J’ai décidé de participer au rendez-vous Premières lignes, initié par Ma lecturothèque, dont le principe est de citer, chaque semaine, les premières lignes d’un livre.

Acharné à percer l’énigme de la boîte de Lemarchand, Frank n’entendit pas sonner la grande cloche. Conçu par un maître artisan, le mécanisme offrait une véritable devinette : bien que la boîte, assurait-on, renfermât des merveilles, il semblait n’exister aucun moyen d’y accéder. Rien, sur ses six faces noires laquées, ne permettait de deviner où se situaient les points de pression grâce auxquels dissocier les pièces de ce puzzle en trois dimensions.
Frank en avait déjà vu de semblables – à Hong Kong, surtout, fruits du goût oriental pour la métaphysique taillée dans le bois dur – mais à l’acuité, au génie technique des Chinois, le Français avait ajouté une logique perverse, toute personnelle. Si cette énigme obéissait à une méthode, Frank échouait à la discerner. Après des heures de tâtonnements, ce fut par hasard qu’il juxtaposa enfin pouces, majeurs et auriculaires dans la position adéquate. Déclic imperceptible, puis – victoire ! – un segment de la boîte s’écarta de ses voisins en coulissant.
Il y eut deux révélations.
D’une part, les surfaces internes, soigneusement polies, brillaient d’un vif éclat. Le reflet de Frank – déformé, fragmenté – glissait sur la laque. D’autre part, la boîte était conçue de sorte que son ouverture déclenchât un mécanisme jouant un court rondo d’une banalité sublime. Lemarchand n’avait-il été, à son époque, fabricant d’oiseaux chantants ?
Encouragé par ce succès, Frank se concentra sur la boîte avec une fébrilité accrue, et découvrit bientôt de nouvelles façons d’emboîter languettes huilées et rainures crénelées, révélant ainsi de nouvelles subtilités. Chaque solution – chaque quart de tour, chaque traction – donnait naissance à un élément mélodique. L’air se développait par contrepoints jusqu’à noyer sous les fioritures le caprice initial.
Pendant que Frank s’acharnait, la cloche s’était mise à sonner, sombre note régulière. Il ne l’avait pas entendue, pas consciemment, du moins. Mais une fois le dénouement tout proche, une fois dissociées les entrailles miroitantes de la boîte, il remarqua ce bruit qui lui fouaillait aussi violemment les tripes que s’il le subissait depuis la moitié de sa vie.
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Je connais ce roman (de nom) et cet auteur mais il me semble que je n’ai jamais rien lu de lui… Une lacune ?
Bon weekend 🙂
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Je connais aussi peu l’auteur, mais de ce que j’ai pu lire, c’est un peu une référence. Alors je ne sais pas si c’est une lacune de ne pas l’avoir lu, mais c’est un auteur qui mérite qu’on lui prête attention. Ses idées dans la dernière partie sont, en outre, plutôt intéressantes notamment sur le processus de créativité, la nécessaire solidarité entre les auteurs…
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Je ne connais que de nom, principalement parce qu’il y a eu un film, mais il est dans ma PAL ^^
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Bonne lecture, je lirai ton avis avec plaisir si tu chroniques le livre 🙂
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Ce ne sera pas pour tout de suite mais, quand je l’aurais lu, je le chroniquerai 😉
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