres vont se lancer à corps perdu dans la guerre ou la résistance, quelque soit leur camp. Leur destin va en être totalement changé. Quelques fois la réalité va se révéler plus cruelle que prévue et imposer des choix et des décisions qui auront un impact plus ou moins important sur leur destinée. Louise, Simone, Dieter, Katerina, Gustav et bien d’autres, vont se retrouver entraîner dans la spirale infernale de la guerre dont ils ne sortiront pas indemnes.
- Broché: 624 pages
- Editeur : Évidence Éditions (1 janvier 2017)
- Prix : 21€
- Autre format : ebook
AVIS
L’autrice a pris ici le parti intéressant de nous parler de la Seconde Guerre mondiale à travers une galerie de personnages variés dont on partage des tranches de vie. À mesure que nous découvrons chacun des protagonistes, les grandes étapes et horreurs de cette guerre se rappellent à notre mémoire : la montée en puissance d’Hitler, l’arrivée des Allemands en France, l’exode, l’appel du général de Gaulle du 18 juin 1940, les déportations, les camps de concentration et les conditions de vie monstrueuses, les chambres à gaz, la rafle du Vél d’Hiv, les pénuries alimentaires, la faim et le rationnement, la résistance, les massacres… Tout autant d’événements et de faits que nous connaissons tous, mais qu’il est important de garder en mémoire.
J’ai été happée dès les premières pages par le récit, mais il y a un point que j’ai particulièrement apprécié dans ce roman, c’est que l’autrice n’est pas tombée dans le manichéisme trop courant qui consiste à opposer les méchants Allemands aux gentils Français. Certains Allemands, horrifiés par les actes du Führer, aideront la population française et la résistance comme Dieter qui profitera de sa position de traducteur pour sauver de nombreuses vies. Une bravoure d’autant plus louable qu’à l’inverse, des Français n’hésiteront pas à trahir leur pays soit par conviction soit pour obtenir argent et statut social faisant fi de toute moral, solidarité et humanité. Ils dénonceront, espionneront, tortureront… sous l’œil dégoûté du lecteur qui se rappellera que hélas, ces comportements ont bel et bien existé.
L’autrice nous parle aussi de tous ces Français qui vont lutter seuls ou de manière organisée, pour sauver des individus, voire des familles entières... Il y a bien sûr ceux qui entrent dans la résistance, mais aussi ces officiers de police qui avertissent ou détournent les ordres sans oublier ces héros du peuple qui cachent, soignent, logent ou nourrissent les personnes en danger qui croisent leur route. La guerre révélera donc ce qu’il y a de plus beau comme ce qu’il y a de pire chez les hommes et ceci, nonobstant leur nationalité !
Le roman contient beaucoup de personnages, tous très différents. Certains sont d’emblée antipathiques à l’instar de Colette, une opportuniste qui n’hésitera pas à trahir quand cela l’arrange ou d’Émilie Gouraud, une ancienne sportive qui va mettre ses capacités physiques au service de l’Allemagne. D’autres se révèlent, a contrario, tout de suite attachants : Louise, Maja, Rebecca, Pierre, Dieter… Il y a également dans le lot, un homme qui se détache. D’abord fidèle aux principes d’Hitler, il va finalement prendre conscience de la folie de cet « homme » et œuvrer dans l’ombre pour l’arrêter. Loin d’être un héros, c’est le genre de personnage qui met mal à l’aise, car s’il évolue, cela n’efface pas tout le mal qu’il a pris plaisir à faire.
J’ai haï certains personnages, mais il y en a beaucoup d’autres que j’ai adorés en raison de leur gentillesse, de leur personnalité et de leur courage. Et pour ceux-ci, je n’ai pu que suivre avec angoisse, la boule au creux de l’estomac, les nombreux dangers qu’ils affrontent. On sait pertinemment que tous ne survivront pas, les happy ends n’étant pas légion dans une guerre, a fortiori dans une guerre aussi destructrice que la Seconde Guerre mondiale, mais on continue quand même d’espérer une fin heureuse pour chacun.
Malgré tous ces meurtres, cette haine qui s’engouffre dans le cœur des gens et les terribles injustices auxquelles on assiste, l’amitié et l’amour restent présents dans le roman : les amis s’aident, se soutiennent, mais sont aussi parfois séparés à jamais. Et ces séparations brutales ne pourront que vous briser le cœur. De la même manière, des couples se forment bien souvent dans l’angoisse de perdre l’être aimé ou d’être sévèrement jugés par la société quand il s’agit de couples franco-allemands. Pour ma part, j’ai été très touchée par ces couples qui, malgré les épreuves qu’ils rencontrent et l’angoisse permanente dans laquelle ils vivent, se soutiennent et œuvrent souvent de concert pour le bien de la France.
La Seconde Guerre mondiale n’est pas un sujet des plus faciles à traiter, mais Christelle Rousseau s’en sort très bien en nous proposant un livre rythmé et prenant. L’alternance des personnages et la présence de chapitres courts offrent ainsi une grande fluidité au récit que l’on découvre à une vitesse folle, pris dans le tourbillon des événements. Quant à la plume de l’autrice, elle se révèle assez factuelle sans pour autant être rébarbative. En gardant une juste distance avec ses personnages et en évitant tout pathos, elle arrive à nous faire ressentir l’horreur de cette guerre qui a exterminé sans aucune pitié des êtres humains pour des raisons totalement absurdes… Pour être au plus près de la réalité, elle évoque également des scènes de torture, mais toujours en gardant une certaine sobriété. C’est cru et brutal, mais on ne tombe jamais dans le sensationnalisme ou la surenchère dans les descriptions. Ces scènes font réagir, mais ce qui m’a le plus émue et touchée, ce sont des épisodes forts comme la rafle du Vel d’Hiv, la découverte des chambres à gaz de l’intérieur, ces familles/amis/amants séparés… Des événements dramatiques que l’on a tous étudiés, mais qui marquent toujours autant.
J’ai beaucoup apprécié ma lecture, mais la multiplicité des personnages pourra dérouter certaines personnes. Je vous conseillerais donc de lire le livre sans faire de longues pauses sous peine de vous emmêler les pinceaux. Pour ma part, j’ai également pris le soin de noter le nom des différents personnages avec les principales étapes de leur vie pour bien les situer dans l’intrigue. Cela n’est pas indispensable à la compréhension, mais ça m’a permis de garder une vision claire de l’ensemble du livre.
En conclusion, Les chemins de la délivrance, c’est le récit de personnes ordinaires qui se transforment, le temps de la guerre, en héros, et d’individus lambda que la guerre révèle dans toute leur noirceur et leur inhumanité. D’une écriture simple et dénuée de pathos, Christelle Rousseau invite le lecteur à revivre, à travers la vie de nombreux personnages, un épisode sombre de notre histoire qu’il est nécessaire de ne jamais oublier ; la folie humaine ayant en commun avec les monstres des films d’horreur de ne jamais vraiment s’éteindre…
Et vous, envie de découvrir le roman ?
Retrouvez-le sur le site d’Évidence Éditions.
J’avoue que c’est un livre que j’aimerais lire !
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Il est vraiment bien construit alors je ne peux qu’appuyer ton envie 🙂
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On sent que les personnages, malgré leur nombre, ne t’ont pas laissée indifférente, de même que le récit qui, je le reconnais, touche une page de l’histoire qui m’intéresse…
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Cet épisode de notre histoire semble tellement important à garder en mémoire alors quand un livre l’aborde de manière simple et prenante, je trouve cela super 🙂
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Tu as tout à fait raison !
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Une lecture qui doit être fortement intéressante !
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Elle l’est en effet 🙂
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